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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire du Borussia Dortmund (du 24e au 4e)
Du Stadion Rote Erde au Westfalenstadion, ils sont nombreux, les joueurs qui ont fait chavirer les cœurs des supporters du Borussia Dortmund. Parmi eux, cinquante ont particulièrement compté dans l'histoire du club aux huit titres de champion d'Allemagne, aux quatre DFB-Pokale et aux deux Coupes d'Europe.
#24 - Siegfried Held
Avec ses yeux bleus vitreux, sa chevelure platine, son dos constamment voûté et son absence de sourire, Siegfried Held ne ressemblait pas franchement à une star de foot des 60’s. C’est peut-être pour cette raison que des joueurs ayant remporté la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe en 1966, il n’a jamais été le plus populaire. À l’époque où le Borussia s’apprête à marcher sur l’Europe, « Siggi » vient tout juste de débarquer dans la Ruhr. Aki Schmidt, lui, est déjà une légende, Lothar Emmerich marque but sur but et Stan Libuda, bien que Knappe de cœur, a plus de style que toute l’équipe réunie. Dur d’exister dans ces conditions. Mais avec le temps, les fans du BvB se mettent à apprécier « Siggi » Held pour ce qu’il est : un joueur hyper régulier qui ne fait jamais de chichi et qui mouille toujours le maillot. Si après la victoire de 1966, le Borussia et Held rentrent dans le rang, « Siggi » s’attache au club et finit même par y revenir après en être parti en 1971. Aujourd’hui, il s’occupe du bureau chargé d’entretenir la relation avec les fans. Ces derniers le définissent comme quelqu’un de discret, d’ouvert à la discussion et d’humble. Après tout, durant sa carrière, il a souvent déclaré : « Je n’aime pas parler de moi, car finalement ce sont mes performances qui doivent parler pour moi. » SS
#23 - Stefan Klos
Du côté de la Route de Vaux à Auxerre, c’est un nom que l’on préfère ne pas trop se rappeler. Celui d’un « petit » gardien (1,82m) qui, un soir d’avril 1993, drapé d’un hideux maillot Uhlsport caractéristique des années 1990, met fin aux espoirs de finale européenne de l’AJA après avoir repoussé le tir au but de Stéphane Mahé dans une séance de haute intensité. À la question de savoir ce qu’est devenue sa tunique légendaire, le « Held von Auxerre » répond : « Ce maillot, je l’ai lancé dans le public après la finale perdue contre la Juventus. Il m’avait porté chance depuis le début de la compétition, mais finalement il n’avait plus aucune valeur. » Quatre ans plus tard, ce gamin de Dortmund qui, à l’instar de Marco Reus et Kevin Großkreutz, est passé pro après avoir fait ses classes dans le centre de formation du BvB, devient rapidement le chouchou du public après qu’Ottmar Hitzfeld lui confie la lourde tâche de garder les perches aux dépens de Teddy De Beer. Dortmund, sa ville, son club, son unique amour, avec lequel il remporte deux titres de champion d’Allemagne, et surtout la Ligue des champions en 1997. Après quoi, les choses se dégradent. On ne lui propose pas de prolongation de contrat et les tensions avec sa direction s’accentuent. Contrairement à cette époque où les agents sont ridiculement mis en avant comme des buteurs stars, Stefan Klos gère ses intérêts tout seul et voit comme seul salut possible un départ à l’étranger. C’est ainsi qu’il part à l’hiver 1998 aux Glasgow Rangers, dont il garde les buts neuf ans, empochant quatre titres de champion au passage, non sans avoir croisé la route de Stéphane Mahé, dont le Celtic a constitué l’une des étapes de son long chemin de croix après de penalty maudit. JD
#22 - Alfred Kelbassa
À quoi peut-on reconnaître un joueur qui a marqué l’histoire de son club ? Réponse possible : une rue porte son nom près du centre d’entraînement. Cet honneur, Alfred Kelbassa y a eu droit en 2012, soit quatorze ans après sa mort. Pourtant, on pourrait penser que ce n’était pas gagné d’avance pour lui, le natif de Buer (un quartier de Gelsenkirchen), à son arrivée à Dortmund. Sauf qu’il fut un temps où la rivalité n’existait pas entre les deux cités de la Ruhr. Et puis difficile de remettre en cause le talent d’Alfred Kelbassa, qui a quand même été sacré champion d’Allemagne de pentathlon chez les jeunes puis champion de la région Ouest de l’Allemagne, à une époque où le physique prévalait en football. Dès ses débuts chez les Schwarzgelben, Kelbassa s’impose comme un monstre rapide et furieux. Inarrêtable, il formera un trio de légende en compagnie d’Alfred Niepielko et d’Alfred Preissler, sobrement appelé « die drei Alfredos » , qui jouera un rôle décisif dans la conquête des titres de champion d’Allemagne 1956 et 1957. Au total, Kelbassa inscrira 114 buts en 214 rencontres pour le BvB. Et surtout, il permettra au BvB d’écrire les premières pages de sa légende. AF
#21 - Alfred Niepieklo
Très technique, habile des deux pieds et doté d’une capacité de centre au-dessus de la moyenne, l’ailier a donné de nombreux caviars à ses partenaires d’attaque, entre 1951 et 1960. Mais sans lui, l’histoire aurait probablement été différente pour le Borussia Dortmund. Meilleur buteur de l’Oberliga West en 1956 avec 24 réalisations, Alfred Niepieklo marque but sur but lors de la phase finale pour le titre. Neuf réalisations en phase de poules, contre Stuttgart, Hambourg et le Viktoria Berlin, et un dixième en finale contre le Karlsruher SC, le but de l’égalisation à 1-1, cinq minutes après l’ouverture du score par Ernst Kunkel. Le fameux but qui sonnera la révolte et qui permettra au BvB de l’emporter 4-2 et de soulever ainsi son premier titre de champion. L’année d’après, Niepieklo joue moins en raison des blessures, mais est quand même là en finale contre le HSV, rencontre au cours de laquelle il inscrit un doublé, pour une victoire 4-1 du BvB. Pour l’anecdote, l’autre buteur de la finale qui assure le back-to-back au Borussia n’est autre qu’un des « drei Alfredos » , Alfred Kelbassa, dont le fils est marié avec la fille de Niepieklo. La complicité sur et en dehors du terrain. AF
#20 - Roman Weidenfeller
C’est un beau Roman et c’est une belle histoire à Dortmund. Weidenfeller n’avait pas de quoi être un monstre sacré, un gardien de légende, une idole qui révolutionne son poste et qui éblouit par ses prestations. Au contraire, très longtemps, Weidenfeller est resté un gardien dans la moyenne, capable de passer du meilleur à la boulette la plus embarrassante possible compte tenu de son poste. Pourtant, au fil des ans, il a sû faire avec Dortmund le job sans se poser de questions. Loin d’être un candidat au premier rôle, il déjoue les pronostics lors du départ de Lehmann et glisse devant Warmuz, Ziegler et les autres qu’on lui colle dans les pattes. Mieux, quand le BvB n’est pas au mieux, il assure l’essentiel ; et quand le club retrouve son rang, il achève la meilleure saison de sa carrière et s’extirpe en vétéran en Mannschaft pour devenir champion du monde. Roman, crois-le, « you had a grandios Karriere gehabt » . CT
#19 - Norbert Dickel
Si les fans du Borussia Dortmund apprécient autant Norbert Dickel, c’est parce que le speaker sait faire monter l’ambiance avant les matchs au Westfalenstadion et sait donner des frissons à son public, puisque, pendant les matchs, il est aux commentaires sur la BvB-Netradio. Un amour qui remonte à loin, très loin. Au 24 juin 1989, plus précisément. Alors attaquant au Borussia, Norbert Dickel finit la saison complètement en vrac, la faute à une lourde blessure au genou, une lésion du cartilage et un problème au ménisque. Tout ça à la fois. Ce qui n’empêche pas son entraîneur Horst Köppel de l’aligner en finale de Coupe d’Allemagne face au Werder Brême. À Berlin, Nobby serre les dents et inscrit un doublé, le BvB s’impose 4-1 et remporte son premier titre depuis la C2 de 1966. Pour tout le peuple noir et jaune, Dickel devient « le héros de Berlin » , d’autant plus qu’après cette rencontre, il ne disputera que des bouts de matchs avant de prendre sa retraite et d’être déclaré invalide pour le sport. Un sacrifice pour son club. Et si c’était ça, l’amour véritable ? AF
#18 - Jürgen Schütz
Max et Moritz est un livre illustré qui date de 1865 et qui est très populaire en Allemagne. Un bouquin qui raconte l’histoire de deux chenapans qui n’ont de cesse de faire les 400 coups. Dans le football allemand, ce sont Timo Konietzka et Jürgen « Charlie » Schütz qui ont hérité de ce surnom. Deux attaquants facétieux qui, entre 1959 et 1963, n’ont eu de cesse de fatiguer tout le monde, les proches comme les adversaires. Notamment Jürgen Schütz, qui a été renvoyé chez lui pour avoir balancé de la poudre à éternuer sur la veste du président du BvB, Werner Wilms. Ou encore marqué un but de la tête sur la ligne de but après un enchaînement de une-deux avec Timo Konietzka. Ou encore donné un ballon à son partenaire de toujours sur… penalty, bien avant Lionel Messi ou Johan Cruyff (mais quelque temps après Rik Coppens). Une complicité qui se terminera avec le titre de champion d’Allemagne de 1963 (juste avant la création de la Bundesliga telle que nous la connaissons aujourd’hui). Bien qu’il ait été très attaché au Borussia Dortmund, Jürgen Schütz n’a pas pu résister aux sirènes de l’AS Rome et de l’Italie. Mais à l’époque, difficile de dire non à 57 000 marks de prime à la signature. Néanmoins, l’enfant de Duisburg finira par revenir dans la Ruhr, chez les Noir et Jaune, pour y finir sa carrière professionnelle. Lors de ses deux passages au BvB (1959-1963, puis 1969-1972), « Charlie » aura fait danser le tango aux gardiens adverses, inscrivant pas moins de 137 buts en 205 rencontres. Cela valait bien quelques petites bêtises… AF
#17 - Friedhelm Konietzka
Le 24 août 1963, la Bundesliga démarre son premier championnat, et le Werder Brême reçoit le Borussia Dortmund. Une trentaine de secondes après le début de la rencontre, Friedlhelm Konietzka, surnommé « Timo » pour sa ressemblance avec le général soviétique Semyon Timoshenko, marque et devient par la même occasion le premier buteur de l’histoire de la Ligue. Une trentaine ou une cinquantaine de secondes, personne ne sait trop en réalité, puisque le match n’a pas été filmé et que tous les témoins ont donné une version différente des faits. La seule certitude, c’est bien que l’ancien mineur a marqué le premier, des photos sont là pour l’attester. Si Dortmund perd ensuite (3-2), son but entre dans l’histoire et lui avec. Sinon, « Timo » c’est aussi plus de 120 pions en moins de 200 matchs avec le BvB, un titre de champion en 1962 et une Pokal en 1965. Une jolie carrière en jaune et noir donc. À la fin de sa vie, Konietzka entre une nouvelle fois dans l’histoire. En 2012, alors qu’il est atteint d’un cancer depuis de nombreuses années, il décide de se faire euthanasier en Suisse, son pays d’adoption. Son histoire fait la une des journaux. L’histoire est partout la même : Konietzka, du premier buteur de l’histoire de la Bundesliga au premier joueur qui a choisi de ne plus souffrir. SS
#16 - Hans Tilkowski
Hans Tilkowski restera à jamais comme le gardien ayant encaissé le fameux « but de la centième minute » lors de la finale de la Coupe du monde 1966. Et bien qu’il ait soutenu toute une vie durant que la frappe de Geoff Hurst n’est jamais rentrée, il a dû se résigner devant la décision irrévocable de Tofik Bahramov et de Gottfried Dienst, et accepter que le trophée Jules Rimet fait bien partie de la collection de la FA, bien au chaud aux côtés des championnats d’Europe de jeunes remportés aussi bien par les garçons que par les filles. Mais réduire « Til » à cette rencontre en équipe nationale serait une insulte. Après tout, il était le dernier rempart du BvB lors de l’introduction de la Bundesliga new look, et même s’il n’y a passé que quatre saisons, il a sévèrement marqué le club de son empreinte. Après tout, il est de là, l’enfant de Dortmund, lui qui aurait dû finir mineur comme son père, mais qui a suivi une formation de monteur de charpentes métalliques. Forcément quelqu’un proche du public, dans l’espace comme dans l’imaginaire. Reconverti gardien après avoir commencé en attaque, Hans Tilkowski était un des premiers gardiens à être complètement dans l’anticipation. Ce qui lui a permis de réaliser de nombreuses prestations de haute volée, de remporter quelques trophées avec son club (Coupe d’Allemagne 1965, C2 1966), et, sur le plan individuel, être élu « joueur de l’année » du pays en 1965. Et pas que pour une forte ressemblance avec Paul Newman. AF
#15 - Andreas Möller
Si Andy est resté dans la légende pour avoir fait partie de l’équipe vainqueur de la Coupe d’Europe 1997 contre la Juventus (son ancien club, comme chez un certain Stefan Reuter), la relation entre le BvB et ce Francfortois de naissance et de cœur s’est révélé plutôt houleuse. Lorsqu’il débarque pour la première fois dans la Ruhr en 1987, il est comme un jeune chien fou désireux de montrer tout le cœur qu’il met à l’ouvrage. Et ça marche : lors du derby retour contre Schalke, il mange le seul et unique carton rouge de sa longue carrière. Après un retour chez lui à Francfort et une aventure en Italie, Möller revient au BvB et devient le premier joueur de l’histoire de la Bundesliga à être sanctionné a posteriori pour une simulation excessivement grossière face au Karlsruher SC de Winfried Schäfer. S’il parvient à obtenir un penalty, les images provoquent une indignation générale, et Möller-le-plongeur, comme on le surnomme désormais, écope de deux matchs de suspension assortis d’une amende de 5000 euros. Tombé en disgrâce, le sélectionneur national de l’époque Berti Vogts ne l’abandonne pas pour autant, et Andreas devient champion d’Europe avec la Mannschaft en 1996. Hélas, peut-on imaginer pires adieux qu’un joueur fidèle (huit saisons au total pour le BvB) poussé vers la sortie et contraint de signer chez l’ennemi héréditaire ? C’est pourtant ce qui arrive lorsqu’il passe de Dortmund à Gelsenkirchen en l’an 2000. Mais rappelés à leur devise « Echte Liebe » , les fans du BvB n’ont pas manqué de l’inscrire sur la liste des joueurs de l’équipe du siècle. Mieux vaut se souvenir des belles choses. JD
#14 - Sebastian Kehl
Avant Marco Reus, Sebastian Kehl était le patient le plus célèbre d’Allemagne. Promis à un avenir radieux lors des premières années de sa carrière, des blessures à répétition ont malheureusement freiné sa progression et carrément empoisonné certaines de ses saisons. À Dortmund, ces passages de longue durée à l’infirmerie n’ont pourtant jamais entaché sa réputation. Lorsque Jürgen Klopp débarque au BvB en 2008, il n’hésite pas à lui confier le brassard alors qu’il sort d’une saison quasiment blanche. Capitaine, Sebastian Kehl le restera jusqu’en 2014, lorsqu’il décide de laisser sa place à Mats Hummels, afin que ce dernier gagne en expérience. Sans doute la seule chose que les supporters peuvent aujourd’hui lui reprocher. Au sein du Borussia, il est l’un de ces rares joueurs qui ont tout connu. Sebastian Kehl était là quand le club a failli mettre la clé sous la porte, mais aussi quand la Ligue des champions était à portée de main. Leader naturel, le milieu de terrain n’a jamais eu à forcer sa nature pour être respecté. En 2015, quelques semaines avant de raccrocher les crampons et alors qu’il n’arrivait même plus à courir, « Der Kapitän » s’était payé le luxe d’éliminer Hoffenheim en quarts de finale de Pokal sur une reprise de volée. Quelques semaines plus tard, il se permet de critiquer Pep Guardiola et son approche des tirs au but à la suite de la défaite du Bayern en demies de cette même compétition. Son départ a laissé un vide immense dans le cœur des fans, mais surtout de ses coéquipiers. Depuis deux ans, le BvB se cherche désespérément un leader, un homme capable de dire ce qu’il pense, mais aussi de faire des compromis. Mats Hummels et Marcel Schmelzer viennent, pour des raisons différentes, d’échouer à ce poste dans les grandes largeurs. Preuve ultime qu’être capitaine d’un club aussi important que le Borussia n’est pas lié au nombre de matchs joués. SS
#13 - Alfred Schmidt
La première fois qu’ « Aki » Schmidt assiste à un entraînement du Borussia Dortmund, il repart dépité, chez lui, les mains sur la tête. Il a 15 ans et ne pense pas pouvoir intégrer le club. « Sur le moment, j’ai compris de quoi il était question en football : de la vitesse, de la créativité, de la technique et du collectif » , confie-t-il à Reviersport en 2007. Il a pourtant son cœur dévoué pour le mot « Borussia » , depuis qu’il a pleuré à la fin de la défaite en finale 1949 contre Mannheim qu’il écoute à la radio. « On ne peut plus tout à fait se représenter comment les gens étaient avec le Borussia. » En fait, la modestie d’ « Aki » Schmidt atténue le fait que peu peuvent se dire enfant de Dortmund comme lui, qui n’avait pas que le football pour montrer son lien avec le BvB. Sa vie s’est construite autour de la ville, des usines où travaillait son père et de la Ruhr. À 20 ans, à une époque où la Bundesliga n’a pas encore pris forme, il parvient à son objectif. Les cinq ans d’entraînement intensif avec Berghofen, son équipe de quartier, lui permettent d’intégrer le Borussia. De suite, il joue en équipe première, puis devient en quelques mois international allemand et champion d’Allemagne. Rien que ça. Dès lors, il reste jusqu’au bout avec le club, du titre de 1963 acquis sur le terrain à ceux des années 2010 qu’il suit dans les coulisses. Jusqu’à sa mort fin 2016, Aki est avec le BvB. Parce qu’en matière d’identification avec l’histoire et le folklore local, il n’y avait pas mieux que lui. Même quand l’accordéon est douteux. CT
#12 - Karl-Heinz Riedle
Dans les années 1990, le Borussia Dortmund déclenche l’opération « rapatriement » et engage tout ce qui ressemble de près ou de loin à un joueur allemand évoluant en Italie. C’est d’abord Stefan Reuter (Juventus) qui rentre au bercail en 1992, puis Matthias Sammer (Inter) en 1993, suivi de Karl-Heinz Riedle (Lazio), et enfin Andreas Möller et Jürgen Kohler (Juventus) en 1994. Durant son passage dans la Ville Éternelle, l’ancien attaquant du Werder Brême a acquis le surnom de « Air Riedle » , en référence à son jeu de tête. Néanmoins, il a du mal à assurer sa place de deuxième attaquant du Borussia, et doit notamment se battre avec Flemming Povlsen ou encore Heiko Herrlich pour avoir le privilège de jouer aux côtés de l’indéboulonnable Stéphane Chapuisat. Et si l’apport de Riedle est minime lors des titres de 1995 et 1996 (13 buts en 47 rencontres), c’est lors de la saison 1996-1997 qu’il s’illustrera, notamment en Coupe d’Europe. Il est beaucoup question du troisième but de Lars Ricken lors de la finale de C1 face à la Juventus. Mais le vrai héros du match, c’est « Kalle » et son doublé en cinq minutes (29e, 34e). Dont un but de la tête, bien évidemment. AF
#11 - Stefan Reuter
Il y a ceux qui sont pouponnés Borussia dès le berceau et ceux qui le rejoignent sur le tard. Stefan Reuter est de ceux-là. Dans sa jeunesse, ce Bavarois pur jus pratiquait plus volontiers l’athlétisme, une discipline dans laquelle il a remporté moult prix en saut en longueur et en cross-country. Doté de bons gènes, son meilleur temps au 100 mètres est de 11,2 secondes. De quoi lui valoir le surnom de « Turbo » , auquel il fera honneur lors ses courses effrénées dans les couloirs droits de toute l’Allemagne. Lorsqu’il arrive au BvB en 1994, il n’est pas n’importe qui puisqu’il a été sacré champion du monde avec l’Allemagne en 1990, non sans avoir soulevé le Meisterschale deux fois avec le Bayern. Mais une année en demi-teinte à la Juventus a quelque peu affaibli cette image de jeune premier à qui tout réussi. Dans la Ruhr, il passe douze saisons tranquilles jusqu’à la retraite, raflant presque tous les titres possibles sur son passage, dont la légendaire Ligue des champions de 1997… contre son ex-club ! À force de constance et de travail acharné, c’est lui qui porte le brassard de capitaine lors du titre de 2002, chipé au nez et à la barbe du Bayer Leverkusen qui vit alors une annus horribilis. Lorsqu’il prit sa retraite en 2004, il était le dernier champion du monde 1990 encore en activité. La nature fait parfois bien les choses. JD
#10 - Stéphane Chapuisat
Aujourd’hui encore, Stéphane Chapuisat a le triomphe modeste. Quand il est arrivé en Allemagne, à l’été 1990, au Bayer Uerdingen, il était simplement ravi de jouer en Bundesliga, lui, l’un des trois joueurs extra-communautaires du club. Quand Ottmar Hitzfeld vient le chercher au terme de la saison 1990-1991, il se dit qu’il a de la chance de se retrouver à Dortmund après une demi-saison dans les jambes, la faute aux blessures. Mais s’il peut paraître réservé dans la vie, « Chappi » laisse tous ses états d’âme aux vestiaires quand il pénètre sur le terrain. Dès sa première saison pour les Schwarzgelben, le Suisse inscrit 20 pions en 37 rencontres de Bundesliga. Il n’en fallait pas moins pour devenir le chouchou du Westfalenstadion. Grâce à ses pions, le BvB se refait un nom sur la scène européenne, et atteint notamment la finale de la C3 en 1992-1993. Si la Juventus se mettra sur son chemin, il se vengera quatre ans plus tard en C1, sans oublier de prendre au passage deux championnats, une Supercoupe d’Europe et une Coupe intercontinentale. Malgré un genou capricieux, Chapuisat inscrit but sur but, aussi bien du gauche (son pied fort) que du droit et de la tête. Insatiable devant les cages, il achèvera son passage dans le championnat allemand en 1999 avec 106 caramels en 228 rencontres, soit le quatrième meilleur ratio pour un joueur étranger. Légende. AF
#9 - Manfred Burgsmüller
Avant de devenir un kicker pour les Rhein Fire de Düsseldorf et de gagner deux World Bowls (équivalent du Superbowl de la défunte NFL Europe) dont un à l’âge de 51 ans, Manfed « Manni » Burgsmüller a eu le temps de devenir un des meilleurs buteurs de l’histoire de la Bundesliga. Avec 213 buts en 447 matchs, l’homme à la crinière blonde se situe au quatrième rang du prestigieux classement. Et c’est bien au sein du Borussia Dortmund, où il arrive à déjà 27 ans, que l’attaquant/milieu de terrain a écrit sa légende. De 1976 à 1983, « Manni » inscrit plus de 15 buts en Bundesliga chaque saison. Lors de l’exercice 1980-1981, il claque jusqu’à 27 pions dont un quintuplé face à Aachen. S’il faudra attendre 2017 et Pierre-Emerick Aubameyang (31 buts) pour qu’un Borusse fasse mieux, à l’époque, ce nombre ne lui avait pas permis de soulever le Torjägerkanone, la faute à Karl-Heinz Rummenigge et ses 29 buts. Des trophées, Burgsmüller n’en a de toute façon jamais soulevé lors de son passage à Dortmund. À la charnière des 70’s et des 80’s, le Borussia ne valait pas grand-chose, et le natif d’Essen était un des rares joueurs qui faisait soulever les foules. À ce jour, Manfred Burgsmüller est toujours le meilleur buteur de l’histoire du club en championnat avec 135 réalisations. Seul Pierre-Emerick Aubameyang qui compte 85 buts est aujourd’hui en mesure de le rattraper. Mais quand on connaît les envies d’ailleurs du Gabonais, « Manni » risque de garder cet honneur pour un bon moment encore. SS
#8 - Alfred Preißler
Alfred Preißler, c’est avant tout une image. Celle d’un homme porté en triomphe, trophée en main, le plus proche possible du ciel, et ce, après que le Borussia Dortmund a enfin emporté son premier titre de champion, en 1956. Un homme qui savourait enfin le succès après avoir passé dix ans à lui courir après. Arrivé en 1946 au BvB, Preissler avait un don pour enchaîner les buts. À vrai dire, rien d’autre ne l’intéressait. Et si le troisième larron des « drei Alfredos » , ce fameux trio d’attaquants qui a semé la terreur dans les défenses d’Allemagne de l’Ouest, a été plus marquant que ses acolytes Kelbassa et Niepieklo, c’est non seulement pour son nombre de buts inscrits sous les couleurs du Borussia, mais aussi pour son inébranlable franchise. Un jour, l’un de ses coéquipiers a raté un but tout fait. Preißler est redescendu lui donner un coup de pied au cul. Quelques minutes plus tard, le même coéquipier a trouvé le chemin des filets. Preissler est alors allé l’embrasser en plein visage. Pas de fioritures avec Adi. Sa citation favorite, directement inspirée de Goethe, était d’ailleurs sans équivoque : « Grau is alle Theorie – entscheidend is auf’m Platz » (la théorie, c’est du vent – c’est ce qui se passe sur le terrain qui est décisif). Une phrase que l’on retrouve d’ailleurs sur un des murs du parking du Westfalenstadion. Car pour Preißler, rien ne comptait plus que les victoires et les trophées. AF
#7 - Lothar Emmerich
Avec Lothar Emmerich, le football, c’était pas compliqué : « Gib mich die Kirsche » (donne-moi la cerise, en VO, avec une jolie faute de grammaire au passage), aimait-il à balancer à ses coéquipiers. Pourquoi en faire quoi ? « Je n’ai jamais hésité très longtemps avant d’envoyer la pomme de terre dans les cages. » Mais dans quel but ? « Un coup de pied et la foudre au même moment, c’est ça que les gens veulent voir » , a déclaré un jour celui qui était doté d’une frappe violente (mais qui n’a jamais été averti pour autant). Une qualité qui lui permettra d’inscrire de nombreux buts pour le Borussia Dortmund, et successivement remporter le championnat (1963), la Coupe d’Allemagne (1965, il inscrit d’ailleurs les deux buts de la finale contre l’Alemannia Aachen) et la C2 1966. Une Coupe des coupes dont il finira meilleur buteur, avec 14 pions. À la maison non plus, Lothar Emmerich n’était pas en reste : il finira Torschützenkönig de la formule actuelle du championnat à deux reprises (1966, 1967) et surtout, il sera le premier joueur à franchir la barre des 100 buts en Bundesliga, pour terminer à 115 caramels en 183 rencontres, soit le troisième meilleur ratio de tous les temps en championnat (parmi les joueurs qui ont plus de 50 buts à leur actif). Des duels, Lothar Emmerich en a remporté. Malheureusement, il n’a pas remporté le plus important de tous : celui face à la maladie. « Quand j’ai appris ce que j’avais, j’avais l’impression d’être à la 89e minute d’un match devant 100 000 personnes, que le ballon en l’air venait à moi et que le gardien adverse m’en mettait une en plein dans le pif – j’étais KO. » Et si l’attaquant n’est plus de ce monde depuis le 13 août 2003, son esprit continue à vivre à travers la mascotte de Dortmund, Emma, qui n’est autre que le surnom de Lothar Emmerich. AF
#6 - Jürgen Kohler
La légende d’un joueur ne tient pas qu’à sa sortie. Pour sa dernière finale, Kohler ne reste sur le terrain que trente minutes. Coupable d’une faute sur John Dahl Tomasson, il voit rouge et concède un penalty. Dortmund perdra contre le Feyenoord Rotterdam. Une fin terrible qui conclut une dernière saison de galère, quand Matthias Sammer compte déjà sur d’autres, plus jeunes, comme Metzelder. Pourtant, en sept ans avec Dortmund, Kohler vient d’affiner un palmarès dont peu d’autres peuvent se vanter. Déjà champion du monde, il y ajoute avec le BvB des Meisterschale (trois) et une Ligue des champions en 1997. C’est avec cette Coupe en poche qu’il devient joueur allemand de l’année en 1997. Défenseur à l’ancienne, fort sur l’homme, Kohler a ainsi surtout eu une longévité exceptionnelle… jusqu’à cette mauvaise dernière sortie. Mais « la jambe de fer » avait de toute manière du plaisir dans le duel et l’adversité, non pour le contact bête, mais pour « réfléchir défensivement » (11Freunde). Pourtant, il fallait que cela se termine ainsi pour lui, aussi peu sexy et injuste que cela puisse être. CT
#5 - Dedê
Combien de joueurs du BvB peuvent se vanter d’avoir vu déferler près d’un millier de fans dans le centre-ville pour fêter leur anniversaire ? Un seul. Son nom : Leonardo de Deus Santos dit Dedê. De tous les joueurs chouchoutés par les fans, aucun n’est jamais arrivé à la cheville du Brésilien. De 1998 à 2011, Dedê était la mascotte du Borussia Dortmund. À tel point que même ses coéquipiers étaient amoureux de lui. Pour preuve cette image de Mario Götze qui, après avoir inscrit un but face à Hanovre en avril 2011, soulève son maillot pour dévoiler l’inscription « 17 Dedê » . Quelques jours plus tôt, le défenseur avait annoncé qu’il quitterait la Ruhr. « Dedê est une des personnes qui ont le plus compté dans ma carrière. Quand je suis arrivé en équipe première, il m’a épaulé. Je voulais vraiment lui rendre hommage » , avait déclaré à l’époque Mario Götze.
Élément essentiel du Borussia jusqu’en 2008 – il a été pendant cinq saisons le joueur de champ le plus utilisé de l’effectif –, Dedê n’était plus vraiment en forme pour participer pleinement à l’aventure Jürgen Klopp. Peu importe, même dans l’ombre de Marcel Schmelzer, le Brésilien a fait le boulot. Comme quoi on peut avoir été un taulier et accepter de devenir un joker de luxe par la suite. Dedê ne s’est jamais vu comme la personne la plus importante du club alors qu’il l’était très certainement. Cette humilité, c’est finalement, bien au-delà de ses qualités sur le terrain, ce qui a toujours séduit à Dortmund. En 2015, quatre ans après son départ en larmes de la ville, ils étaient encore 80 000 à lui rendre hommage lors de son jubilé. SS
#4 - Lars Ricken
Le cliché de l’Allemand qu’on adore détester tant sa réussite est insolente. Lars Ricken, c’est un diamant brut, un talent inné doublé d’un homme fidèle à sa région et à son club, un gars qui alternait les buts en Coupe d’Europe avec les révisions du bac. Né à Dortmund, il effectue ses débuts à Dortmund et rejoint le BvB en 1993, l’année où il devient le plus jeune buteur de l’histoire de la Bundesliga (record tombé depuis) à dix-sept ans seulement. Quatorze saisons plus tard, ce milieu offensif au pied de velours a dépassé la barre des trois cents parties jouées sous la vareuse jaune et noir, sans jamais lui être infidèle. Difficile de passer en revue ses quarante-neuf buts et ses vingt-huit passes décisives, mais s’il ne fallait en choisir qu’un, le temps s’arrêterait en 1997, lorsque après avoir remplacé Stéphane Chapuisat à la soixante-dixième minute de la finale de la Ligue des champions, il met dix secondes pour tromper Angelo Peruzzi d’un lob astral qui offre le plus prestigieux (et dernier en date) trophée européen à Dortmund, non sans écœurer la Juventus de Zidane, Deschamps, Del Piero et Vieri. Un geste si hallucinant qu’il est élu but de l’année, avant que les supporters du BvB ne le couronnent du prestigieux titre de but du XXe siècle. Bon soldat jusqu’au bout, il accepte sans rechigner de jouer ses deux dernières saisons dans l’équipe réserve où il endosse le brassard de capitaine avant de prendre sa retraite en 2009. Après quoi il intègre le staff du centre de formation du club de la Ruhr. Comme un clin d’œil à un spot publicitaire tourné en 1997 et dans lequel il se montre très critique du tournant que prend le football moderne : « Je vois des loges VIP là où il y avait auparavant des places debout. Je vois des joueurs qui parlent plus souvent à la presse qu’à leur propre coach. Je vois des clubs qui achètent des joueurs hors de prix au lieu d’investir dans la formation. » Renouvelé une nouvelle fois en 2016, son contrat de gestionnaire du centre de formation court désormais jusqu’en 2021. Illustration ultime de l’adage « Echte Liebe » . JD
Par Ali Farhat, Sophie Serbini, Côme Tessier et Julien Duez