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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de la Juventus (du 30e au 15e)
De Platini à Gentile en passant par Trezeguet, la Juventus aura vu défiler des champions en tout genre : des esthètes, des leaders nés, des buteurs compulsifs, des porteurs d'eau et même quelques salopards, qui ne rechignent pas à faire le sale boulot. Autant d'hommes qui ont écrit l'histoire de la Vieille Dame, si belle et si terrible à la fois.
#30 - Alessio Tacchinardi
Onze saisons passées à Turin. Cinq Scudetti (+ un révoqué), une Coupe d’Italie, quatre Supercoupes, une Ligue des champions, une Coupe intercontinentale, une Supercoupe d’Europe. À la Juve, le grand Alessio s’est construit un joli palmarès. Mais pas seulement. Fidèle parmi les fidèles, il a été, tour à tour, la sentinelle du milieu de terrain de ses coachs successifs : Lippi, Ancelotti et Capello. Lippi l’a également testé pendant trois ans en tant que défenseur central, avant de le remonter au milieu. De Tacchinardi, les supporters turinois se souviennent également de ses frappes monstrueuses. Une puissance de tir qui lui a permis de marquer quelques-uns des plus beaux buts des années 90, comme ce missile contre Parme en 1999, ou encore ces deux pétards à l’aller comme au retour face à Bâle en 2003.
#29 - Virginio Rosetta
Arrière droit doté d’un coup de patte velouté et facile techniquement, Virginio Rosetta était du genre à s’autoriser quelques excentricités. « Il faisait en une touche ce que d’autres arrières latéraux faisaient en deux ou trois » , se souvenait son ex-coéquipier Mario Varglien. « Mais je me rappelle d’un match à Budapest contre le Ferencváros où nous gagnons 3-0 à la mi-temps. Rosetta vient me voir pour me dire : « Mario, on devrait se reposer un peu, sinon personne n’ira nous voir pour le match retour à Turin »… Résultat, on a fait 3-3 et on a lutté pour l’emporter à domicile. » Dans le même ordre d’idées, Rosetta était aussi connu pour ses passes en retrait à l’aveugle pour son gardien, Giampiero Combi. « C’était un grand joueur, mais il se piégeait parfois tout seul lors de matchs faciles. » Ce qui n’empêchera pas Virginio d’assumer le capitanat de la grande Juve du quinquennat d’or, qui enquille cinq Scudetti de suite au début des années 1930.
#28 - Angelo Peruzzi
Une gueule carrée, des épaules de lutteur et 181 centimètres de muscles. Physiquement, Angelo Peruzzi est un cas à part. Une boule d’explosivité, prête à abandonner sa tranquillité de façade pour bondir sur les tentatives adverses. Le portier italien atteint le sommet de sa gloire en finale de la Ligue des champions 1996, où il détourne les tirs au but de Davids et Silooy, permettant ainsi aux Bianconeri de remporter la seconde C1 de leur histoire. Sa façon à lui de remercier pour l’éternité la Juve, le club qui lui a offert « une chance de salut » alors qu’il sortait d’un an de suspension pour dopage en 1990. Mais le vrai fil rouge de sa carrière restera Marcello Lippi, qu’il suit à l’Inter en 1999, quand ce dernier décide de quitter le Piémont pour Milan. Il accompagnera aussi l’ex-mister juventino lors de la Coupe du monde 2006. Là, il jouera les doublures de Gianluigi Buffon, qui s’inspirera de Peruzzi pour devenir le nouveau gardien du temple incontesté de la Juventus.
#27 - Paolo Rossi
Paolo Rossi, c’est l’histoire d’un destin. Le destin d’un joueur dont la carrière aurait pu s’arrêter en 1980, lorsqu’il est suspendu deux ans dans l’affaire du Totonero. Dégoûté, Paolo pense alors arrêter le football une bonne fois pour toutes. On se serait alors juste souvenu d’un buteur exceptionnel pendant trois saisons avec Vicenza, et c’est tout. Heureusement, la Juventus a cru en lui et a su lui redonner foi. Le club bianconero le fait venir malgré sa longue suspension, qui prend fin en avril 1982. Juste le temps pour Rossi de disputer trois matchs, d’inscrire un but et de gagner le Scudetto. Dans la foulée, et à la surprise générale, il est convoqué pour le Mondial 82 par Bearzot. La suite, on la connaît : six buts marqués en Espagne, une Coupe du monde soulevée et un Ballon d’or remporté quelques mois plus tard. Les trois années suivantes, maillot blanc et noir sur les épaules, ne seront évidemment jamais à la hauteur de cette année 1982, mais Rossi y conquiert tout de même une C3 et une C1, en plus d’un autre Scudetto. Un palmarès plutôt coquet, pour un joueur qui aurait pu ne vanter qu’un championnat de Serie B glané avec Vicenza, s’il avait véritablement raccroché les crampons en 1980.
#26 - Giorgio Chiellini
Sublime salopard pour les uns, génie du vice et mal nécessaire pour les autres, Giorgio Chiellini est sans doute un peu de tout ça à la fois. Gargouille inépuisable, Go Go Gorilla veille sur la défense turinoise depuis douze longues années, après avoir acquis ses galons de titulaire avec la Vieille Dame en Serie B. Et s’inscrit dans la plus pure tradition des grands stoppeurs juventini, de Claudio Gentile à Paolo Montero, prêts à tout ou presque pour garder leur cage inviolée. Quitte à jouer des coudes, avec un masque de protection sur la tronche ou même à dégager le ballon de la main, comme en quart de finale de Ligue des champions face à Monaco lors de l’exercice 2014-2015. Tant pis pour les esthètes. Ceux qui savent que le football de haut niveau est aussi une affaire d’ingéniosité et de ruse apprécieront. Les résultats de la méthode Giorgio parlent d’ailleurs d’eux-mêmes : six scudetti et deux finales de C1. Et ce n’est pas fini.
#25 - Carlo Parola
L’incarnation de l’esprit Juventus. Piémontais de naissance, ouvrier de la FIAT pendant les années 1930, il pense un temps se consacrer à une carrière de cycliste. Mais il évolue aussi avec l’équipe de foot de l’entreprise automobile et tape dans l’œil des recruteurs de la Vieille Dame. En quelques mois, sa vie change du tout au tout : « Je ramenais à la maison 18 lires par mois… Essayez d’imaginer la réaction de ma mère quand je lui ai dit que, dorénavant, j’en toucherais 750 ! Elle m’a regardé en me demandant si tout cela était bien réel. » Tout est bien vrai pourtant, et Parola se révèle sous le maillot de la Juve, où ses talents de défenseur lui permettent de rester un point de référence de l’équipe première de 1939 à 1954. Il y glane le surnom qui contribuera à construire sa légende, « Signor Rovesciata » (Monsieur bicyclette), puisqu’il fait partie des joueurs qui ont popularisé ce geste technique en Italie. D’ailleurs, si vous vous demandiez, c’est lui qui est en photo depuis des décennies sur les pochettes Panini.
#24 - Antonio Conte
L’histoire d’Antonio Conte avec la Juventus est celle d’un homme à la fois comblé et frustré. Joueur tactique par excellence, son abattage sur le pré et sa lecture du jeu font le bonheur de ses entraîneurs. Mais Antonio se heurte aux limitations d’un corps fragile, qui l’éloigne à plusieurs reprises des terrains. Y compris au nirvana de sa carrière, quand le natif de Lecce sort sur blessure en finale de la Ligue des champions 1996 pour être remplacé par Vladimir Jugović. Ceci ne l’empêchera pas de se construire un palmarès pharaonique dans le Piémont, où son charisme et son autorité naturelle lui permettent de porter pendant cinq saisons le brassard de capitaine. Comme entraîneur, ces qualités lui permettront de ramener la Vieille Dame au sommet du championnat italien. Même si, là encore, ses moments de gloire resteront teintés d’une pointe d’amertume, quand il voit ses hommes irrémédiablement échouer en C1. Mi-juillet 2014, Conte démissionne, estimant que la Juve ne se donne pas les moyens de ses ambitions pour conquérir l’Europe : « Vous ne pouvez pas manger dans un restaurant de luxe avec seulement 10 euros en poche. » Massimiliano Allegri et la direction bianconera lui donneront pourtant tort, en atteignant la finale de la C1 en 2015 et 2017.
#23 - Fabrizio Ravanelli
Quatre saisons, dont seulement trois comme titulaire, et puis s’en va. Mais quelles saisons ! Débarqué à la Juve en 1992, Fabrizio Ravanelli remporte dès sa première année sous le maillot bianconero la Coupe UEFA face au Borussia Dortmund. Avant de former un quatuor d’esthètes composé de Roberto Baggio, Gianluca Vialli et Alessandro Del Piero. Mais Fabrizio entre définitivement dans la légende bianconera en ouvrant le score face à l’Ajax lors de la finale de la Ligue des champions 1996. Penna Bianca profite d’une sortie foireuse d’Edwin van der Sar pour placer un coup de patte millimétré dans un angle réduit. Paradoxalement, cette réalisation signe aussi la fin de son épopée en noir et blanc, la Vieille Dame préférant miser sur de nouveaux talents offensifs, comme Zinédine Zidane et Christian Vieri. Fabrizio rebondira tout de même en Angleterre, du côté de Middlesbrough, puis à Marseille, où il continue d’envoyer un bon paquet de frappes enroulées en lucarne. Et de faire parler ses talents d’acteur studio.
#22 - Gianluca Vialli
Au début des années 90, Gianluca Vialli est un homme heureux. Rien ne semble pouvoir lui résister tant qu’il est vêtu du maillot de son club de cœur, la Samp, avec laquelle il a déjà remporté le Scudetto et la C2. Mais il échoue en finale de la C1 face à Barcelone. Un acte manqué pour le Re Leone, qui prendra sa revanche sur le destin sous les couleurs bianconere. Footballeur total, aussi à l’aise dans la construction que dans la finition et leader naturel, l’ancien de la Samp hérite du capitanat le temps d’une année, après le départ de Roberto Baggio du Piémont en 1995. Une saison mémorable, où les Juventini remportent la seconde C1 de leur histoire. Pourtant, sa rupture avec la Vieille Dame sera brutale. Ruud Gullit, devenu entraîneur-joueur de Chelsea, lui fait la cour et Vialli ne cache pas son enthousiasme devant le projet londonien. Ce qui lui vaut d’être placardisé du onze type, avant de s’envoler pour l’Angleterre. Où il écrira le dernier chapitre de sa légende.
#21 - Ciro Ferrara
Enfant chéri de Naples, avec lequel il a remporté deux titres de champion et une C3, Ciro Ferrara découvre la Juventus et le Piémont lors de l’été 1994 : « Naples vit du football, alors que Turin est plus froid, même dans la façon de fêter les succès. Ici, le résultat est une obligation… C’est le seul reproche que j’ai à faire à cette ville : même si vous êtes habitué à gagner, il faut célébrer vos victoires comme il se doit. » Des victoires, Ciro va en amasser à la pelle sous le maillot bianconero : cinq championnats, une Coupe d’Italie et surtout une Ligue des champions en 1996, où il tient les rênes de la défense de la Juve aux côtés de Pietro Vierchowod. Sept ans plus tard, en 2003, c’est encore lui qui est aligné dans l’axe central avec Igor Tudor en finale de C1 face à l’AC Milan. Ciro a alors 36 ans. Il ne connaîtra cependant pas le même succès en tant qu’entraîneur, puisqu’il échoue à la tête de la Juve lors de l’exercice 2009-2010 et est rapidement remplacé par Alberto Zaccheroni.
#20 - Giuseppe Furino
De tous les milieux besogneux, enclins au sacrifice et au travail de l’ombre qu’a connus la Juventus, il est peut-être le plus emblématique. Petit, techniquement quelconque, c’est la rage de vaincre et le parfait esprit de groupe de Giuseppe Furino qui impressionnent d’emblée le président de la Juve, Giampiero Boniperti : « Tous les joueurs de la Juve devraient mettre autant de cœur à jouer que lui. » Une exemplarité sans faille, qui vaut à Furino d’assurer pendant huit longues années le capitanat des Bianconeri, de 1976 à 1984. Mais il refuse obstinément d’être considéré comme la bandiera du club turinois, lui, le besogneux qui s’est donné pour tâche de servir ses fuoriclasse : « Capitaine, oui, bandiera, non. Je ne suis pas du genre à vouloir monter sur un piédestal. Je préfère aller au charbon, avec les autres… parce que je m’exprime comme eux et que je me sens comme eux. » Une humilité sincère, qui ne l’empêche pas de se construire un palmarès de géant : Furino remporte ainsi huit championnats d’Italie avec la Vieille Dame, un record absolu au sein du club piémontais, qu’il partage depuis dimanche dernier avec le seul Gianluigi Buffon.
#19 - Zbigniew Boniek
Lors d’une tournée à New York, l’Avvocato Agnelli et certains joueurs de la Juventus rencontrent l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger. Amoureux transi de Platini, le dirigeant de la Juve commence par présenter à l’homme politique américain son meneur de jeu français en ces termes : « Voici, Il « bello di giorno » » (la belle de jour, ndlr). Puis il se tourne vers Zbigniew Boniek et ajoute : « Et voici « Il bello di notte » » (la belle de nuit). Un surnom en référence aux exploits répétés du Polonais lors des soirées européennes. Splendeur nocturne, Boniek conduit la Vieille Dame à remporter la C2 et surtout la première C1 de son histoire. Attaquant altruiste et racé, il n’hésite pas à mettre ses courses incessantes et sa qualité de passe au service de Michel Platini, qui termine à trois reprises capocannoniere pendant les trois saisons où il évolue aux côtés du Polonais. Si bien que, lorsque le départ de ce dernier pour la Roma est acté en 1985, le Français déclare : « Le prochain meilleur buteur du championnat évoluera dans la future équipe de Boniek. » Le Roi Michel ne s’y trompe pas : avec Boniek à ses côtés, c’est bien le Romanista Roberto Pruzzo qui termine meilleur buteur de Serie A lors de la saison 1985-1986.
#18 - Antonio Cabrini
Le talent et la grâce. Rapide, technique, explosif, capable de multiplier les allers-retours sur son aile, Antonio Cabrini est purement et simplement considéré comme le meilleur arrière gauche de l’histoire de la Juventus. Un style de jeu moderne couplé à une gueule d’Apollon, qui lui valent rapidement de se faire surnommer le « Fidanzato d’Italia » (le fiancé de l’Italie, ndlr). Cabrini, c’est l’élégance et le style, sur comme en dehors du pré : le wonderkid ne fume pas, ne boit pas, lit Hemingway, écoute Bob Dylan, et « rêve de tourner dans un film réalisé par Ingmar Bergman » . À défaut de percer dans le septième art, Antonio survolera les années 1980 avec la Vieille Dame, intégrant le cercle très fermé des neufs joueurs ayant remporté l’ensemble des trophées UEFA.
#17 - Franco Causio
À l’image des ouvriers du sud de l’Italie que la FIAT faisait venir à Turin pour faire tourner ses gigantesques usines, Franco Causio est un gamin du Mezzogiorno qui quitte à 16 ans Lecce, sa ville natale, pour tenter sa chance à Turin. Après deux saisons non concluantes, il s’endurcit en prêt à la Reggina, puis à Palerme pour revenir dans le Piémont en 1970. Suivent onze années de gloire, où il glane six scudetti et une Coupe UEFA avec les Bianconeri. Une époque dorée, où cet ailier fantasque marque à jamais les tifosi grâce à sa technique ciselée et ses dribbles affolants. Une gestuelle élégante, dans la lignée des magiciens sud-américains, qui lui vaut de se faire surnommer « Il barone » (le baron, ndlr), ou encore « Brazil » . Histoire de ne pas faire mentir sa réputation, Causio quittera finalement la Juve en 1981 pour l’Udinese, où il évoluera au côté du plus illustre des footballeurs brésiliens de son temps, Zico.
#16 - David Trezeguet
À sa manière, David Trezeguet aura personnifié l’ambivalence et la complexité de l’esprit Juventus. À savoir le mélange d’une obsession de la gagne à tout prix, qui requiert une approche froide et calculatrice, et celle d’une passion incandescente et intemporelle. Sur le terrain, le Français est un pur animal du but, prédateur à sang-froid qui mesure chacun de ses mouvements et ceux de ses adversaires. Ses courses sont mesurées, ses passes et déviations sciemment étudiées, sa gestuelle constamment épurée. « Il se dégage une beauté plastique de ses gestes. C’est un vrai personnage sur le terrain » soulevait Dino Zoff en 2008. Le Roi David ne se révèle vraiment que lorsqu’il est servi dans son jardin d’Eden : la surface de réparation. Là, du droit, du gauche, de la tête, de la hanche, du cul, Trezegol frappe. Et explose de bonheur à chacun de ses pions, avec la joie et la spontanéité d’un gosse qui marque un but dans la cour de récré. Un rituel que le Français répète 171 fois sous le maillot bianconero. De quoi lui permettre de devenir le meilleur buteur étranger de l’histoire de la Juventus. À son départ du Piémont, Alessandro Del Piero saluera celui avec qui il a formé « le duo d’attaque qui a le plus inscrit de buts dans l’histoire de la Juventus, plus que Charles et Sivori, deux immenses champions. » Légendaire, tout simplement.
#15 - Claudio Gentile
« J’ai grandi en Libye, où j’ai eu ma première expérience de football ; nous jouions dans la rue et c’est là que je me suis endurci : là-bas, il fallait frapper la balle, mais surtout regarder en arrière, pour éviter les coups de pied à venir. » L’existence de Claudio Gentile l’a prédestiné à devenir un dur, un vrai. De retour en Italie, le gamin de Tripoli grandit pour devenir un défenseur intraitable, qui incarne à lui seul l’art du marquage à la culotte. À la Juve, Gentile met ainsi à profit sa rage de vaincre et sa science du duel pour remporter tous les trophées majeurs nationaux et internationaux, exception faite de la C1. Mais son chef-d’œuvre restera sans doute le Mondial 1982 disputé avec la Nazionale, où il réserve un traitement survitaminé à Maradona et Zico. De quoi écœurer Mario Kempes : « Si vous allez aux toilettes, Gentile vous y suivra. » À la fin du match opposant l’Italie à l’Argentine, Claudio se contentera, lui, de déclarer que « le football, ce n’est pas pour les danseuses » . Implacable jusqu’au bout.
Par Adrien Candau et Éric Maggiori