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Les banderoles aériennes, comment ça marche ?
« Wrong one – Moyes out », « United 20 – Gerrard 0 »… L’humour anglais a fait des ravages en altitude cette année où les banderoles aériennes se sont multipliées, surtout à l’initiative des supporters de Manchester United. Très présentes au Royaume-Uni, un peu moins en Italie ou en Allemagne, pas du tout en France, voilà les cinq questions que l’on se pose à leur propos.
D’où viens-tu, la banderole aérienne ?
Si les premières publicités aériennes datent du début du siècle dernier, difficile de dire qui a réellement lancé la mode de faire passer des messages au-dessus des stades de foot. Mais la première vraiment connue remonte à 1991, déjà, année où une banderole aérienne attribuée à Simon Garner (légendaire attaquant de Blackburn, qui a toujours démenti être le responsable de la vanne) avait chambré Burnley, rival des Rovers, qui s’inclinait en play-offs de quatrième division : « Staying down forever luv Rovers Ha Ha Ha » .
Pourquoi ça n’existe pas en France ?
Si les banderoles sont communes en Angleterre, en Italie et en Allemagne, on n’en voit aucune au-dessus des stades en France surtout pour des questions juridiques, alors qu’il y a bien des avions qui passent au bord des plages l’été pour annoncer que le Carrefour du coin est ouvert. Serge Durantel, qui dirige l’entreprise pubaerienne.com et en est parfois le pilote, a sorti son Dalloz pour nous expliquer : « En France, la législation nous empêche de passer au-dessus des zones à forte densité des villes et les agglomérations, et donc des stades, avec un avion monomoteur. On vole à 100m d’altitude, donc en cas de problème, c’est dangereux. » Tout simplement.
Comment ça marche en Angleterre ?
Alan gère Air-Ads, une entreprise de publicité aérienne au Royaume-Uni. Il explique : « Pour la banderole contre David Moyes ( « Wrong one – Moyes out » , ndlr) un groupe de supporters de United m’a appelé pour me demander si j’étais prêt à le faire. J’ai répondu : « C’est mon job ! » L’idée est partie d’un forum, ensuite ils ont récolté la somme nécessaire en moins de 24h via un site de crowdfunding (financement participatif, ndlr). Ces deux dernières années, on a fait une demi-douzaine de banderoles liées au foot. Celle pour Gerrard à Anfield ? C’est un ami à moi, Peter, qui l’a faite. Il y a très peu d’entreprises qui proposent ce service au Royaume-Uni en fait. Moi, j’étais au-dessus du Celtic Park pour Magners, une marque de cidre. En Angleterre, vous ne pouvez pas voler à une altitude en dessous de 305 m quand vous survolez une agglomération ou une enceinte d’au minimum 1000 personnes. Mais dans tous les cas, on passe à côté des stades, sinon on ne verrait rien. »
Combien ça coûte ?
Le week-end dernier, un supporter d’Ipswich Town a voulu faire passer une banderole au-dessus du stade de Norwich, relégué en Championship. Le projet a foiré à cause de la météo, mais le fan en question avait réalisé une demande de crowdfunding sur le site gofundme. L’objectif ? 940£. En euros ? 1150 environ. Celle de David Moyes a coûté 840£ (1030 euros environ). Serge Durantel confirme : « En France, pour 40 caractères, ça coûte entre 1000 et 1500 euros de l’heure. » Vous avez votre fourchette pour cet été.
Quelles sont les plus connues ?
Cette saison, la banderole réservée à David Moyes (et celle envoyée par le bookmaker Paddy Power dans la foulée : « Fergie back in, 6/1 Paddy Power » ) ou Steven Gerrard ( « United 20 – Gerrard 0 » ) ont fait forte impression. Il y a quelques années, les supporters de Millwall s’étaient payé un « Avram Grant, Millwall legend » ( « Avram Grant, légende de Millwall » ) en l’honneur de l’entraîneur de West Ham, descendu en Championship. Mais dans l’histoire de la punchline en altitude, la palme revient sans doute au Borussia Dortmund. En 2007, le BVB prive Schalke 04 d’un premier titre de champion (depuis 1958) en battant son pire ennemi à deux journées de la fin (2-0). Du coup, les supporters des Jaune et Noir se payent une banderole qu’ils envoient au-dessus de Gelsenkirchen avec le message d’amour suivant : « Ein leben lang, keine Schale in der hand » , soit « La vie est longue sans titre en main » ! De vrais poètes.
Par Paul Arrivé et Paul Piquard