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Les bonnes questions à se poser avant Real-Juve

Par Maxime Brigand et Steven Oliveira
5 minutes
Les bonnes questions à se poser avant Real-Juve

Démontée à l'aller à Turin (0-3), la Juventus débarque à Madrid avec l'espoir d'un exploit improbable. Voilà les bonnes questions qu'il faut se poser avec ce quart de finale retour qui semble déjà plié.

Comment le Real peut-il s’en sortir sans Sergio Ramos ?

Si la Juventus devra faire sans Paulo Dybala, le Real Madrid, lui, sera privé mercredi soir de son capitaine, Sergio Ramos, suspendu pour accumulation de cartons jaunes. Problème : Zinédine Zidane ne pourra pas compter sur son couteau-suisse défensif Nacho Fernandez, blessé à la cuisse. Résultat, le double Z devrait aligner l’inexpérimenté Jesús Vallejo, 21 ans et quatre matchs de Liga seulement entre les cuisses, aux côtés de Raphaël Varane. Une charnière centrale que le technicien français a déjà utilisé à deux reprises en championnat, pour deux victoires : contre Las Palmas (3-0) et Málaga (3-2).

Un détail qui nous fait dire que si Diego Rolán a pu faire de cette défense son jouet d’une soirée, la Juventus pourrait également s’en inspirer et profiter du bizutage de Jesús Vallejo pour approcher les buts de Keylor Navas. À moins que Zidane ne préfère redescendre d’un cran Casemiro, comme cela lui est déjà arrivé en début de saison, avec plus ou moins de succès. Une solution moins risquée, mais qui priverait le Real Madrid de son meilleur récupérateur au milieu de terrain. Quoi qu’il en soit, cette absence de Sergio Ramos ne peut être que bénéfique à la Juventus qui va devoir marquer au moins trois buts pour espérer une folle qualification. À Raphaël Varane de montrer qu’il peut être le patron de cette défense madrilène.


Cristiano Ronaldo peut-il s’envoyer un Grand Chelem ?

Battus largement à l’Allianz Stadium (0-3), les hommes de Massimiliano Allegri n’ont plus le choix et vont devoir s’imposer au moins par le même écart au Bernabéu s’ils veulent rejoindre la Roma en demi-finales. Et si planter trois buts au Real Madrid ne paraît pas être une mission impossible – Tottenham, le Barça, le Betis ou encore Gérone l’ayant déjà fait cette saison –, empêcher Cristiano Ronaldo de marquer paraît en revanche irréalisable. Car oui, depuis le début de saison, l’attaquant portugais a tout simplement marqué à chaque match de Ligue des champions (une première dans l’histoire de la compétition), et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Mieux : depuis son arrivée à Madrid, CR7 a déjà affronté à six reprises la Juventus, et aucune de ces rencontres ne s’est terminée sans un but du Portugais qui en a déjà claqué neuf entre les cannes de la Vieille Dame. Et si la solution pour la Juventus était de demander à Giorgio Chiellini de lui arracher ses mèches blondes magiques dès le premier contact ? Dans le cas contraire, la Juve sera bien obligée de marquer à au moins quatre reprises pour se qualifier pour le tour suivant. Pas simple cette histoire.


La Juventus est-elle une équipe d’exploit ?

Une certitude avant la bataille : le football part en cacahuète et la soirée de mardi l’a bien prouvé. Aujourd’hui, voir un retournement de situation est presque devenu une normalité et si tout ça est chouette pour le spectacle, cela ne raconte rien de bon sur l’évolution d’un sport collectif qui tend à devenir une bataille géante entre confréries étudiantes où Simone Garnier pourrait, sans sourciller, venir faire l’arbitre. Passons, mercredi soir, c’est Real-Juve et voir un sablier se retourner semble impossible. Avant la rencontre, Zidane a pourtant alerté ses hommes : « Ce qui m’intéresse, c’est de prouver sur le terrain, pas de parler avant. Nous devons respecter tous les adversaires parce que les grands clubs ne baissent jamais les bras et tout peut arriver. » Deux choses en une : le Français sait que la Juve ne se laisse pas dégager d’une fête aussi facilement qu’à l’aller, mais il sait aussi que son équipe ne se fera pas remonter. Allegri en dit quoi ? « On ne sait pas ce qu’il peut se passer. Qui aurait pu imaginer que l’on perdrait 3-0 à l’aller ? Peut-être qu’on va marquer au Bernabéu après trois minutes, qui sait… » Personne n’a oublié le Juve-Real de 2003. Sauf que l’histoire était bien différente.


Est-ce le dernier tour de piste de Gigi ?

Réponse de l’intéressé mardi, en conférence de presse : « C’est possible, oui… mais ce n’est pas une perspective qui me déprime ou qui me provoque des pensées négatives. Au contraire, si on m’avait dit, quand j’étais petit, que je finirais ma carrière en Ligue des champions au Bernabéu contre le Real Madrid, j’aurais signé tout de suite. » En début de saison, Gianluigi Buffon avait prévenu : cette saison est la dernière et la seule chose qui pourrait le pousser à repousser l’arrêt serait une victoire en… Ligue des champions pour pouvoir remporter la Supercoupe d’Europe derrière. La légende a raison, il y a pire que le Bernabéu pour dire au revoir aux grands de ce monde. Sylvain Kastendeuch, lui, a préféré tirer sa révérence sur un KO provoqué par un centre de Jérôme Bonnissel. Chacun sa route, chacun son chemin.


Chiellini va-t-il recevoir une ovation du Bernabéu ?

Souvenez-vous novembre 2008 : Alexander Manninger dans les cages de la Juve, Nicola Legrottaglie et Cristian Molinaro sur la pelouse, et le Santiago Bernabéu qui se lève, finalement, pour saluer la performance extraordinaire d’Alessandro Del Piero, auteur d’un doublé ce soir-là (2-0). C’était une autre époque, un autre contexte, un autre soir, de ceux où Fabio Cannavaro paye l’addition pour avoir quitté la Vieille Dame, en juillet 2006, dans la foulée de sa relégation. À l’aller, à Turin, c’est Cristiano Ronaldo qui a fait se lever l’Allianz Stadium. Et cette fois ? Cette fois, ce pourrait être le soir de Blaise Matuidi, mais surtout de Giorgio Chiellini, qui devrait finir la rencontre avec le bras en écharpe, le nez en coton et les côtes fêlées, mais qui livrera ses dernières gouttes de sueur à l’honneur de la Juve. On a un rêve : que le temps d’une soirée, Madrid oublie Sergio Ramos et que celui qui a décidé de ressembler à Lionel Mathis soit érigé en roi de la ville.

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