- Euro 2017
- Gr. C
- Suisse-France (1-1)
Les Bleues libérées, délivrées
Comme depuis le début de l'Euro, les Françaises se sont compliqué la vie et ont livré une prestation peu rassurante. Mais finalement, le point du nul est validé et les Bleues iront en quart de finale. Après tout, l'essentiel, c'est que ça passe, pas vrai ?
Suisse 1-1 France
Buts : Crnogorcevic (19e) pour la Suisse // Abily (76e) pour la France
On est toujours nerveux quand on a beaucoup à perdre. Forcément, après deux matchs plus que poussifs, les Bleues bouclaient leur phase de poules d’Euro avec le couteau sous la gorge et un calcul simple : deux places, trois équipes en deux points, et une élimination qui pendait au nez des dames d’Olivier Echouafni en cas de mauvaise performance. Et face à des Suissesses dans la même situation, la nervosité était évidemment de la partie. Si la mini embrouille entre Eugénie Le Sommer et Ramona Bachmann reste gentille, le jaune pris par Wendy Renard après moins d’un quart d’heure prouve l’état d’agacement prononcé des Françaises. Moins de trois minutes plus tard, le drame devient total quand Ève Périsset, dernier défenseur coupable, prend son rouge et quitte le terrain en pleurs en laissant un bon coup franc à la Suisse. En un centre bien tapé par Moser et un coup de tête solide de Crnogorčević, les Helvètes laissent entrevoir aux Bleues le scénario catastrophe.
Panique à bord
Dès les premières minutes, le match démarre avec la physionomie classique de ces rencontres où une équipe domine stérilement, et où l’autre espère profiter des bons filons sur les contres. Grace Geroyo régale par un contrôle orienté, Le Sommer tente une première percée dans la surface, Griedge Mbock Bathy joue les rocs en défense, mais les Bleues ont beau tourner à 70% de possession, elles n’arrivent à rien. Et si les cages suisses restent inviolées, c’est en très grande partie grâce à Gaëlle Thalmann, exceptionnelle sur une frappe de Lavogez, toujours dans le coin quand il faut sortir dans les pieds, sereine et irréprochable sur presque toutes les offensives françaises. Sous la pluie de Breda, le film continue avec le même script. Les Françaises multiplient les actions et les corners, cherchent beaucoup Le Sommer, Lavogez honore sa première titularisation lors de cet Euro en enchaînant les efforts, et la défense bleue fait tout ce qu’elle peut pour supporter l’infériorité numérique. Et quand Madame l’arbitre siffle la fin du premier acte, les Françaises rentrent au vestiaire avec l’impression d’être dans une maison qui brûle.
Le sniper Abily
La France s’active, démarre sa deuxième période en pressant fort, et monopolise toujours le ballon même à dix contre onze. Mais entre les déchets techniques et les relances foireuses, les Bleues ouvrent la porte aux contres suisses. Bachmann, toujours à l’affût, gratte tous les ballons qui traînent et se projette en permanence vers la cage de Bouhaddi où Mbock doit éteindre les incendies. À l’heure de jeu, la France est toujours virtuellement éliminée et n’arrive même pas à envoyer de frappe cadrée. Les Suissesses, elles, ne sont pas plus dangereuses, mais savent que le temps joue pour elles. Elles se permettent même de durcir le jeu en envoyant des semelles et des coups d’épaule, pas effrayées par les cartons jaunes distribués par l’arbitre. Et quand une équipe qui joue sans idée en affronte une qui joue la montre, ça donne un match où il ne se passe pas grand-chose. Mais Camille Abily décide de briser la monotonie à un quart d’heure du terme en balançant un coup franc directement sous la barre d’une Thalmann à la ramasse. Les quinze dernières minutes sont faites de grands rushs d’un but à l’autre et d’actions qui font durer le suspense jusqu’à la dernière seconde. Les Françaises aiment se faire peur, et n’ont pas fait semblant.
Par Alexandre Doskov