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  • International – Match amical – France/Albanie

Les Bleus à Rennes, 10 ans après

Par Régis Delanoë
4 minutes
Les Bleus à Rennes, 10 ans après

Le match de vendredi soir face à l'Albanie est le deuxième de l'histoire des Bleus au stade de la route de Lorient à Rennes. Le premier était aussi un amical et il s'est déroulé il y a une décennie, contre la Bosnie-Herzégovine. Un rendez-vous marqué par les débuts en tant que sélectionneur d'un certain Raymond Domenech. Souvenirs…

« Nous débutons seulement la phase de reconstruction. » Magnéto rembobiné à août 2004 : l’équipe de France de football s’apprête à disputer le premier match amical d’une nouvelle ère et son nouveau sélectionneur se montre particulièrement prudent pour sa conférence de presse d’avant-match. À l’époque, il jouit plutôt d’une bonne cote de sympathie de la part des médias, qui louent son côté communiquant après les ours Lemerre et Santini, ainsi que de la part de l’opinion publique, curieuse de cet original, ancien bourrin sur le terrain reconverti comédien de théâtre. Pour un peu, il y aurait presque du Cantona en lui. Ancien sélectionneur des Espoirs, il a bénéficié de la classique promotion interne tant appréciée à la FFF, pour tourner la page Santini et repartir sur des bases saines en se tournant vers le prochain objectif : la qualification pour le Mondial 2006. Les Bleus restent en effet sur un amer échec en quart de finale de l’Euro au Portugal, avec une défaite 0-1 concédée face au futur vainqueur grec. Un rafraîchissement des troupes s’impose et Domenech, avec sa longue expérience de sélectionneur des Bleuets, semble être l’homme de la situation. Desailly et Lizarazu doivent être remplacés, de même que Thuram et Zidane, qui ont décidé à se moment d’arrêter l’aventure avec les Bleus. Si la retraite internationale de « ZZ » , 32 ans et 93 sélections à l’époque, pose problème, c’est surtout la défense qui est en chantier. Le plus expérimenté dans ce secteur se nomme désormais William Gallas, avec ses 21 capes.

Domenech et la tentation du 3-5-2

Pour sa première sélection, Raymond la science fait appel à sept joueurs sans aucune expérience internationale, dont quatre sont titulaires au coup d’envoi de ce match amical face à la Bosnie : Patrice Évra, Sébastien Squillaci, Éric Abidal et Rio Mavuba, dont les débuts pros remontent seulement à la mi-saison précédente. Et quitte à changer, le nouveau boss des Bleus décide aussi d’innover tactiquement en testant un 3-5-2 assez couillu, qui sera très vite abandonné par la suite. L’équipe alignée au coup d’envoi était la suivante : Barthez en dernier vieux de la vieille dans les buts, promu capitaine un peu contre son gré, avec devant lui Abidal, Squillaci et Gallas, Évra et Mendy sur les côté, Pedretti et Mavuba à la récupération, puis Rothen en meneur derrière Henry et Luyindula. Il est d’ailleurs amusant de constater au passage que cette doublette d’attaque est actuellement reconstituée avec un certain succès du côté de New York en MLS… La partie démarre très bien et c’est justement Peguy Luyindula, néo-Marseillais, qui ouvre le score sur un corner de Rothen, profitant d’une mésentente entre le gardien Hasagić et sa défense. Mais sur sa première vraie percée offensive, la Bosnie parvient à égaliser à la 37e minute de jeu par l’intermédiaire d’Ivica Grlić, face à une défense adverse désordonnée. Les entrées en jeu en seconde période de Cissé, Govou, Pires et de Givet n’y changent rien : la France de Domenech déçoit quelque peu et reçoit au coup de sifflet final les huées d’une partie du public du stade de la route de Lorient, inauguré pour l’occasion après 5 ans de travaux – souvenez-vous les spectateurs en carton – et 37 millions d’euros déboursés.

L’inévitable retour des anciens

Le nouveau sélectionneur prône la patience après-match et prévient : « On ne tourne pas comme ça la page d’une génération d’exception. » Une phrase adressée autant à la presse qu’à lui-même puisqu’il enregistre rapidement le retour lors des matchs suivants de quelques éléments de l’équipe de France « d’avant » : Vieira, Trezeguet, Giuly. Il fera aussi le forcing pour convaincre Zidane, Thuram et Makelele de revenir sur leur décision d’arrêter. Ce match a priori insignifiant, comme souvent lors des amicaux du mois d’août, s’est avéré finalement riche en leçons pour Domenech, qui a vite su se rendre compte que l’innovation tactique n’avait pas vraiment sa place en équipe de France et que cette dernière ne pouvait se passer de l’expérience de ses « vieux » , en tout cas pas de tous. Quant aux joueurs, une partie non négligeable de ceux qui ont commencé ou continué l’aventure des Bleus en ce 18 août 2004 à Rennes l’ont poursuivi au moins jusqu’au grand rendez-vous suivant : 11 des 21 joueurs de cette première sélection de Domenech seront de l’aventure du Mondial en Allemagne en 2006.

Lyon : à Textor et à travers

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