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Les bonnes questions avant Les Herbiers-Chambly
Comment va la France du foot ? Un signe : mardi soir, deux pensionnaires de National 1, Les Herbiers et Chambly, se retrouvent en demi-finale de la Coupe de France. Voilà ce qu'il faut se poser comme questions avant le sommet.
Faut-il en finir avec les Petits Poucets ?
La Coupe de France est un rouleau à clichés, et l’édition en cours est comme les autres : on a entendu des gens nous raconter l’histoire du club de Ligue 1 (ici Nantes) reparti sans laisser sa part de recette au club amateur (Senlis), d’autres conter celle du mec recalé de club pro, devenu mécano et finalement héros au moment de sortir un membre de l’élite… Si bien que la compétition est devenue dans l’idée un affrontement permanent entre le gentil et le méchant. Problème : nous voilà en demi-finales avec deux gentils, et cela ne raconte rien de bon sur la santé de la France du foot. Bref, nous voilà chanceux car si on est toujours le Petit Poucet d’un autre, cette demi-finale n’en a aucun, merci pour elle. Alors, y a-t-il un favori ? Non, aucun, Les Herbiers (9e, 36 points) et Chambly (15e, 33 points) étant avant tout des petits bras de National 1 qui se battent pour ne pas tomber en National 2. Et l’histoire parle aussi d’équilibre : six rencontres entre les deux équipes, trois victoires pour Chambly, deux pour Les Herbiers, un nul. Mais aussi d’un changement de regard sur le Petit Poucet : là, c’est une ville de 15 000 habitants contre une autre de 10 000. C’est autre chose que Calais.
Mafall Seck peut-il à son tour « niquer la science » ?
Pas besoin d’avoir l’oreille absolue. « Sa saison est terminée, sauf miracle » , a tranché sur le moment l’entraîneur adjoint du FC Chambly, Florent Routier. Quelques minutes plus tôt, Mafall Seck, 26 piges et un exploit de Coupe de France dans les pattes (une victoire aux tirs au but à Châteauroux lors des seizièmes de finale en janvier, N.D.L.R.), a entendu « un crac » . Mauvais signe et sale verdict dans la foulée : lors de la branlée reçue dans la bataille de la Somme face à l’US Roye-Noyon (4-1), le 7 avril dernier, par la réserve de Chambly, Seck s’est fracturé le cubitus gauche. Personne n’a osé se mentir : suspendu en quart face à Strasbourg (1-0), le défenseur sénégalais va donc manquer, logiquement, la fin de l’aventure des Oisiens. À commencer par la demi-finale face aux Herbiers. « Malheureusement, ce devait être mon destin » , a alors glissé l’intéressé qui devrait, au mieux, retirer son plâtre la veille de la finale, prévue le 8 mai prochain au Stade de France. Drôle de courbe pour un mec qui n’était pas prévu au casting, mais qui pourrait aussi suivre l’exemple d’Adil Rami, histoire de « niquer la science » à son tour. Ou celui de Thomas Davis, qui a joué en 2016 un Superbowl avec le bras cassé. On prend le pari.
Peut-on se consoler à la trouspinette ?
Avant la fin de l’aventure, la Papa Cake Corporation a déjà prévenu son monde : « Et si les Qataris nous mettent une piquette, on se consolera à la trouspinette. » Encore faut-il que Les Herbiers voient le stade de France, mais en Vendée, l’espoir est de mise. Car la bande de Stéphane Masala connaît déjà la Beaujoire pour y avoir fait valser le RC Lens au tour précédent (0-0, 4-2 aux tab) ? Oui, mais aussi parce que tous les voyants semblent allumés de la bonne couleur alors que la municipalité s’arrache pour organiser les déplacements depuis plusieurs semaines. L’histoire raconte même que la mairie a fait placer une photo officielle de l’équipe devant l’hôtel de ville avec un emplacement noir pour pouvoir y glisser sa tête : ce qu’une mariée a fait dans le week-end. C’est la France de la danse des canards, mais aussi des paroissiens : le prêtre du village, Valerry Wilson, a ainsi avancé le conseil paroissial pour pouvoir débloquer l’emploi du temps de ses fidèles mardi soir. Ainsi, Dieu est convoqué et demain, ce pourrait être la trouspinette, un vin d’épines mystique qui permet de tout oublier. Drôle de potion magique.
Francis Lalanne peut-il faire taire Philippe Katerine ?
Du côté de Chambly, Florent Routier, l’adjoint du sorcier Bruno Luzi, a donné le ton : « La Coupe de France nous a sorti la tête de l’eau. On est déterminé comme jamais. Il faut qu’on aille chercher cette finale pour Walter (fondateur du FC Chambly, décédé lors du quart de finale contre Strasbourg, N.D.L.R.), ce serait le plus beau des hommages. On crèvera s’il faut pour y arriver. » Niveau motivation, les gars de l’Oise semblent intouchables. Avaient-ils vraiment besoin du soutien de Francis Lalanne ? Pas forcément, mais le troubadour s’est invité à la fête et a même offert à son ami Fulvio Luzi, le président du club, une chanson : À Chambly. Un truc infernal à l’écoute, venu concurrencer le 85 Rouge et Noir de Philippe Katerine, homme qui a déjà annoncé une revanche de la province sur Paname, signe qu’il voit déjà ses Herbiers en finale.
Interrogé par L’Équipe, Katerine a même annoncé qu’il installerait Lalanne sur ses genoux et « le [ferai sautiller] » . On n’avait pas fait plus brûlant depuis la bagarre entre Tchoupi et son doudou. C’est aussi ça la magie de la Coupe.
Par Maxime Brigand