ACTU MERCATO
Les bonnes affaires de la Liga Sagres
Oui, la moitié du championnat portugais a posé ses valises à Monaco. Non, le championnat portugais ne sera pas dans la merde pour autant. Parce que la Liga Sagres possède un gros réservoir d'excellents joueurs. Mais crise économique oblige, les prix sont cassés sur la plupart d'entre eux. Zoom sur ces gars qui pourraient faire le bonheur des moins riches.
Gardien
Romain Salin (Maritimo-libre)Suivi de près par Braga dans un premier temps, Romain Salin est aujourd’hui la cible prioritaire du Sporting pour remplacer Rui Patrício et faire marcher la concurrence avec son remplaçant désigné, Marcelo Boeck. Mais les Leões mettent du temps à passer à l’action. Sans doute rêvent-ils que Rui Patrício, élu troisième meilleur joueur de la Liga Sagres cette saison derrière Matić et Jackson Martínez, reste à la maison un peu plus longtemps. En attendant, Romain Salin est sur le marché, libre de tout contrat. Maritimo connaît des problèmes financiers et a du mal à payer tous ses joueurs à temps. Une situation qui ne colle pas avec un portier de la carrure du Français de 28 ans, qui a explosé l’année dernière et confirmé sa grande forme en 2012-2013. Si un club veut chiper un gardien au Sporting pour que dalle, il sait où chercher…
Défenseurs
Paulo Oliveira (Vitória de Guimarães)
Guimarães a besoin d’argent. Financièrement dans la merde depuis plusieurs saisons, le Vitória a déjà laissé filer Issam El Adoua à Levante gratuitement. Sportivement en revanche, Guimarães se porte bien, avec une Coupe du Portugal remportée sur le fil contre Benfica. Le défenseur central espoir Paulo Oliveira y est pour quelque chose. Véritable forteresse à lui seul tout au long de la saison, c’est un modèle d’engagement et de bravoure au duel. Tactiquement, il a encore quelques progrès à faire, mais il a tout d’un futur grand. Trois petits millions d’euros devraient suffire à convaincre Guimarães. On est loin des arnaques de la Ligue 1.
Tiago Ilori (Sporting CP)
Le Sporting a beau finir le championnat hors des places européennes, perdre contre Videoton en Europa League et perdre contre le dernier du championnat, il faut bien admettre que son « academia » est toujours garnie de jeunes joueurs au fort potentiel. Tiago Ilori en fait partie. Si les comparaisons entre joueurs sont parfois infructueuses, établir un lien entre son style de jeu et celui de Raphaël Varane ne serait pourtant pas exagéré. Le môme de 20 ans possède un excellent jeu de tête, une lecture du jeu dantesque, une vitesse de pointe élevée et… une conduite de balle anormalement pure pour un défenseur central. Normal, puisqu’il a joué en attaque jusqu’à 15 piges. Pour le moment, il ne coûte pas trop cher – d’autant qu’il est aisé d’arnaquer le Sporting comme l’a prouvé Valence avec João Pereira. Liverpool est sur le coup, mais n’a toujours pas formulé d’offre.
Milieux
Carlos Martins (Benfica)
Jorge Jesus a officiellement déclaré vouloir se débarrasser de l’international portugais. Carlos Martins n’a plus sa place dans un effectif rempli de milieux de terrain serbes et hispanophones à peu près tous plus doués que lui. Au vu de son âge (31 ans), il n’est pas hors de prix. Il devrait être compétitif pendant au moins deux saisons de plus si les blessures l’épargnent. Une bonne affaire pour une équipe jeune qui recherche un vieux briscard. Car Martins, c’est de l’expérience en Ligue des champions, mais aussi en sélection, où il a franchi le cap des 30 capes. Enfin, il demeure un bon relayeur doté d’une grosse frappe et d’un joli toucher de balle.
André Leão (Paços de Ferreira)
Les gros du Portugal ont d’ores et déjà pillé Paços de Ferreira, le « Montpellier » portugais qui a surpris tout le monde en finissant troisième du championnat. André Leão n’en fait pas partie. La plaque tournante du dispositif de Paulo Fonseca chez les « Castores » ne manque pas talent, mais il est trop vieux pour aller à Porto ou à Benfica. Son club souhaite le vendre pour cinq millions d’euros. Un putain d’appel à l’étranger, car personne n’a les moyens de payer une telle somme en Liga Sagres en dehors des grandes écuries lusitaniennes. Mais André Leão s’en tape. Il n’a pas peur de l’étranger, lui qui a évolué plusieurs années à Cluj. Mais il mériterait mieux qu’un retour en Roumanie.
Hélder Barbosa (Braga)
Hélder Barbosa était promis à un bel avenir. Mais comme beaucoup de jeunes Portugais, sa route a été barrée par des étrangers quand il est sorti du centre de formation de Porto. Pourtant, ce milieu de terrain latéral (ou ailier, au choix) gauche complet, assez vif, très bon centreur et doté d’une très bonne technique a du talent. Il a simplement manqué de temps de jeu au moment où il en avait le plus besoin. À Braga, il en a eu sous Leonardo Jardim et au début du mandat de José Peseiro. Mais en deuxième partie de saison, il a rarement été titulaire. Avec le retour de Jesualdo Ferreira dans le Minho, il espère avoir une nouvelle chance de s’imposer. Mais une offre d’un club au standing similaire à Braga pourrait le pousser à voir ailleurs.
Attaquants
Hugo Vieira (Benfica)
Hugo Vieira connaît la France. L’Aquitaine, plus précisément. À 16 piges, il est arrivé à Bordeaux pour en repartir aussitôt. Un gâchis. Pour les Girondins, oui, mais surtout pour Benfica, où il a signé en 2011 pour ne jamais vraiment y jouer. Cette saison, il a beaucoup voyagé. Prêté à Gijón en première partie de saison, son temps de jeu est resté relativement faible. C’est pourquoi il refait ses valises pour retrouver la mère-patrie, après six mois cauchemardesques. Direction Gil Vicente. Là-bas, Hugo Vieira a fait la totale : huit pions en 14 matchs. Au tennis, on appelle ça un retour gagnant. Une Djokovic. D’autant que le bougre ne joue pas en pointe, mais sur les ailes. À 24 ans, il ne peut plus se contenter d’être sur le banc ou de voler de prêt en prêt et ne serait pas contre un départ de la Luz. En plus, il ne coûte pas cher…
Salim Cissé (Académica)
Salim Cissé n’a que 20 ans, mais il a déjà tout vécu. L’exil, alors que sa Guinée natale connaissait de nombreux problèmes politiques, puis, dans la foulée, la traversée de la Méditerranée dans un de ces bateaux pourris dans lesquels meurent des milliers d’Africains par année, en tentant de rejoindre le Vieux Continent. Cissé a survécu à cette épreuve, s’est rendu en Italie où il était payé à faire le ménage chez plusieurs personnes. Homme à tout faire, comme on dit. Mais il n’a jamais arrêté de jouer au football. Rapidement, il se fait repérer par un club de Serie D pour qui il joue pendant une saison avant de rejoindre l’Académica en 2012. Sa progression continue. Il a inscrit un peu plus de dix buts en 2012-2013 toutes compétitions confondues dont deux en C3 pour sa première participation. Cissé n’a peur de rien, et remercie la vie en plantant des banderilles. Un futur bon buteur pour une bouchée de pain. À moins que la concurrence ne s’écharpe pour l’acheter.
Bruma (Sporting CP)
C’est le Portugais du moment. Étincelant avec les U20 en Turquie, il demeure attaché à son Sporting bien que déjà courtisé par les meilleurs. 18 ans, c’est pourtant l’âge auquel Cristiano Ronaldo est parti à Manchester. D’ailleurs, CR7 est son idole, au point d’évoluer au même poste que lui. Le génial ailier des Leões est en avance sur son âge. Preuve en est qu’en Turquie, il surnage – déjà quatre pions et une farandole de passes décisives. Certes, il faut attendre de voir ce qu’il vaut face aux meilleures nations, mais il a déjà prouvé qu’il savait se sublimer quand il le fallait en Liga Sagres. En théorie, il devrait coûter une fortune, mais le Sporting rencontre des difficultés avec l’agent de Bruma dans le processus de renouvellement de son contrat. C’est donc le moment ou jamais pour choper un futur grand à prix cassé.
Christian Atsu (FC Porto)
Christophe Jallet ne veut plus en entendre parler depuis son entrée fulgurante face au PSG en Ligue des champions. Le Ghanéen avait malmené l’arrière-droit parisien, alors que celui-ci venait de remplacer un Van der Wiel pas très convainquant. Coups de rein, dribbles enflammés, centres, Atsu avait fait du Atsu. Il ne lui manque que la finition et un peu plus de variété dans son jeu pour grandir encore un peu. L’ailier du FC Porto ne veut plus rester au Portugal et rêve d’Angleterre. 10 millions d’euros devraient faire l’affaire pour s’attacher les services du jeune Ghanéen. Et 10 millions, c’est une très bonne affaire quand on connaît Pinto da Costa.
Bonus* : Óscar Cardozo
Une bonne affaire, pour un club qui en a les moyens. On ne présente plus le bonhomme. Même en France, depuis que le gars a humilié les Girondins de Bordeaux en Europa League avant d’atteindre la finale de la C3. Et de perdre. Et de tout perdre. Le championnat ? Porto l’a gagné à la 93e minute du classico. La Coupe du Portugal ? Les Encarnados l’ont perdue en deux minutes, alors qu’ils semblaient avoir la partie en mains. Mais la tactique frileuse de Jorge Jesus, qui a sorti Cardozo pour défendre le 1-0, a eu raison de son équipe. Et « Tacuara » n’aime pas perdre. Encore moins quand on le sort du terrain. Du coup, après la défaite en coupe, le Paraguayen ne s’est pas privé de dire des mots doux à Jesus qui, pour le coup, n’a pas été très miséricordieux. Sitôt a-t-il appris qu’il n’était pas viré qu’il a foutu Cardozo sur la liste des transferts. Aujourd’hui, la situation est ambiguë. Certains journalistes annoncent que les deux hommes se sont réconciliés, que l’attaquant va rester. D’autres le voient partir. Son agent n’est pas plus précis. La seule chose dont on est sûr, c’est qu’il ne partira pas à moins de 15 millions d’euros. Fenerbahçe n’en offre que douze.
*Nabil Ghilas est absent de cette liste, car il devrait signer assez rapidement au FC Porto.
Par William Pereira