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Les Bleus en grande vadrouille
Ce match contre l’Allemagne sera l’occasion de voir ce qui manque aux Bleus, et de prendre la mesure de l’écart qui les sépare de la deuxième meilleure équipe du monde.
« On a deux ou trois très bons joueurs comme Karim Benzema et Franck Ribery, mais le reste c’est moyen. La France n’a pas une grande génération alors que l’Allemagne a la meilleure équipe d’Europe actuellement« . Le constat de Michel Platini est peut-être sévère, mais n’en demeure pas moins lucide. Même si l’Allemagne n’a pas la meilleure équipe d’Europe actuelle (Michel s’adressait bien entendu à la presse allemande), l’écart entre les Teutons et les Bleu-bites demeure effectivement conséquent.
Tous ceux qui ont vu la dernière Coupe du Monde retrouveront ainsi une Allemagne fidèle à elle-même. 4231. Permutations fréquentes de Klose, Özil et Müller. Beaucoup de mouvements, et des appels francs et directs, comme lors de la victoire 3-0 sur les Pays-Bas en novembre dernier, où l’Allemagne avait montré une puissance de frappe et de contre dans la droite lignée de ses matchs contre l’Angleterre (4-2) ou l’Argentine (4-0) en Coupe du Monde 2010, mais également pas mal de progrès sur le jeu posé. Low is the message.
Les cousins germains
Surtout, ce qui fait aujourd’hui la différence entre le niveau de jeu de l’équipe d’Allemagne et celui de l’équipe de France, plus que les joueurs qui la composent, s’appelle cohésion, intelligence collective, ou encore discipline. Vertus traditionnellement associées à l’un des deux pays de Cohn-Bendit, beaucoup moins à l’autre. L’Allemagne sait où elle va, quand elle ne se rajoute pas elle-même du travail, en bossant d’autres schémas, comme le 3-4-2-1 face à l’Ukraine (3-3), érigé pour intégrer Götze et se donner la possibilité de switcher entre deux modules. Pendant ce temps-là, la France…
Manque de certitudes, de système, de ligne de conduite. Laurent Blanc était arrivé en voulant jouer comme les Espagnols. Après un combat de référence de guerriers en Serbie (avec un milieu Diarra, Diaby, M’Vila) et pas mal de performances bancales, Laurent Blanc veut surtout jouer comme il le peut. Comme s’il devait toujours en être ainsi en équipe de France. Son milieu n’est toujours pas défini. Martin meneur? Cabaye et M’Vila? Quid de Diaby et Gourcuff, éternels absents? Sa défense reste elle aussi sujette à changement, mais aussi à flottements qui ne pardonneront pas dans un Euro (Abidal, Méxès, oui oui, c’est de vous dont on parle). Son attaque, enfin, constitue peut-être sa plus forte certitude, mais évidemment, demain, Benzema et Rémy ne seront pas de la partie.
Et les poulets sans tête
Du coup, Saha est de retour dans le groupe. Olivier Giroud est là également. Tout comme Amalfitano, dont Laurent Blanc a loué la qualité de centre et a laissé croire à une possible titularisation. Ce qui veut dire que Morgan rentrera au moins en jeu. Franck Ribéry, lui débutera, à droite ou à gauche, cela reste à voir, mais il sera forcément le Bleu le plus attendu, et pas uniquement pour sa connaissance du foot allemand ou son tout frais doublé avec le Bayern. Il sera attendu, parce que la France a besoin de savoir. Ti’Franck peut-il être son leader? Non? Mais alors, quel est son leader? Quel est son schéma de jeu? Son idée directrice? Son football? Son identité? Y’a-t-il des idées de jeu supérieures à d’autres?
Le constat de Michel Platini est malheureusement juste, mais incomplet. Car s’il existe une équipe capable de sublimer son déficit en talent et de faire des ses incertitudes une force, c’est bien la France. Désordonnée mais fière, jouant un peu n’importe comment, elle possède justement cette folie à même de déstabiliser la machine allemande. Mais attention à ne pas pratiquer un football plus surprenant pour soi-même que son adversaire…
Par Simon Capelli-Welter