- Mondial 2023
- Gr. F
- France-Jamaïque
Les Bleues dans nos yeux
Après une Coupe du monde 2019 à domicile décevante, l’équipe de France débarque en Australie avec des enjeux pour elle, mais aussi pour tout le football féminin français.
La France a débarqué en Australie sur la pointe des pieds. À Melbourne d’abord, où elle s’est inclinée 1-0 dans un match face aux locales qui battaient au passage leur record de spectateurs pour une rencontre amicale. À Sydney ensuite, où les protégées d’Hervé Renard ne sont plus les seules stars à résider dans la ville qu’elles partagent notamment avec les Allemandes et les Colombiennes. Ce qui est sûr en revanche, c’est que de l’autre côté de la planète, même si les Bleues seront moins scrutées, moins exposées, elles auront toujours la même pression. « Je suis là pour gagner des matchs, mais je suis aussi une sorte de VRP pour le football féminin, posait Hervé Renard dans une interview pour le magazine L’Équipe à la veille du début du tournoi. Je me suis aussi donné cette mission. Attention, tout cela ne fonctionne que si on a des résultats. »
« Faire mieux qu’en 2019 »
Renard a un objectif : « Faire mieux qu’en 2019. » À l’époque, l’équipe de France de Corinne Diacre échouait face aux États-Unis en quarts de finale (2-1) au Parc des Princes, obligeant Wendie Renard and co à quitter la compète tête basse. La vague sur laquelle le football féminin français aurait dû surfer pour définitivement séduire l’Hexagone n’est jamais arrivée, et ce, alors que le foot féminin français était pourtant l’un des pionniers de la discipline. « Il y a des choses qui n’ont pas été bien faites à tous les niveaux. Mais c’est aussi dû au foot féminin français lui-même. Il y a eu des manques. On a pris du retard », analyse toujours Hervé Renard. Le nouveau boss du sportif chez les filles l’a bien compris : sans grosse performance de ses Bleues, pas de D1 Arkema mieux filmée, de joueuses sous contrat professionnel, de stades davantage remplis… Une liste de manquements que n’a de cesse de lister le sélectionneur à la chemise blanche qui, très tôt, a senti que son rôle dépassait celui de coach.
Aux joueuses donc de se rattraper, pour faire oublier cette Coupe du monde ratée et surtout relancer la machine, afin que les voisins anglais et espagnol ne prennent pas trop d’avance. En Australie, les joueuses d’Hervé Renard sont très rarement listées comme favorites du Mondial par les observateurs de la discipline. Et si le discours engageant de la seconde gardienne Constance Picaud en conférence de presse mercredi évoquait les demies comme « objectif minimum » avant de « décrocher le titre », ses coéquipières sont plus frileuses. « Tout le monde va jouer à fond, il n’y aura pas de triche, il y aura forcément des surprises et j’espère que ce sera la France la surprise », préférait Léa Le Garrec dans un reportage pour Tout le sport. Pour cela, il va falloir travailler « match après match » et notamment trouver des solutions à ces foutus problèmes en défense centrale.
« La France peut gagner la Coupe du monde »
À la veille d’affronter la Jamaïque, réputée pour sa densité physique, Hervé Renard voit se profiler un autre problème : les Françaises ne sont pas encore au niveau des meilleures sur le plan athlétique.« De nombreux pays progressent dans ce domaine, glissait Renard. Il faut que les joueuses françaises soient capables de faire beaucoup plus de courses à haute intensité. »
Conséquence de la progression globale du football féminin, la France va devoir jouer son meilleur football contre tout le monde, y compris face à des nations prises à la légère il y a quatre ans comme la Jamaïque. Le staff conséquent de 21 personnes en plus des 23 joueuses va-t-il suffire à faire changer les choses, casser ce plafond des quarts qui pèse sur les Bleues depuis 2011 et permettre à la France de relancer son foot féminin national ? Début de réponse ce dimanche.
Par Anna Carreau