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- France-Biélorussie (2-1)
Les absents ont parfois raison
Heureux soient les blessés, les à-courts-de-forme, les suspendus, les blacklistés, les oubliés. Avec les prestations de ceux qui avaient pourtant une carte à jouer lors de ces deux rencontres, pour espérer voir la Russie, il valait peut-être mieux rester à la maison.
Cela aurait dû être une fête. Un groupe aurait dû naître de ces épreuves. Après ces deux victoires, la mission est remplie, mais le déclic n’est pas venu. Si les Bleus ont validé leur billet pour la Russie, ceux qui étaient sur le pré cette semaine ne seront pas forcément tous dans les bagages. Laurent Koscielny, Benjamin Mendy, Ousmane Dembélé, Paul Pogba, Layvin Kurzawa et Ngolo Kanté (contre la Biélorussie), ne pouvant répondre présents pour cause de blessures plus ou moins importantes, tous ne pourront pas s’estimer perdants pour peu qu’ils aient suivi les performances de leurs remplaçants.
Promotion canapé
Difficile de citer des hommes qui ont pu sortir grandis et renforcés de ces deux derniers matchs. Bien qu’en phase de reprise, Thomas Lemar a démontré qu’il avait une longueur d’avance sur Dimiti Payet. Corentin Tolisso a, au mieux, gratté une place dans les 23 après deux prestations très propres, mais encore un brin timorées. Pas de quoi bousculer Paul Pogba, qui aura toujours plus d’expérience et d’aura à faire valoir que le néo-Munichois. Lucas Digne a renvoyé Tonton Pat à sa carrière d’Instagrameur, en montrant qu’il pouvait au mieux dépanner en cas de désertion, mais devra certainement laisser sa place soit à Benjamin Mendy si celui-ci se remet bien de sa rupture du ligament croisé, soit à Kurzawa qui pourra compter sur son exposition au PSG. Mais pour les autres entrants dans le onze de Deschamps, rien n’est acquis.
Du haut de ses 45 minutes communes avant ces deux matchs, la charnière Umtiti-Varane s’est plutôt bien apprivoisée sous la pluie de Sofia, a donné de sérieux gages de confiance sur la première mi-temps au Stade de France, avant de montrer des signes de fébrilité à la moindre accélération des attaquants adverses. Avec pour lui sa sérénité, sa faculté à s’adapter à n’importe quel partenaire de défense et ses 49 sélections, Laurent Koscielny n’a pas dû se plaindre d’être installé confortablement dans son canapé cette semaine. Pour Adrien Rabiot, le constat peut être amer, car le Parisien n’a eu qu’une mi-temps pour montrer ce qu’il avait sous les bouclettes. Son placement en 6, pour pallier la défaillance du bionique Ngolo Kanté, prouve que Deschamps ne sait pas trop comment l’utiliser. Le Rabiot bleu est victime de sa polyvalence, ou plutôt de son ambivalence : pas encore assez costaud pour prendre les clés du jeu tricolore, pas assez solide pour endosser le rôle de sentinelle.
Manque à gagner
Ousmane Dembélé devra encore patienter quelques mois après sa rupture du tendon du biceps fémoral. Pourtant, il faudra au moins le double de temps à Kingsley Coman pour montrer qu’il peut être autre chose qu’une version beta de l’ailier barcelonais. Des courses, des débordements incessants, mais très peu d’impact réel sur le jeu. L’autre prodige français, Kylian Mbappé, s’il a déjà un statut d’indiscutable en Bleu, n’a pas réussi à éclabousser de son talent ces rencontres et laisse la porte ouverte à la concurrence.
Devant, le poste de numéro neuf continue de poser question. Alex Lacazette n’a pas su montrer qu’il pouvait apporter plus que les autres éléments offensifs, pas assez pivot pour être complémentaire de Griezmann, pas assez joueur pour postuler la place d’un autre. Même s’il s’est encore montré efficace ce mardi, Olivier Giroud devra redoubler d’efforts pour prouver à Deschamps que, même avec un temps de jeu réduit à Arsenal, il est l’attaquant idoine pour la Desch’, qui lui-même a déjà admis quelques réserves en début de rassemblement. « Je préférerais qu’il joue la quasi-totalité des matchs, ce n’est pas le cas. Il a voulu rester, c’est son choix, qui peut avoir des conséquences » , balançait le technicien basque, remettant en suspens le totem de l’ex-Montpelliérain. Les Gunners avaient l’occasion de tordre le cou au serpent de mer Karim Benzema. Mais quand le Madrilène finira sur le podium du Ballon d’or, que pourra alors répondre Didier Deschamps ? Qu’on arrête de lui parler des absents ? Vivement qu’Hatem Ben Arfa rentre à Nice cet hiver…
Par Mathieu Rollinger