- Championnat du monde U20
- Finale
- France/Uruguay (0-0 4 tab 1)
Les Bleuets champions du monde !
Signé Alphonse. Après 120 minutes d'un ennui mortel et une séance de tirs au but toujours aussi cruelle, l'équipe de France U20 est devenue pour la première fois de son histoire championne du monde en disposant de l'Uruguay. Le spectacle n'était pas là, mais le résultat, lui, est historique. Les Bleus peuvent remercier Areola.
Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Ok, ce n’est pas les A, mais quinze ans après, l’équipe de France est de nouveau championne du monde, et c’est à peu près tout ce qu’on retiendra de cette finale disputée sur la pelouse (catastrophique) du stade Ali-Sami-Yen d’Istanbul. Finalement, en U20 ou chez les grands, un Uruguay-France, c’est toujours pareil. Rugueux, compact, tactique, stressant, un peu chiant. Dans un match qu’ils débutaient dans le costume jamais très agréable de favoris, les Bleuets se sont heurtés à la muraille uruguayenne de la première à la dernière minute.
Si Nicolás López, la petite pépite de l’AS Roma, allume la première mèche (4e), Paul Pogba lui répond illico en enrhumant plusieurs adversaires et frappant dans la foulée (8e). Dans le premier quart d’heure, la France domine, la France a le ballon, mais la France n’y arrive pas. C’est même López qui se procure la première grosse occasion du match en profitant d’une énorme double boulette de Naby Sarr (19e). Si un arrêt réflexe d’Alphonse Areola permet d’éviter le pire, le petit Naby a montré sur ce coup-là pourquoi Samuel Umtiti est titulaire à Lyon et lui, non. Après vingt minutes honnêtes, le rythme du match retombe de six ou sept crans et il est alors bien difficile pour le spectateur de s’enflammer comme il le voudrait. Alors que la France se montre étonnamment très fébrile sur corner, l’arbitre renvoie tout ce beau monde aux vestiaires.
Ballon crevé et poudre blanche
Le deuxième acte repart sur les mêmes bases. Mis en difficulté par la mini-Celeste, l’équipe de France n’est pas aidée par son duo de récupérateurs Pogba-Kondogbia, pas dans un grand jour. Les deux tours jumelles ne font pas les bons choix, mais ont au moins le mérite de faire parler l’impact physique. C’est d’ailleurs sur un énième duel que le Sévillan réussit la prouesse de… crever le ballon. Belle perf’. À part ça, pas grand-chose à se mettre sous la dent, même si le petit Laxalt utilise à fond ses quatre poumons. Le tempo déjà très haché du match est encore plus ralenti par les coups de sifflet incessants de M. Garcia Orozco, tout heureux de pouvoir exhiber sa petite ligne de poudre blanche à chaque coup franc. Alors que les deux équipes n’arrivent pas à enchaîner cinq passes d’affilée, le talent individuel prend vite le pas sur le jeu collectif. López et Thauvin amusent la galerie et montrent à tous les recruteurs présents au stade qu’ils ont bien un toucher de balle au-dessus de la moyenne. Les dix dernières minutes du temps réglementaire sont celles des gardiens. Si Areola, encore parfait ce soir, effectue une sortie pleine d’autorité dans les pieds d’Avenatti (79e), son homologue De Amores s’illustre dans la foulée en s’envolant sur une frappe de Veretout et en s’interposant devant Bosetti (84e). Le money time donnait (enfin) des idées aux protagonistes, mais les trois coups de sifflet de l’arbitre mettaient fin à une deuxième mi-temps globalement dominée par l’Uruguay.
Les trente minutes de purge supplémentaires sont l’occasion de voir les traditionnelles crampes au mollet et le fameux « les équipes sont coupées en deux, maintenant ! » des commentateurs en manque d’action. Mais à part ça, que dalle, malgré une sensible domination uruguayenne. Il était écrit qu’aucun but ne serait marqué dans les règles de l’art ce soir. La séance de tirs au but devait alors livrer son verdict. Pogba, Veretout et Foulquier ne tremblent pas. Alphonse Areola, lui, est impérial sur sa ligne et repousse les tentatives de Velázquez et De Arrascaeta, se rappelant au passage au bon souvenir du PSG. Pour cette génération dorée, le plus dur commence maintenant. Les U17 champions du monde en 2001 n’ont jamais réussi à confirmer. À eux de prouver qu’ils peuvent incarner le renouveau du foot français.
Par Benjamin Jeanjean