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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de la Lazio (du 24e au 4e)
Deux fois championne d'Italie dans son histoire, la Lazio, premier club de Rome, a vu passer de grands joueurs en 117 ans d'histoire. Voilà les 50 qui ont écrit la légende du club laziale, de Simeone à Re Cecconi, en passant par Nedved, Signori ou encore Mancini.
#24 - Guerino Gottardi
Andy Warhol parlait d’un quart d’heure de gloire pour chacun. Guerino Gottardi a eu un peu plus que ça. Mais pas beaucoup plus. Cela lui a pourtant suffi pour marquer l’histoire de la Lazio. Arrivé à Rome en 1995, ce joueur suisse va passer la majeure partie de son temps sur le banc. 84 apparitions en neuf ans, ça ne fait même pas une moyenne de dix apparitions par an. Et pourtant, Gottardi a su être là à des moments qui comptent. D’abord le 21 janvier 1998 lorsque, à la 94e minute d’un derby romain en quarts de finale retour de Coupe d’Italie, il offre la victoire aux siens (1-2). Un but anecdotique, car la Lazio avait de toute façon gagné le match aller 4-1 mais qui aura son importance à la fin de la saison. De fait, grâce à ce but, les Biancocelesti remportent les quatre derbys romains disputés cette saison-là, performance unique dans l’histoire.
Deuxième étape le 29 avril 1998, cette fois-ci en finale de Coupe d’Italie. Après avoir perdu la finale aller 1-0 à Milan, les Laziali se retrouvent menés 1-0 dès l’entame de la deuxième période. Eriksson fait alors entrer Gottardi. « Et là, on aurait dit Maradona » , racontera dans So Foot Alessandro Nesta. En feu, le petit Guerino égalise cinq minutes après son entrée en jeu. Trois minutes plus tard, il se procure un penalty que Jugović transforme. La Lazio s’impose finalement 3-1 et l’homme de la finale, c’est lui. Enfin, troisième round, le 13 février 2001. Dans un match de Ligue des champions à Bernabéu, au beau milieu de Figo, Raúl, Morientes, Crespo, Nedvěd et Veron, c’est bien l’improbable Gottardi qui égalise à la 84e minute. Moralité : toujours privilégier la qualité à la quantité.
#23 - Paolo Negro et Fernando Couto
Deux fidèles parmi les fidèles. Le premier, Negro, débarque au club en 1993, au tout début de l’ère Cragnotti. Le second, Couto, arrive en 1998. Les deux défenseurs vont rester au club jusqu’en 2005. Douze saisons pour Negro, sept pour Couto. Ils font d’ailleurs partie des seuls « survivants » qui acceptent de largement baisser leur salaire après le rachat du club en 2004 par Claudio Lotito. Ensemble, ils ont tout connu : les années de gloire (huit trophées entre 1998 et 2004 : Scudetto (2000), trois Coupes d’Italie (1998 – la seule que Couto ne gagne pas puisqu’il arrive l’été suivant– , 2000, 2004), deux Supercoupes (1998, 2000), une Coupe des Coupes (1999) et une Supercoupe UEFA (1999)), puis les moments de galère avec l’équipe entièrement reconstruite en 2004, et qui va lutter pour le maintien à la fin de la saison.
Curiosité : si Couto s’est distingué en marquant quelques buts bien sentis avec le maillot laziale, Paolo Negro est, lui, ironiquement célèbre chez les cousins de l’AS Roma, pour avoir marqué un csc décisif lors d’un derby, l’année où la Roma remporte le titre. En 2013, il racontait la mésaventure à Sofoot.com. « J’ai gagné beaucoup de derbys, mais j’ai également eu la malchance d’inscrire un but contre mon camp lors d’un derby, qui plus est décisif, et qui plus est lors de la saison où la Roma a gagné le Scudetto. Pendant des années, à chaque fois qu’un supporter de la Roma me croisait, il me rappelait cet évènement. C’est difficile à gérer. Surtout que ce but était totalement involontaire, ce n’est même pas moi qui ai fait un mauvais geste, c’est juste le ballon qui a rebondi sur moi. Mais bon, l’histoire retient que c’est moi qui l’ai touché en dernier, et que le but contre son camp a été attribué à Paolo Negro. » Il prendra sa revanche quelques années plus tard, en marquant un but décisif face à la Roma avec le maillot de Sienne. Le karma.
#22 - Sentimenti IV
On pourrait écrire un roman sur la famille Sentimenti. Cinq frangins, dont quatre ont joué en Serie A, et trois ensemble à la Lazio. Il y avait Vittorio, connu sous le nom de Sentimenti III, milieu de terrain laziale de 1949 à 1952. Puis Primo, aka Sentimenti V, défenseur de la Lazio de 1950 à 1957. Et enfin, le plus emblématique, Lucidio, soit Sentimenti IV. Lui était gardien de but, et a défendu les cages biancoceleste pendant cinq saisons, de 1949 à 1954. À l’âge de 15 ans, Lucidio, déterminé à devenir footballeur, avait envoyé une lettre au club de son village : « J’ai 15 ans, je travaille en tant qu’apprenti cordonnier pour 15 lires par semaine, je veux jouer au foot. À n’importe quel poste, même gardien de but. » Et le voilà ainsi lancé dans une carrière de gardien qui va durer 22 ans, et qui le verra passer par Modène, la Juve, la Lazio, Vicenza et évidemment la Nazionale. Il demeure l’un des meilleurs gardiens que la Lazio ait connus, avec son lot d’histoires folles le concernant. Par exemple, il aimait bien tirer les penaltys. Il en a marqué trois avec le maillot laziale. Ou encore : par excès de confiance, il encaissait des frappes de loin, à tel point que les tifosi laziali l’ont accusé d’être myope et ont convaincu le club de lui faire passer une consultation chez l’ophtalmo. Une autre époque.
#21 - Aldo Puccinelli
Quinze années passées sous le maillot de la Lazio. Aldo Puccinelli a bien été une bandiera du club romain. 339 matchs de Serie A avec la Lazio, soit le record, devant Pino Wilson (324) et Giuseppe Favalli (298). 78 buts au total, ce qui en fait le sixième meilleur buteur de l’histoire. Né dans un petit village dans la province de Pise, il débarque à Rome à l’âge de 20 ans, en 1940. C’est la première fois qu’il arrive dans une grande ville. Il devient titulaire à partir de 1941, entre dans les cœurs des tifosi le 24 mai 1942 en marquant face à la Roma, mais doit rentrer en Toscane pendant la guerre. Après la fin du conflit, il revient à Rome et sera le leader de cette Lazio d’après-guerre qui termine régulièrement dans les premières places de Serie A. Il quitte le club de sa vie en 1955, manquant ainsi pour trois petites années (1958) le premier trophée de l’histoire des Biancocelesti. Qu’il aurait pu soulever en tant que capitaine, s’il avait été encore là.
#20 - Pierluigi Casiraghi
Ce n’est pas pour rien qu’à Rome, Pierluigi Casiraghi était surnommé « Gigi Tyson » . Il faut dire que l’attaquant avait plutôt un physique et une dégaine à aller mettre des gnons sur un ring plutôt que pour faire des talonnades sur un terrain de foot. Or, les apparences (et les surnoms) sont trompeur(se)s, car Casiraghi était loin d’être un bourrin sans finesse dans les pieds. À la Lazio, il a formé pendant des années un magnifique duo avec Beppe Signori, les deux inscrivant même 38 buts lors de la saison 1995-1996. Travailleur infatigable, Gigi était le joueur type qui se sacrifie, qui court pour deux, et qui traîne là où il faut, quand il faut. Les supporters ont encore en tête ce formidable quadruplé contre la Fiorentina en mars 1995 (8-2), ou encore ces deux buts en reprise acrobatique face à la Roma, l’un lors du derby du 23 avril 1995, l’autre lors de celui du 1er novembre 1997, brassard de capitaine au bras. Il termine son aventure laziale en remportant la Coupe d’Italie, consécration de cinq années de passion avec les couleurs bleu ciel.
#19 - Renzo Garlaschelli
Renzo Garlaschelli est l’un des seuls à avoir évité la malédiction de la Lazio championne d’Italie 1974. Entre Luciano Re Cecconi tué par balle (1977), Tommaso Maestrelli décédé d’un cancer (1976), Mario Frustalupi victime d’un accident de la route (1990), et Giorgio Chinaglia terrassé par un infarctus (2012), il ne faisait pas bon faire partie de cette équipe de bandits qui a triomphé en 1974. Renzo Garlaschelli, lui, va bien. Il est aujourd’hui consultant pour des émissions de radio labélisées Lazio. Une Lazio qu’il n’a jamais vraiment quittée depuis son départ, en 1982. Il met alors un terme à dix années de relation, au cours desquelles il a tout connu : l’année de la remontée en Serie A en 1972-1973, le Scudetto en 1974, la relégation administrative en 1980, la Serie B en 1981. Infatigable, il a avalé les kilomètres sur son aile droite, avec toujours ce sens inné du but qui en fait, encore aujourd’hui, le septième meilleur marqueur de l’histoire du club.
#18 - Alessandro Calori
Alessandro Calori est le seul joueur de ce classement à n’avoir jamais porté le maillot de la Lazio. Pourtant, il est bien l’un des joueurs les plus importants de l’histoire du club. Modeste défenseur passé par l’Udinese, Perugia et Brescia, Calori a marqué, le 14 mai 2000, le but qui a offert le titre de champion d’Italie à la Lazio. C’est la dernière journée de Serie A, la Juve est en tête avec 71 points, la Lazio suit avec 69. Les Romains disposent facilement de la Reggina à domicile (3-0), pour grimper à 72. La Juve doit donc battre Perugia, qui n’a plus rien à jouer puisque déjà sauvé. Le score reste bloqué à 0-0, et à la mi-temps, un déluge s’abat sur le Stadio Renato Curi, retardant la reprise de plus d’une heure. Et au retour des vestiaires, sur un terrain trempé, Alessandro Calori donne l’avantage à Perugia. Le score en restera là, et la Lazio est sacrée championne d’Italie pour la deuxième fois de son histoire. À partir de ce jour, à chaque apparition au Stadio Olimpico, Calori recevra un tonnerre d’applaudissements pour services rendus à la patrie bleu ciel.
#17 - Simone Inzaghi
S’il fallait retenir un match de Simone Inzaghi à la Lazio, ce serait évidemment cette rencontre de Ligue des champions face à l’OM. Un quadruplé pour l’histoire, qui avait permis à la Lazio de terrasser les Marseillais, 5-1. Mais ce serait minimiser ses onze saisons passées à Rome que de les réduire à une magique soirée. Car mine de rien, Inzaghino, aujourd’hui brillant coach de la Lazio, a remporté sept trophées en tant que joueur avec le club romain (un Scudetto, trois Coupes d’Italie, deux Supercoupes d’Italie, une Supercoupe UEFA), soit deux de plus que Francesco Totti en 22 saisons avec la Roma. Il est aussi, à ce jour, le meilleur buteur de l’histoire de la Lazio en Coupe d’Europe, avec 20 réalisations (15 en Ligue des champions, 5 en Coupe UEFA), et le 11e meilleur buteur laziale all time, avec 55 pions. 7% de ce total ayant donc été inscrits un soir de mars 2000, face à Stéphane Porato.
#16 - Marcelo Salas
Les présentations entre Marcelo Salas et les supporters de la Lazio ont eu lieu le 11 juin 1998. Ce jour-là, l’Italie affronte le Chili en ouverture de son Mondial français. Alors que l’Italie mène 1-0 sur un but de Vieri, les Chiliens renversent la vapeur par deux buts de leur attaquant vedette : Marcelo Salas. Un joueur pour qui le président Cragnotti vient de débourser 17 millions d’euros. Quelques semaines après cette rencontre, il en déboursera 28,5 autres pour faire venir Vieri. Salas-Vieri. Probablement le plus beau duo d’attaque de l’histoire de la Lazio. À Rome, Salas va montrer toute l’étendue de sa panoplie : des buts de renard, des coups de casque monumentaux, une capacité folle à se démarquer. Pendant deux saisons, il est le terminal d’attaque de cette équipe qui gagne tout, de la Coupe des coupes au Scudetto. Le 27 août 1999, c’est lui qui offre la Supercoupe UEFA à la Lazio, en marquant le seul but du match face à Manchester United. Très aimé des supporters, il partira finalement à la Juventus en 2001, mais ne retrouvera jamais le niveau atteint à Rome.
#15 - Paul Gascoigne
En amour, certaines choses ne s’expliquent pas. Le coup de foudre par exemple. Un regard, et deux personnes tombent amoureuses. En football, c’est, à peu de choses près, la même chose. Paul Gascoigne et les tifosi de la Lazio se sont aimés au premier regard. Parce qu’ils se sont reconnus. La romance va durer quatre ans, de 1991 à 1995. Et cet amour ne se compte pas en matchs joués : seulement 47 toutes compétitions confondues, pour six buts. Il faut dire que sa première saison, Gazza l’a passée entièrement à l’infirmerie, après s’être brisé le genou lors de son dernier match avec Tottenham. Les tifosi laziali l’ont alors soutenu, et l’ont attendu. Et Gascoigne le leur a bien rendu : son premier but officiel sous le maillot laziale, il l’inscrit à la 89e minute d’un derby contre la Roma, avant d’aller s’effondrer en larmes sous la Curva Nord. Déconneur, bon vivant, Gascoigne va répandre sa bonne humeur (et quelques bonnes bouteilles) dans le vestiaire romain. Un jour, il débarque dans la salle de réception de l’hôtel où séjourne la Lazio entièrement nu, expliquant à son coach Dino Zoff qu’il était sorti toute la nuit, mais que, comme il voulait impérativement être à l’heure, il n’avait pas eu le temps de s’habiller. Il quitte Rome en 1995, mais y a laissé un souvenir indélébile. La preuve, quand il est retourné au stadio Olimpico, en novembre 2012, il a été accueilli par des chants et une banderole qui lui a mis les larmes aux yeux : « Cœur de lion, forte tête, talent pur, vrai homme : toujours notre héros. » D’anciens amants ne s’oublient pas.
#14 - Juan Veron
C’est un fait : Juan Sebastián Verón a connu le pic de sa carrière à la Lazio. Celui qui a porté les maillots de Boca, de la Sampdoria, de Parme, de Manchester United, de Chelsea, de l’Inter et d’Estudiantes n’a jamais été aussi fort que lors des deux saisons où il a porté le maillot bleu ciel. Il a alors 25 ans et régale dans un milieu de terrain où il se trouve comme un poisson dans l’eau aux côtés de ses coéquipiers premium, Simeone, Almeyda, Stanković, Conceição, Nedvěd… Avec sa vision du jeu et sa technique, il va être l’un des grands artisans du Scudetto en 2000. Plus de quinze ans après, les tifosi prennent encore du plaisir à revoir son coup franc vainqueur contre la Roma, ses ouvertures dingues, son corner rentrant contre le Hellas Vérone, sa reprise de volée contre l’Udinese, son lob acrobatique contre Feyenoord ou son missile contre Valence. Même si l’idylle a été de courte durée, rarement un joueur portant la tunique biancoceleste n’a été aussi fort sur deux saisons.
#13 - Siniša Mihajlović
Quand on a joué deux saisons à la Roma, pas facile de débarquer à la Lazio et de se faire accepter des tifosi. Cela n’a pourtant posé aucun problème pour Siniša Mihajlović. Dès son arrivée, le Serbe va montrer à ses nouveaux supporters qu’il est venu là pour deux choses : gagner et envoyer des coups francs dans la lucarne. Les deux missions seront accomplies avec brio. Avec la Lazio, il gagne tout : Coupe des coupes, Supercoupe UEFA, Scudetto, Coupe d’Italie (deux), Supercoupe d’Italie (deux). Et il va planter un nombre de coups francs ahurissant.
Les statistiques sont là pour le rappeler : sur les 33 buts qu’il inscrira sous le maillot biancoceleste en six saisons (pas mal pour un défenseur), 18 le seront sur coup franc direct, 13 sur penalty, un sur corner direct et un sur une reprise après que son coup franc a été repoussé par le mur. À une certaine époque (surtout entre 1998 et 2000), à l’instar de Platini à la Juve ou de Juninho à Lyon, un coup franc pour la Lazio aux abords de la surface était équivalent à un penalty. Son jour de gloire reste évidemment le 13 décembre 1998, lorsque Mihajlović a inscrit un triplé sur coup franc, performance inédite dans l’histoire du football.
#12 - Bob Lovati
À la Lazio, Roberto Lovati a tout fait. Préparateur des gardiens, instructeur des jeunes, observateur, entraîneur de la Primavera, coach adjoint, pompier de service, directeur sportif, directeur technique. Un CV dingue qui en ferait presque oublier que, pendant six ans, de 1955 à 1961, il a été le gardien de but de cette équipe. C’est d’ailleurs lui le portier de la Lazio le 24 septembre 1958, jour où la Lazio remporte la Coupe d’Italie face à la Fiorentina, premier trophée de son histoire. Bob Lovati aura également un rôle extrêmement important dans la Lazio 74. Alors coach adjoint du tant aimé Tommaso Maestrelli, c’est lui qui va permettre au navire de ne pas chavirer lors de la mort de ce dernier en décembre 1976, suivie de celle, tout aussi tragique, du meneur de jeu Luciano Re Cecconi en janvier 1977. Il est alors considéré comme le papa de tous, et ce côté paternaliste, rassurant, le suivra toute sa vie, dans le seul club de son cœur. Il s’est éteint le 30 mars 2011 à l’âge de 84 ans, et ses funérailles ont été célébrées dans l’église de Ponte Milvio, à Rome, au même endroit que son ami Maestrelli 35 ans auparavant.
#11 - Giuliano Fiorini
Certaines images ont le don de vous procurer des frissons à chaque fois que vous les regardez. Le but de Giuliano Fiorini contre Vicenza le 21 juin 1987 en fait partie. Cette saison-là, la Lazio est en Serie B, et commence le championnat avec une pénalité de neuf points. Pénalité énorme lorsque l’on sait qu’à l’époque, la victoire ne vaut que deux points. Les Laziali parviennent à combler leur retard et se présentent à la dernière journée avec leur destin entre les mains. Pour éviter la relégation en Serie C1 et s’offrir un barrage, il faut battre Vicenza. 62 000 tifosi s’amassent dans le stade pour l’occasion. Une ambiance électrique, un mélange d’angoisse, d’excitation, de peur. Le match est fermé, peu d’occasions. Les minutes défilent et chaque seconde qui passe rapproche la Lazio de la troisième division. 60e, 70e, 80e… Toujours rien. Un silence de cathédrale commence à s’installer dans le stadio Olimpico. Silence brisé à la 83e minute par Giuliano Fiorini. L’attaquant arrivé deux ans auparavant place un bon pointard des familles et délivre tout un peuple. Sa course sous la Curva Nord est irréfrénable. Cris, larmes, accolades, joie. Fiorini vient de sauver la Lazio. Tel un super-héros, il s’en ira à Venise après cet exploit, et mettra un terme à sa carrière en 1990. Gravement malade, il décède en 2005 d’une tumeur aux poumons. Quelques jours plus tard, la Curva Nord lui rend un vibrant hommage en déployant une banderole : « Toi aussi au Paradis des Héros… Ciao Giuliano » .
#10 - Pavel Nedvěd
Pavel Nedvěd fait partie des joueurs qui méritent de figurer dans le top 10 des meilleurs joueurs de l’histoire de deux clubs italiens : la Juventus (Sofoot.com l’avait classé 7e) et, donc, la Lazio. Arrivé à Rome en 1996 en provenance du Sparta Prague, il va incarner à merveille le projet de Sergio Cragnotti : un jeune joueur, ambitieux, extrêmement doué, et qui a la dalle. Déjà important dans le système de Zoff en 1996-1997, il sera la pièce maîtresse de la Lazio d’Eriksson. Sa grinta, sa frappe de balle, son abnégation en font chaque année l’un des meilleurs joueurs du championnat italien. En mai 1999, après une saison compliquée à cause d’une blessure, il offre la Coupe des coupes à la Lazio d’une splendide volée en finale contre Majorque. Il est ainsi, pour toujours, le dernier buteur de l’histoire de cette compétition.
Des buts importants, Nedvěd en marquera d’autres. Lors du derby-Scudetto de mars 2000, en finale de Coupe d’Italie de la même année contre l’Inter (le fameux match de la blessure de Ronaldo), ou contre la Juventus lors de la saison 2000-2001. La Juve, justement. À l’été 2001, à cause de différends avec les dirigeants laziali, qui ont besoin de liquidités, il rejoint la Vieille Dame pour 36 millions d’euros, soit environ sept fois son prix d’achat. Les tifosi espéraient qu’il ne s’agirait que d’un au revoir, que leur Pavel reviendrait à Rome plus tard, soit pour finir sa carrière, soit pour devenir dirigeant. Il a finalement décidé d’épouser la Juventus. Tout en gardant dans son portefeuille une photo de sa belle Romaine.
#9 - Luciano Re Cecconi
De Luciano Re Cecconi, tout le monde a entendu parler de la mort. Absurde. Stupide. Insensée. Le 18 janvier 1977, le joueur de la Lazio entre dans une bijouterie avec son coéquipier Pietro Ghedin en se cachant le visage et, pour rire, s’écrit « Ceci est un cambriolage » . Ni une ni deux, le patron de la bijouterie dégaine un pistolet Walther calibre 7,65 et tire sur Re Cecconi. Le joueur de 28 ans décède quelques heures plus tard à l’hôpital. Cette version, racontée pendant plus de 40 ans, a toutefois été remise en cause par de nouveaux témoignages, qui affirment qu’en réalité, Re Cecconi n’aurait strictement rien dit en entrant dans la bijouterie, et que son visage était découvert. Le mystère demeure. Mais ne changera de toute façon rien à l’inéluctable : Luciano Re Cecconi est parti trop tôt. À 28 ans, alors qu’il était au sommet de son art avec la Lazio.
Formé à la Pro Patria, il se révèle sous le maillot de Foggia avec, comme entraîneur, un certain Tommaso Maestrelli. En 1972, Maestrelli, entre-temps passé à la Lazio, le fait venir à Rome. Là, il va s’imposer dans un véritable rôle de numéro de 10. Il est le métronome de cette Lazio qui va passer à un cheveu du titre en 1973, avant de remporter le Scudetto en 1974. Les années suivantes, les choses deviennent plus compliquées. Maestrelli tombe malade, Chinaglia se barre aux États-Unis, mais Re Cecconi continue d’illuminer le jeu laziale et porte l’équipe sur ses épaules. Le 3 octobre 1976, il inscrit un but splendide contre la Juventus. Il s’agira du dernier de sa vie. Quelques semaines plus tard, il se blesse au genou face à Bologne. Il était censé faire son retour début février 1977. L’histoire en a décidé autrement.
#8 - Vincenzo D'Amico
« À l’époque, j’avais l’impression d’être un idiot : sans permis, sans argent et contrôlé à table. Mais je dois ma carrière à Maestrelli, il avait raison de faire tout ça. » Des années et des années après la fin de sa carrière, Vincenzo D’Amico sait à qui il doit tout. Encore ado, il est promu en équipe première par Tommaso Maestrelli. Le coach a tout de suite vu le potentiel de ce jeune joueur aux pieds de velours formé à la Lazio. Alors, il veut le préserver, le couver. Il commence par l’empêcher de prendre part aux gangs alors en vigueur à la Lazio. Puis il lui confisque son permis pour l’empêcher de sortir en boîte la nuit. Puis demande à ce que son salaire soit viré sur un compte bien particulier pour lui éviter de faire n’importe quoi de son argent. Puis contrôle tout ce qu’il mange, car Vincenzo a tendance à bouffer n’importe quoi et à grossir. Résultat : D’Amico va devenir le leader de la Lazio de 1973 à 1986. Il connaît tout : le Scudetto, la mort de Maestrelli, le Totonero, la relégation en Serie B, la remontée, la rechute. Quand la Lazio est en D2, c’est lui qui prend ses responsabilités et la ramène en Serie A, avec des prestations de très haut niveau (notamment ce match contre Varese qu’il gagne tout seul avec un triplé). Quand il est envoyé au Torino, car la Lazio est en proie à de grosses difficultés financières, il pète un plomb au bout de quelques mois. « Ou je reviens à la Lazio, ou j’arrête ma carrière. » Il revient et redevient capitaine de l’équipe. Une vraie bandiera, considérée par certains tifosi comme la dernière bandiera laziale. N’en déplaise à Alessandro Nesta.
#7 - Pino Wilson
Lorsque l’on évoque la Lazio 1974, on pense tout de suite à Giorgio Chinaglia, et au regretté Luciano Re Cecconi. Pourtant, le ciment de cette équipe, c’état Pino Wilson. Arrivé de l’Internapoli en 1969, il va s’imposer comme le défenseur central sûr de cette équipe qui, quelques années plus tard, remporte le Scudetto. Ami de longue date de Giorgio Chinaglia (ils avaient joué ensemble à l’Internapoli entre 1967 et 1969), il aurait pu quitter la Lazio après la relégation de 1971. Mais le nouvel entraîneur, Tommaso Maestrelli, lui demande de rester. Et lui remet le brassard de capitaine. Dès lors, Wilson devient l’un des meilleurs défenseurs du championnat italien, et est même convoqué pour le Mondial 74. Il y dispute deux matchs (contre l’Argentine et la Pologne), fait extrêmement rare à une époque où les défenseurs de la Nazionale jouent essentiellement dans les trois grandes équipes du Nord. Capitaine exemplaire, il devient presque l’entraîneur de l’équipe lors des moments noirs (cf les décès de Maestrelli et Re Cecconi) et montre la voie aux jeunes. En 1978, il décide de rejoindre son pote Chinaglia à New York. Il n’y reste qu’un an, et rentre à Rome pour reprendre son brassard. Sa carrière se termine en 1980 après son implication dans le scandale du Totonero et sa suspension de trois ans et demi. Lorsqu’il est amnistié, en 1982, il a 37 ans et aucun club n’ose lui proposer un dernier défi. Pas même la Lazio, qui aurait pourtant bien eu besoin de lui en Serie B.
#6 - Diego Simeone
Il n’a pas fallu attendre de le voir entraîner l’Atlético de Madrid pour comprendre que Diego Simeone est un putain de meneur d’hommes. Il suffit de se remémorer les huit derniers matchs de la saison 1999-2000 pour s’en convaincre. Lors de la 26e journée, la Lazio s’incline 1-0 à Vérone et compte désormais neuf points de retard sur la Juventus, leader. N’importe qui aurait baissé les bras. Mais pas le Cholo. Le milieu de terrain argentin va alors prendre l’équipe sur ses épaules, et va réussir à convaincre tout le monde que l’exploit est encore possible. Ainsi, lors de la 28e journée, lors du choc Juventus-Lazio, c’est lui qui vient placer sa tête à la 66e minute pour permettre aux Romains de s’imposer 1-0 et de revenir à trois longueurs.
Et lors des quatre dernières journées, Simeone est implacable : il ouvre le score contre Piacenza (0-2), Venise (3-2), est décisif contre Bologne (2-3) et inscrit le dernier but de la saison laziale contre la Reggina (3-0). Ce jour-là, grâce à la victoire de Perugia contre la Juventus, la Lazio est sacrée championne d’Italie. Un titre qui aurait été impossible sans l’abnégation du Cholo. Dans les mois qui suivent, il remporte également la Coupe d’Italie (en marquant en finale contre l’Inter) puis la Supercoupe d’Italie (toujours contre l’Inter). Il quitte Rome en 2003, avec le sentiment bien réel d’avoir écrit l’une des plus belles pages de l’histoire du club. Et si un jour, il revenait en tant qu’entraîneur ?
#5 - Silvio Piola
Pendant toute la fin de sa carrière, Francesco Totti a couru après un record : celui du joueur ayant marqué le plus de buts en Serie A. Il a dépassé Altafini et Meazza (216 buts), puis, en 2013, il est passé devant les 225 pions de Nordahl. Devant lui, il n’y avait alors plus qu’un homme. Silvio Piola. Et un nombre : 274. Totti a couru, couru, couru, mais a dû s’arrêter à 250. Piola reste intouchable et, probablement, le restera pour toujours. De ses 274 buts en Serie A (290, même, puisqu’il en a planté 16 lors du championnat d’après-guerre en 1945-1946), Silvio Piola en a inscrit 143 avec la Lazio, ce qui en fait évidemment le meilleur buteur de l’histoire du club. Deux fois meilleur buteur de Serie A avec le club romain (1937, 1943), il en a été le terminal d’attaque pendant neuf saisons, avant que la guerre ne vienne interrompre l’idylle.
Grand, puissant, bon de la tête, Piola a certainement été le meilleur avant-centre au monde dans les années 1930, comme il l’a d’ailleurs prouvé lors de la finale du Mondial 1938. Le seul regret : contrairement à son « jumeau » de l’époque, Giuseppe Meazza (les mêmes cheveux plaqués en arrière), il n’a jamais réussi à faire triompher la Lazio. Avec lui, le club romain a obtenu deux fois la quatrième place de Serie A, une fois la deuxième place, mais jamais le Scudetto. Ce détail qui lui manque pour être, dans le cœur des tifosi, au niveau de la légende Chinaglia.
#4 - Bruno Giordano
Il y a Giordano Bruno, philosophe et écrivain italien du XVIe siècle. Et puis il y a Bruno Giordano, footballeur italien des années 1970-1980. Quatrième meilleur buteur de l’histoire de la Lazio, derrière le trio Piola-Signori-Chinaglia, Giordano a été le joueur emblématique du club laziale de 1975 à 1985. Formé au club, il remporte le championnat Primavera en 1976, et va, à partir de la saison suivante, prendre la relève de Giorgio Chinaglia, parti à New York. En 1979, il devient le troisième joueur de l’histoire de la Lazio, après Piola et Chinaglia, à remporter le titre de meilleur buteur de Serie A. Sa progression est freinée par le scandale Totonero. Il est suspendu 3 ans et six mois, mais heureusement, sa suspension est réduite avant même que le joueur ne soit déclaré innocent. De retour en 1982, alors que la Lazio est en Serie B, il plante but sur but, remporte le classement des buteurs de Serie B et permet à son équipe de remonter en A. Joueur élégant, extrêmement efficace et auteur de buts magnifiques (cf son doublé fou contre la Juve en 1978), il demeure encore aujourd’hui le « bomber » par excellence (en compagnie de Chinaglia) de l’histoire du club, mais aussi l’un des joueurs les plus aimés pour son attachement sans faille au maillot.
Par Éric Maggiori