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Les bonnes questions de la semaine européenne
Quatre demi-finales. Quatre matchs, seulement. Et pourtant, toujours beaucoup de spectacle et d'émotion. La folie du FC Barcelone, le génie de Lionel Messi, la solidité de la Juve, l'efficacité du FC Séville et la maladresse de Naples. Bref, on s'est encore régalé. Même si tout ça amène à se poser quelques questions. Importantes, bien sûr.
Combien de temps va durer la pénitence de Jérôme Boateng ?
Une chose est sûre : elle sera longue. Habituellement réservée aux terrains de street, l’humiliation subie par le défenseur allemand du Bayern en mondovision ne s’effacera pas des mémoires collectives de sitôt. Crocheté, tombé, Jérôme Boateng par ailleurs auteur d’un match plutôt solide face au Barça, a déjà fait les joies d’internet et des détournements en tout genre. Preuve que la chute risible risque de coller à la peau du joueur, Anthony Réveillère n’a jamais quitté les mémoires collectives depuis les passements de jambe destructeurs de Mancini un soir de mars 2007. Mars 2007-mai 2015, soit près de huit longues années à subir les quolibets sans jamais pouvoir s’en départir. Alors Jérôme risque de souffrir. Car désormais, on dira sans doute « se prendre une Boateng » et non plus « une Réveillère » . De quoi attendre le prochain humilié avec impatience.
La Juventus a-t-elle été largement sous-estimée ?
Qui aurait imaginé la Vieille Dame a un tel niveau ? Pas grand monde, exceptés, peut-être, les fidèles suiveurs de la Serie A. Annoncés comme le maillon faible du dernier carré européen, les hommes d’Allegri ont pourtant fait mieux que résister au Real. Évidemment, le 2-1 acquis de haute lutte n’est pas une assurance tout risque en vue du match retour. Mais voir les Italiens prendre les commandes de la rencontre face au Real là où ils avaient été plutôt prudents contre Monaco au tour précédent, a constitué une agréable surprise. Une surprise à même de redistribuer les cartes en vue du sacre final. À Bernabéu, la Juve pourra encore compter sur son milieu solide, l’explosivité de Tévez, la belle présence en fixation de Morata et, en cas de coup dur, le génie de Buffon ou Pirlo et la malice de Chiellini. Un joueur lui aussi sous-estimé, mais capable de défendre parfaitement pendant 80 minutes avant d’attraper quelques jambes et de finir la tête en sang. Du talent et un esprit guerrier : à l’image de son chef de meute, la Juve ne manque d’aucun des deux. N’en déplaise aux médisants pré-coup d’envoi.
Comment Sergio Ramos a-t-il pu faire croire à Ancelotti qu’il serait un bon 6 ?
Don Carlo doit encore en lever les sourcils. Lors de la rencontre face à la Juve, le Real a d’abord failli au milieu. Kroos très limité, Isco invisible et, surtout, Sergio Ramos ont fait plonger la Maison Blanche dans l’enfer juventino. Repositionné en milieu défensif en Liga, avec un succès certain pour sa première au poste, Ramos a tout raté, ou presque. S’il a récupéré quelques ballons dangereux, l’Espagnol au catogan perdu s’est fait dramatique au moment de lancer les attaques des siens. Ainsi, les passes courtes se sont faites imprécises quand les transversales ont trouvé une terre d’accueil derrière la ligne de touche. Deux explications possibles à cela : un, Sergio, leurré par une bonne perf contre l’Atlético, a été touché un instant par la grâce à l’entraînement, réussissant à convaincre Ancelotti qu’il pouvait vraiment occuper le poste. Deux, tout cela est une stratégie visant à écarter définitivement Raphaël Varane de l’axe de la défense, pré carré de l’Espagnol et de Pepe. Si Ramos doit jouer, il doit le faire en défense, avec un monstre à côté de lui, et pas un gamin au mental fragile. Réponse au match retour.
Le Barça a-t-il un réel concurrent ?
Certes, le Bayern était grandement diminué. Certes, le Bayern n’a pas été ridicule pendant 70 minutes. Pourtant, après la rencontre aller entre les deux ogres européens au Camp Nou, le doute n’est plus permis : le Barça joue dans une autre ligue. Presque jamais inquiétés, à un fil de l’ouverture du score en première mi-temps, les Blaugrana ont démontré que leur puissance offensive suffisait à faire plier n’importe quelle défense, soit-elle aussi regroupée et agressive que celle des Allemands. Au-dessus du lot, au-dessus du game, l’armada de Luis Enrique ne se cache plus en cette fin de saison, dérouillant le champion d’Allemagne grâce à son lutin génial, dérouillant ses adversaires en Liga grâce à son trio d’attaque sans égal. Sachant que derrière, Rakitić mène la danse, et Piqué retrouve son meilleur niveau, l’équipe espagnole ne semble déjà plus avoir de concurrent pour le titre. Et surtout pas le Bayern.
Kevin Gameiro est-il devenu un supersub ?
En quart de finale, alors que le FC Séville s’apprête à disputer la prolongation sur la pelouse du Zénith, Kevin Gameiro est apparu, cape sur le dos, pour claquer le but décisif. Un pion inscrit à la 85e, soit dix minutes, à peine, après son entrée en jeu. Ce jeudi soir, encore une fois, l’ancien Parisien n’a pas bougé son cul du banc, juste pour se dégourdir les jambes. Une minute après ses premières foulées, le Français marquait le troisième but des siens. Celui qui, sans doute, envoie définitivement le FC Séville en finale de la Ligue Europa. Alors, oui, il semble bien que notre Kevin national soit redoutable dans ce rôle de supersub. Un homme qui entre en fin de match pour en changer le cours. Et si, on s’en doute, Gameiro aimerait plus jouer, l’ancien international va devoir se faire une raison, ce costume lui va beaucoup trop bien. Kevin Gunneiro Solskjær pour lui.
Les Sévillans ont-ils le meilleur public ?
Oui, le stade Ramón Sánchez-Pizjuán est un véritable chaudron. Une marmite en constante ébullition, même. Et ce, pendant 90 minutes, voire plus. Au moment de l’entrée des deux équipes, déjà, ce sont tous les supporters, unis comme un seul homme, qui entonnent à l’unisson l’hymne du club. De quoi mettre l’ambiance, d’entrée de jeu. Surtout, les mecs ne s’arrêtent jamais, hurlant leur amour au FC Séville toute la rencontre, dans une ferveur impressionnante. Portés par cet engouement incroyable, les Sévillans se sentent pousser des ailes pendant les matchs, comme a pu le constater la Fiorentina, ce jeudi soir. Sur la scène européenne, parmi toutes les équipes encore engagées, il est évident que les fans sévillans apparaissent comme les patrons du supporter-jeu. Dommage que les Stéphanois ne soient plus en Ligue Europa, pour comparer.
Le Napoli doit-il trembler ?
Sur leur pelouse du San Paolo, face au Dnipro, les Napolitains ont dominé, du début à la fin. Face à des Ukrainiens venus pour défendre, les Italiens ont tenté, encore et encore, et souvent en vain. Mais à force de frapper dessus, le verrou du Dnipro a fini par sauter, à la 50e, grâce à David López. Pas fou, mais suffisant pour mettre une petite option sur un billet pour la finale. Enfin, jusqu’à la 80e, minute où le match bascule avec l’égalisation de Seleznyov. Un but entaché d’une très vilaine position de hors-jeu. Les joueurs du Napoli ont beau râler, invectiver l’arbitre assistant, rien n’y fait et le but est bien validé. Au vu du ralenti, aucune contestation possible sur la position illicite du buteur. En fait, seul l’arbitre de touche, pourtant parfaitement aligné avec le centreur et le buteur, n’a rien vu. Une folie. Et une folie qui risque de coûter cher pour le Napoli au moment où il faudra faire les comptes. Mais malgré ce résultat, il ne faut pas se mentir, les Italiens restent les favoris pour une place en finale. Il ne faut pas oublier que les Ukrainiens n’ont frappé que trois fois au but. S’ils ont tenu le coup pendant 90 minutes, nul doute qu’ils devront présenter autre chose, la semaine prochaine, pour espérer faire déjouer le Napoli. Car tôt ou tard, le verrou ukrainien finira par sauter, encore.
Le Dnipro doit-il changer de nom pour continuer à jouer l’Europe ?
Vous avez tous été confrontés à ce terrible problème : prononcer le nom du Dnipro Dnipropetrovsk. Une épreuve, à n’en pas douter. D’ailleurs, lorsque votre collègue vous a demandé quelles étaient les équipes présentes en demi-finales de ligue Europa, ce jeudi, vous avez eu cette réponse que l’on connaît tous : « Le FC Séville, la Fiorentina, Naples et le club ukrainien, là » . Vous en avez marre, et c’est bien normal. Si le Dnipro veut continuer à jouer les trouble-fête sur la scène européenne, une décision s’impose : changer de nom. Ou le simplifier. Ainsi, à partir de la saison prochaine, il serait préférable que le club opte pour un FC Nipro. Tout simplement. Pas de « D » muet, pas de mot imprononçable derrière, on simplifie tout ça. Bah quoi, l’Europe ça se mérite.
Par Raphael Gaftarnik et Gaspard Manet