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- Bulgarie-France (0-1)
Les Bleus sortent les forceps à Sofia
Ça a été compliqué, rugueux, souvent vilain, mais les Bleus ont pris les trois points. Une victoire que la France doit au but ultra-rapide de son Blaisou, mais qui n'a pas enchanté grand monde, tant le collectif était à la peine. L'essentiel est ailleurs : l'équipe de France n'a plus qu'à terminer le boulot mardi contre la Biélorussie pour valider son billet pour la Russie.
Bulgarie 0-1 France
But : Matuidi (3e) pour la France
On prédisait aux Bleus un traquenard, un match piège, un bourbier. Alors qu’il faisait un temps printanier à Sofia depuis le début de la semaine, les averses avaient même décidé de faire leur entrée en scène ce soir, comme si une puissance supérieure voulait à tout prix que ce match soit compliqué. Effectivement, dans un stade Vasil Levski aussi vétuste que détrempé, les Français ont dû encaisser les coups et garder les dents serrées jusqu’au bout. Mais comme ils ont eu la bonne idée d’ouvrir le score en trois minutes, l’essentiel est sauf. Il a suffi d’un centre appliqué de Digne – roue de secours bien utile –, puis d’une petite remise de Griezmann pour que Matuidi déboule et cogne le ballon dans un angle complètement fermé.
Au diable les mathématiques, Blaisou met au fond et assomme l’ambiance d’une arène déjà refroidie par la météo et les chaises vides. Car alors que les rumeurs allaient bon train en ville sur l’affluence, certains parlant de stade plein et d’autres jurant qu’il restait des places à vendre à tous les coins de rue, le match s’est finalement déroulé dans un stade aux virages complètement déserts, et aux travées latérales garnies de supporters qui avaient enfilé leurs plus beaux ponchos pour l’occasion.
Merci Hugo
Ouvrir le score rapidement était un bon début, et les Bleus ont ensuite dû affronter les coudes bulgares. Sans surprise, les échanges sont accrochés et monsieur l’arbitre passe près du décollement du poumon à force de torturer son sifflet. Et en plus de la pluie et des tampons, les garçons de Deschamps doivent se farcir quelques actions bulgares loin d’être académiques, mais compliquées à manœuvrer. Face à ce bloc de costauds, les Bleus se faufilent entre les lignes et Mbappé balance un beau coup de savate cadré au quart d’heure de jeu avant que le match ne se calme un grand coup.
Le public n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent, alors les tribunes latérales remplacent les virages vides en chantant et en se répondant, avec un goût prononcés pour le « Българиии Юнации ! » , comprenez « Bulgares, héros ! » Un nouveau coup de boutoir arrive d’abord dans la surface bulgare à la demi-heure quand Lacazette loupe son duel contre Iliev, puis juste après dans la bouche de Sidibé qui termine cloué au sol quelques minutes. Un premier pépin physique, puis un deuxième quand Kanté doit être remplacé à cause d’une cuisse qui grince. Mais la vraie pire nouvelle de la soirée aurait pu arriver quelques minutes plus tard quand, sur une action initiée par une belle frappe de Nedelev, Lloris sauve les Bleus de deux parades folles, se rachetant ainsi d’une première prise de balle ratée. La mi-temps qui arrive fait du bien à tout le monde.
Dans le dur
Toujours sous la pluie et toujours encerclés par une piste d’athlétisme gondolée, les Bulgares inaugurent la deuxième mi-temps par des frappes de loin et des cafouillages devant le but de Lloris. Autre animatrice du match, la trousse à pharmacie refait vite son apparition pour soulager Tolisso, franchement culbuté au milieu de terrain. Plus habitué à recevoir des centres de Sidibé depuis qu’il est à Paris, Mbappé se plante face au but après un bon service de son ancien coéquipier. Pas une bonne idée à un moment du match où les actions françaises se raréfient. Les offensives bulgares sont contenues, mais usent les nerfs des Bleus, tandis que les percées françaises n’arrivent plus qu’au compte-gouttes quand l’heure de jeu frappe à la porte.
Sentant la défaite se dessiner de plus en plus, le public de Sofia se met à huer les Bleus de plus en plus souvent et avec un peu plus de vigueur à chaque fois. Le match s’éteint dans une faiblesse collective généralisée qui touche les deux camps, à peine secoué par les actions bulgares et les interventions d’un arbitre qui aura évité plus de bagarres que Pascal le Grand frère. Après le carton de la Suède contre le Luxembourg, les Bleus retrouvent la première place du groupe, sont assurés de terminer au moins deuxièmes et font plaisir aux quelques centaines de Français présents dans le stade. Et accessoirement aux 65 millions d’autres qui étaient restés à la maison.
Bulgarie (4-4-2) : Iliev – Popov, Bodurov, Bozhikov, Zanev – Manolev (Dimitrov, 87e), Slavchev, Kostadinov, Nedelev – Galabinov (Kraev, 48e), Delev France (4-3-3) : Lloris – Digne, Umtiti, Varane, Sidibé – Kanté (Rabiot, 34e), Matuidi, Tolisso – Griezmann, Lacazette (Payet, 76e), Mbappé (Giroud, 84e)
Par Alexandre Doskov, au stade Vasil Levski