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- États-Unis-Thaïlande (13-0)
Les Américaines servent une boîte de 13 aux Thaïlandaises
Avec une Alex Morgan quintuple buteuse, la Team US n'a pas fait dans le détail pour son entrée en lice face à une faible sélection de Thaïlande. Le rouleau compresseur est en marche, décidé à obtenir en France son quatrième titre mondial. Cependant, il ne faudra surtout pas jauger le niveau des Américaines sur ce match, si ce n'est qu'elles sont affamées.
États-Unis 13-0 Thaïlande
Buts : Morgan (12e, 53e, 74e, 81e et 87e), Lavelle (12e et 56e), Horan (32e), Mewis (50e et 55e), Rapinoe (79e), Pugh (85e) et Lloyd (90e+2) pour les Yanks
En 28 ans, rares sont les choses qui restent à ce point intactes. Il y a bien (entre autres) Elisabeth II, les Restos du cœur, le virus du SIDA, le succès de Mylène Farmer… La cathédrale de Reims aussi, que les nombreux fans américains sont venus contempler dans l’après-midi. Mais il y a aussi le fait que depuis 1991, les Américaines entament chaque nouvelle édition de la Coupe du monde dans le costume des grandissimes favorites. Et pour se rendre compte du phénomène, il fallait se trouver aux abords d’Auguste-Delaune. Ce ne sont pas les pauvres Thaïlandaises qui ont pu faire de l’ombre à Megan Rapinoe et son crew. En effet, les « Éléphantes de guerre » repartent avec une énorme rouste dans les défenses, la plus grosse jamais reçue dans l’histoire de la Coupe du monde. Mais comment pouvait-il en être autrement ?
Du pop-corn dans les seaux à champagne
La Cité des sacres n’avait certainement pas vu défiler autant de Ricains depuis la Libération. Mais il y a de grandes chances que ceux de l’époque n’avaient pas le même comportement que les supporters de la Team US. Dès l’échauffement et jusqu’au baisser de rideau, les 4/5 du stade ont été pris de la même effervescence, la même dévotion et les mêmes cris stridents à chaque mouvement de leurs héroïnes. Que ça soit pour accompagner un cri de guerre des arrières, une accélération de Rose Lavelle ou un mouvement de queue de cheval d’Alex Morgan. Et ce ne sont pas les tubes de Katie Perry ou Gala qui se succéderont dans les enceintes après chaque but américain qui feront tache dans cette atmosphère de show pop comme on se les imagine de l’autre côté de l’Atlantique.
Problème : les Thaïlandaises n’étaient pas du tout prêtes à se retrouver dans une telle arène, face à un adversaire « bigger than life » . Si bien que le match a rapidement ressemblé à une exhibition des Harlem Globetrotters en Champagne. Ainsi, avec 10 joueuses entassées aux abords de leur surface, les filles Nuengrutai Srathongvian n’ont pu compter que sur la clémence de Mme Fortunato pour obtenir un semblant de sursis. C’est donc les mains jointes que la gardienne Charoenying a pu remercier l’arbitre d’avoir annulé le but d’Alex Morgan dès la 5e minute. Et si deux penaltys auraient pu être sifflés en faveur des Américaines (sur Mewis à la 23e et Horan à la 45e), les Asiatiques ont rapidement plié face à la technique, la puissance et le métier de leurs adversaires.
Aïe aïe aïe Land
C’est d’abord l’idole Alex Morgan qui s’est chargée d’ouvrir le festival en poussant dans les filets un bon centre de Kelley O’Hara (1-0, 12e). L’amie de Jean-Michel Aulas s’est ensuite chargée d’alimenter Rose Lavelle, dont la frappe sèche du gauche a troué la courageuse, mais friable Charoenying (2-0, 20e). Et si Tobin Heath s’était rendue coupable d’excès de confiance par ses dribbles inutiles, c’est elle qui trouve sur coup franc Lindsey Horan dans la surface, venue conclure une belle combinaison et rattraper le mauvais contrôle de Samantha Mewis (32e). Ce n’est pas la frappe timide de Thongsombut (28e), ni un changement dès la 35e minute, ni les exploits sous-estimés de la joueuse officieuse du match, Sukanya Chor Charoenying, qui changeront la donne. Car derrière, le tableau sera complété en six minutes par un doublé de Mewis, et deux nouveaux buts de Lavelle et Morgan, à chaque fois à bout portant. Jamais rassasiées et impitoyables, les Américaines laisseront leur adversaire la tête sous l’eau, avec trois nouvelles caresses d’Alex Morgan, un pion de la capitaine Rapinoe et un autre de la vétéran Lloyd, jusqu’à signer la victoire la plus large de la Coupe du monde féminine depuis la démonstration de l’Allemagne contre l’Argentine en 2007 (11-0). Et pourtant, la poignée de supporters thaïlandais continuaient de tambouriner et de lancer des clappings. Et ça, c’est certainement la plus belle performance de la soirée.
États-Unis (4-3-3) : Naeher – O’Hara, Dahlkemper, Ertz (Pugh, 68e), Dunn – Lavelle (Lloyd, 56e), Mewis, Horan – Heath (Press, 56e), Morgan, Rapinoe. Sélectionneuse : Jill Ellis.
Thaïlande (4-5-1) : Chor Charoenying – Phetwiset (Srimanee, 70e), Saengkoon, Chinwong, Srangthaisong – Sungngoen, Boothduang (Khueanpet, 35e), Phancha, Intamee, Thongsombut (Dangda, 65e) – Nildhamrong. Sélectionneur : Nuengrutai Srathongvian.
Par Mathieu Rollinger, au stade Auguste-Delaune