- Euro 2016
- Quarts
- France-Islande (5-2)
Les Bleus enfin d’attaque
En démonstration face à l’Islande ce soir (5-2), l’équipe de France est définitivement entrée dans son championnat d’Europe grâce notamment à ses cartouches offensives. Restent les interrogations, toujours.
C’était en mars dernier. Face à la presse, le sélectionneur russe, Leonid Slutsky, est alors clair : « L’équipe de France ne joue pas seulement un football du plus haut niveau technique, mais aussi d’une grande puissance. » Quelques minutes plus tôt, la Russie a été emportée au Stade de France par des Bleus survoltés (4-2). L’Euro ne débutera qu’un peu plus de deux mois plus tard et la girouette française commence à croire définitivement au potentiel de sa sélection. Puis, l’histoire a fait le reste, les doutes aussi. On se trouve des problèmes, on s’en invente parce que dans le fond, la France a peur de se planter.
C’est légitime, car les cicatrices du passé sont encore ouvertes. D’autant que le début du championnat d’Europe ne rassure pas forcément : l’animation est fragile, la relance française en chantier et la folie encore en attente. Puis, il y a eu la deuxième mi-temps rassurante contre l’Irlande (2-1). Et voilà : la machine offensive française s’est mise en marche et a marché dimanche soir sur l’Islande (5-2) avec quatre buteurs différents. Voilà où en est la copie française, avec sa meilleure prestation en matière de positionnement offensif. Mieux, les Bleus ont écrit un bout d’histoire en devenant la première sélection de l’histoire d’un championnat d’Europe à inscrire quatre buts lors d’une première mi-temps.
La Piñata islandaise
Pourtant, dimanche soir encore, Didier Deschamps « le pragmatique » avait décidé de parier en relançant le 4-2-3-1 de la deuxième mi-temps face à l’Irlande, alors qu’un 4-3-3 semblait plus équilibré face au bloc islandais. Tout le monde le dit : il faut faire confiance à Deschamps, car l’histoire a prouvé qu’il se trompait rarement. Depuis le début de l’Euro, DD s’est pourtant déjà planté deux fois en faisant glisser une fois Matuidi à droite de son milieu et en changeant de système à l’heure d’aborder l’Albanie en poules. Mais bon, face à l’Islande encore, le destin a décidé de lui donner raison.
Ce n’est pas qu’une question de chance comme on l’entend souvent, mais une histoire de connaissances. Alors, lors de ce quart de finale, l’équipe de France a déroulé sans vraiment trembler, sauf par moments en seconde période, a explosé offensivement grâce à Antoine Griezmann et Dimitri Payet notamment, qui ont su faire imploser l’Islande entre les lignes comme il fallait le faire. Elle s’est aussi amusée grâce à Moussa Sissoko, titularisé à droite à la place de Coman et solution la plus complète possible pour laisser Sagna monter, et Olivier Giroud, utile dans son rôle de pivot et auteur d’un doublé ce soir. Qu’on se le dise : la France a probablement enfin lancé son Euro et avait besoin d’une telle bouffée de confiance avant d’enfin se frotter à du lourd avec l’Allemagne au prochain tour. Avec, en prime pour cette demie, le costume de meilleure attaque de la compétition avec 11 buts inscrits (devant le pays de Galles et ses 10 buts marqués).
La vie sans risque
Restent les questions. Oui, le secteur offensif était déjà avant la compétition le point fort des Bleus. Oui, on savait que l’équipe de France comptait dans ses rangs des monstres créatifs avec Griezmann et Payet. Mais derrière le tableau général, elle n’a pas réglé l’ensemble de ses problèmes avec au premier rang celui de la relance. Adil Rami suspendu, Didier Deschamps avait décidé de lancer Samuel Umtiti pour un premier bain dans la piscine internationale. Alors oui, le néo-défenseur du Barça a été costaud, a tenu son rang dans les duels et a réussi la quasi-intégralité de ses passes, mais les mêmes questions l’entourent. Si Umtiti a marqué des points, il n’a pas forcément éclaté sur son point fort qui est la relance, réalisant la quasi-totalité de ses passes latéralement ou en retrait, histoire de ne pas prendre de risque, ce qui a de nouveau coupé la construction du jeu français par l’arrière. Cela a aussi été le cas de Koscielny. On est donc encore loin dans ce cadre de l’Allemagne et de son art de la relance.
Laurent Koscielny completed 96% of his passes vs #ISL pic.twitter.com/7yMwLvyvMg
— Squawka Football (@Squawka) 3 juillet 2016
Là est donc le chantier principal qui va attendre cette semaine Deschamps, rassuré définitivement par ses cadres offensifs. Il faut se satisfaire de cette démonstration, en profiter, la savourer, mais aussi être conscient qu’en face, ce n’était « que » l’Islande et qu’elle a tout de même encaissé deux buts. La France est aujourd’hui dans le dernier carré de son Euro et n’a pour le moment rencontré personne. Le championnat d’Europe commence maintenant. L’heure de dissiper toutes les interrogations aussi.
Par Maxime Brigand