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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de Liverpool (du 14e au 8e)
Du recordman parfait au beautiful loser, Liverpool a surtout flashé sur ses joueurs quand ceux-ci montraient un profond respect pour le Liver bird. Entrée dans le top ten avec la crème de la crème.
#14 - Steve Heighway
« All round the Fields of Anfield Road / Where once we watched the King Kenny play – and could he play ! / Steve Heighway on the wing / We had dreams and songs to sing / Of the glory round the Fields of Anfield Road. » Composé sur un air rendu célèbre par la terrible Grande Famine irlandaise du XIXe siècle, The Fields of Anfield Road est l’un des chants incontournables de l’enceinte des Reds. Outre Kenny Dalglish, les Scousers vantent le nom de Steve Heighway, milieu gauche virevoltant qui vêtit le rouge onze saisons durant. Ce sont les scouts de Bill Shankly qui le convainquent d’embarquer à bord d’un navire déjà habitué à naviguer à marée haute. « La première fois que je l’ai observé, ça m’a presque coupé le souffle, raconta son mentor. C’était le meilleur joueur amateur que j’aie jamais vu jouer. » L’arrivée du jeune Nord-Irlandais, puis celle de Kevin Keegan, vont ainsi permettre au club de s’imposer, à nouveau, sur la scène nationale, mais également continentale. Une première. Steve Heighway, c’est quatre championnats remportés, deux Coupes des clubs champions, deux Coupes de l’UEFA et des centaines de reins brisés. « Pour ma part, je n’ai jamais vu un footballeur aussi gracieux que lui, raconta Bob Paisley, qui entraîna Heighway de 1974 à 1981. L’équilibre de son corps était si magnifique qu’il aurait dû être un athlète olympique. » Pas certain qu’il aurait remporté beaucoup plus de médailles d’or.
(à regarder en coupant le son)
#13 - Jamie Carragher
Plus qu’un « one-club man » , Jamie Carragher demeurera à jamais un « one-city man » . Élevé dans une famille purement bleu et blanc, il choisit pourtant le centre de formation du rival liverpuldien à l’âge de dix piges. Le début d’une histoire d’amour longue de 25 ans, ornée d’une dizaine de titres et d’une seconde place au classement des meilleurs buteurs contre leur camp de Premier League, avec sept réalisations. Un nombre évidemment supérieur à son total de buts inscrits en faveur du club, qui se situe à cinq. Derrière cette bouille au teint rougeot, se cache un défenseur qui, pendant plus d’une décennie, fit partie de ce que l’on pouvait trouver de mieux dans le Royaume en matière d’implication, de régularité et de leadership. En dépit d’une voix frôlant l’absence de puberté et un accent scouse nécessitant parfois l’ajout de sous-titres, Jamie savait s’imposer en patron. Sur le terrain, l’Anglais pestait comme un poissonnier sur l’arbitre, beuglait contre les mauvais replis défensifs – sans doute le seul à pouvoir le faire sur son altesse Gerrard – et s’imposa avec le temps comme un gardien inamovible du temple rouge. C’est simple, à l’image du chant qui lui est consacré, les supporters des Reds rêvent d’une équipe composée de onze Jamie Carragher. Gare aux scores négatifs, en revanche.
#12 - Alan Hansen
Battu par Aston Villa en ouverture de la saison 1995-1996, Manchester United est rapidement critiqué par un des snipers de Match of the Day : Alan Hansen. Pour lui, Alex Ferguson commet une erreur s’il croit qu’il pourra remplacer les expérimentés Steve Bruce, Paul Ince et Andreï Kanchelskis par une bande de mômes nommés Beckham, Butt et Neville. « You can’t win anything with kids » , lâche franco le consultant écossais. Il ne le sait pas encore, mais cette phrase coïncidera avec l’avènement de la génération 92 à Old Trafford qui enchaînera alors deux titres de champions et qui prendra définitivement la place de Liverpool sur le toit du football anglais. Hansen l’avoue encore maintenant, cette phrase l’a construit en tant que Pundit pour les médias. Cela ne l’a toutefois pas empêché de poursuivre les clashs dans ses analyses. Car, que ce soit sur un plateau télé ou sur un terrain de foot, Hansen est dur sur l’homme.
S’il n’a pas la carrure d’un Ron Yeats quand il arrive à Anfield en 1977, le jeune Alan se fait vite respecter au plus haut niveau et devient un leader du vestiaire red. Avec sa tête de jeune premier, Mister Cool, comme l’appelait son ex-équipier Alan Kennedy, a tout du défenseur central moderne : le physique, la vision du jeu, l’anticipation et, surtout, une relance remarquable. Garry Gillespie, qui l’a côtoyé durant les golden eigthies de Liverpool, le considère d’ailleurs comme « le meilleur défenseur du football britannique » . Un avis partagé par Alan Kennedy qui ose la comparaison avec Bobby Moore, le modèle en la matière outre-Manche : « Si l’on considère que Bobby Moore anticipait mieux que quiconque, alors on peut dire qu’Alan Hansen était tout aussi bon que lui et que n’importe qui. » Son palmarès parle pour lui : en 620 matchs avec Liverpool, l’Écossais a remporté trois C1, 2 Cups, 4 League Cups et 8 championnats d’Angleterre. C’est sûr que ça a plus de gueule que le jeu vidéo pour lequel il a prêté son nom et sa tronche en 2007 : Alan Hansen Sports Challenge.
#11 - Michael Owen
Tout est allé vite, très vite. Bien avant les réseaux sociaux, la trajectoire de Michael Owen annonce déjà l’ère de l’instantanéité. Pas seulement pour sa vitesse d’exécution et sa fougue sur le front de l’attaque. Aussi parce que l’histoire d’un gosse fan d’Everton qui va devenir ado la mascotte d’Anfield à la fin des années 90 est sans précédent. À 17 ans, il est chargé de prendre l’intérim de Fowler sur le flanc. Sauf qu’à son retour, Robbie trouvera à ses côtés le « Boy Wonder » toujours sur le pré. Son titre de meilleur buteur de Premier League l’année suivante l’envoie disputer le Mondial en France. Désormais trésor exposé aux yeux de tous, son éclosion précoce se confirme définitivement en 2000-2001, saison à cinq trophées.
Ses 27 pions toutes compétitions confondues éblouissant tout le Royaume, c’est une demi-surprise de le voir empocher à 21 ans le Ballon d’or, devenant le premier Liverpuldien à recevoir cette distinction tunique rouge sur le dos (Keegan l’a eue quand il était à Hambourg). À 21 ans, 158 buts en 297 matchs, Owen a déjà presque tout connu. Il rejoindra le Real des Galactiques en 2004 sans avoir conduit son club à un titre de champion ni à une Ligue des champions. Un départ que certains Kopites ont considéré comme un caprice d’enfant gâté. Remplaçant à Madrid, il regardera un an plus tard ses anciens coéquipiers soulever sans lui la coupe aux grandes oreilles. L’instantanéité a aussi un prix.
#10 - Ian Callaghan
857 matchs, record absolu du club. Ce nombre pourrait se suffire à lui-même pour résumer la carrière de Ian Callaghan. Mais 857 matchs, étalés sur 18 ans, cela laisse surtout suffisamment de temps pour connaître différentes vies au sein du club. Formé au club, il est d’abord ce rafraîchissant rookie quand Pool faisait de vieux os en Seconde Division. Remplaçant Billy Liddell, idole en fin de parcours, lors d’un match en avril 1960 contre Bristol Rovers, ce changement ressemble avec du recul à une vraie passation de pouvoir. Dans les sixties, il sera cet ailier percutant et passeur décisif, qui va devenir un des hommes forts de Bill Shankly dans la reconquête des sommets nationaux. Gentleman aussi bien sur le terrain qu’en dehors, Cally a souvent reçu les ovations conjuguées de son public et de ses adversaires. Le virage des seventies sera celui d’un repositionnement au milieu de terrain, à la suite d’une sale blessure, mais qui lui permettra de rester cette figure indémodable, indéboulonnable et incontournable. Il finira sa course avec un magnifique passage de témoin avec deux C1 en 1977 et 1978, sans oublier de bien transmettre son bout de bois aux relayeurs Graeme Souness et Kenny Dalglish.
#9 - Robbie Fowler
25 mars 1997, Anfield. Robbie Fowler vient de marquer face aux Norvégiens du SK Brann, en Coupe des coupes. L’attaquant se tourne vers le public, il soulève son maillot, qui laisse apparaître un T-shirt barré du message suivant : « 500 dockers de Liverpool congédiés depuis 1995. » À la fin du match, Steve McManaman et lui exhiberont encore leur T-shirt de soutien aux grévistes du port de Liverpool. Pour ce geste politique, Fowler sera sanctionné par la Fédération anglaise. Qu’importe, l’image reste encore gravée aujourd’hui. « Ça n’a pas peut-être pas aidé les dockers sur le long terme, mais ça a mis un gros coup de projecteur sur leurs problèmes, expliquera le Scouse pur jus, dans une interview à So Foot, en 2011. Le retentissement a été extraordinaire, ça a fait du bruit au niveau mondial, alors que jusqu’alors, ils avaient du mal à se faire entendre ne serait-ce qu’à Liverpool. »
Dès ses premiers pas à Liverpool, le jeune Robbie devient l’âme des Spice Boys, une équipe de jeunes lads, bons, beaux gosses et qui aiment faire la bringue. Celui qui supportait Everton étant gamin se fait surnommer « God » par les fidèles d’Anfield, et brille par son sens du but. Et aussi par son art de la célébration, quand il fait le geste de sniffer un rail de coke après un but dans un derby du Merseyside (à moins que Fowler ait voulu mimer « une vache broutant de l’herbe » , comme le justifia son coach Gérard Houllier ?). Las, Fowler n’aura jamais la carrière escomptée à cause d’une série de blessures. Une Coupe UEFA en poche, il rejoint Leeds en 2001 après une bisbille avec Houllier. « Quitter Liverpool, ce fut un cauchemar. Je voulais rester là-bas toute ma vie » , regrettera Fowler. Reste la figure d’un type, barjot, mais profondément attaché à son club, sa ville et son peuple, comme l’incarne ce T-shirt dédicacé aux « doCKers » .
#8 - Emlyn Hughes
Un sourire enchanteur posé sur un physique de déménageur. Fils d’un rugbyman (à XIII), international anglais, Emlyn Hughes rejoint Liverpool FC en 1967, en provenance de Blackpool. « C’était un grand gars dégingandé qui se faisait critiquer à cause de son style haut sur pattes, mais je n’avais aucun doute. Je savais que j’avais affaire à un winner » , lâchera Bill Shankly à son sujet. Pierre angulaire du milieu de terrain des Reds, le grand gaillard contamine Anfield par son fighting spirit à toute épreuve. Son enthousiasme transpire jusque dans ses célébrations de buts si démonstratives, comme ce jour de mars 1973 où il délaissa son poste de sentinelle pour marquer deux fois dans le derby du Merseyside. « Crazy Horse » , ou le cœur du grand Liverpool des années 70 qui va conquérir l’Europe.
En 1977, à Rome, Hughes a l’honneur de recevoir la première C1 de l’histoire du club et reste encore aujourd’hui le seul capitaine de LFC ayant soulevé deux fois la coupe aux grandes oreilles. L’homme qui portera la tunique rouge 665 fois au total se dresse en douze saisons un palmarès de géant : quatre titres de champion, une Cup, trois Charity Shield, deux C1, deux C3 et une Supercoupe d’Europe. Mais sa banane laisse aussi place à de chaudes larmes quand Liverpool échoue en finale de la Cup 77 face à Man United. Comme le disait Bill Shankly, « c’est grâce à des joueurs comme Emlyn que Liverpool est ce qu’il est aujourd’hui » .
Par Émilien Hofman, Florian Lefèvre, Mathieu Rollinger et Eddy Serres