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Les bonnes questions de cette semaine européenne
Cette semaine encore, les coupes d'Europe nous en ont mis plein les yeux. Le Dnipro a créé l'exploit face à Naples, pendant que la Vieille Dame a fait chuter le grand Real et que Suárez s'est encore amusé face au Bayern. Séville s'est elle offert le droit de défendre son propre titre en finale. Du plaisir, quoi. Comme souvent. Et des questions. Comme toujours.
Le Real va-t-il faire revenir Morata cet été ?
C’est toujours dur de tomber. Surtout en demi-finale de Ligue des champions, aux portes de la finale. Mais c’est encore plus dur lorsque c’est l’un de ceux qu’on a élevés qui vient porter le coup mortel. En inscrivant le but qualificatif peu avant l’heure de jeu, ce mercredi, Morata a, lui, définitivement tué le père. Une sorte de revanche sur la vie et sur cette famille qui l’a quelque peu sous-estimé, abandonné. Mais malgré tout, les sentiments ont l’air d’être toujours là, comme l’Espagnol l’a montré en ne célébrant pas son but, pourtant d’une importance capitale, face à ce public qu’il aime tant. Morata aime toujours le Real, c’est un fait. Un Real qui s’est d’ailleurs rendu compte que cet amour était peut-être toujours réciproque. De quoi le faire revenir à la maison, cet été, pour qu’enfin, il puisse célébrer convenablement un but au Bernabéu.
Séville, huit ans après ?
Après sa qualification face à la Fiorentina, le FC Séville a donc l’opportunité de s’offrir, pour la deuxième fois d’affilée, une petite Ligue Europa. Loin d’être quelque chose d’exceptionnel, puisque les Sévillans ont déjà fait le coup en 2006 et 2007. Des amoureux de la C3, ces Andalous. Et puis bon, quand on évolue dans un championnat où le titre se joue seulement entre trois équipes, il faut bien trouver un moyen de soulever des trophées. Et visiblement, cette petite Coupe d’Europe fait parfaitement l’affaire. En face, le Dnipro n’a qu’à bien se tenir, les Espagnols ont bien l’intention de s’offrir un nouveau doublé. Les Ukrainiens sont prévenus, cette coupe est une chasse gardée.
Quel goût auront les retrouvailles entre Suárez, Évra et Chiellini ?
Les deux images sont ancrées en chacun de nous. D’abord, celle d’un Suárez refusant de serrer la main de Patrice Évra quelques jours après avoir été suspendu pour avoir tenu des propos racistes à l’encontre du Français. Et puis celle de l’épaule d’un Giorgio Chiellini affolé, victime de la morsure de l’Uruguayen. En finale, les deux Turinois vont donc recroiser le génie fou. L’homme à la bipolarité excessive. Et nul doute que ces retrouvailles ne seront pas anodines. À l’expérience, les deux défenseurs devraient essayer de faire craquer le n°9. La vraie inconnue reste de savoir quelle sera la réaction de Luis : un pétage de plomb ou un dribble du talon comme sur Benatia ? Avec lui, on peut même s’attendre aux deux. Ces retrouvailles auront à coup sûr un goût savoureux.
Et sinon, Gareth, ça va, toi ?
Il est le symbole de ce Madrid qui n’avance plus. Ou moins vite, en tout cas. Inexistant lors du match aller face à la Juve, le Gallois ne s’est montré guère plus utile lors du match retour, cette semaine. Pris à partie par quelques supporters après l’élimination du Real, l’ancien joueur de Tottenham semble cristalliser à lui seul le mal-être madrilène. Aux yeux des supporters, en tout cas. Et dire qu’il y a un an, il offrait la Coupe du Roi au Real sur une chevauchée folle avant de récidiver en finale de Ligue des champions, quelques semaines plus tard. Une autre époque, déjà. Mais t’inquiète Gareth, ça va finir par passer.
Benítez a-t-il sous-estimé son adversaire ?
Rafael Benítez a-t-il péché par orgueil ce jeudi soir, à Kiev ? Évidemment, le scénario du match – une pluie battante, une flopée d’occasions pour le Napoli, et un contre assassin du Dnipro – ne pouvait pas être prévu à l’avance. Seulement, on peut s’interroger sur son choix de laisser à la fois Marek Hamšík et Dries Mertens volontairement sur le banc, au coup d’envoi. En effet, le Slovaque est un joueur cadre, peut-être l’un des plus expérimentés de l’effectif à l’échelle européenne, tandis que le Belge a une capacité de perforation et de création supérieure à Manolo Gabbiadini, aligné à sa place jeudi soir. Bref, un choix surprenant de la part de Benítez, spécialiste des compétitions européennes, surtout que le match de championnat de ce week-end – la réception de Cesena – ne paraissait pas si effrayant.
Le Dnipropetrovsk est-il le fantôme de la Grèce 2004 ?
Un maillot bleu, ou blanc, pour commencer. Un style de jeu ultra-défensif, avec un gardien en feu (Nikopolidis – Boyko), au moins un vrai joueur de ballon (Karagounis – Konoplyanka) et un attaquant à qui tout réussit dans les matchs importants (Charisteas – Seleznev). Oui, à bien des égards, ce Dnipro Dnipropetrovsk ressemble comme deux gouttes d’eau à l’équipe qui avait pris l’Europe par surprise à l’Euro 2004. Mais ce n’est pas tout. Ajoutez un zeste d’instinct de survie façon Danemark 92, et une bonne lampée de controverses de type Corée du Sud 2002, et vous aurez la bonne recette pour définir cette équipe ukrainienne. Une équipe que peu de personnes sensées auront donc envie de voir triompher à Varsovie, le 27 mai prochain. On ne peut pas tout avoir.
Guardiola a-t-il un problème avec les matchs à l’extérieur ?
Ce n’est un secret pour personne, le Bayern Munich a perdu tout espoir de qualification au match aller, en allant s’incliner, 3-0, au Camp Nou. Si le Bayern s’était en effet dépêtré pour se sortir d’une situation compliquée au tour précédant face à Porto, la marche était cette fois-ci trop haute. Mais est-ce vraiment surprenant ? En effet, Pep Guardiola, depuis ses débuts d’entraîneur, n’a remporté que trois des quinze matchs à l’extérieur disputés lors des tours à élimination directe en Champions League, pour sept matchs nuls et cinq défaites. Alors, deux solutions : soit le chauve est très pragmatique, et compte sur le fameux combo nul à l’extérieur – victoire à domicile pour l’emporter, soit il est très casanier, et n’aime pas voyager. Peut-être un peu des deux ?
Le Barça réalise-t-il le parcours le plus prestigieux ?
On dit souvent que pour remporter une compétition européenne, il faut un peu de réussite, et un poil de chance au tirage. Mais au Barça, cette saison, on n’est pas du genre à compter sur la chance. Ainsi, l’ogre blaugrana a d’abord bouffé l’Ajax, champion des Pays-Bas, en guise d’amuse-bouche avant de passer au repas. En entrée, Manchester City, champion d’Angleterre, facilement avalé, avant d’engloutir le Paris Saint-Germain, champion de France, en quarts. Le Bayern Munich, plat de résistance pourtant copieux et champion d’Allemagne, a ensuite rempli sa panse tranquillement. Avant d’attaquer le dessert, le champion d’Italie ? Attention, car la gourmandise est un vilain défaut. Cependant, si le Barça est sacré le 6 juin prochain, il n’aura laissé aucune place au suspense. Oui, ce parcours-là est celui du champion des champions européens.
Par Paul Piquard et Gaspard Manet