- Éliminatoires – Mondial 2014 – Groupe I – France/Biélorussie (3-1)
Les Bleus au pied du sapin
Sans le savoir, Carlo Ancelotti vient peut-être de filer un énorme coup de main à Didier Deschamps. Et par la même occasion, à la France.
En ce moment, à voir son PSG patauger dans les méandres de la Ligun, beaucoup se demandent en quoi réside au juste le talent de Carlo Ancelotti, son savoir-faire ou son truc en plus qui justifie ce statut de l’un des meilleurs Mister du monde. Bref, beaucoup doutent de son génie tactique. Paradoxalement, c’est via l’équipe de France de Didier Deschamps que l’ancien entraîneur de la Juve, du Milan ou de Chelsea, Carlo Ancelotti donc, vient de réaliser une démonstration de force. Sans même bouger de son canapé.
Carlo ou Charlot ?
En effet, l’équipe de France vient, face à la Biélorussie, de réaliser l’un de ses meilleurs matchs depuis un moment. Surtout offensivement. Bien. Mais quel est le rapport avec Carlo Ancelotti ? Le schéma de jeu, tout simplement. Carlo est un adepte du 4-3-2-1, autrement dit du sapin de Noël, ainsi que d’une occupation parfaite du terrain et de la recherche de la profondeur. Et ce mardi, Didier Deschamps, qui a peut-être lui aussi regardé les leçons dispensées par Don Carlo au Canal Football Club, a ainsi aligné une équipe que n’aurait pas renié l’entraîneur du PSG.
Au 4-3-3 qui a difficilement renversé la Finlande, Deschamps a en effet apporté quelques retouches. Notamment la titularisation de Giroud en pointe et le recul de Benzema. De fait, même s’il a indiqué conserver le même système de l’un à l’autre des deux matchs qualificatifs pour la prochaine Coupe du monde, un 4-3-3 orné d’une attaque Ribéry-Benzema-Ménez n’a pas grand-chose à voir avec un 4-3-3 se terminant par une ligne Ribéry-Giroud-Benzema. D’ailleurs, au vu du profil et du rôle de chacun (l’animation pour Ribéry, la liberté de décrocher pour Benz, la fixation pour Giroud), il est difficile de parler de 4-3-3. Au vrai, plutôt que d’un trio d’attaque composé d’un avant-centre et de deux ailiers, il s’agit ici d’un duo d’animateurs en soutien d’une pointe. Soit d’un 4-3-2-1. Et oui, ma petite dame : comme le schéma de Carlo.
Une équipe de France enfin au jus
Résultat ? Contre la Biélorussie, la France a fait preuve de variété offensive et de présence dans la surface adverse, soit exactement ce qu’avait demandé Deschamps à la mi-temps du match précédant, contre la Finlande. Illustration avec cette période qui a vu s’enchaîner un centre de Ribéry pour Giroud, un centre de Giroud pour personne, puis une frappe de loin de Cabaye. Une façon d’attaquer le but plus que bienvenue pour les Bleus. Giroud en pointe, ça pouvait un peu sentir la fausse bonne idée ; aujourd’hui, et d’autant plus si c’est pour l’associer à Benzema, cela sonne comme une évidence. Ça donne un point d’ancrage dans la surface adverse, enfin ! Ça aère le jeu français, le simplifie et le rend plus évident et facile pour les joueurs, en particulier pour les latéraux, qui peuvent monter plus franchement, l’espace devant eux étant désengorgé. Ça protège l’EDF d’une association Ribéry – Ménez, une association aussi généreuse en talent que limitée en terme d’intelligence de jeu.
Surtout, ça place le meilleur joueur français, Karim Benzema, au cœur du jeu, et l’attaquant du Real de se sentir enfin libre de jouer où il sent qu’il doit jouer dans cette équipe de France (où il n’est pas forcément soutenu par Cristiano Ronaldo ou Özil, donc oui, le mec décroche pour voir un peu le ballon. Comme Anelka avant lui, ok, mais aussi comme un certain Thierry Henry). En outre, sucre glace sur le gâteau, ce 4-3-2-1 semble le plus cohérent des schémas vu les forces en présence : Giroud ou Gomis (voire Hoarau) en 1 ; Benzema et Ribéry, voire Ménez ou Ben Arfa en 2 ; Mavuba en sentinelle puis deux milieux à choisir parmi Diaby (quand il est disponible), Capoue, Cabaye, Matuidi, M’Vila en 3. Et restera ensuite à voir comment intégrer au mieux Nasri, voire Gourcuff, dans cette organisation. En attendant, les Bleus se sont enfin trouvé une organisation de jeu. C’est Noël.
Par Simon Capelli-Welter