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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de Liverpool (3e) : Ian Rush
Rien ne pouvait secouer plus violemment le Kop d’Anfield qu’un but de Ian Rush. Et Dieu sait que les répliques ont été nombreuses, avec les 346 réalisations du meilleur buteur de l’histoire des Reds. Une liaison aussi riche en titres qu’en émotion qui propulse le Gallois à la troisième place de notre Top 50 Liverpool.
#3 - Ian Rush
« Ce qui est marrant, c’est que je pensais bien jouer » , raconte rétrospectivement Ian Rush au Guardian. « Je pensais qu’il s’agissait d’un sport collectif et que si l’équipe gagnait, c’est que j’avais fait ce qu’il fallait. Mais Bob Paisley m’a pris à part et m’a dit que je devais être plus égoïste, que j’étais un attaquant et que je devais donc marquer des buts. Ça paraît anodin, mais ça a fait toute la différence. » Car ces quelques mots du manager ont offert aux Kopites une de leurs plus belles histoires d’amour, convainquant celui qui deviendra une légende des Reds de persévérer sur les bords de la Mersey après une première saison compliquée. Débusqué en 1980 à Chester City contre 300 000 livres, transfert le plus onéreux de l’époque pour un joueur de 18 ans, Rush est d’abord cantonné à la réserve pour s’adapter au système des Scousers. À l’heure de faire les comptes, Ian Rush n’a inscrit aucun but en sept matchs. La marche semble trop haute pour ce fils de sidérurgiste, fan d’Everton et de Jimmy Greaves dans ses années tendres. Au point qu’un départ à Crystal Palace est même envisagé. Mais Paisley sait que l’heure du néo-international gallois va bientôt sonner.
Working Stache Hero
Et Rush ne refera pas le coup de la panne de réveil. Les Reds piétinant en ce début de saison 1981-1982, le Gallois est rapidement intégré au groupe pro. Le 30 septembre, contre les Finlandais d’Oulun Palloseura en C1, il marque son premier but pour Liverpool trois minutes après son entrée sur le terrain. Quarante-neuf capes et trente pions plus tard, Ian Rush a trouvé une place qu’il ne lâchera plus : celle de buteur attitré des Reds. L’éclosion de l’attaquant n’est pas étrangère à la fin de saison des Merseysiders : dixièmes à la mi-saison, ils arrivent à arracher le titre de champion d’Angleterre et une League Cup grâce à un rush final détonnant. Considéré par ses coéquipiers comme la première ligne défensive de l’équipe, le Gallois conserve toute la générosité et l’altruisme qu’on lui reprochait à ses débuts, mais y a greffé un instinct de tueur devant les cages. Son quadruplé en novembre 82 à Goodison Park permet à ce duvet devenu moustache d’entrer dans le cœur des Scousers. L’infatigable avant-centre peut alors compter sur un allié de poids en la personne de Kenny Dalglish, son principal pourvoyeur de ballon. « J’avais la vitesse, lui avait la science du football ; c’est comme si chacun savait toujours ce que l’autre allait faire » , résumera le Gallois.
1984 : Big Brother is watching Ian Rush
Le numéro 9 des Reds va définitivement changer de statut en 1984. Champion d’Angleterre, champion d’Europe et vainqueur de la Coupe de la Ligue, joueur de l’année PFA et FWA, il devient cette année-là le premier britannique sacré Soulier d’or européen avec 47 buts au compteur. Le pays de Galles n’ayant pu lui offrir l’exposition qu’il méritait à l’Euro 84, il échoue au pied du podium pour le Ballon d’or, attribué à Michel Platini. Rush doit attendre l’été 87 et le départ du meneur français pour prendre sa place à la Juventus, dans un contexte où le drame du Heysel hantait encore tous les esprits. Cette expérience en Italie est une désillusion pour l’avant-centre gallois, qui accepte de revenir au bercail un an après l’avoir quitté. Anfield se languit du retour de « Rushy » , bien que le trio Barnes-Aldridge-Beardsley ait fait mieux qu’assurer l’intérim.
Dalglish, qui a depuis glissé sur le banc, continue de faire confiance à son ancien compère qui le lui rend bien en continuant d’enfiler les buts. Après le drame d’Hillsborough et l’exclusion des clubs anglais des joutes européennes, le virage des années 90 est plus délicat à négocier, mais Rush est toujours à la barre de l’attaque liverpuldienne. En 1993, Graeme Souness le nomme capitaine, un rôle qu’il va prendre à bras-le-corps pour mettre sur orbite la génération de McManaman et Fowler. En quittant Anfield en 1996, avec le titre de meilleur buteur de l’histoire du club et un palmarès aussi fourni que sa moustache, Ian Rush a apporté quinze ans plus tard la meilleure réponse qui soit à Bob Paisley.
Par Mathieu Rollinger