- Coupe du monde 1958 – Petite finale – France/RFA (6-3)
Les Bleus de Just Fontaine collent un set à l’Allemagne !
Avant-dernier match de ce Mondial suédois spectaculaire, la confrontation entre l'Allemagne et la France n'a pas dérogé à la règle. Un score fleuve, un geyser de buts et un plaisir infini : l'Allemagne, championne du monde sortante, est battue. La France finit sur le podium et avec le meilleur buteur de la compétition.
France 6-3 Allemagne
28 juin 1958, 17hStade Nya Ullevi, Göterberg, 32 483 spectateurs,
Buteurs : Fontaine (16′, 36′, 78′, 89′), Kopa (27′ sp), Douis (50′) / Cieslarczyk (18′), Rahn (52′), Schäfer (84′)France : Abbes – Kaelbel, Lerond, Penverne, Lafont – Marcel, Kopa – Wisnieski, Douis, Fontaine, Vincent.RFA : Kwiatkowski – Stollenwerk, Erhardt, Schnellinger – Wewers, Szymaniak – Rahn, Sturm, Kelbassa, Schäfer, Cieslarczyk.
Ils l’ont fait ! Oubliée la déroute face au Brésil de Pelé en demi-finale : l’équipe de France finit ce Mondial 58 sur une ribambelle de buts collée à l’un des favoris de la compétition. Paul Nicolas s’était montré très clair avant la rencontre : il ne fallait pas prendre ce match à la légère. Alors quand ses joueurs, Just Fontaine en tête, lui demandent de faire tourner, le sang du sélectionneur ne fait qu’un tour : « Il n’en est pas question. Nous ferons jouer la meilleure équipe possible. » Grand bien lui en a pris. La déception de la demi-finale et la blessure de Jonquet ont évidemment laissé des traces, mais pour les Tricolores, l’heure était venue de figurer dans l’histoire et de s’attribuer une place parmi les trois meilleures nations du monde. « On ne se souvient que du podium » répète Paul Nicolas. Mais aussi du score et de la manière, pour le coup !
4-2-4 contre WM
À l’heure d’affronter l’équipe de France, les Allemands, champions du monde à Berne quatre ans plus tôt, sont de leur côté encore sous le choc de leur défaite (3-1)* face aux Suédois. Autant dire que si les corps allemands sont de nouveau à Göteborg quatre jours après, leurs têtes semblent ailleurs, encore quelques jours en arrière. Jamais franchement dans son match, avec cinq joueurs absents par rapport à la rencontre contre le pays hôte, démotivée, la Nationalmannschaft laisse la France prendre l’avantage. Dans leur fameux 4-2-4, les Bleus prennent possession du jeu et laissent Jean Vincent, Maryan Wisniecki et Yvon Douis (pour son premier match) mettre à mal l’adversaire. Just Fontaine ouvre la marque à la 16e minute. Positionné en formation « WM » , les Allemands conservent un soupçon de suspense grâce à un but de Hans Cieslarczyk deux minutes après.
Fontaine de postérité
Mais cette France est surprenante. Avec une attaque refaite de bric et de broc suite à la blessure de Cisowski, elle est pris d’une urgence créatrice, qui la rend incontrôlable et terriblement efficace. Une frénésie offensive qui se révèle sur le tard : les matchs de préparation ont été poussifs, mais le Mondial est explosif. Le score le confirme à la pause, les Bleus rentrent au vestiaire avec trois buts marqués, à savoir un penalty de Raymond Kopa et un doublé de Just Fontaine… Just Fontaine. Le nom que tout le monde retient ce 28 juin 1958 au coup de sifflet final. Au-delà de la troisième place. Au-delà de Raymond Kopa, pourtant joueur-phare du Real Madrid. Car en tant que fer de lance de l’attaque, Just Fontaine impose bel et bien sa patte sur l’équipe et dans les derniers mètres. Même en laissant briller son maître à jouer sur le penalty, il achève son été suédois avec brio : son premier quadruplé du Mondial et le record de 11 buts du Hongrois mis K.O grâce à ses 13 réalisations. L’homme de Berne, Helmut Rahn, marque à son tour mais est finalement dépassé par le jeune Français. Just Fontaine est devenu l’homme incontournable. L’homme des honneurs. L’homme qui marque le premier et le dernier but de ce match. Homme du match et homme du Mondial. Qui sait, peut-être qu’un jour, l’équipe de France ira encore plus loin ? L’avenir nous le dira.
* Dans une ambiance hostile – le match RFA/Suède ayant été déplacé au dernier moment, on compte peu de supporters allemands en tribunes -, l’Allemagne perd son jeu et son sang froid. Juskowiak est exclu pour une faute vengeresse sur Kurt Hamrin. Quinze minutes après, Fritz Walter doit sortir sur blessure. L’Allemagne finit à 9 et encaisse deux buts. Grâce à Gren et Hamrin, la Suède va jouer sa première finale de Coupe du monde. « La chance et l’arbitre étaient contre nous » , analyse Sport Magazine. Le président de la DFB Peco Bauwens prévient : « Nous ne jouerons plus jamais contre la Suède. »
Par Côme Tessier