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Les Aigles pour reprendre leur vol ?
La Tunisie s'est qualifiée à grand peine, présente une sélection pas franchement sexy, mais à l'appui de son traditionnel hermétisme, et de produits du terroir de qualité, elle pourrait se frayer un chemin vers les quarts de finale, voire mieux.
Merci le Tchad. Suspendu à un résultat positif du pays de Japhet N’Doram, la Tunisie a obtenu sa qualification sur le fil. A la dernière minute du dernier match de qualification, les Tchadiens, pourtant éliminés de la course à la CAN, s’arrachaient pour obtenir le match nul (2-2) face au Malawi. Un but inscrit dans les arrêts de jeu par Ezechiel, pensionnaire du Club Africain… Le résultat permettait aux Aigles de Carthage, vainqueurs du Togo (2-0), de passer in extremis devant le Malawi. L’élimination qui se dessinait à gros traits aurait confirmé la rétrogradation de la sélection tunisienne dans la hiérarchie du continent. Vainqueurs en 2004, quarts de finaliste lors des deux éditions suivantes, les Aigles s’étaient fait évincer de la CAN 2010 dès la phase de poules. Reste que depuis 1994, la Tunisie peut se vanter d’une présence ininterrompue au tournoi panafricain, qui connaîtra donc un prolongement en 2012.
Un football national riche en ressources
Appelé pour poursuivre une campagne qualificative mal entamée par Bertrand Marchand, Sami Trabelsi a fait du recours aux produits nationaux non exportés un axe fort de sa politique. Au total, onze de ses vingt-trois officient dans le championnat national. Trabelsi a passé son certificat d’aptitudes en remportant la CHAN en janvier dernier, une compétition réservée aux joueurs évoluant en Afrique. Une fois à la tête de la sélection majeure, l’ex-défenseur central a continué de faire appel à la crème de la Ligue 1 tunisienne, et n’a pas hésité à écarter Fahid Ben Khalfallah de sa liste finale. Une option validée par ses résultats : trois victoires et un nul en éliminatoires. Une option également validée par les résultats des clubs tunisiens : victoire de l’Espérance Tunis en Ligue des champions, et une place de finaliste pour le Club Africain en Coupe de la Confédération.
Oussama Darragi, de la CHAN à la CAN
A 24 ans, la réputation d’Oussama Darragi commence tout juste à passer la Méditerranée. Grand artisan de la victoire des Aigles de Carthage lors de la CHAN et vainqueur de la Ligue des champions avec l’Espérance Tunis en novembre dernier, il est considéré par la CAF comme le meilleur joueur ayant évolué en Afrique en 2011. Numéro dix à la technique élégante, au point d’être surnommé Picasso, Darragi excelle à la création comme à la finition : dix buts inscrits en championnat, sept en Ligue des champions. Son mètre quatre vingt-dix lui permet notamment de venir bonifier quelques corners. Alors que Jemaa brille par son inconstance, et que la doublette du FC Zurich Chermiti-Chikhaoui peine à concrétiser les grands espoirs placés en elle, Darragi pourrait constituer le maillon fort d’un secteur offensif plutôt faiblard.
Bien défendre, une culture
En 2004, quand la Tunisie remportait sa première et dernière CAN, son attaquant vedette n’était pas né à Sousse ou à Sfax, mais dans la province brésilienne du Macanhao. Depuis la fin de son bail avec les Aigles en 2008, la Tunisie n’a pas vraiment trouver de successeur à l’ex-Sochalien, Francileudo Santos. Quoi qu’il en soit, la spécificité tunisienne, qu’il s’agisse de ses clubs ou de sa sélection nationale, ne se situe pas aux avants-postes, mais bien derrière, où l’hermétisme fait figure de culture nationale. La Tunisie affectionne les parties d’échecs, où un petit but suffit à décider du sort de la rencontre. Cette année, le socle des Aigles s’articule autour du solide axe formé par l’association Haggui-Abdennour. Sur leurs quatre derniers matches de préparation (face aux sélections du Pays Basque, de Catalogne, du Soudan et de Côte d’Ivoire), les hommes de Trabelsi n’ont pris que deux buts. Contre la même équipe, la Côte d’Ivoire. Dans un groupe C, où elle débutera par un derby face au Maroc, avant d’affronter le Niger de Rolland Courbis, et de devoir en découdre avec le Gabon, pays hôte, la Tunisie ne part pas favorite, mais elle s’annonce comme un casse-tête pour ses adversaires.
Par Thomas Goubin