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Les années belges d’Anice Badri
Si l'ailier tunisien est désormais incontournable dans le collectif des Aigles de Carthage, il a mis du temps à s'imposer. Et s'il est devenu le joueur qu'il est aujourd'hui, c'est certainement grâce à son passage en Belgique.
Pendant longtemps, Anice Badri n’a pas su saisir sa chance. À 16 ans, le natif de Lyon doit quitter le centre de formation de l’OL après trois petites saisons seulement, la faute à une hernie discale dont il doit se faire opérer. À Lille, où il arrive en 2010 en provenance du MDA Foot (le club dont le stade porte le nom d’un certain Ludovic Giuly), il évolue pendant un peu plus de deux saisons en réserve, sans jamais pouvoir intégrer l’équipe première. C’est donc depuis la CFA qu’il voit l’équipe première des Dogues faire le doublé Ligue 1-Coupe de France. Doté d’un certain talent, Anice n’arrive pas à percer en France, alors son salut viendra finalement de l’autre côté de la frontière.
La main tendue de Mouscron
Dans les dernières heures du mercato hivernal de la saison 2012-2013, Badri est envoyé au Royal Mouscron-Péruwelz, un club affilié au LOSC. Bien qu’il ne dispute que huit matchs, les dirigeants du club belge sont conquis, et décident de le garder. C’est alors le décollage pour Anice, qui s’impose dans cette formation de deuxième division. À l’issue de la saison 2013-2014, le club du Hainaut remonte en Jupiler League. Badri, lui, termine sa première saison pleine avec six buts en 25 apparitions. Bien évidemment, l’exercice suivant est plus compliqué pour le modeste club wallon, qui découvre l’élite pour la première fois de sa jeune histoire. Mais l’ailier n’en a cure, et continue de travailler et d’affiner son jeu. « C’est quelqu’un de très compétiteur » , souligne le défenseur Teddy Mézague, qui l’a côtoyé durant deux saisons. « Même à l’entraînement, il ne lâche rien. Il est très fort dans les duels, il sait faire la différence sur quelques mètres seulement. »
À l’issue de la saison 2014-2015, le promu finit 13e, et passe à rien de jouer une finale de play-offs. Badri, lui, facture six buts et quatre passes décisives en 27 apparitions. Il monte lentement, mais sûrement en puissance. La saison suivante, Badri continue sur son rythme : que ce soit sur le côté gauche ou droit, il affole les défenses de Jupiler League. Et si, sur le plan comptable, ce n’est pas la grande joie (cinq buts, trois passes décisives), il parvient néanmoins à finir sur le podium du « Lion belge » , un trophée décerné par le légendaire Nordin Jbari pour couronner le meilleur joueur arabe de la saison. Malheureusement, il ne peut aider ses camarades durant les play-offs, la faute à une vilaine blessure aux adducteurs. Il décide alors contre toute attente de signer à l’Espérance sportive de Tunis.
Mauvais perdant au loup-garou
La suite, on la connaît : au sein du plus grand club tunisien (et le plus exigeant), Anice commence à se forger un palmarès, connaît ses premières joies en équipe nationale, arrache d’une volée le match nul à Kinshasa face à la République démocratique du Congo, marque de fort belle manière en amical contre le Portugal puis la Turquie, et s’impose comme un titulaire en puissance. À 27 ans, Badri refuse désormais d’être du côté des perdants, dans le football comme dans la vie. « Quand on traînait ensemble les veilles de match, on jouait souvent au jeu du loup-garou, avec Thibault Peyre, Kevin Boli, Julien Michel ou encore Abdoulaye Diaby » , se souvient Teddy Mézague. « Et quand Anice était loup-garou et qu’il se faisait griller, il devenait dingue ! Et, au lieu de réfléchir, il disait à celui qui l’avait trouvé qu’il le désignerait quoi qu’il arrive, qu’il soit villageois ou loup-garou ! » Patience, si Anice Badri ne sort pas du bois face à la Belgique, ce sera le cas face au Panama. Le 28 juin, soir de pleine lune.
Par Ali Farhat
Propos de Teddy Mézague recueillis par AF.