- Top 50
- Benfica Lisbonne
Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire du Benfica Lisbonne (2e)
Véritable star sur le terrain, Mário Coluna a aussi grandement participé à l'éclosion du légendaire Eusébio, son fils spirituel.
#2 - Mário Coluna
Nous sommes le 16 décembre 1960 lorsque, à peine arrivé de son Mozambique natal, Eusébio salue ses nouveaux coéquipiers du Benfica Lisbonne. Après avoir fait le tour de l’effectif, celui qui a perdu son père à l’âge de huit ans s’approche de nouveau de Mário Coluna pour lui demander une faveur, comme le racontera ce dernier dans le numéro 113 de SoFoot : « Peu après son arrivée à Lisbonne, juste avant Noël 1960, Eusébio m’a remis une carte dans laquelle sa mère, qui venait de donner son accord pour qu’il quitte Lourenço Marques, me désignait comme responsable de son fils. J’ai donc été le père d’Eusébio jusqu’à sa majorité. » De quoi tisser de sacrés liens.
« Sur le terrain, j’étais le seul à parler »
Mais alors, pourquoi Mário Coluna, de seulement sept ans son aîné, pour remplir ce rôle de paternel de substitution ? Tout simplement parce que Coluna a une trajectoire semblable à celle d’Eusébio. Une naissance au Mozambique, un passage au Sporting Clube de Lourenço Marques et une arrivée jeune au Benfica Lisbonne où il s’est de suite imposé. Et la maman de la Pantera Negra ne s’est pas trompée en choisissant Mário Coluna comme responsable de son fils. Car, au SLB, la voix de Mário Coluna se fait entendre et est entendue : « Sur le terrain, j’étais le seul à parler. Les autres devaient se taire, même Eusébio. » Un leader incontesté qui ne lâchera jamais son navire, même lorsqu’il se fait fracturer le pied en pleine finale de C1 face à l’AC Milan. Les remplacements n’étant pas autorisés, Coluna serre les dents et termine la rencontre sur une jambe.
Pourtant, bien avant de devenir « O Monstro Sagrado » (le monstre sacré) et capitaine du SLB lors des trois finales européennes perdues, Mário Coluna a vécu une arrivée légèrement compliquée. Numéro 9 de formation, ce sosie d’Apollo Creed ne pouvait pas occuper ce poste, priorité du capitaine d’alors, José Aguas. Le coach brésilien, Otto Gloria, décide alors de repositionner Coluna au milieu de terrain. Bingo, l’international portugais court comme un dératé pour ratisser les ballons, relance proprement en usant de sa vista incroyable et dirige ses troupes qui suivent ses directives. Plus reculé sur le terrain, Mário Coluna trouve tout de même le moyen de faire trembler les filets adverses comme lors des deux finales de C1 victorieuses en 1961 et 1962.
Mission papa de substitution réussie
En dehors de son rôle de patron sur le terrain et dans le vestiaire, Mário Coluna prend sa mission de père de substitution d’Eusébio très à cœur. Il ouvre notamment un compte en banque à la Pantera Negra et surveille ses dépenses afin que le jeune homme ne gaspille pas ses premières paies. Après avoir fixé un cadre, le Monstre sacré voit son fils adoptif prendre son envol lors la finale de Coupe des clubs champions européens de 1962 face au Real Madrid. Alors que le score est de 3-3, le Benfica Lisbonne obtient un penalty. En bon capitaine, Coluna s’empare du ballon, mais voit Eusébio se diriger vers lui : « M. Coluna, est-ce que je peux tirer le penalty ? » La suite, tout le monde la connaît. Eusébio le tirera, le marquera et donnera la victoire au SLB.
Véritable star de la finale, Eusébio n’est finalement encore que ce gamin de vingt ans qui profite de sa première finale européenne pour demander à Coluna de récupérer pour lui le maillot du légendaire Alfredo Di Stéfano. Malgré tout, cette finale européenne marquera la majorité de la Pantera Negra qui commencera à se détacher de l’emprise de son second paternel. Mais, Mário Coluna ne sera jamais loin, et ne manquera pas l’occasion de vilipender Eusébio lorsque celui-ci fera une connerie sur ou en dehors du rectangle vert jusqu’à son départ de Lisbonne en 1970. Reparti au Mozambique, où il exercera notamment la fonction de ministre de la Culture et des Sports, Mário Coluna s’est éteint le 25 février 2014. Moins de deux mois après le décès de son fils spirituel.
Par Steven Oliveira