- Coupes d'Europe
Les bonnes questions de la semaine européenne
Lyon se fait rentrer dedans, Guardiola se fait accrocher à Glasgow, le PSG prend des coups, mais s'en sort à Razgrad, les clubs français ne savent pas trop où ils vont en Ligue Europa... La semaine européenne a encore laissé quelques interrogations derrière elle. Entre convictions et un peu de toux.
Antoine Griezmann est-il le patron du challenge Téléfoot ?
« Antoine Griezmann, vingt-cinq ans, attaquant. » Voilà, en substance, ce que pourrait dire le buteur en série de l’Atlético de Madrid avant de tirer un penalty lors d’un gros match de Ligue des champions. À l’origine du but de Yannick Ferreira Carrasco, toujours aussi malin dans le jeu et intraitable dans son travail défensif, le meilleur buteur de l’Euro 2016 a cependant envoyé un penalty sur la barre de Manuel Neuer au moment de faire le break. Le deuxième consécutif sur le montant en Ligue des champions après celui, plus problématique, qui s’est écrasé sur la transversale de Keylor Navas le 28 mai dernier à Milan, lors de la finale de la Ligue des champions. Oui, « Grizi » est un pro de la barre. Pourtant, à cause des centres de formation français qui ont décidé de le recaler, l’Hexagone n’a jamais pu se délecter du talent de son meilleur footballeur à l’exercice qui a rythmé les dimanches matin de beaucoup de gosses : le challenge Téléfoot. En attendant que TF1 se démerde pour réctifier le tir, c’est Sylvain Monsoreau, vainqueur avec l’AS Monaco, qui garde le statut moral de patron du challenge Téléfoot. Griezmann, lui, se consolera avec le titre de patron du foot français. C’est déjà pas mal.
Que faut-il faire de Thiago Motta ?
L’Algérie a Bouteflika, Cuba a Castro, Paris a Motta. À chacun son petit vieux un peu gênant dont on ne sait plus vraiment quoi faire à part le montrer à la face du monde pour prouver qu’il est en vie. Sympa, Unai Emery a tenu à ce que l’Europe vérifie que Thiago Motta était bien dans la forme de sa fin. Après une entrée en jeu catastrophique face à Toulouse, l’Italo-Brésilien a récidivé en qualité de titulaire cette fois, sur la pelouse de Sofia. Peu inspiré face à Ludogorets, il a prouvé que quand le physique ne suit plus, la tête peut parfois fonctionner, en concédant un penalty avec un improbable tacle de la caboche. Deux solutions s’offrent donc à Nasser Al-Khelaïfi : la maison de retraite ou l’aide à domicile. Homme de cœur et de famille, Nasser devrait opter pour la seconde solution. Une bonne idée de TIG pour Serge Aurier, en somme.
Le Celtic Park est-il plus fort que Guardiola?
Un crâne luisant, un costume serré, une cravate ajustée, Pep Guardiola n’avait pourtant rien changé. Et boum : son City a déraillé pour la première fois de la saison lors de son déplacement à Glasgow face au Celtic. Oui, après, quand il patauge, c’est pour faire un nul et claquer trois buts à l’extérieur, mais bon. Alors Pep a parlé d’une bonne leçon reçue par ses gars, mais a surtout fait dans le sentiment en parlant de l’ambiance folle d’un Celtic Park bouillant. En 2012, la machine qu’il avait laissée à Vilanova s’était déjà cassé la gueule au même endroit malgré 89% de possession de balle, 955 passes contre 166. Il faut donc se demander si ce que touche Guardiola n’est pas censé exploser un jour ou l’autre à Glasgow. L’Allemagne avait l’Italie, la France avait l’Allemagne (mais maintenant on a Grizou, donc on s’en fiche) et Pep a donc le Celtic Park. Hoops.
Mais pourquoi la police espagnole a-t-elle chargée des supporters lyonnais?
« C’est toi qu’as commencé.
– Non, c’est toi.- Ok les gars, on charge ! »
Résultat ? Des supporters lyonnais blessés, quatre interpellés et un dossier qui se retrouve aujourd’hui entre les mains de l’UEFA, qui possède des photos prises par son délégué présent sur place. Les quatre personnes arrêtées ont été condamnés dans la foulée à des peines de prison avec sursis et des amendes. L’image dégagée par l’Europe du foot n’est pas top, alors que l’OL s’est en plus incliné sur le terrain à Séville (0-1). Alors, à qui la faute ? L’UEFA devra trancher, même si la piste menant à Wissam Ben Yedder, buteur mercredi soir, devrait être étudiée : touché par le fait qu’Aulas ne fasse pas son maximum cet été pour lui offrir l’honneur de s’enfiler des duels avec Jordy Gaspar toute la semaine en le recrutant, WBY aurait en effet demandé à son organe militaire, plus connu sous le nom de Rossa Rossa, de frapper un grand coup. Pour l’instant, l’omerta tient toujours.
Leicester s’est-il déjà converti à l’islam ?
Et si le prophète de Leicester, c’était lui ? Voilà le bilan des Foxes pour leur baptême européen : deux matchs, deux victoires et un 100% qui claque en tête du groupe G devant Copenhague, le FC Porto ou encore Bruges. Cette semaine, les joueurs de Ranieri ont fait tomber Porto (1-0) au King Power Stadium grâce à un nouveau but de la recrue la plus chère de l’histoire du club : Islam Slimani, en grande confiance depuis son arrivée en Angleterre, et qui porte un club qui galère actuellement en Premier League. La presse anglaise commence alors à parler d’un secteur offensif en MVS avec Vardy et Mahrez. Comme si la musique de la C1 avait encore de solides pouvoirs.
Kamil Glik doit-il d’ores et déjà porter le brassard de capitaine ?
« Kamil est plein d’expérience et c’est un super joueur » , « c’est un joueur avec une forte personnalité » , « un battant qui ne lâche rien » . Tiémoué Bakayoko, Leonardo Jardim et Djibril Sidibé sont unanimes. Kamil Glik est un défenseur central formidable. Implacable dans les duels, solide comme un roc, le Polonais se transforme même en buteur depuis quelques matchs. Contre Leverkusen, il a sauvé les siens d’un pion dans les dernières minutes, son troisième depuis le début de la saison. Et pas sur une vulgaire tête sur corner, non, une bonne grosse demi-volée en pleine lucarne. Avec sa hargne, son expérience, et sa faculté à se transcender pour ses coéquipiers, il mériterait presque de devenir le capitaine de l’AS Monaco. Parce qu’avec tout le respect qu’on peut avoir pour Valère Germain et Falcao, les porteurs du brassard depuis le début de saison, leur capitanat n’a aucun sens.
L’OGC Nice est-il déjà dépendant de Balotelli ?
La statistique est incroyable : quatre matchs disputés, cinq buts marqués. Et le ratio est encore plus impressionnant quand on le rapporte au nombre de minutes passées par le joueur sur la pelouse : 309. Soit un but toutes les 62 minutes. Et déjà une question, comment l’OGCN pourrait-il faire sans son buteur maison ? Déjà soumis, l’année dernière, aux performances de ses deux principaux animateurs offensifs, à savoir Ben Arfa et Germain, le club niçois semble désormais souffrir d’une nouvelle dépendance, celle à son attaquant italien. Malade avant le match, l’ancien Milanais a pourtant été aligné d’entrée de jeu face à Krasnodar. Et si le joueur a paru apathique sur la pelouse – comme d’habitude, finalement –, il aura tout de même inscrit son pion avant de céder sa place à Pléa pendant la pause. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien Lyonnais ne connaît pas vraiment la même réussite que celui qui a marqué à trois reprises lors de ses cinq dernières frappes cadrées. La suite de la saison niçoise pourrait donc bien être déterminée par la bonne forme de Mario et ce n’est pas Lucien Favre qui semble dire le contraire, à voir la façon dont il fait tout pour économiser au maximum sa nouvelle pépite. Car après tout, tant pis s’il ne joue qu’un match sur deux, tant qu’il marque à chaque fois.
Mourinho n’en a-t-il vraiment rien à foutre de la Ligue Europa ?
« Ça n’est pas une compétition que je veux, ça n’est pas une compétition que les joueurs veulent. » Juste avant d’affronter le Feyenoord pour la première journée de Ligue Europa, José Mourinho semblait anticiper la défaite à venir de son équipe en terres néerlandaises. De quoi enlever la pression des épaules de ses joueurs. Du Mourinho tout craché. Car en réalité, nul doute que Man U souhaite aller le plus loin possible dans cette compétition. D’ailleurs, le coach portugais a bien dégainé son équipe type pour affronter le FC Zorya, ce jeudi, à Old Trafford. Un revirement de situation qui prouve bien que l’ancien entraîneur de Chelsea va tout faire pour passer le premier tour. Pour le côté sportif, déjà. Et puis pour l’honneur surtout, car sortir en phase de poules de Ligue Europa quand on s’appelle Manchester United, ça l’a fout quand même très mal. Et puis, après tout, ça reste un trophée à aller chercher. Même si, au vu de leur performance de ce jeudi, ça risque de ne pas être si simple que ça.
Doit-on s’intéresser à un match de l’ASSE avant la 80e minute de jeu ?
En championnat, l’ASSE n’a connu que deux rencontres sans marquer de but, sur sept matchs. Jusque-là, rien de fou. Mais ce qui l’est en revanche, c’est que sur ses dix buts inscrits, six l’ont été après la 80e minute de jeu. Et la statistique est encore plus folle avec la Ligue Europa où les Verts ont arraché deux nuls en égalisant à la 88e face à Mayence, puis à la 94e face à Anderlecht. Plutôt bon signe puisque cela montre que les hommes de Galtier ne baissent jamais les bras avant le coup de sifflet final, mais pas très sympa pour les supporters cardiaques. Et encore moins pour ceux obligés de se taper 80 minutes sans intérêt juste pour pouvoir vibrer quelques secondes en toute fin de rencontre. Alors voilà, pour les prochains matchs de l’ASSE, pas la peine de s’emmerder, autant brancher son poste ou se pointer au stade pour les dix dernières minutes. Plus d’ennui, juste des émotions et des buts. Après, libre à chacun de se taper un petit délire SM de temps en temps, hein.
Theo Walcott deviendrait-il enfin un top player ?
Sept matchs, cinq buts. C’est sûr que si Theo Walcott continue à avoir le même rendement, Olivier Giroud va avoir du mal à retrouver sa place en pointe de l’attaque. Avec son doublé contre le FC Bâle, l’Anglais prouve une nouvelle fois que son début de saison est plus que réussi. À vingt-sept ans, l’éternel espoir des Gunners aurait-il enfin passé un cap ? Le prince des « tout-droits » aurait-il enfin appris à lever la tête ? Ce n’est pas encore évident pour tout le monde. Pas pour Roy Keane par exemple qui a déclaré : « Le gars a fait une bonne semaine, faut qu’il se repose maintenant. Ça fait quoi, dix ans qu’il essaye de s’imposer dans le club ? Il devra être bon dans les sept, huit ou neuf mois à venir, quand les matchs importants arriveront. Il ne faut pas s’exciter au sujet de Walcott. » C’est vrai que ça fait dix ans, putain.
Par Maxime Brigand, Swann Borsellino, Gaspard Manet et Kévin Charnay