- Asie – Coupe d'Asie des nations
Les bonnes raisons de s’intéresser à la Coupe d’Asie
La Coupe d'Asie des nations 2015 débute ce vendredi en Australie, avec le Japon en tenant du titre revanchard, un hôte motivé, des Sud-Coréens dangereux comme d'habitude, des pays du Golfe aux objectifs bien différents et pas mal d'autres bonnes raisons de suivre cette compétition aux antipodes.
Parce que Japonais et Sud-Coréens doivent se racheter
En juin dernier au Brésil, les traditionnels représentants asiatiques à la Coupe du monde se sont méchamment plantés. Le bilan des deux nations phares du continent a été similaire et franchement navrant : un nul, deux défaites et une dernière place pour le Japon dans un groupe C ouvert (Colombie, Grèce, Côte d’Ivoire) ; un nul, deux défaites et aussi une dernière place pour la Corée du Sud dans un groupe H encore plus ouvert (Belgique, Algérie, Russie). Pire encore que le bilan comptable, il y a l’impression laissée dans le jeu qui a de quoi interloquer, avec de grosses lacunes tactiques et un manque d’impact physique évident, alors que ces deux sélections semblaient pourtant en progrès lors des tournois précédents. Cette Coupe d’Asie 2015, avec le Japon tenant du titre, arrive vite et bien pour chasser cette mauvaise impression et repartir de l’avant, avec 2018 désormais à l’esprit. Deux nouveaux sélectionneurs sont arrivés : le Mexicain Javier Aguirre pour le Japon et l’Allemand Uli Stielike pour la Corée du Sud.
Parce que l’Australie veut déflorer son palmarès en Asie
Cette Coupe d’Asie 2015 va se dérouler géographiquement hors du continent, puisque c’est l’Australie qui organise la compétition pour la première fois. Les Socceroos ont intégré la Confédération asiatique de football il y a dix ans pour gagner en compétitivité, alors qu’ils dominaient sans partage ni vraie concurrence la zone Océanie. Et de fait, la sélection australienne réussit aujourd’hui à figurer parmi les nations qui comptent – parfois – sur la planète foot. Finaliste de la Coupe d’Asie 2011 organisée au Qatar (défaite 0-1 face au Japon), elle compte bien cette fois l’emporter en profitant du fait qu’elle évolue à domicile, avec une des sélections les plus internationales des seize nations engagées : seuls 7 joueurs retenus par le coach Ange Postecoglou évoluent en A-League, le championnat local.
Parce que la Chine doit s’éveiller, enfin
« Quand la Chine s’éveillera… » La désormais première nation économique mondiale domine dans à peu près tous les domaines, sauf en ce qui concerne le sport roi. Ce n’est pas faute d’essayer pourtant, mais rien n’y fait, ça ne veut pas. En 2002, elle avait profité du fait que le Japon et la Corée du Sud organisaient la Coupe du monde pour s’inviter pour la première fois à la fête, mais ce fut un fiasco (3 défaites). Et malgré une place de finaliste lors de la Coupe d’Asie deux ans plus tard, il y a encore un très long chemin à parcourir pour que la Chine devienne une nation forte en football. Si le championnat local a accueilli et continue d’accueillir quelques stars, avec quelques résultats intéressants (victoire du club phare, Guangzhou Evergrande, en C1 asiatique en 2013, avec coach Lippi aux manettes), la sélection galère toujours pas mal à être crédible. Les joueurs ne s’exportent pas (les 23 joueurs retenus évoluent au pays) et le sélectionneur, un certain Alain Perrin, a pas mal la pression. En poste depuis moins d’un an, il sait qu’en cas de contre-performance dans cette Coupe d’Asie (une élimination dès les phases de poules), il peut vite dégager. Dans le cas contraire, il aura tapis rouge pour préparer la qualification pour la prochaine Coupe du monde.
Parce que le Qatar a 2022 en tête
Autre nation à suivre, le Qatar, au cœur de la polémique depuis que ce richissime pays du Golfe s’est vu attribuer l’organisation de la Coupe du monde 2022. Les critiques fusent : à propos des conditions météos incompatibles avec la pratique du foot, à propos du quasi-esclavage des ouvriers sur les chantiers des futurs stades, ou encore à propos du niveau de la sélection locale. Elle doit donc essayer de gagner en crédibilité, et cette Coupe d’Asie est une des rares occasions de disputer une compétition majeure. À la tête de cette sélection, on retrouve là aussi une tête connue, en la personne de Djamel Belmadi, qui a la cote au pays depuis qu’il a réussi ses débuts d’entraîneur avec le club de Lekhwiya, double champion du Qatar en 2011 et 2012. Nommé sélectionneur depuis mars dernier, il a obtenu quelques premiers résultats très encourageants en amical, avec une équipe qui évolue entièrement au pays et composée de pas mal de joueurs naturalisés. Dans la liste des 23, 8 joueurs sont nés hors du Qatar, principalement originaires de pays africains. Le plus réputé se nomme Khalfan Ibrahim Al Khalfan, surnommé « Khalfaninho » pour son style à la Ronaldinho, ou encore « le Maradona du Qatar » !
Parce que la Palestine s’offre une belle vitrine internationale
Cette Coupe d’Asie est aussi la première de l’histoire de la sélection palestinienne de football. L’événement est de taille pour une Fédération reconnue par la FIFA seulement depuis 1998 et qui évolue dans des conditions très difficiles et dans le contexte que tout le monde connaît. Tous les matchs doivent être joués à l’extérieur et c’est un véritable casse-tête pour le sélectionneur de réunir ses troupes, en tenant compte des autorisations de sortie de territoire délivrées au compte-gouttes. Mais miracle, la Palestine sera du voyage en Australie grâce à sa victoire lors de la dernière édition de l’AFC Challenge Cup, sorte de Coupe d’Asie des nations mineures, 1-0 en finale face aux Philippines lors du tournoi organisé aux Maldives en mai dernier. Les 23 joueurs retenus sont majoritairement issus du championnat local, avec aussi quelques renforts en provenance de la diaspora : de Suède, Pologne, Slovénie, Arabie saoudite, Égypte… L’objectif pour cette grande première va être de figurer du mieux possible et, si ça veut bien sourire, d’essayer de gagner un match du groupe D, celui contre le Japon, l’Irak et le voisin jordanien.
Mais aussi parce que…
– Parce que l’Ouzbékistan est là et que cette nation d’Asie centrale pratique un très beau football depuis plusieurs années, manquant même de peu de se qualifier pour la dernière Coupe du monde.
– Parce que c’est l’occasion de prendre des nouvelles de ce bon vieux Paul Le Guen, sélectionneur d’Oman.- Parce que c’est cool de pouvoir causer des Irakiens ou des Iraniens sans susciter trop de crispations.
– Parce que c’est pareil avec la Corée du Nord, et tant pis s’il manque Jong Tae-Se, l’attaquant qui avait ému le monde en pleurant lors de l’hymne à la Coupe du monde 2010.- Parce que cette Coupe d’Asie pourrait aussi sonner le réveil de l’Arabie saoudite, grande nation du continent jusque dans les nineties et qui va essayer de remonter la pente après une décennie déclinante.
Par Régis Delanoë