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Les années Lazio de Marcelo Salas
Ce lundi soir, Marcelo Salas sera au stadio Olimpico pour assister à Lazio-Torino. L'occasion de revenir sur ses années à Rome.
Lors de la saison 1996-97, le phénomène Ronaldo déferle sur l’Europe. Le Brésilien illumine les pelouses d’Espagne avec le FC Barcelone, au point de s’attirer les convoitises de tous les grands clubs italiens. C’est la Lazio de Sergio Cragnotti qui semble devancer tout le monde sur le dossier. Le club romain a l’accord du joueur et du Barça. Mais au dernier moment, un blitz de Massimo Moratti permet à l’Inter de passer devant les Biancocelesti et de recruter la star brésilienne. Vexé, le président de la Lazio rumine, mais place ses pions pour la saison suivante. Et en cours de saison, il signe un attaquant chilien qui fait des merveilles avec River Plate : Marcelo Salas. Le grand public le découvre le 11 juin 1998, jour où le Matador inscrit un fabuleux doublé face à l’Italie (2-2), en ouverture de la Coupe du monde française. À tel point que les supporters de la Lazio décident d’écrire un chant en l’honneur de leur nouveau buteur : « Che ce frega de Ronaldo noi c’avemo er Matador » . En français : « Qu’est-ce qu’on en a à foutre de Ronaldo, nous on a le Matador. »
Salas-Vieri, quel duo
Entre la Lazio et Marcelo Salas, c’est un amour au premier regard. D’autant qu’en toute fin de mercato 1998, les Biancocelesti signent aussi Christian Vieri, pour l’une des doublettes les plus prometteuses de la Serie A. Dans un premier temps, le Chilien doit toutefois composer sans Bobo, qui se blesse dès son premier match officiel et doit rester éloigné des terrains pendant quatre mois.
Buteur en Coupe d’Italie et en Coupe des coupes, Salas inscrit son premier but en Serie A le 2 octobre, sur la pelouse de San Siro, face à l’Inter de Ronaldo. Dès lors, le Chilien prend sur ses épaules l’attaque romaine, et se met à planter pratiquement à chaque match. Et après chaque but, le même rituel, « l’inchino » , à savoir mettre un genou à terre et un doigt vers le ciel. Son premier but décisif, il l’inscrit le 6 décembre sur le terrain de la Juventus championne en titre. Un but aussi technique que renardesque, planté à la 81e minute pour une victoire 1-0.
Mais les meilleurs mois de Salas à la Lazio auront lieu de janvier à mai 1999. Son partenaire Vieri revient en effet de blessure pour le premier match de l’année 1999, et le duo se met à faire des merveilles. Première illustration, ce but incroyable inscrit contre la Fiorentina, alors leader de Serie A : passe de Vieri, talonnade de Salas, frappe de Vieri. Un délice. Lors de la phase retour, la doublette Vieri-Salas inscrit 17 buts en 17 journées. La Lazio, longtemps en tête du classement, finit par se faire doubler par l’AC Milan à l’avant-dernière journée, mais remporte en contrepartie la dernière Coupe des coupes de l’histoire.
Coup de casque et Manchester United
Pour sa deuxième saison à Rome, Salas doit composer sans son binôme Vieri, parti à l’Inter pour une somme record à l’époque. Bobo est remplacé par Simone Inzaghi, mais c’est clairement le Chilien qui s’impose comme le véritable leader de l’attaque. Il est d’ailleurs majestueux lors du match nul 4-4 face à l’AC Milan : un doublé dont un coup de casque monumental (sur un centre de Sergio Conceição), qui confirme qu’il est alors, avec son pote Zamorano, le meilleur joueur de tête au monde.
Le but à 2’45
Cette saison 1999-00 est celle de la consécration pour Salas, qui enchaîne les buts aussi bien en Serie A qu’en Ligue des champions. C’est aussi lui qui marque le seul but du match lors de la Supercoupe d’Europe face à Manchester United (1-0).
Le but à 0’48
À la fin de la saison, la Lazio est sacrée championne d’Italie après une folle remontée sur la Juventus. Salas est alors l’un des emblèmes de l’équipe coachée par Eriksson, l’un de ceux qui a permis à l’équipe romaine d’atteindre une autre dimension, au même titre que Nedvěd, Veron, Nesta et Simeone.
Le départ à Turin, le retour à Formello
Pendant l’été 2000, la question se pose : Salas va-t-il rester à Rome ? Idolâtré par les tifosi, le Matador voit deux concurrents de poids débarquer à Rome : Claudio López et Hernán Crespo. Les deux Argentins lui piquent la vedette, même si le Piojo se fait rapidement les croisés et laissent donc à Salas l’occasion de reprendre sa place de titulaire. Mais le joueur n’est plus indiscutable. Souvent blessé, moins décisif, il vit une saison plutôt anonyme, même si l’arrivée sur le banc de Dino Zoff au mois de janvier va le relancer. Zoff croit en lui et lui redonne confiance. Salas se remet à marquer, et participe à nouveau à la remontée des Biancocelesti, qui terminent finalement troisièmes de Serie A. Après trois saisons et 48 buts inscrits toutes compétitions confondues, il met les voiles pour rejoindre la Juventus. Mais son expérience à Turin va s’avérer être un véritable flop. Lui continue de jurer amour à la Lazio, et ce, même après son départ de Turin pour River Plate.
À Rome, encore aujourd’hui, il demeure l’un des attaquants les plus aimés de l’histoire, au même titre que Giorgio Chinaglia, Giuliano Fiorini, Giuseppe Signori, Gigi Casiraghi et Alen Bokšić. Ce week-end, Salas est donc revenu à Formello, près de seize ans après son départ. Après avoir embrassé Simone Inzaghi (le duo d’attaque du Scudetto 2000), il a posé avec l’aigle Aquila.
Ce lundi soir, il sera au stadio Olimpico pour assister à Lazio-Torino. Ironie de l’histoire, c’est justement face au Toro, le 19 septembre 1999, que Salas avait inscrit ce qui est considéré comme son plus beau but sous le maillot biancoceleste. Ou du moins le plus improbable. Ciro Immobile tentera d’être à la hauteur.
Le but à 0’27
Par Éric Maggiori