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Les bonnes questions de la liste des Bleus

Par Maxime Brigand et Alexandre Doskov
Les bonnes questions de la liste des Bleus

Didier Deschamps a décidé et on connaît désormais la liste des invités au grand voyage : ainsi, Florian Thauvin et Nabil Fekir montent dans la nacelle, Adrien Rabiot en descend, grillé par Steven Nzonzi, là où Benjamin Mendy a gagné sa course contre la montre et sera bien en Russie. Voilà les interrogations qui découlent du discours du grand chef.

Mais c’est quoi un suppléant ?

D’entrée de jeu, Didier Deschamps a prévenu son peuple : « Bon, je sais bien que je ne vais pas faire plaisir à tous les joueurs, mais j’ai décidé. » On connaît la base des choix du sélectionneur et si on savait plus ou moins à quoi s’attendre concernant les présents, les regards, eux, se sont surtout tournés vers les absents. Logique, c’est là qu’on attendait les surprises, tant Deschamps ne cessait de siffler qu’il n’y aurait aucun invité de dernière minute. Pas le genre du patron. Bingo : le service a été royal, et même un brin casse-tête. Pourquoi ? Car petite nouveauté : cette fois, pas de réservistes, mais des suppléants. Soit une liste de onze joueurs, qui s’ajoutent à celle des 23 sélectionnés pour la Coupe du monde et dont les membres pourront être appelés par le sélectionneur en cas de blessure d’ici au 4 juin prochain. Ces mecs-là n’iront pas à Clairefontaine, mais auront « un programme spécifique et se tiendront prêts, au cas où. Je veux aller sur le qualitatif, qu’on soit focalisés dès le 23 mai sur le Mondial. » Ainsi, c’est dans cette liste de suppléants que l’on retrouve Wissam Ben Yedder, Kingsley Coman, Benoît Costil, Alexandre Lacazette, Anthony Martial, Adrien Rabiot, Mamadou Sakho, préféré à Clément Lenglet, Moussa Sissoko, Lucas Digne, qui aura pourtant fait plus que dépanner en l’absence de Benjamin Mendy, Mathieu Debuchy et Kurt Zouma. Pas de Ferland Mendy, donc, ni de Kurzawa.


Que raconte le chamboule-tout de la défense ?

Ils sont moins de 40%. « Ils » , ce sont les joueurs qui étaient là à l’Euro 2016 et qui ont survécu aux deux années écoulées afin de garder leur petite place dans les 23 qui iront en Russie. Là, un secteur de jeu où le chantier est plus visible qu’ailleurs : la défense. Du groupe qui a perdu en finale du championnat d’Europe contre le Portugal, on ne retrouve que Samuel Umtiti et Adil Rami. Un sacré chamboule-tout qui met en lumière la fin de règne évidente des vieux briscards du circuit que sont Évra, Jallet ou encore Sagna. Et, avec Koscielny sur le carreau, Adil Rami est désormais le seul défenseur trentenaire de l’équipe de France. Derrière lui, les plus âgés se nomment Raphaël Varane et Djibril Sidibé, 25 ans chacun. Autant dire qu’avec la liste de Deschamps millésimée du 17 mai 2018, la moyenne d’âge des Bleus a pris une sacrée soustraction. Même combat du côté des suppléants, parmi lesquels Deschamps pourra piocher si pépin il y a. Chez les trentenaires, Mathieu Debuchy. Sinon, on retrouve du Zouma, du Digne et du Sakho. Il est là, le nouveau monde !


Fallait-il quand même tenter le pari Payet ?

C’était l’une des grandes questions du soir : Payet, pas Payet ? Pas de Payet, voilà la réponse, le DJ de l’OM ayant aggravé sa blessure à une cuisse mercredi soir à Lyon, où l’OM s’est fait fesser en finale de la Ligue Europa (0-3). Oui, c’est rageant, le bonhomme avait, paradoxalement, la tronche du beau pari tant son jeu et son statut ont évolué lors d’une deuxième partie de saison où il a porté son club entre les vagues. La clé, depuis 24 heures, avant de déplacer le débat sur sa place dans le onze, était sa durée d’indisponibilité. Ce à quoi Deschamps a répondu clairement jeudi soir : « Sans blessure, c’était un candidat sérieux à un poste dans les 23, il a joué la première demi-heure de la finale, sa situation s’est aggravée. Il y a un délai de récupération pour ce type de blessure de trois semaines avant d’être apte à jouer. Mais comme c’est musculaire, il y a un risque important de nouvelle récidive. » Résultat, pas de risque inutile et c’est pas plus mal, tant l’histoire des Bleus avec les joueurs arrivés blessés à une compétition internationale (Zidane, Vieira) est déjà assez fournie. Mieux vaut trancher avant plutôt qu’espérer sur l’instant.


Peut-on se passer d’un deuxième attaquant de pointe ?

« Composez votre liste des 23. » Des dizaines de sites proposaient de se prêter au jeu, avec toujours le même schéma figé : 3 gardiens, 8 défenseurs, 6 milieux de terrain, 6 attaquants. Logique, ces chiffres correspondent au schéma type d’une équipe équilibrée. Deschamps avait été bon élève en 2016, en respectant religieusement le 3/8/6/6/. Mais jeudi soir, tout est allé à vau-l’eau, et Didier Deschamps a mis cinq milieux de terrain et sept attaquants dans sa recette. Le plus étonnant réside peut-être dans le fait qu’il ait estimé ne pas avoir besoin d’un second attaquant de pointe pour anticiper un quelconque malheur d’Olivier Giroud. Ces derniers mois, Deschamps les avait pourtant tous testés ou presque. Lacazette, Ben Yedder, Gameiro… Aucun n’a foncièrement convaincu, alors le sélectionneur n’en a pris aucun, point final. En alignant Mbappé en pointe en mars face à la Russie et en l’observant planter un doublé, Deschamps s’est sans doute dit que le gamin ferait amplement l’affaire. Et tant pis pour Gilles Bouleau, qui a tenté de jouer au petit malin en interrogeant son invité du jour sur l’absence de Karim Benzema.


Comment diable Nzonzi a-t-il dévoré Adrien Rabiot ?

Jusqu’à la dernière seconde de la dernière minute, on pensait que la balance penchait toujours du côté d’Adrien Rabiot. Ok, il n’avait jamais été bon avec les Bleus, mais quand même. Le type est titulaire au PSG à 23 ans, il peut jouer à tous les postes au milieu, et 6 sélections, c’est peu pour se faire une idée définitive. En face, Nzonzi et ses 2 petits apparitions en Bleu paraissaient bien légers malgré le mètre 96 sous la toise. Oui, mais le choix du roi ne se discute pas, et le roi voulait une vraie sentinelle. Du coup, Rabiot se retrouve le nez dans ses pleurnicheries et peut se mordre les doigts d’avoir toujours mis de la mauvaise volonté quand Emery le faisait jouer à ce poste. Parfois, une place en Coupe du monde se joue à ça. À la capacité à accepter un rôle sans doute ingrat, mais indispensable. Le pire, c’est que même au PSG, Rabiot est peut-être en passe de se faire bouffer par un Lo Celso qui n’a pas rechigné quand son entraîneur lui a demandé de charbonner au poste 6. Maintenant, Rabiot n’a plus qu’à prier pour qu’une blessure lui permette de monter dans l’avion quand même. Et encore, rien ne dit que Deschamps ne prendrait pas Moussa Sissoko à la place.


La Premier League grille-t-elle les attaquants tricolores ?

On l’a dit : Alexandre Lacazette (Arsenal) et Anthony Martial (Manchester United) ont donc été glissés chez les suppléants. Mais, pour faire de la place à qui ? À deux pensionnaires de Ligue 1, évidemment : Nabil Fekir et Florian Thauvin. Aujourd’hui, l’absence de Lacazette n’est pas une surprise tant Mbappé est devenu dans la tête de Deschamps une solution axiale de repli. Pareil pour Martial, qui a, lui, laissé Thomas Lemar, pourtant plus en galère avec l’AS Monaco cette saison, prendre une avance rédhibitoire. On est aujourd’hui en droit de se poser la question des choix de carrière et de noter que les deux sacrifiés du soir se retrouvent dans une impasse en club qui a débouché sur la perte d’un ticket précieux pour la Coupe du monde. Cet été, Martial devrait quitter Manchester United, et Lacazette va devoir se battre pour plier la concurrence d’Aubameyang à Arsenal. C’est aussi une question de conséquences.

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Par Maxime Brigand et Alexandre Doskov

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