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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire du FC Nantes (du 50e au 30e)

Par Ronan Boscher, Thomas Pitrel, Victor Le Grand et Côme Tessier

Club historique de l'élite française, le FC Nantes a imprimé sa marqué au milieu des années 1960, sans jamais quitter la première division pendant 44 saisons, jusqu'à ce que la Socpresse ne vienne y mettre son nez. Voici les joueurs qui ont marqué toutes ces années canaris, avec les meilleurs, les tout meilleurs, mais aussi les plus marquants des joueurs, bons ou pas.

#50 - Javier Mazzoni

Synonymes : Diego Bustos, Gaetano Giallanza, Ariza Makukula, Roman Kosecki, Mirza Mesic, Sergio Comba, Florin Bratu…
C’est la quête quasi impossible de tous les clubs : trouver un pointeur, un planteur bon marché. Bref, choper un « bon 9 pas trop cher » . Nantes n’y a évidemment pas échappé. Marquée par le règne de Gondet, puis de Halilhodžić, Ouédec et enfin Moldovan, la maison jaune reste aussi dans l’imaginaire collectif comme un des temples des recrutements d’attaquants plus banane que canari. Javier Mazzoni, avec sa mauvaise dégaine de Lorenzo Lamas, de hardeur ou de danseur de bar latino, représente la tête de gondole de ces fails offensifs made in 44. Crédité au pays d’une petite dizaine de buts à l’Independiente et d’un surnom peu engageant, « La Truie » , le Javier, son bide et sa couette débarquent à Nantes pour deux millions de dollars à la mi-août 1996, « physiquement parfaitement apte à jouer » dixit le communiqué du FC Nantes. Lent, les deux pieds dans le même sabot, gauche, Mazzoni se plante à défaut de planter et file deux ans plus tard à Lausanne Sports, alors présidé par… Waldemar Kita. Dans le Landerneau nantais, il se dit surtout que la vidéo ayant servi de base au recrutement de Mazzoni à Nantes montrait les exploits de son frère…

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#49 - Filip Djordjevic

« Superbe dégagement de Riou sur Bessat, qui centre pour Djordjevic. Filip trompe du droit Perquis. Il reste du temps à jouer, mais on est costauds. On sent beaucoup de tension, de ferveur. » Ce n’est pas du jeu à la nantaise décrit par Issa Cissokho à Ouest-France. Ce n’est que le but de la victoire contre Caen, à l’extérieur, pour la 36e journée de L2 de la saison 2012-2013. Ce n’est pas le but du siècle. Ce n’est pas une action de légende. C’est un but à la Djordjevic, plein d’envie et de courage. Malgré un bandage autour du crâne depuis le début de la rencontre, le Serbe ne lâche pas. Il profite des appels de Gakpé pour se trouver seul devant le but et mettre son pied comme il peut. Ce soir-là, son but suffit pour redonner un peu d’éclat au club, désormais pratiquement assuré de la montée en L1. Pour le joueur, au club depuis six ans, c’est enfin le haut niveau qui s’annonce. Mieux, ce but est son 18e de la saison (il terminera à 20 buts, ndlr). Le Serbe est enfin au niveau. Et enfin pleinement dans l’élite. Il était temps pour lui et pour Nantes.

Caen-Nantes (0-1) – L2 2012-2013

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#48 - Mamadou Diallo

« Ouh là, je suis où ? » s’interroge secrètement Mamadou Diallo lorsque qu’il débarque pour son premier entraînement avec le FC Nantes, à l’hiver 2004. Le Malien,Sénégalais, arrivé en provenance de l’USM Alger, rejoint un groupe bien décidé à évincer Loïc Amisse, entraîneur de l’équipe première, alors relégable, à l’initiative de Mickaël Landreau, le capitaine. « Ça m’a mis dans l’ambiance d’entrée » , rembobine l’attaquant dans les colonnes de Ouest-France. Deux jours plus tard, une réunion avec le président Jean-Luc Gripond scelle le sort d’Amisse. Cinq mois après, Diallo inscrit le but victorieux contre le FC Metz (1-0) lors du dernier match de la saison, sauvant au passage le club de la relégation et provoquant l’envahissement de La Beaujoire. L’année suivante, il inscrit dix buts en championnat – meilleur buteur du club cette saison – puis, au terme de l’exercice 2005-2006, ses quatre buts – meilleur buteur du club cette saison ! – ne changent rien : Nantes termine dernier du championnat, synonyme de relégation après 44 ans dans l’élite – un record toujours à battre. Conclusion : en trois ans sur les bords de l’Erdre, Diallo a tout appris de son métier. « Ça m’a fait comprendre que je me trouvais dans un milieu qui ne pardonne pas. Ça fait réfléchir sur le fait que le foot est fragile. Du jour au lendemain, tout peut basculer. »

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#47 - David Marraud

Avec Bertrand-Demanes dans la cage des Canaris, David Marraud, transfuge de l’INF Vichy en 1985, doit patienter deux saisons avant de faire main basse sur le poste de gardien du FC Nantes. Bon gardien de l’élite, mais peut-être pas assez pour prétendre à une place chez les Bleus, il sera le capitaine de cette bande de fous qui agita la D1 dans la première moitié de la décennie 1990 mais aussi celui qui est allé chercher le premier but professionnel de Zinédine Zidane – époque cheveux, une merveille de petit lob – dans ses filets. Il se pète malheureusement le genou un soir de novembre 1994 contre Monaco et laissera malgré lui, et malgré sa très grosse voix qui fait peur, les bois à Dominique Casagrande lors de la saison du titre nantais de 1995. Il s’en ira à Perpignan la saison suivante, rangera les crampons au bout de cette saison, mais reviendra très vite à la Jonelière en tant qu’entraîneur des gardiens, notamment pour s’occuper de Mickaël Landreau.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#46 - Jean-Claude Osman

Né à la Suze-sur-Sarthe, Jean-Claude Osman était prédestiné à faire une carrière en jaune (et verre). Alors qu’il pensait devenir coiffeur, il lâche les ciseaux pour les crampons, appelé par le FC Nantes à fréquenter le centre de formation. Jean-Claude réussira à gagner ses galons de titulaire avec l’équipe première au gré d’une bonne prestation en défense centrale au côté d’Aimé Jacquet. Osman a pourtant fait carrière en tant que latéral droit et Aimé Jacquet n’a jamais porté la tunique nantaise. En 1967, l’équipe de France est alors en stage de préparation à la Baule, et il manque trois joueurs pour faire le nombre lors d’une opposition « titulaires » contre « possibles titulaires » . Et Osman, surnommé « la Rouille » , fait la paire avec le natif de Sail-sous-Couzan. « Les médias ont relaté ma bonne prestation et une semaine plus tard, me voilà titulaire » , confesse-t-il. Il ne quittera plus le onze canari, malgré une année de jachère pour une blessure à l’œil en 1974, et remerciera l’Argentin Hugo Bargas (voir #45 du classement) de ses bons conseils : « C’est lui qui m’a donné la dimension me permettant d’aller en équipe de France, il m’a fait prendre conscience que j’avais un potentiel d’arrière offensif. » Une prise de conscience salutaire puisque « la Rouille » a fait partie de ces rares Français couchés sur les tablettes de l’Ajax Amsterdam de Johan Cruijff. Sans que cela ne se concrétise. Bonus « Tour de France » : prenait le train toutes les semaines avec le cycliste Cyrille Guimard pour rejoindre les drapeaux et le service militaire à Joinville.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

Propos de JC Osman tirés de TribuneC.com

#45 - Hugo Bargas

L’Argentine a toujours été un terrain de prédilection pour le recrutement nantais. Dans les années 1970, Robert Budzynski et José Arribas, l’entraîneur, ont particulièrement l’œil sur ce défenseur central de Chacharita qui, en apparence, ne paie pas de mine. Recommandé par son ancien coéquipier Angel Marcos, déjà sur les bords de l’Erdre, convaincu par le discours de Budzynski – malgré un « mauvais espagnol, c’était terrible » – Hugo Bargas met les pieds sur le tarmac de l’aéroport de Nantes un 22 janvier 1973. Il arrive avec de belles étiquettes dans le dos : international argentin, meilleur footballeur argentin et meilleur sportif de l’année 1972 devant le boxeur Carlos Monzón. Pendant 6 saisons, Hugo est indéboulonnable au poste d’arrière central, d’abord aux côtés de Gardon, fasciné par les « appuis de poupées russes » de l’Argentin, puis de Patrice Rio. Excellent pour donner des coups de casque malgré sa taille normale, il se distinguera principalement par une science du placement exceptionnelle. « L’intelligence dans toute sa splendeur » selon Raynald Denoueix. Poussé vers la sortie lorsque Henri Michel décide de passer libéro, il sera toujours lié au FC Nantes, deux décennies plus tard, car à l’origine de la venue de Nestor Fabbri à la Jonelière… mais aussi de Diego Bustos et Sergio Comba.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

Propos de Hugo Bargas tirés du livre FC Nantes : une équipe, une légende de Yannick Batard

#44 - Valentin Rongier

C’est sans doute prématuré, mais qui de mieux que Valentin Rongier pour s’asseoir sur ce symbolique 44e strapontin ? Né à Mâcon certes, « Val » déménage dans le 44 en août 2000, fait une saison de débutant dans un bon tremplin de la banlieue nantaise, le SHOC de Saint-Herblain, avant de filer au FCN dès ses 7 ans, de chanter ensuite avec ses frangins au sein de la tribune Loire de la Beaujoire pendant les années galères, d’envahir la pelouse pour célébrer un maintien en 2005, d’espérer attraper une Predator lancée par Kevin Das Neves depuis le podium, puis d’être formé à la Jonelière, en tant qu’externe. Rongier est le dernier produit de la volière nantaise à redonner quelques frissons, depuis Toulalan, voire Veretout, aux suiveurs avertis, comme Coco Suaudeau ou Bob Budzynski qui n’ont pas hésité à délaisser leurs traditionnelles parties de bridge pour l’observer dès ses débuts avec la réserve. Contrarié lors de ses débuts professionnels par un genou et un nez pétés, le jeune Valentin a depuis réussi à refaire sa place pour devenir aujourd’hui le métronome du milieu de terrain du FC Nantes. Ne reste plus qu’à savoir combien de temps Nantes réussira à le conserver. #plusvalueenvuepourmonaco.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#43 - Jacky Simon

La plaque tournante du FC Nantes des années 1960, champion en 1965 et 1966. Venu de D2 et de Cherbourg, il signe à Nantes, « parce que c’était au bord de la mer » le lendemain de son mariage avec Geneviève, à l’été 1963, pour faire partie de la première équipe nantaise de l’histoire à disputer la division 1. Petit gabarit offensif, il est de suite mis à l’aise par José Arribas, qui présente Jacques ainsi au reste de l’effectif : « Je vous présente Jacky. Il fait à présent partie des meubles. Rendez-vous chez moi, ce soir, pour l’apéro. » Une autre époque. Un des numéros 10 les plus complets de sa génération, créatif, adepte des contrôles orientés dévastateurs, star de l’évitement face aux adversaires, « comme le faisait Platini » dixit Jean-Claude Suaudeau, et très adroit devant le but, Jacky Simon va laisser une trace indélébile en Loire-Atlantique : premier buteur de l’histoire de Nantes en D1, premier international français du club, meilleur buteur du club sur trois de ses cinq saisons nantaises, meilleur buteur du championnat en 1965, année du premier titre de champion de l’histoire du club, meilleur joueur français la même année, et un caractère de teigneux sur le terrain, calmé par son grand pote et gardien de but Daniel Eon. Bonus : aime siffler quand il prend sa douche. Un homme définitivement bien.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

Propos de Hugo Bargas tirés du livre FC Nantes : une équipe, une légende de Yannick Batard

#42 - Omar Sahnoun

Peut-être bien le plus grand regret du football français de la deuxième moitié des seventies. Michel Platini comparait l’aisance technique d’Omar Sahnoun à celle de Zinédine Zidane. Joueur d’une polyvalence rare (élégant défenseur comme milieu défensif ou meneur de jeu, voire avant-centre), Omar Sahnoun commence en première division avec les Jaune et Vert en 1974 et sera un maillon essentiel de l’équipe de 1977, championne de France, avec une belle fiche statistique à présenter : 15 buts en 31 matchs. Cette belle saison nantaise lui ouvrira les portes de l’équipe de France drivée par Michel Hidalgo, qui compte bien l’emmener dans ses bagages pour le Mundial 1978. Sahnoun restera pourtant devant la porte d’embarquement au moment de traverser l’Atlantique pour rejoindre le Mexique. Lors d’un rassemblement en août 1977, Omar s’écroule lors d’un entraînement, victime d’un malaise cardiaque devant ses coéquipiers. Au repos forcé, il ne prendra pas part à la qualification des Bleus pour le Mundial, même s’il reprendra la compétition un semestre après cette alerte cardiaque et remportera même la Coupe de France contre les petits gars d’Auxerre d’un certain Guy Roux, en 1979. Parti dans le Bordeaux de Claude Bez après ce dernier titre nantais, Omar Sahnoun n’y connaîtra pas le même succès et sera de nouveau victime d’une attaque cardiaque, lors d’un entraînement matinal, le 21 avril 1980. Cette fois-ci, malheureusement, il ne se relèvera pas et mourra à 25 ans, faisant de cette triste nouvelle l’ouverture du JT de PPDA, sur Antenne 2.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#41 - Jean-Claude Suaudeau

Au cœur de la Sainte-Trinité nantaise (Arribas-Suaudeau-Denoueix), la carrière de joueur de Coco est l’évangile le plus important. Elle n’aura connu que les années 1960, ni avant ni après, mais elle est la genèse du jeu à la nantaise. L’instant où le Saint-Esprit Suaudeau a rencontré le Père Arribas, avant que les deux ne voient débarquer le jeune Fils Denoueix en 1966. À cette date, le FC Nantes est à peine monté en D1 qu’il a déjà remporté deux titres de champion et disputé une Coupe de France, avec Coco en milieu défensif. C’est que ce dernier n’a jamais eu le temps. Pas le temps d’attendre les titres comme entraîneur non plus (un à chacun de ses deux passages), pas le temps de répondre aux questions débiles (qu’elles soient de Thierry Roland ou de Pascal Praud), pas le temps de voir ce qui se tramait entre sa fille et Claude Makelele. Joueur, Suaudeau s’est même offert quatre sélections très rapides en équipe de France, dans la courte période où Arribas en avait pris les rênes avec Jean Snella. La seule chose pour laquelle Coco est capable de prendre son temps, c’est lorsqu’il doit trouver le mot juste pour parler football. Dans une interview accordée au site du FC Nantes pour les 70 ans du club, il résumait sa carrière de joueur et d’entraîneur comme cela : « Le foot m’a marqué principalement parce qu’il faut courir. Toute ta vie, pendant quarante saisons, tu cours, et il ne faut pas que les autres te rattrapent. Mais avec beaucoup d’envie de courir ensemble, je n’ai pas vu les saisons passer. » Amen.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#40 - Jean-Michel Ferri

Ce n’était pas le plus clinquant de l’équipe de 1995, mais il en était certainement le meilleur garde-fou, bien calé dans l’entrejeu, à ratisser et faire le sale boulot au milieu de terrain, pour compenser les orgies offensives de Makelele, Pedros, N’Doram, Loko et Ouédec. De région lyonnaise, il est biberonné au centre de formation par Raynald Denoueix au milieu des années 1980, puis fait ses débuts sous la coupe du Croate Miroslav Blažević, plutôt à un poste de défenseur. La carrière de « Féfé » , comme ses collègues aimaient l’appeler, ne décollera vraiment qu’au début des années 1990, repositionné en 6 par Jean-Claude Suaudeau lorsque Nantes, sujet à de graves difficultés financières, doit aller à la guerre, contraint, avec ses jeunes pousses, qui s’approprieront la D1 quatre ans plus tard. Jean-Michel portera d’ailleurs à partir de cette saison magique le brassard de capitaine, relayant David Marraud, sur le carreau après une blessure au genou, et s’occupera, avec plaisir d’ailleurs et sans frasques, des obligations médiatiques de l’équipe.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#39 - Robert Budzynski

En quittant le RC Lens en 1963, alors en D1, Robert Budzynski, défenseur de son état, ne croyait pas avoir mis les pieds dans une ville qui deviendra véritablement sa vie. « Six mois après mon arrivée, ce qui m’a marqué, c’est que le club a été capable de jouer le titre. S’il y a bien une chose que je n’imaginais pas en arrivant à Nantes, c’était bien cela. » Pensant n’y faire qu’un saut de puce, le Bud fait partie de cette troupe nantaise cornaquée par José Arribas, qui a fait découvrir au club pour la première fois de son histoire la Division 1, à l’été 1963. Le début d’une très longue aventure, qui l’amènera à deux titres de champion, à porter la tunique nationale (11 capes) et à se reconvertir ensuite, après une vilaine fracture tibia-péroné, comme directeur sportif historique du club, pendant 35 ans. « Je pensais être un voyageur invétéré, je pensais faire un petit pas à Nantes et partir vers d’autres destinations, notamment les États-Unis où j’allais en vacances assez souvent, avoue-t-il. Et finalement j’ai trouvé des hommes et une façon de voir le football d’une façon très particulière. Nantes, c’était mon club. »

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

Propos de Robert Budzynski tirés d’une interview donnée au site du FC Nantes, à l’occasion des célébrations du 70e anniversaire du club

#38 - Seth Adonkor

C’est un dimanche, et la D1 fait relâche pour cause de trêve internationale. Le 18 novembre 1984, trois joueurs du FC Nantes sont les victimes d’un accident de la route. Les circonstances de cet accident restent floues. Seth Adonkor était au volant avec deux jeunes coéquipiers pour passagers, Jean-Michel Labejof et Sidi Kaba. Tous trois revenaient de Saint-Nazaire, direction Nantes. Adonkor meurt sur le coup. La fin brutale de son histoire, que tout le monde espérait belle, avec le FC Nantes.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#37 - Thierry Tusseau

Crevons l’abcès : oui, Thierry Tusseau a eu le mauvais goût de quitter Nantes pour Bordeaux en 1983, à une époque où la rivalité entre les deux équipes est à son comble et où les bastons ne sont pas rares, à Marcel-Saupin comme à Lescure. Oui, c’est aux Girondins qu’il jouait lorsqu’il a participé à l’Euro 84 victorieux, puis à la Coupe du monde 86. Et oui, c’est bien du bordeaux qu’il vend aujourd’hui dans le cadre de sa reconversion professionnelle, et non du muscadet. Oui, il habite à Bordeaux et suit davantage les résultats de l’équipe de sa ville que ceux du club qui l’a formé. Tout ça fait mal, bien sûr, et Jean-Claude Suaudeau en voudra longtemps à son poulain de l’avoir trahi comme ça. Mais à moins de rechausser les crampons à 59 ans, cet être hybride (entre le latéral gauche et le milieu de terrain) qu’était Thierry Tusseau ne pourra jamais changer son palmarès. Oui, Thierry Tusseau a bien gagné trois titres de champion avec le FC Nantes, et seulement deux avec les Girondins de Bordeaux. Voilà qui mérite bien une statue de cire dans le musée des Canaris.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#36 - Oscar Muller

Encore et toujours la filière argentine pour le FC Nantes. Son père Ramon, attaquant fantasque du club au début des années 1960, et ami de Jean-Claude Suaudeau, conseilla à ses deux fils (Francesco et Oscar) de choisir le FC Nantes pour percer dans le foot hexagonal, après avoir fait leurs gammes du côté de Saint-Brieuc, où Ramon entraînait. Milieu de terrain relayeur-meneur de jeu, Oscar écume d’abord l’équipe junior et la réserve, soulève une Gambardella, la première du club en 1974, puis deux (1975), slalome entre les ennuis musculaires avant de s’installer dans l’équipe première, celle du titre de 1977, avec Omar Sahnoun et Henri Michel comme compères du milieu de terrain. Le début d’une belle aventure pour Oscar, qui remplira allègrement sa vitrine de titres avec les Canaris : 3 titres de champions de France (1977, 1980, 1983) et une Coupe de France (1979). Il quitte le club en 1984 pour aller chez le voisin rennais. Il quittera définitivement ce monde en août 2005, succombant à un accident de la circulation, percuté par une moto sur l’île de la Réunion, alors qu’il traversait la route.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#35 - Mario Yepes

Fin 2001, Budzynski prospecte en Argentine pour superviser un avant-centre, « qui signera plus tard au Real Madrid » . A priori, Gonzalo Higuaín. Il rentrera dans l’avion de Buenos Aires avec Mauro Cetto, tout frais champion du monde U20, et Mario Yepes. « Une question d’opportunités » selon le Bud. L’ancien défenseur et directeur sportif du FCN aimait « beaucoup le tacle, même si je ne l’utilisais qu’en dernier recours » . Avec Mario Yepes, il sera servi. Arrivé avec l’étiquette du taulier de la défense de River Plate, Mario Yepes n’impressionnera au départ pas franchement ses compères à l’entraînement, mais mettra tout le monde d’accord en match. La Beaujoire tombera elle sous le charme des tacles si caractéristiques du Colombien : Mario semblait volontairement prendre du retard dans l’approche de son duel pour n’avoir que le tacle glissé comme solution. « Il nous filait un peu la trouille tellement il paraissait moqueur dans ses courses avant de tacler, mais en même temps, il était tellement nickel que l’arbitre ne sifflait pratiquement jamais. Pffff… Je le trouvais superbe, c’était pur, propre, magnifique » , frissonne encore le Bud. Le schéma tactique nantais s’est même éloigné du 4-3-3 maison version José Arribas, pour passer à une défense à trois, tellement Mario savait tenir la baraque. « Grâce à lui, on pouvait faire grimper un joueur supplémentaire au milieu de terrain, vu qu’il neutralisait à 90% les attaquants adverses. » Le PSG débauchera ensuite Mario Yepes pour faire un temps de lui le plus gros salaire de Ligue 1 (250 000 euros mensuels).

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#34 - Jérémy Toulalan

Au début de l’année 2002, Nantes se paye un groupe impossible en Ligue des champions. Malgré quelques matchs héroïques, les Canaris perdent tout et sont rapidement éliminés de la course. Alors pour le dernier match, sur le terrain du Bayern Munich, Angel Marcos s’amuse et donne confiance aux jeunes. Au milieu des Paillières, Rubil, Grondin et Ahamada se trouve Jérémy Toulalan, qui évolue alors comme milieu offensif, en 10. Nantes fait belle figure à l’Olympiastadion et ouvre le score grâce à son attaquant espoir, Ahamada. Toulalan et les siens ne tiennent pas longtemps l’avantage, mais veulent un troisième point, pour l’honneur. Mais la Toule prend son carton jaune rituel à un quart d’heure de la fin avant que Claudio Pizarro, dans les dernières minutes, ne scelle le score à 2-1. Toulalan perd son premier match et apprend, à 19 ans, qu’il a sa place au plus haut niveau.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#33 - Eric Pécout

En dix ans sous les couleurs jaune et verte (1971-1981), Eric Pécout s’est offert deux titres de champion de France (1977 et 1980), celui de meilleur du championnat de France avec 22 buts en 1979 et une Coupe de France la même année. L’un des plus grands buteurs nantais avant l’arrivée de Vahid Halilhodžić, en somme. Mais pas seulement. « J’ai été l’un des premiers footballeurs à jouer au golf » , assure-t-il dans Ouest-France. Au grand dam, à l’époque, de Jean-Claude Suaudeau. « Je me rappelle que Coco se moquait de moi, que ce n’était pas un sport. » Et pourtant. « J’ai appris qu’il y jouait aussi. Suaudeau qui joue au golf, ça c’est marrant ! » En juin dernier, Pécout a retrouvé les anciens Nantais Michel Der Zakarian et Bruno Baronchelli à l’occasion de la 9e édition du National de golf des journalistes, à La Baule. Heureusement pour eux, Antoine Kombouaré n’a pas fait le déplacement. « Tant mieux, lance Der Zakarian. Antoine aurait tout raflé, avec son niveau de jeu. » « Antoine Kombouaré est un fou de golf, confirme Pécout. Je me souviens d’un jour, à l’époque où il entraînait le PSG et où Alain Roche et moi étions sous ses ordres (Pécout est superviseur-scout pour le club de la capitale, ndlr). Le téléphone sonne dans le bureau d’Alain et on entend Antoine dire : réunion à 14 h… Et après un blanc, départ du 1 à Feucherolles. Et tout au long des 9 premiers trous, Antoine n’a pas arrêté de nous causer boulot. On a bossé… »

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

#32 - Yvon Le Roux

« La qualification pour les demi-finales de la Coupe d’Europe. Ou tout du moins l’emporter pour effacer le cauchemar de San Siro. Ce n’est pas le vrai Nantes qui a joué là-bas. » Plus qu’un grand défenseur, Yvon le Roux est un Breton de coups de tête. Alors que le FCN a perdu largement le match aller 3-0 et n’a plus beaucoup d’espoir d’inverser la tendance, Yvon Le Roux veut jouer le coup à fond et inspire ses coéquipiers avec sa déclaration d’avant-match. À la pause, les Canaris y croient soudainement, notamment grâce au stoppeur. Monté aux avant-postes, il reprend comme un véritable buteur une frappe lointaine de la tête. Sa tête piquée lobe le gardien milanais. Nantes mène alors 3-1 et semble inatteignable. La blessure de José Touré et l’expulsion de Michel Der Zakarian condamnent toutefois l’équipe, qui cède finalement un match nul à 3-3. Nantes n’a même pas gagné pour oublier le terrible match aller. Mais Yvon Le Roux, lui, a fait le boulot. Comme à son habitude.

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

Nantes-Inter (3-3) – Coupe UEFA 1985-1986

#31 - Zoran Vulic

Le dernier roi des coups francs de la Beaujoire ne s’appelle certainement pas Lucas Lima, convaincu d’avoir du Roberto Carlos dans les pieds. Non, il avait une moustache à faire pâlir Vicente del Bosque, était croate, arrivait de Majorque et sévissait dans ce qui s’appelait encore « la Division 1 » , au début des années 1990. Défenseur central lent comme un Javier Mazzoni, mais savamment placé comme un Nestor Fabbri, Zoran Vulic ajoutait aussi à sa panoplie une belle technique venue des Balkans, et des patates de forain adressées de loin sur coups francs, la plupart du temps rasant le sol. Auteur de 11 buts en deux saisons nantaises, dont la moitié dans son exercice favori, Zoran Vulic a surtout durant deux années appris le métier à une bande de jeunes venue dépanner l’équipe professionnelle en manque de blé. En 1995, cette bande fera un des plus beaux champions de France de l’histoire. Il finira son bail nantais comme ses coups francs, à savoir sans faire de détails, par un carton rouge en finale de Coupe de France 1993, contre le PSG (3-0, Nantes finira à 8), sans doute échaudé par le cuissard rose pas très Magnifico porté par David Ginola (à partir de 8’52 dans ce résumé).

Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.

Quelques minasses de Zoran

#30 - Gabriel De Michele

Qu’elle est grande, pour ceux qui ne l’ont pas connue, la tentation de l’appeler Gabriele de Michele, avec l’accent, de lui imaginer une naissance à Rosario et des débuts à River Plate. Mais non. Gaby est né à Saint-Étienne, a signé au FC Nantes en provenance de Jarny, en Meurthe-et-Moselle, puis n’a plus quitté les Canaris. Injustement oublié, l’arrière gauche est encore aujourd’hui le sixième joueur à avoir joué le plus de matchs avec Nantes en championnat, devant Blanchet, Landreau ou Da Rocha. Il dispose aussi d’un des palmarès les plus solides du club, trois fois champion et trois fois finaliste de la Coupe de France, et a disputé la World Cup 66 avec la France. Alors, Gabriel, forçat de l’amour, il fallait bien te rendre un jour ta vraie place au panthéon jaune et vert.

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