- Ligue des nations
- Quarts
- France-Croatie (2-0, 5-4 TAB)
Les Bleus de Deschamps et l’orgueil bien placé
Les Bleus connaissent la recette par cœur : se ramasser pour mieux se relever quand on les attend moins. C’est ce qu’a su faire l’équipe de France contre la Croatie, ce dimanche, en Ligue des nations. Une réaction d’orgueil des joueurs et de Didier Deschamps.

Les images résument tout : les Bleus qui s’en vont célébrer, chacun à leur rythme, Mike Maignan et le dernier tireur Dayot Upamecano dans le coin gauche de la surface où tout s’est joué contre la Croatie ce dimanche ; Didier Deschamps heureux comme un gamin, dans les bras de Guy Stéphan, de Franck Raviot et de son staff, avant de se tourner vers ses proches en tribunes avec les deux poings serrés en l’air. Ce n’est pas dans la nuit de Saint-Denis que l’on a découvert ce qui faisait avancer DD et son équipe de France, mais ils viennent toujours nous le rappeler au cas où on l’aurait oublié : la gagne, toujours la gagne, même quand ce n’est qu’un quart de finale de Ligue des nations. C’était en fait un peu plus que ça, puisqu’il était question d’orgueil, une vertu cardinale de l’EDF version Deschamps, après la première manche ratée et au lendemain d’avoir entendu Aurélien Tchouaméni admettre que « ce n’était pas la même motivation à tous les matchs ».
Direction la demi-finale pour les Bleus ! 🇫🇷 Menée 2-0 avant le match, la France renverse la Croatie et se qualifie grâce à sa victoire 5-4 en séance de tirs au but.⚽ #francro pic.twitter.com/nBiwSHIFab
— TF1 (@TF1) March 23, 2025
Il faut croire que les Bleus et leur sélectionneur ont activé le monde compétition lors des trois jours qui ont séparé le flop à Split du réveil à Saint-Denis. « On s’est levés avec l’idée qu’on pouvait passer une grande soirée, on était convaincus de faire quelque chose de grand, confiait le capitaine Kylian Mbappé au micro de TF1 après la qualification. On était convaincus qu’on allait le faire, qu’on allait mettre les ingrédients. On avait besoin d’un match comme ça pour remettre le public avec nous. On a voulu créer le climat le plus hostile, dans les règles, pour les Croates, car en Croatie on a bien senti qu’on n’était pas chez nous. Je voulais que tout le monde y croie. Nous, on y croyait depuis le début, mais il faut savoir le transmettre. On a essayé de le faire pendant le match, emmener les 80 000 personnes. » Lui le premier : son opération de com’ pour son retour en sélection n’a pas été suivie d’une fin de disette (sept matchs d’affilée sans marquer avec la France, sa plus longue série, et un but sur penalty sur ses dix dernières apparitions bleues), mais Mbappé s’est comporté comme un capitaine, la plupart du temps, « un formidable leader » dixit Deschamps, loin du spleen qu’il traînait en Allemagne pendant l’Euro.
« On a besoin d’être piqués »
À 56 ans et après treize années dans le même costume, le double D a en tout cas toujours les mêmes recettes et n’a pas perdu la main. Son aventure aurait pu durer bien moins longtemps sans la soirée de novembre 2013 contre l’Ukraine, mais ce match bascule et toujours considéré comme l’une des plus grandes ambiances connues au Stade de France était un avant-goût ou un symbole de ce qu’allait être l’équipe de France de Deschamps : une équipe imparfaite, parfois agaçante, d’autres fois brillante, carburant à la compétition, l’orgueil et jamais plus forte qu’au moment où on ne l’attend plus. « Ils nous ont dominés chez eux en faisant ce qu’ils voulaient. Ça a piqué notre orgueil, confirmait Maignan. On a été plus agressifs, plus focus. Comme je l’ai dit, on a besoin d’être piqués pour avoir des réactions comme ça. Dans une carrière, c’est bien d’avoir ces moments, ça nous rappelle qu’il faut travailler, pas prendre les adversaires à la légère. »
L’histoire aurait pu être différente avec un autre onze et une autre attitude en Croatie jeudi, mais cela reste de la fiction et la formation tricolore plus offensive sur le papier et plus entreprenante sur le terrain a surdominé la bande de Luka Modrić du début à la fin (28 tirs à 5, 62% de possession, 16 corners à 0, 56 ballons touchés dans la surface à 6). « Une très grosse perf avec une équipe jeune, et la logique aurait voulu qu’on n’aille pas jusqu’à la séance de tirs au but », souriait Deschamps dans l’auditorium du SDF, peu de temps après avoir vu Zlatko Dalić dire que les Français « très agressifs et qui ont attaqué très haut » avaient forcé sa bande à défendre tout le long. Comme après les petites secousses provoquées par la défaite contre l’Italie en septembre, le patron des Bleus sort renforcé de cette nouvelle séquence, en sachant désormais qu’il lui reste quinze mois à passer sur ce banc sacré et qu’il connaîtra sa sixième demi-finale (2 en Coupe du monde, 2 à l’Euro, 2 en Ligue des nations) en juin prochain, encore une fois face à l’Espagne et encore une fois en Allemagne (à Stuttgart, le 5). « Il n’y a pas de revanche dans le foot », glissait-il quand Tchouaméni laissait plutôt entendre le contraire en zone mixte. Tous les moyens seront bons pour gagner ce match et, peut-être, un nouveau trophée, en attendant l’été 2026.
Non, la France n’a pas le plus gros réservoir de la planète footballPar Clément Gavard, au Stade de France