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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire du Benfica Lisbonne (1er)

Par Steven Oliveira

Cela ne pouvait être que lui. De manière assez logique, Eusébio domine ce top 50 du Benfica Lisbonne. Mais, bien avant de devenir la Pantera Negra ou le Rei, l'attaquant portugais a fait ses débuts avec le SLB dans l'indifférence la plus totale. C'était le 1er juin 1961, au lendemain du premier sacre européen du Benfica Lisbonne.

#1 - Eusébio

31 mai 1961. Pour la première fois de son histoire, le Benfica Lisbonne remporte la Coupe des clubs champions européens après son succès 3-2 face au FC Barcelone. Un sacre auquel la Fédération portugaise ne s’attendait visiblement pas, puisque le huitième de finale retour de la Coupe du Portugal doit avoir lieu le lendemain, le 1er juin 1961 à Setúbal, à 2000 kilomètres de Berne. Mission impossible donc pour les joueurs victorieux de la C1. Vainqueur 3-1 lors de la manche aller, le Benfica Lisbonne décide alors d’envoyer son équipe réserve pour affronter le Vitória de Setúbal. Parmi les joueurs présents, un certain Eusébio qui dispute ce jour-là, dans l’indifférence la plus totale, son premier match officiel avec les Águais.

Jeunesse verte et guerre administrative

Pour comprendre pourquoi Eusébio était présent à Setúbal, et non à Berne avec l’équipe première, il faut remonter en 1957, trois ans avant son arrivée à Lisbonne. La Pantera Negra n’est alors qu’un gamin de quinze ans qui s’amuse avec ses potes du quartier de Mafalala dans un club qui se nomme « Os Brasileiros » (les Brésiliens). Un bonheur qui prendra fin en juin 1957 lorsque sa mère, Lucia, qui élève seule ses huit bambins, accepte que son fils s’engage au Sporting Clube de Lourenço Marques, une filiale du Sporting Portugal. Un affront pour celui qui a déjà le cœur benfiquista : « J’ai marqué plusieurs buts, mais sans aucune émotion. J’étais désolé. Je n’étais pas du Sporting. Je n’avais pas mon mot à dire, j’étais mineur. Je me disais seulement dans ma tête : « Eh maman non ! Ne signe pas ce papier, je ne vais pas jouer là, je n’aime pas cette équipe. » »

Trop tard. Malheureux, Eusébio fera tout de même son boulot et enchaînera les buts à la pelle. Suffisant pour être repéré par « son » Benfica qui fait signer un contrat à sa mère en décembre 1960 pour enrôler la pépite. Vexé que son rival lui vole son joyau, le Sporting proposera un contrat deux fois supérieur à Lucia, avant d’enchaîner les recours pour empêcher que le transfert au Benfica ne soit validé. Privé de match, l’attaquant portugais peut, en revanche, s’entraîner avec le SLB et taper dans l’œil de son futur coach, Béla Guttmann, qui s’extasie d’avoir devant lui « de l’or, de l’or, de l’or » . Après six mois de guerre administrative, Eusébio est enfin autorisé à jouer avec le Benfica Lisbonne. Trop tard, malheureusement, pour disputer la finale de C1, l’UEFA stipulant que le joueur doit être inscrit au moins trois mois avant la rencontre.

Penalty raté et naissance d’une légende

Ce n’est donc pas à Berne, comme il l’aurait rêvé, que la Pantera Negra fera ses débuts officiels, mais à Setúbal avec l’équipe réserve. Moins forts que leur adversaire du soir, les Benfiquistas n’avaient qu’une seule mission : perdre par moins de deux buts d’écart afin de conserver l’avantage du match aller (3-1). Raté. Le Benfica Lisbonne s’inclinera 4-1 et quittera la Coupe du Portugal dès les huitièmes de finale. Seul point positif de cette rencontre, le premier but du jeune Eusébio qui aurait même pu offrir la qualification à son équipe si Félix Mourinho, père de, n’avait pas eu cette mauvaise idée de repousser son penalty. Un raté qui ne changera rien au talent du bonhomme qui est un condensé sublime de technique, d’expansivité et de sang-froid devant les cages.

Pouvant désormais compter sur sa pépite, Béla Guttmann lui fera jouer la dernière journée de championnat face à Belenenses le 8 juin 1961. Résultat, un but. Une semaine plus tard, le coach hongrois le fait entrer à la place de Santana face au Santos de Pelé au Tournoi de Paris. Résultat, un triplé qui éclipsera la défaite 6-3. De quoi interloquer le Brésilien qui demandera alors à Coluna : « Qui est ce garçon ? » La légende est née.

La suite, tout le monde la connaît. Un doublé en finale de C1 face au Real Madrid pour offrir la victoire à Benfica, dix autres championnats remportés, 473 buts inscrits en 440 rencontres officielles, trois finales de C1 perdues, un Ballon d’or en 1965, une troisième place à la Coupe du monde 1966 avec le Portugal…

Vidéo

Puis, en 1975, son départ pour les États-Unis, un statut d’ambassadeur du SLB, puis ce décès le 5 janvier 2014. Un arrêt cardio-respiratoire, à l’âge de 71 ans, qui rendra inconsolables les supporters benfiquistas, ainsi que tout le pays qui décrétera trois jours de deuil national, avant de transférer la dépouille du Rei au Panthéon le 3 juillet 2015. Une place au milieu des plus grands de ce pays, dont il fait, sans aucune contestation possible, partie.

Par Steven Oliveira

propos d'Eusébio tirés du SoFoot numéro 113.

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