- CDM 2018
- Qualifs
- France-Luxembourg (0-0)
Les cadres de travers
On attend monts et merveilles de la jeunesse des Bleus, mais les cadres de l'équipe de France sont les hommes qui ont animé le dernier Euro et ils sont restés bien trop discrets ce soir. À Griezmann, Pogba et Giroud de reprendre la main et de faire profiter tout le monde de leur leadership.
Le 11 juillet 2016, la France avait beau se lever avec les yeux rougis, elle savait qu’elle venait d’ouvrir ses bras à plein de nouveaux copains. Pendant un mois, quelques jeunes garçons sans peur et sans reproches lui avaient mis du baume au cœur et étaient sortis de l’Euro avec un nouveau statut. En l’espace de six buts et d’autant de célébrations branchées, Griezmann était devenu le petit chéri du pays. Dimitri Payet, lui, s’affichait en Une des magazines de société avec des titres élogieux du style : « Président Payet » … Même Giroud, tellement critiqué avant l’Euro et injustement considéré comme coupable de l’absence de Benzema par une partie vengeresse du public, avait calmé une partie des attaques à son encontre. Ensuite, la bande avait parfaitement négocié l’après-Euro.
Certains ont opté pour des transferts bien sentis, d’autres sont restés dans leur club en jugeant que leur place au Mondial passerait par la case « stabilité. » Match après match, but après but, Giroud et Griezmann se sont affirmés comme des indéboulonnables du onze de Deschamps. Une espèce de point G de l’attaque des Bleus par lequel arrivait le plaisir offensif. Pogba, devenu l’espace d’une saison le joueur le plus cher au monde, endossait lui le costume de clé de voûte du jeu de la sélection. Le 10 octobre 2016, c’est de son pied droit que vient le salut de la France contre les Pays-Bas. Un mois plus tard, c’est lui qui égalise contre la Suède avant que Payet ne double la mise et n’offre la victoire aux siens. Bref, une bande était née, des cadres s’étaient imposés, et les Bleus pouvaient se targuer de s’appuyer sur une ossature solide dans ces éliminatoires du Mondial 2018.
Les planqués
Mais comme chaque rentrée des classes, celle de 2017 a apporté son lot de surprises. Un chambardement qui a éclaté à la face du monde jeudi dernier contre la Hollande. Une prise de pouvoir de la jeunesse qui s’était déjà fait sentir avant les vacances d’été, lors de la victoire contre l’Angleterre. La triplette Mbappé/Lemar/Coman avait fait des merveilles, parfaitement encadrée par un Pogba impeccable en grand frère de vingt-quatre ans. La formule a à nouveau fonctionné contre les Pays-Bas, et a prouvé que la recette du bonheur est parfois simple comme un 4-0. Oui, mais quand les cadres n’assurent pas leur rôle comme ce soir contre le Luxembourg, le château de cartes s’écroule. Car en observant Griezmann jouer avec le pied sur la pédale de frein et louper des frappes à bout portant, Giroud rester amorphe dans la surface et Pogba se goinfrer de balles perdues, on a aperçu les limites du système.
Mbappé a été bon, mais trop seul pour faire la différence. Lemar, moins en jambe que mardi, n’a pas eu la même plus-value. Quand il est entré, Coman a laissé son QI football dans la poche de son bas de survêtement. Difficile d’en vouloir à ces minots qui sont encore en phase d’apprentissage en sélection. Mais c’est justement dans ce genre de situations que ceux qui ont laissé leurs années de rookie derrière eux doivent prendre leurs responsabilités et ne pas se planquer. Surtout dans une équipe qui ne compte que trois trentenaires dans son onze titulaire et dont le plus vieux, Koscielny, n’a que trente et un ans. Avoir des cadres de vingt-cinq ans est une chance. À condition qu’ils n’attendent pas les bras croisés que les jeunes loups fassent le boulot à leur place.
Par Alexandre Doskov