- Coupe du monde 2014
- 1/4 de finale
- France/Allemagne (0-1)
Les Bleus à l’heure des regrets et des promesses
Si l'élimination face à l'Allemagne laisse surtout des regrets aux joueurs de l'équipe de France, ces derniers ont avant tout cherché à positiver et veulent croire que le futur leur appartient. Un futur qui passe par l'Euro en France en 2016.
Et un ange passe. Patrice Évra avance d’un pas léger en zone mixte. Il tient à la main un sac en plastique et offre son plus beau sourire à la dizaine de journalistes qui guettent une petite phrase de sa part. Un exercice dans lequel l’arrière gauche des Bleus sait faire preuve d’une belle générosité. Jusque-là, la pêche a été plutôt maigre auprès de ses partenaires. Ni coup de gueule ni déclaration fracassante ou de correspondant de l’AFP insulté, les Bleus sont restés dans les rails d’une Coupe du monde traversée sans l’ombre d’une affaire ou d’une polémique. Il y a bien un Olivier Giroud avec le regard des mauvais jours qui a pris pour lui une plaisanterie entre deux journalistes, mais pas de quoi lui tailler un costard à la Nasri. Quelques instants après, Évra marque un court arrêt et lâche juste trois mots : « Merci pour tout » , puis repart le cœur léger.
Dans ce « merci pour tout » , il y a quelque part l’idée d’une équipe réconciliée avec son public et ses médias. Une équipe certes éliminée en quart de finale de Coupe du monde, et pas forcément par plus forte qu’elle, mais qui s’est peut-être inventée un futur. En tout cas, elle veut le croire. « Cela faisait huit ans qu’on n’avait pas vu un tel engouement autour des Bleus » , estime Hugo Lloris. Dans la victoire comme dans la défaite, le capitaine des Bleus parle toujours sur le même octave. Il faut tendre l’oreille pour l’entendre donner rendez-vous avec le futur : « J’espère qu’on est au début d’une histoire comme l’a pu l’être l’Espagne après 2006 ou l’Allemagne même si elle n’a rien gagné. »
Le métier qui rentre
Cette équipe de France non plus, si ce n’est un crédit qu’elle n’avait pas il y a encore quelques mois. Les uns après les autres, avec ou sans la veste selon leur résistance à la climatisation poussée à fond du Maracanã, ils sont venus donner rendez-vous dans deux ans. Comme si l’Euro 2016 avait débuté dès l’élimination face à l’Allemagne actée. « L’Euro 2016 ? Attendez, on vient juste de perdre, d’être éliminés de la Coupe du monde » , tempère Raphaël Varane. Comme ses partenaires, le Madrilène a parlé « de détails » qui font tourner le sort du match en votre défaveur. Comme ce manque de vice sur ce duel où Hummels l’écarte avec autorité pour mieux placer sa tête. « C’est l’expérience et le métier d’une équipe qui a plus l’habitude de ce genre de match que nous » , résume un Lloris bienveillant avec son jeune partenaire.
Peut-être que la nuit aidant et loin des micros et caméras, les Bleus vont prendre conscience qu’ils sont passés à côté d’une occasion unique, celle d’une demi-finale de Coupe du monde qui ne tape à sa porte qu’une fois dans sa vie. Et puis 2016, c’est peut-être demain, mais cela paraît encore très loin. Yohan Cabaye résume assez bien le sentiment ambivalent : « Avec le groupe qui est en train de se former, on peut faire de très belles choses. Là, on rentre à la maison, c’est plus cruel qu’autre chose. » On peut y mettre tous les motifs d’espoir qu’on veut, une élimination fait toujours mal. Celle-ci n’échappe pas à la règle.
Par Alexandre Pedro, au Maracanã