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Les bonnes questions de la semaine européenne

Par Maxime Brigand et Alexandre Doskov
7 minutes
Les bonnes questions de la semaine européenne

Paris se déchire au Camp Nou, le Real dompte Naples, Wenger s'enfonce dans la crise et l'OL dresse la Roma en Ligue Europa : la semaine européenne a été riche en enseignements. Voilà les grandes questions, entre François Fillon et un terrain sans herbe.

1. Les Napolitains ont-ils mal géré leur effort, sur le terrain comme en tribunes ?

Mardi soir, à Naples, le match a démarré à 20h45. Rien d’anormal pour une soirée de Ligue des champions. Sauf que les Napolitains ne font pas grand-chose comme les autres, et que les fans avaient investi le San Paolo dès le milieu d’après-midi. À 17h30, les virages étaient déjà pleins, les drapeaux déjà déployés, les chants déjà entonnés. Et après une lente montée en puissance, le San Paolo était fin prêt à 20h45 pétante pour offrir un début de match assourdissant. Les joueurs, eux, ont tout donné dès la première seconde. Courses dans tous les sens, pressing furieux, présence asphyxiante, les hommes de Sarri ont voulu noyer le Real dès la première mi-temps. Un plan osé qui avait bien démarré, puisque le Napoli menait 1-0 en rentrant aux vestiaires. Mais une telle débauche d’énergie, ça se paye. Les joueurs napolitains ont vite commencé à tirer la langue, et Ramos a fini de leur couper les jambes en deux coups de boule. En tribunes, assommés, les fans se sont tus pendant toute la fin du match. C’est quoi déjà, la morale du lièvre et de la tortue ?


2. Marc-Antoine a-t-il écrit J’ai tant besoin de toi en pensant à Arsenal et Koscielny ?

« J’ai tant besoin de toi, t’es mon amour à moi / J’ai tant besoin de toi, je t’en prie ne me quitte pas » , s’époumonait Marc-Antoine dans son tube Tant besoin de toi. Un cri du cœur poignant qui pourrait devenir l’hymne de la relation entre Laurent Koscielny et son club d’Arsenal. Après les matchs aller et retour contre le Bayern, une statistique hallucinante est apparue : en cumulé, avec Laurent Koscielny, Arsenal a gagné 2-1. Sans lui, il a perdu 9-1, ce qui donne le 10-2 cumulé sur les deux matchs. Sorti à la mi-temps au match aller à cause d’une blessure, et expulsé mardi soir à la cinquante-quatrième minute, le Français a donc joué 99 minutes au total contre Munich en deux matchs. Ça ne pèse pas lourd, mais quand il a été sur la pelouse, les Gunners ont tenu la route. Sans lui, ils se sont fait rouleau-compresser par Lewandowski, Robben and co. « Pourquoi tu pars, est-il trop tard ? » , chantait Marc-Antoine. En effet, quand Kosc’ part, il semblerait qu’il soit trop tard pour Arsenal.


3. Combien de personnes aurait réuni François Fillon s’il avait fait son meeting sur la pelouse du Camp Nou ?

Ces deux débats ont enflammé le monde entier ces derniers jours. Combien de personnes étaient présentes dimanche au Trocadéro pour écouter Fillon, et est-ce que la pelouse du Camp Nou est plus grande que les autres ? Pour ce qui concerne le gazon du Barça, la légende d’un terrain plus grand que la moyenne remonte à longtemps, et on entend parfois que le Camp Nou a été élargi pour favoriser les déplacements et la multiplication des passes. En réalité, la pelouse du Camp Nou a eu des dimensions anormales auparavant, mais depuis les rénovations de 1998 et la mise aux normes UEFA, tout est rentré dans l’ordre et le terrain fait bien 105×68 mètres. À partir de là, les calculs sont simples : la pelouse fait 7140 mètres carrés. Fillon jurait avoir réuni 200 000 personnes au Trocadéro, sauf que l’esplanade principale fait 21 113 mètres carrés. Montons à 30 000 mètres carrés en comptant le monde dans les avenues aux alentours, et considérons qu’il y avait en moyenne deux personnes au mètre carré (pour comparaison, un métro bondé, c’est six personnes par mètre carré). Il y avait donc environ 60 000 personnes au Trocadéro. Même en casant six personnes par mètre carré sur la pelouse du Camp Nou, Fillon n’aurait donc réuni que 42 840 personnes. L’ancien Premier ministre a fait le bon choix.


4. Alors, c’était Gijón ou le PSG ?

Quatre-vingt-troisième minute du mélodrame. Le PSG se fait défoncer comme rarement, mais tout le monde semble s’en satisfaire, un cure-dent entre les incisives. La table de marque affiche 3-1 pour le Barça, Unai Emery vient de sortir sa carte brillante Serge Aurier. Stéphane Guy est heureux : « En face, c’est pas Gijón, c’est pas Valladolid, c’est le Paris Saint-Germain ! » Bah ouais les gars, quoi ? Le PSG a gagné 4-0 à l’aller, hein, donc tranquille, l’histoire ne va pas se terminer comme avec ces Rojiblancos où Jean-Sylvain Babin, pépite de la formation de la Berrichonne de Châteauroux, envoie quelques coups de temps en temps. Hop, trois minutes plus tard, deuxième service : « Paris va disputer son cinquième quart de finale consécutif, c’est très notable. » On va prendre une douche, on peut respirer, ce soir, le Barça est tombé. Dix minutes plus tard, sur trois crochets dévastateurs, Sergi Roberto a couché tout le monde et fait sortir un « NOOOOONNNNNN » déjà historique du gosier de Paul Le Guen. CQFD, Babin est devenu en sept minutes l’égal de Marquinhos et Thiago Silva. Au fond, ça ne tient à rien la gloire.


5. Et si la plus belle remontada avait eu lieu à Dortmund ?

Transformer un 4-0 en 6-1, c’est pas mal, il faut l’admettre. Mais la vraie pierre philosophale, c’est le Borussia Dortmund qui la détenait. Totalement écrasés à l’aller avec cette défaite 1-0 sur la pelouse du Benfica, les Allemands étaient dos au mur comme jamais. Et dire que pour en arriver là, Dortmund était sorti invaincu de la phase de poules, et avait fini devant le Real Madrid… Mais au prix d’un effort surhumain et bien aidé par un triplé d’Aubameyang, le Borussia a arraché sa qualification au match retour, au Signal Iduna Park. Un bon vieux 4-0 des familles, et les déboires du match-aller étaient loin, oubliés. Un peu dans le dur en championnat, le Borussia poursuit sa marche en avant en Ligue des champions et attend de pied ferme ses adversaires au tour suivant. Et si le destin est joueur, il leur offrira un duel contre Leicester, autre équipe à la rue dans son championnat qui mise tout sur l’Europe pour sauver sa saison.


6. Rostov a-t-il manqué son piège ?

Le coup était parfait, bien ficelé. Le cadre : l’Olimp-2 de Rostov-sur-le-Don. Les antécédents ? La tête du Bayern Munich posée sur un piquet en novembre dernier et surtout une petite défaite dans cette enceinte pour le FK Rostov toutes compétitions confondues depuis plus d’un an (contre l’Atlético de Madrid 0-1, le 19 octobre dernier). Voilà où Manchester United était venu poser les pieds jeudi soir pour son huitième de finale aller de Ligue Europa. Finalement, José Mourinho a été franc : « Vu les conditions, il était impossible de jouer mieux. Je me rappelle certains matchs comme ça, quand j’étais enfant, en deuxième division portugaise. On a joué le match qu’ils ont exigé de nous, et on s’est montrés à la hauteur de leur intensité et de leur jeu direct. » Oui, les soldats du technicien portugais ont ramené l’essentiel de leur aventure russe, soit un nul compliqué (1-1) sur un terrain affreux où le moindre brin d’herbe était invisible. Le piège était beau, mais MU n’a pas plongé. L’expérience, c’est aussi ça. Pour le foot, on repassera.


7. Quel est le poids des couilles de Bruno Génésio ?

Plus que jamais, la France avait besoin de ça pour faire passer sa gueule de bois ramenée de Catalogne. De son côté, Bruno Génésio avait prévenu : son OL ne serait pas une victime facile à attraper. Au fond, pour lui, c’était l’heure de vérité, celle où ses qualités de technicien seraient véritablement jugées par un peuple qui ne cesse de le pointer du doigt depuis plusieurs mois. La Roma, un soir d’Europe, à domicile. Vivre pour y croire, simplement. Alors, Lyon a débarqué en deux temps : une première mi-temps complexe où le moutard Diakhaby a posé son hochet entre le rire et les larmes, une seconde où les Lyonnais ont posé leurs tripes sur le parquet. Soit, une sortie de Mammana à vingt minutes de la fin pour faire entrer Fekir qui a retourné la Roma sur un pas de danse avant de voir Lacazette dégommer le scénario final. Au bout, le succès 4-2 est encourageant, reste à voir s’il sera suffisant. Pour Génésio, c’est déjà majuscule et probablement la meilleure partition jouée par ses hommes cette saison.


8. Gent, Genk, c’est quoi la différence ?

Un point s’impose : Gent, c’est Gand, plus connu en France sous le nom La Gantoise ; Genk, c’est Genk, phare de la province de Limbourg. Deux bastions qui avaient prévu de s’expliquer jeudi soir sur la scène européenne à la ‎Ghelamco Arena. Résultat : le second a défoncé le premier assez largement (5-2) grâce notamment à vingt-cinq minutes folles en première période, histoire de presque déjà plier la manche retour. Surprenant dans l’ampleur, réaliste dans la manière, voilà Genk en excellente posture alors que La Gantoise a vu Jérémy Perbet manquer un penalty à vingt minutes de la fin et Anderson Esiti se faire expulser. Dur, mais voilà ce qui différencie un septième d’un huitième de la Pro League.

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