- Anecdotes sur les maillots
- Épisode 6
Les belles histoires de Père Maillot, épisode 6
Chaque mardi, le Père Maillot vous raconte trois anecdotes sur des maillots de foot. Cette semaine, les deux bandes de Johan Cruyff en 1974, l'Atlético de Madrid mode cinéma en 2004 et la tenue smoking de la Cultural y Deportiva Leonesa en 2014. Asseyez-vous au coin du feu, même si vous n'avez pas de cheminée.
Les deux bandes rebelles de Johan Cruyff
Pas évidemment de défier Adidas, l’une des plus grandes marques sportives du monde. Pour tenir tête à la puissante firme allemande, mieux vaut être doté d’un gros tempérament et d’un nom synonyme de gloire. En 1974, Johan Cruyff est déjà doté de ces deux armes… en plus d’être sponsorisé à titre individuel par Puma, rival de sa cousine qui vient également de la famille Dassler (Rudolf a créé Puma, son frère aîné Adolf a fondé Adidas). Alors, à l’approche de la Coupe du monde qui se déroule en Allemagne de l’Ouest, le capitaine néerlandais réclame une compensation financière pour porter le maillot oranjeaux trois bandes noires. Refus, simple et net. Conséquence : la star dispute le dernier match du tournoi avec… seulement deux bandes sur sa tenue. Le seul de son équipe dans ce cas.
Explication du principal intéressé : « J’ai refusé de porter cette tenue parce que le contrat de l’équipementier, signé au profit de la Fédération, ne prévoyait pas un centime pour les joueurs. Pour protester, je me suis fait fabriquer un maillot à deux bandes au lieu des trois. La Fédération hollandaise ne voulait pas entendre que, si le maillot orange lui appartenait, j’étais seul maître en ce qui concernait mon visage ! » Si l’adepte du football total s’incline sportivement sur la dernière marche de la compétition, le directeur marketing de la marque au slogan « Forever Faster » Helmut Fischer jubile : « Cruyff a toujours été un joueur Puma, et a toujours refusé de porter autre chose. » Adidas tentera ensuite de prendre sa revanche, en imposant l’arrêt de la commercialisation de la liquette lancée par le Flaco. En vain. « Ces deux bandes m’appartiennent, notamment lorsqu’elles sont associées au numéro 14 », se défendra Cruyff. Décidément plus fort que tout.
Le cinéma de l’Atlético de Madrid
Cette année, le club vous conseille Closer, Gothikaou Peter Pan… Et bien d’autres, encore ! Lors de la saison 2003-2004, le sponsor inscrit sur le bide des Colchoneros change régulièrement. Quasiment à tous les matchs, en fait. Pas banal, surtout qu’il s’agit à chaque fois d’un titre de nouveau film sortant au cinéma. Carlos Aguilera ou Peter Luccin se baladent donc sur les pelouses de Liga en faisant la promotion de navets ou de blockbusters, qui profitent d’une bonne publicité.
En réalité, la chose se justifie facilement. Car Enrique Cerezo, le tout nouveau président des Matelassiers, est un producteur de cinéma réputé en Espagne. Du coup, sa structure a dégoté un partenariat avec les studios américains de Columbia. Dans les archives, il est donc tout à fait possible de trouver une image de Diego Simeone enlaçant Fernando Torres avec Tesoro del Amazonas (Bienvenue dans la jungle, en français, avec Dwayne Johnson dans le rôle principal) marqué sur le ventre. Quand ce n’est pas une gigantesque araignée, pour Spider-Man 2. Action !
Le smoking de la Cultural y Deportiva Leonesa
Une seule année passée dans l’élite, une quinzaine en deuxième division et plus d’une trentaine à l’échelon encore inférieur. En 2014, encore une fois engluée en Segunda División B, la Cultural y Deportiva Leonesa décide de casser la routine. Pour cela, elle s’offre un petit délire visuel en osant un maillot complètement insolite le temps d’un tournoi amical d’avant-saison (dont les bénéfices sont versés aux régions espagnoles minières sinistrées des Asturies et du Léon).
Souhaitant une panoplie distinguée, les dirigeants ont en effet demandé aux professionnels d’Hummel de leur confectionner quelque chose de classe. L’équipementier s’exécute et propose un maillot veste noire/chemise blanche/nœud papillon, calqué sur l’idée du smoking. Une conférence de presse a d’ailleurs lieu pour annoncer l’objet sorti en édition limitée, et les serveurs du site Internet du club sont rapidement dépassés ce jour-là. Quelques mois plus tard, une nouvelle version verra même le jour…
Par Florian Cadu