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Les bonnes questions du coronavirus en France
Par Mathieu Rollinger
Entre réunions ministérielles et mise au point des diverses institutions, le flou plane autour de la tenue des rencontres sportives. Si pour l'instant, le football français est peu affecté, l'évolution de la crise pourrait bien tout chambouler.
Pourquoi les stades de foot ne sont pas considérés comme des zones à risque ?Le casse-tête pour les organisateurs d’événements et l’industrie du spectacle a déjà commencé, puisque les autorités ont d’ores et déjà interdit les rassemblements de plus 5000 personnes dans un espace confiné. « Pourquoi 5000 personnes ? Parce que 5000 personnes, c’est le seuil à partir duquel un événement doit être déclaré en préfecture, tout simplement » , expliquait ce mardi à BFM TV le ministre de la Santé Olivier Véran. Une décision qui ne concerne donc pas les stades de foot et oblige le LOSC à laisser le toit du Pierre-Mauroy ouvert. Pourtant ce week-end, le semi-marathon de Paris – se courant en plein air – a lui aussi été ajourné. « 20 % des coureurs viennent de l’étranger, continuait Olivier Véran. On a les conditions de brassage, de grand rassemblement. On a beau être à l’extérieur, on est confiné.[…]Quand vous allez courir 20 bornes, vous allez tousser, cracher, expectorer et relarguer du virus. Vous avez des dizaines de milliers de personnes, dont une sur cinq vient de l’étranger, en train de se tousser et se cracher dessus pendant des heures. Ce n’était pas raisonnable de maintenir la course. » Cette réflexion, aussi pertinente soit-elle, interroge par ricochet sur les risques dans les stades : les supporters y viennent aussi de toute part, se mélangent, chantent, hurlent, insultent, recrachent leur bière sur leur voisin, se croisent aux urinoirs et trinquent à la buvette. Malgré ces considérations, le ministère de la Santé veut statuer cas par cas « en fonction des équipes » . « Est-ce qu’elles jouent dans des « clusters » (zone où plusieurs cas de contamination ont été recensés, N.D.L.R.)? Sont-elles dans des zones où le virus circule ? On peut être amené à prendre des décisions en interruption(sic) de match, tout à fait » , assure Véran. Bref, l’improvisation devrait durer encore un peu de temps, selon l’évolution de l’épidémie.
Qu’est-ce qui différencie la France de l’Italie et de la Suisse ?L’Hexagone partagerait-il bien plus qu’un amour pour les fromages avec ses voisins helvètes et italiens ? Malgré la barrière naturelle que forment les Alpes et le Jura, le virus Covid-19 a déjà traversé la frontière. Ce mardi, 193 cas sont recensés en France et trois morts sont déplorés. Une situation d’urgence faisant passer le niveau d’alerte au niveau 2. Alors que dix matchs ont déjà été remis en Serie A et que la Suisse a annulé les rencontres de D1 et de D2 jusqu’au 15 mars. Qu’en est-il pour les championnats professionnels français ? Pour l’heure, seul Chambly-Le Mans est affecté. Se jouant à Beauvais dans l’Oise, département le plus touché, le match se déroulera ce vendredi à huis clos. Le club de Chambly a aussi pris l’initiative d’annuler les matchs de ses équipes jeunes. Pour le reste, tous les matchs de Ligue 1 et de Ligue 2 ainsi que les demi-finales de Coupe de France programmés mercredi et jeudi devraient se dérouler normalement, même si Saint-Étienne a décidé de fermer les portes de son centre d’entraînement au public. Une mesure utile pour éviter la propagation du virus, mais aussi calfeutrer la sinistrose chez les Verts.
Et si tout ceci n’était pas la meilleure chance pour le PSG de se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des champions ?À la sortie de la réunion de ce mardi au ministère des Sports, Roxana Maracineanu s’est voulue rassurante quant à la bonne tenue du match PSG-Dortmund, prévu le 11 mars au Parc des Princes. « Comme c’est étudié cas par cas et que c’est dans une semaine, on verra comment la situation évolue et on en discutera avec le préfet, annonçait la ministre. Le huis clos est une hypothèse, pour l’instant. Il est trop tôt pour décider. Mais a minima, le match se tiendra. » Lors de son congrès annuel à Amsterdam, l’UEFA a aussi indiqué qu’aucune décision ne serait prise dans l’immédiat. Mais si ce match devait se jouer devant des tribunes vides, le PSG pourrait alors se décharger de toute la négativité qui règne, sans que la peur de faillir une nouvelle fois en huitièmes ne se propage dans ses rangs. Voilà de quoi réjouir Leonardo.
La cordialité est-elle en sursis dans le football ?Claquer une bise de gauche à droite, plutôt que de droite à gauche. En faire trois plutôt que deux. S’attendre à un check avant de se faire attraper la mimine pour une bonne poignée de main. Dans la vie quotidienne, ne pas réussir à s’accorder sur la manière de se saluer conduit bien souvent à des situations malaisantes. Et c’est un petit peu ce qu’il s’est passé le week-end dernier sur les pelouses de Ligue 1. Le protocole recommandant de ne plus se serrer les pognes avant les rencontres, en conformité aux consignes du ministère de la Santé, ce sont des séries de vents ou des « fist bump » mal assurés qui ont rythmé les protocoles d’avant-match. Une mesure plus symbolique qu’autre chose. Déjà parce que les footballeurs professionnels ne font pas partie des personnes les plus vulnérables et sont suivis au quotidien par un staff médical, au contraire de la population générale. De plus, un joueur portant le virus ne se gênera pas ensuite dans la partie pour accrocher un adversaire, lui tendre une paluche pour s’excuser d’un mauvais geste ou enlacer ses coéquipiers pendant la célébration d’un but. La psychose s’est aussi étendue aux relations avec les journalistes. Bien qu’ils ne soient pas obligés contractuellement de s’y arrêter, les joueurs du PSG ont été autorisés par leur employeurs à éviter la zone mixte à la fin de leur dernier match contre Dijon. Et si les escort kids ont été priés de rester chez eux, qu’en est-il des ramasseurs de balle lorsqu’ils transmettent le cuir à un joueur pour faire une touche ? Ah, on n’avait pas pensé à ça, hein…
Quid de l’Euro à 24 participants et 12 pays ?Michel Platini a eu à l’époque une superbe idée : partager l’organisation de l’Euro entre 12 villes d’accueil. Sur le papier, pourquoi pas. Mais si cela implique déjà un changement d’habitudes pour les sélections, les supporters et les médias, cette organisation promet aussi un joli brassage de miasmes. Comme le Tournoi des Six Nations, Roland-Garros, le Tour de France et les JO de Tokyo, tous ces grands événements avec une concentration massive de public, la compétition ne peut qu’attendre de voir comment les choses évoluent. « L’Euro 2020 donnera son coup d’envoi le 12 juin 2020 à Rome(tiens tiens, N.D.L.R.), a assuré un porte-parole de l’UEFA. Pour le moment, il n’y a pas besoin de changer quoi que ce soit dans le calendrier. » On a des nouvelles de Michel, d’ailleurs ? Oui.
Le Barça et le Real reculent sur l’interdiction du port de maillots adverses
Les CM de marques quand ils réutilisent une expression d’origine arabe lue dans un tweet de RebeuDeter. pic.twitter.com/O88lwfsP55
— Hugo Hélin (@helinhz) March 2, 2020
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