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Les Bleus rament, mais dominent la Moldavie
Menée au score et amorphe tout au long de la rencontre, l'équipe de France a malgré tout réussi à dominer la Moldavie (2-1) au stade de France jeudi soir, où elle fêtait sa qualification pour l'Euro 2020. Pour la manière, on repassera.
France 2-1 Moldavie
Buts : Varane (35e) et Giroud (78e, s.p.) pour les Bleus // Rață (9e) pour la Moldavie
Ça, une fête ? Plutôt crever. Tout était pourtant là : le billet pour une treizième phase finale d’affilée, un Stade de France plutôt plein, un adversaire complètement en vrac – du moins, aux dernières nouvelles – et… rien. Rien, ou quasiment rien. Jeudi soir, face à la Moldavie, l’équipe de France n’avait qu’à savourer sa qualification pour l’Euro 2020 et elle l’a fait, mais salement, ne s’en sortant que grâce à un penalty de Giroud dans le dernier quart d’heure, sans cadrer la moindre frappe supplémentaire en seconde période et en ayant été menée plus de 25 minutes par une équipe qui n’avait plus marqué à l’extérieur depuis un an. Il est temps, désormais, de voir plus loin que cette qualification.
Mauvaise blague
Heureusement, le suspense avait fini par lâcher avant la rencontre. Merci à la Turquie, qui a accroché l’Islande par le col (0-0) plus tôt dans la soirée, et ouf pour Didier Deschamps, qui a pu arracher le « quasiment » posé il y a encore quelques heures avant la mention « qualifié » alors que le neuvième acte de la campagne des qualifications à l’Euro 2020 des Bleus n’avait même pas débuté. Ça, c’était avant la blague. Assez mauvaise : libérée de toute pression, l’équipe de France a déboulé sur le tapis du stade de France en pantoufles, a vu Kylian Mbappé enchaîner les mauvais choix et Antoine Griezmann empiler – et c’est un exploit assez grand pour être noté – les erreurs de transmission (65% de passes réussies en première période). Et alors ? Alors, ce n’est pas tout, car, en jouant à se faire peur, les Bleus ont aussi glissé en ouverture et aperçu Vadim Rata, un petit but planté en 685 minutes dans le championnat roumain cette saison, se marrer face à un Clément Lenglet transformé en otarie par une longue ouverture en profondeur a priori inoffensive. Résultat : le défenseur du Barça a jonglé deux fois de la tête et a ensuite laissé l’attaquant moldave face à un Steve Mandanda stupéfié (0-1, 9e).
On a alors pensé à la théorie de la piqûre et on s’est dit que la Moldavie, deux petits buts marqués jusqu’ici dans cette phase éliminatoire, incapable de s’imposer lors d’un match à l’extérieur depuis le 15 novembre 2018, pire défense de ce groupe H et en pleine crise interne, allait bien finir par mettre fin à la plaisanterie. Au contraire, les Moldaves se sont réorganisés en 5-3-2, ont regardé les Bleus se casser un à un les dents et ont sorti les cure-dents devant tant de maladresses offensives. À la demi-heure de jeu, la France n’avait cadré que deux frappes – deux maigres tentatives d’un Mbappé pourtant en vrac dans le jeu – et Benjamin Pavard s’est alors mis à jouer du torse contre Rata. Puis, une respiration : dans la foulée, Griezmann a balancé un coup franc dans la boîte, Giroud a mimé une main devant un Alexei Koşelev pas assez autoritaire dans sa sortie et Varane a calmé la foudre montante (1-1, 35e). Rien de propre, rien de net, rien de folichon : on a connu meilleur jeudi de l’accession.
Service minimum
Et meilleur début de seconde période, car si les Bleus ont remis le pied sur le ballon – encore heureux -, ils sont aussi revenus avec leurs imprécisions et leur flou offensif. Ainsi, rebelote : Mbappé a continué sa quête du but en solitaire, Pavard n’a quasiment jamais trouvé de preneur sur ses centres et Olivier Giroud a poursuivi sa soirée dans la même galère qu’en première période, Coman lui donnant, en plus, une passe dans le mauvais tempo huit minutes après la pause. Et, quand tout a semblé presque bon, Jardan est venu mettre ses fesses en opposition sur un caramel de Kylian Mbappé. Frustration encore : à l’heure de jeu, Giroud s’est mis à hurler après une énième reprise balancée dans le ciel de Saint-Denis. Mais Didier Deschamps n’a pas bougé le moindre orteil, laissant Ben Yedder courir en survêtement et Mbappé enrichir son brouillon. Et impression ensuite : en n’entrant à aucun moment pleinement dans la rencontre, l’équipe de France a accepté la vie dans un entonnoir, sans frappe cadrée, et avec seulement de maigres tentatives lointaines. Une plaie. Dans laquelle Vadim Rata, trop imprécis dans le dernier quart d’heure, a bien failli fourrer son nez une seconde fois.
Au lieu de quoi, Posmac est venu sauver les Bleus, en découpant Digne dans sa surface et offrant ainsi un penalty transformé par Giroud (2-1, 78e). Pas de quoi sortir les cotillons, ni les remplaçants visiblement, Deschamps ayant décidé de fermer son onze jusqu’à la 88e minute alors que Griezmann a envoyé hors cadre une énième flèche. C’est ce qu’on appelle le service minimum, le vrai.
France (4-2-3-1) : Mandanda – Pavard, Varane, Lenglet, Digne – Kanté, Tolisso – Mbappé, Griezmann, Coman (Lemar, 88e) – Giroud. Sélectionneur : Didier Deschamps.
Moldavie (4-2-2) : Koșelev – Jardan (Graur, 68e), Armaș, Posmac, Craciun – Platica, Ioniță, Carp, Cociuc – Gînsari (Milinceanu, 74e), Rață (Patras, 81e). Sélectionneur : Engin Firat.
Par Maxime Brigand, au Stade de France