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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de l’AS Monaco (14e au 7e)
En plus de quatre-vingt-dix ans d'histoire, l'AS Monaco a vu défiler un carré VIP monstrueux, de Marco Simone à Jürgen Klinsmann, de George Weah à Marcelo Gallardo en passant par Delio Onnis. Voilà le gratin.
#14 - Lilian Thuram
« Très souvent, les gens ont tendance à penser qu’ils arrivent à se faire tout seul. Selon moi, on ne peut pas et il y a des rencontres qui sont importantes. » Dans sa carrière, Lilian Thuram, des rencontres en a fait un grand nombre. Mais l’une des plus importantes est celle qui lui permet de se relancer à 18 ans seulement à Monaco. Au RC Fontainebleau, le jeune Guadeloupéen joue milieu offensif. Or, lors de son premier match en pro avec le club asémite, le 19 mai 1990, Arsène Wenger décide de le faire jouer au poste de défenseur. Coup dur, durant le match, Thuram se blesse au genou. 17 ans et demi, même pas un match complet dans les pattes et il va se retrouver à être écarté des terrains pendant un an. Un an de disette qui aurait pu coûter cher à sa carrière s’il n’avait pas eu Wenger à ses côtés. Cette rencontre place Thuram dans les meilleures dispositions afin de se remettre de sa blessure. Toujours prêt à l’écouter, Wenger est attentif au joueur natif de Pointe-à-Pitre. Il le chouchoute, l’aide afin de mieux s’acclimater dans ce nouvel environnement. Puis lorsqu’il commence à revenir, en jouant avec la réserve, Arsène lui démontre toujours sa confiance en lui rappelant que c’est lui son entraîneur. Et non ce coach de la réserve qui n’arrête pas de lui gueuler dessus. L’aide du professeur paie. Le retour en D1 se fait le 22 mai 1991 et Thuram fait son entrée à la 75e minute. S’ensuivent alors six très belles années de carrière sur le Rocher. Et dire que cette aventure asémite s’est joué à une lettre à la Poste.
Lorsqu’il était au RC Fontainebleau, Thuram avait signé un contrat avec l’OGC Nice. Son président, Alain Grémeaux, lui conseille plutôt de rejoindre son ami Wenger à l’ASM, car il estimait que Nice était géré de « façon bizarre » . Un accord a été conclu rapidement entre les deux parties et le contrat envoyé directement à la LFP. Il se trouve que c’est celui de Monaco qui est arrivé avant le contrat du Gym. L’amour est dans la lettre.
#13 - Bruno Bellone
C’est l’histoire d’une patte gauche à laquelle s’est attachée toute la France avant qu’elle ne se brise. L’histoire d’une des plus belles réussites de la formation made in Gérard Banide. Comme Petit ou Trezeguet, il a gravé son nom dans les cœurs et les scores lors d’une finale de compétition internationale.
Chaque frappe, chaque dribble de « Lucky Luke » a laissé une traînée de poudre rouge et blanc indélébile. De Monaco à Sarcelles, il a créé des vocations de supporters, jusqu’à croiser un jour la route d’Arsène Wenger, qui lui annonce qu’il doit faire sa valise pour le Matra Racing. L’ailier gauche est prêt à se battre pour reconquérir la place promise à Fofana, mais on lui refuse le ring. Mis au ban, il s’en va fâché à jamais et rentre chez lui, à Cannes, alors que Banide voulait retrouver son protégé à l’OM.
Bellone, c’est le gamin qui a franchi la falaise de La Turbie avec un ballon et les galères successives comme un homme. Il a le nom d’une déesse et une princesse est tombée un jour dans son jardin. Bellone, c’est Monaco, dans toutes ses joies et toutes ses peines.
#12 - Emmanuel Petit
C’est peut-être comme ça que tout a basculé, sur un match plus ou moins anecdotique de la sélection minime de la Ligue de Normandie. Un jour où Emmanuel Petit cavale avec le numéro 10 sur le dos, mais où il doit finalement s’installer en libéro après la blessure d’un pote. Lui le dit ainsi : « Peut-être qu’en restant au milieu de terrain, je ne me serais pas fait remarquer. » Voilà en partie pourquoi Petit s’est un jour retrouvé dans le système AS Monaco pour la suite que l’on connaît. Reste que son histoire au club est avant tout marquée par une rencontre. « La première fois que j’ai rencontré Arsène, c’était un dimanche matin, au détour d’un corner. Je jouais alors contre Nice avec la réserve de l’ASM et, en me tournant vers le banc, je l’avais vu. Normalement, il venait surtout lors des matchs à La Turbie ou au stade Louis-II, mais là, l’équipe pro comptait énormément de blessés. Il était venu superviser plusieurs joueurs. J’ai intégré la cellule professionnelle alors que je n’avais que dix-sept ans. J’ai joué tous les matchs jusqu’à la fin de saison. (…) Certains de mes anciens coéquipiers s’amusaient à me chambrer en disant : « Arsène, c’est ton père. » (…) Lors de mon premier match pro contre Sochaux, le 18 mars 1989, il m’avait demandé de charger Stéphane Paille. C’était une grosse marque de confiance. Et, le lendemain, au moment du décrassage, j’étais en train de m’étirer quand il s’est approché de moi. On parle rapidement du match de la veille et il me dit : « Tu sais Manu, si tu veux te découvrir en tant que joueur, il faut que tu arrives à te découvrir en tant qu’individu. À ton âge, il faut que tu puisses vivre en fonction de ton âge, de ton époque. » » Ainsi, Petit est devenu un homme à Monaco, y chopera un titre de champion de France en 1997 et une Coupe de France en 1991, sans parler de la finale de C2 disputée en 1992. Ici est née la patte gauche.
#11 - Manuel Amoros
« Un jour à Monaco, Rolland Courbis demande à ses joueurs qui est le meilleur attaquant de Monaco : Hoddle, Hateley ? Eh non bande de pipes, leur meilleur attaquant c’est Amoros. »
42 buts sous le maillot de Monaco en 348 matchs, Manuel Amoros est ce que l’on peut qualifier de « latéral moderne » à l’époque. Il explose rapidement tout sur son passage. Dès sa deuxième saison en pro il devient titulaire, avec 37 matchs toutes compétitions confondues. Amoros va aussi en profiter pour inscrire ses 2 premiers buts en pro. C’est en 1983 qu’il passe sur le flanc gauche à la suite du départ de Vitalis. L’un des plus beaux duos monégasques va alors opérer en D1. Bellone et Amoros. Les deux amis du centre de formation se retrouvent alors sur le flanc gauche. Manu et Bruno.
#10 - George Weah
Lorsqu’il parle de Monaco, le Roi tremble : « C’était un cadeau de Dieu. » Il faut donc revenir à la fin des années 1980, partir au Maroc et s’asseoir entre Claude Le Roy, alors sélectionneur du Cameroun, Henri Biancheri, directeur sportif de l’ASM, et Arsène Wenger, arrivé sur le banc princier huit mois plus tôt, pour comprendre. C’est l’été 1988, la CAN se joue sous les yeux du triangle doré. Puis, Le Roy glisse le nom de Weah à ses deux potes. Biancheri file à Yaoundé, Wenger ira quelques jours plus tard et George repart avec la bande, à Monaco, sans qu’on ne sache vraiment comment se sont passées les négociations. George Weah doit quitter le Liberia pour aider sa famille, Arsène Wenger veut continuer de construire son projet. Puis, la mise sur orbite. Luc Sonor : « Quand George arrive, à l’entraînement, on se dit que ce n’est pas possible. Le moins bon de tous, c’est lui. Arsène n’arrêtait pas de répéter que c’était un phénomène, mais il était catastrophique. Il n’arrivait pas à faire une passe. Et Arsène l’a pris en main et l’a fait bosser, bosser, bosser. On restait avec Amoros et on centrait à la fin des séances. On lui mettait des ballons, il se retournait et il frappait. Chaque fin d’entraînement, Arsène restait avec lui. » Mark Hateley, lui, préfère parler d’un mec qui « faisait des trucs étranges avec un ballon. Parfois, c’était même impossible pour lui de piéger un rat mort. Et, parfois, il dansait, jonglait entre ses deux jambes, éliminait deux mecs, c’était un talent brut sans expérience à cette époque. » Weah affirme toujours aujourd’hui qu’il doit sa carrière à Wenger. Car l’histoire de Mister George a explosé sur un but européen contre le Valur Reyjkjavic avant de s’étirer sur quatre saisons magnifiques. Le mythe.
#9 - David Trezeguet
Tête, genou, dos, pied, épaule, peu importe, du moment que ça finit au fond. David Trezeguet vit pour le but. Son plus beau selon lui ? Celui contre Manchester United en quart de finale de la Ligue des champions en 1998. Gary Neville ne réussit pas à dégager la balle sous la pression de David Trezeguet. Benarbia lance le Franco-Argentin, qui va mettre une frappe chronométrée à 154,4 km/h… Sans même regarder les cages, l’attaquant fusille Van der Gouw. C’était ça David Trezeguet. Un joueur qui aujourd’hui aurait encore sa place. Lui y croit toujours : « On est des joueurs d’une autre époque, mais on est toujours d’actualité. Quand Neil Young passe par Paris, il remplit toujours Bercy. »
#8 - Claude Puel
24 ans, soit la durée de vie du Parlement européen. Un truc immense, une légende, une brique dans le mur qu’est l’AS Monaco. Qu’on se le dise : Claude Puel, c’est un peu le tableau qui ne bougera jamais de la maison de famille. Le joueur parlait avant tout en tacles appuyés et grosse gueulante avant d’être un bosseur de l’ombre, un chien fou avec qui chaque groupe aime filer au combat. Sa vie en short à l’ASM aura duré quelque 600 matchs chez les pros avant de devenir préparateur physique, entraîneur de la réserve et coach de l’équipe première. Puel, c’était surtout un mec à part d’une classe spéciale : celle des joueurs-entraîneurs. Arsène Wenger aimait parler du joueur Puel comme d’un objet « en or » , son pote du milieu, Marcel Dib, préfère le faire ainsi : « Claude, il voulait tout le temps gagner, que ce soit dans les jeux à l’entraînement, les ateliers, les séances, les matchs amicaux. Il avait ce côté organisation tactique, ce rôle à la Didier Deschamps : chacun dans sa zone, il ne faut pas se disperser… Il prenait la parole dans le vestiaire, il criait souvent. Il était juste, rigoureux, même dans la vie ! Il ne débordait pas, dans tout ce qu’il faisait. » Au total, ça donne deux titres de champion de France, une Coupe de France et quelques épopées européennes. Ça donne surtout un prince.
#7 - Jean Petit
Quand il pose ses valises en Principauté en 1969, Jean Petit n’a même pas vingt ans. Un demi-siècle de football plus tard, il est toujours là, à serrer des mains chaque matin dans ce grand village qu’est Monaco, à dépoussiérer les vieux et beaux souvenirs, à aimer son club de toujours comme peu l’ont aimé. Dans l’ASM des seventies, il a croisé la route des grands joueurs oubliés – « Pastoriza, le meilleur » – et inoubliables comme Onnis. Mais il était surtout l’un d’entre eux. Il était là quand il fallait batailler dans l’ombre en Division 2, il était là aussi sous les projecteurs, pour brandir les trophées en capitaine. Élu meilleur footballeur français de l’année 1978, il partira au Mondial argentin avec son ami Dalger, mais ne connaîtra pas le même succès que son aîné Just Fontaine, qui l’a entraîné en junior et en amateur une dizaine d’années plus tôt. Fidèle parmi les fidèles, il assistera les plus grands techniciens monégasques avec ce même amour, celui qui est né bien avant que le joueur n’enfile un maillot rouge et blanc, lorsque l’enfant rêvait déjà de la bande à Théo et Biancheri. Grand Petit.
Par Maxime Brigand, Christophe Depincé et Aina Randrianarijaona