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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de la Juventus (du 14e au 7e)
De Platini à Gentile en passant par Trezeguet, la Juventus aura vu défiler des champions en tout genre : des esthètes, des leaders nés, des buteurs compulsifs, des porteurs d'eau et même quelques salopards, qui ne rechignent pas à faire le sale boulot. Autant d'hommes qui ont écrit l'histoire de la Vieille Dame, si belle et si terrible à la fois.
#14 - Didier Deschamps
« L’Italie a cette culture de la gagne. Les joueurs baignent dedans au quotidien… À la Juve, j’ai découvert une volonté de combattre inimitable : chaque fois qu’on portait ce maillot, on ressentait la nécessité de surpasser nos adversaires. » Si Didier Deschamps fait partie de cette race de joueurs qui semblent « nés pour gagner » , nul autre club que la Juventus ne pouvait autant épouser ses ambitions et son état d’esprit. Dans le Piémont, le Français évolue aux côtés de milieux de terrain avec qui il partage une haine viscérale de la défaite et un sens inné du sacrifice, d’Antonio Conte à Angelo Di Livio en passant par Edgar Davids. Et atteint les sommets de sa carrière de joueur en remportant trois scudetti et une C1 en 1996, une compétition dont il atteint la finale à deux reprises en 1997 et 1998. Devenu entraîneur, il n’hésitera pas à aller sortir la Vieille Dame de l’enfer de la Serie B, en prenant la tête du club le temps d’une saison : « J’ai accepté d’entraîner la Juve alors que je ne savais pas si elle allait évoluer en Serie B voire C. On parlait de pénalités de points de -18, voire -30… Mais c’était ma façon à moi de redonner à ce club les cinq années que j’ai vécues à Turin comme joueur. En faisant remonter le club en Serie A, je pense que j’ai payé ma dette. » Le sens du devoir, encore et toujours. AC
#13 - Marco Tardelli
Marco Tardelli est un homme de finales. Sous le maillot de la Nazionale, il reste célèbre pour avoir été l’auteur de l’une des célébrations de but les plus extatiques de l’histoire du football, en finale du Mondial 1982. Avec la Juve, ce milieu défensif intraitable au marquage, mais aussi au-dessus du lot techniquement – il était quasiment ambidextre – marque seulement trois ans après son arrivée dans le Piémont l’histoire du club bianconero. Il inscrit le seul but de la finale aller de la C3 1977 face à l’Athletic Bilbao, but qui permet à la Juve de remporter le premier trophée européen de son histoire. Marco, qui est devenu l’un des chouchous du Mister juventino, Giovanni Trapattoni, ne s’arrêtera pas en si bon chemin : avec lui devant la défense, la Juve dévore tout sur son passage, remportant notamment cinq scudetti et une C2. Et bien sûr une C1 en 1985, à la suite de laquelle il décide d’achever sa carrière de joueur. Une dernière victoire que Tardelli, dans un ultime geste d’élégance, ne revendiquera pas : « Il nous était impossible de refuser de jouer la finale au Heysel… Mais je n’ai jamais considéré la Champions de Bruxelles comme une victoire. Ça a été une défaite pour tout le monde du football et même au-delà. » AC
#12 - John Charles
En 1957, la Juve fait venir de Leeds un avant-centre pas comme les autres. Il est immense, massif et sa silhouette colossale aurait pu lui permettre d’imposer brutalement sa domination sur ses adversaires. Mais ce n’était pas le genre de John Charles. Maître dans le domaine aérien et finisseur adroit, il préfère recevoir les coups plutôt que les donner. Avec le flegme et l’élégance d’un gentleman britannique, le Gallois est du genre à relever les joueurs qu’il bouscule à la suite de ses puissants déboulés dans l’axe, puis à s’excuser auprès d’eux. Du jamais-vu à Turin, où les tifosi de la Juve comme ses équipiers lui vouent un respect et une dévotion totale. D’autant plus que, sur le pré, Charles remporte trois scudetti et forme avec Giampiero Boniperti et Omar Sivori une ligne d’attaque emblématique, le « trio magico » . Sivori, avec qui Charles entretient une complicité instinctive sur comme en dehors des terrains, rendra d’ailleurs à Charles un vibrant hommage : « J’aimerais bien que tout le monde comprenne que, pour moi, John compte encore plus que tous les autres. Vous ne trouverez pas d’homme plus honnête que lui. Avant de le voir comme un footballeur, je l’admire en tant qu’être humain. » AC
#11 - Zinédine Zidane
En 1996, à Turin, Zinédine devient Zidane. Définitivement. Malgré des débuts difficiles dans le Piémont, ZZ se décoince pour imprimer sa patte, indélébile, sur le jeu bianconero. Un but du gauche sensationnel contre l’Inter, son premier en Serie A, achève de décomplexer l’ex-Bordelais. Et la Juve et son numéro 21 accordent leur violons pour vivre deux premières saisons qui frôlent la perfection. Deux scudetti de rang, deux finales de Ligue des champions consécutives. Et un Zidane stratosphérique en demi-finale de C1 face à l’Ajax en 1997, où il désintègre à lui seul la défense hollandaise, délivrant deux passes décisives et marquant un but lors du match retour, que la Juve remporte 4-1. Une rencontre que le Z considère encore aujourd’hui « comme sa prestation la plus aboutie avec la Juventus » . Seule frustration, Zinédine restera doublement impuissant en finale de Ligue des champions, où la Juve s’incline successivement face à Dortmund et au Real Madrid. Madrid, où il sera transféré pour enfin conquérir l’Europe des clubs, après trois saisons supplémentaires pendant lesquelles il a continué de régaler les mirettes des tifosi, bien que sans nouveau titre majeur à la clef. Son transfert faramineux de 77 millions d’euros permettra à la Vieille Dame de se payer Gianluigi Buffon, Pavel Nedvěd et Lilian Thuram. Comme quoi, une légende peut en cacher trois autres. AC
#10 - Roberto Bettega
« La Juventus a été l’une de mes raisons de vivre. J’aime cette équipe, ce club et ces couleurs. » Pur produit du centre de formation de la Juve, Roberto Bettega voit la vie en noir et blanc depuis tout gamin. Alors il surmontera la tuberculose et une liste sans fin de blessures, notamment au genou, pour s’imposer comme l’attaquant phare de la Vieille Dame dans les années 70. Athlétique, très adroit des deux pieds, doté d’un jeu de tête superlatif, il marque 179 pions sous le maillot bianconero, sous lequel il remporte sept scudetti et une C3. Son seul grand regret avec la Vieille Dame aura été de perdre la finale de la Ligue des champions 1983 face à Hambourg, à la suite de laquelle il met fin à sa carrière de joueur : « Si j’avais la chance de revivre un seul événement dans ma carrière, ce serait de revenir à cette maudite soirée de mai, afin de réécrire cette finale face aux Allemands. » Son histoire avec les Bianconeri ne prend cependant pas fin ce soir-là, puisqu’il intégrera la direction de la Juve pendant de nombreuses années, de 1994 à 2010. AC
#9 - Roberto Baggio
Étrangeté : le plus grand joueur italien de l’histoire n’est pas le plus grand joueur de l’histoire de la Juventus. Arrivé à Turin en 1990 et reparti cinq années plus tard, en 1995, Roberto Baggio n’aura, au pied des Alpes, jamais vraiment réussi à devenir l’héritier de Platini qu’il était censé être. La faute à de multiples choses. Le poids du scandale, pour démarrer. Débarqué de la Fiorentina avec l’étiquette du traître – son passage de Florence à Turin vira à l’émeute urbaine en Toscane –, Baggio a toujours refusé de l’endosser : c’est ainsi qu’il refusa de tirer un penalty contre son ancien club dans un match que la Juventus finit par perdre. Pas vraiment le genre de choses qu’on aime à Turin, où la raison d’État est censée passer avant les affaires de cœur.
Quoi d’autre ? Un positionnement bizarre. Pas assez buteur, pas assez passeur, pas assez numéro 9, pas assez numéro 10 : neuf et demi, comme le surnomma un jour Platini, sans doute pour le rabaisser. Et puis, le sens de l’époque. Joueur fragile parvenu au sommet à un moment de l’histoire où le football avait choisi de se muscler pour toujours, Baggio fut plus ou moins placardisé par son entraîneur, Marcello Lippi. Un échec total, alors ? Pas vraiment non plus. À Turin, Roberto Baggio eut le temps de sculpter des buts venus d’ailleurs, de remporter un championnat, un Ballon d’or, et de gagner une Coupe de l’UEFA plus ou moins à lui tout seul. Avant de partir continuer à écrire sa légende de son côté. Baggio à la Juventus, vraiment une étrangeté : peut-être le seul moment de l’histoire de ce club où un joueur fut plus grand que l’institution. SR
#8 - Omar Sivori
Un démon du dribble et du but. Débarquée à Turin en 1957, la tornade Omar Sivori souffle tout sur son passage. L’Argentin, bientôt naturalisé italien, n’est pas seulement un avant-centre surdoué. Sivori, c’est le spectacle, la fantaisie et l’étincelle de génie qui peut changer à elle seule le cours d’un match. Dribbleur hors pair, excessivement vif et rapide, doté d’un pied gauche qui lui permet de mettre la balle à peu près où il veut, l’ancien de River Plate forme avec le Gallois John Charles et l’Italien Giampiero Boniperti le fameux trio magico, qui permet à la Juve de remporter trois scudetti entre 1957 et 1961. Ses performances exceptionnelles vaudront même à l’Italo-Argentin de devenir le premier joueur de l’histoire de la Juve à remporter le Ballon d’or en 1961. Son caractère volcanique achèvera d’ancrer son mythe dans le Piémont : truqueur, râleur, chambreur, Sivori provoque les arbitres, les joueurs et les tifosi adverses. Lors d’un match face à la Sampdoria, il élimine le gardien, attend sur la ligne de but le retour désespéré d’un défenseur, puis finit par marquer dans le but vide. Marcello Lippi dira ainsi avoir « été choqué par la malice et la rouerie » du feu follet de la Juve. Sivori, où comment conjuguer le génie et le vice. AC
#7 - Pavel Nedvěd
Pavel Nedvěd est l’un de ces rares joueurs qui peut aisément camper le top 10 des meilleurs joueurs de l’histoire de trois clubs : le Sparta Prague, la Lazio et la Juve. Découvert à Prague, le Tchèque a littéralement explosé à la Lazio, où il a tout gagné, dont un Scudetto au nez et à la barbe de la Juventus (2000). Mais en 2001, le club romain est en proie à de sérieux problèmes financiers et doit commencer à céder ses pépites. La vague de départs débute par celui de Nedvěd, qui rejoint la Juventus pour 36 millions d’euros. À Turin, le blond doit remplacer poste pour poste Zinédine Zidane, parti au Real. Mais les premiers mois à Turin sont très difficiles, à tel point que l’on commence à parler d’un « problème Nedvěd » . Lippi décide de le repositionner plus haut, juste derrière le duo d’attaque Del Piero-Trezeguet. C’est la révélation.
Nedvěd se sent enfin à sa place, et commence à marquer des buts. Son influence dans le jeu turinois est capitale. Il en sera le pilier pendant huit saisons. Son match le plus fou reste probablement la demi-finale de Ligue des champions 2003 face au Real Madrid. Il inscrit d’une magistrale volée le troisième but des siens, celui qui envoie définitivement la Juve en finale. Mais quelques minutes plus tard, il reçoit un carton jaune stupide qui le prive de finale. Il sortira du terrain en larmes, et assistera impuissant à la défaite en finale de son équipe, aux tirs au but. Il se consolera en fin d’année avec le Ballon d’or, le deuxième remporté par un joueur tchèque après Josef Masopust en 1962. Il fait aujourd’hui partie de l’état major de la Juve. EM
Par Adrien Candau, Éric Maggiori et Stéphane Régy