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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de la Juventus (2e)

Par Stéphane Régy

De Platini à Gentile en passant par Trezeguet, la Juventus aura vu défiler des champions en tout genre : des esthètes, des leaders nés, des buteurs compulsifs, des porteurs d'eau et même quelques salopards, qui ne rechignent pas à faire le sale boulot. Autant d'hommes qui ont écrit l'histoire de la Vieille Dame, si belle et si terrible à la fois.

#2 - Michel Platini

L’histoire est connue, mais ce n’est pas une raison pour ne pas la raconter une fois de plus. Lorsque Michel Platini est présenté à la presse à son arrivée à Turin à l’été 1982, une main se lève dans l’assemblée. C’est un journaliste : « Michel, une question simple : quel est pour vous le score parfait d’un match de football ? » Platini : « Disons, 3-3. Parce que ce serait le signe d’un match spectaculaire et serré.  » Silence dans la salle. Le journaliste : « Non, Michel, non. Le score parfait, c’est 0-0. Parce que cela signifie que personne n’a fait d’erreur. » Ainsi prévenu, Michel Platini avait le choix : soit il regrettait d’avoir opté pour l’Italie et son football cynique alors que l’Angleterre lui faisait également les yeux doux, et il prenait son mal en patience ; soit il décidait de ne faire aucune erreur. Tout du long de sa carrière à la Juventus, qui débuta le 18 août 1982 sous le soleil d’un Juventus-Catane et se termina sous la pluie le 17 mai 1987 à la quatre-vingt-dixième minute du match Juventus-Brescia, Michel Platini choisit de ne faire aucune erreur. Et c’est ainsi que d’une jeune star prometteuse, fils d’immigré italien revenu au pays pour tenter d’exister au milieu d’une meute de champions du monde – des types sacrés avec l’Italie en Espagne en 1982 à quasiment chaque poste –, Michel devint à Turin l’égal, comme il le reconnut plus tard dans les colonnes de So Foot, «  de Louis XIV » : le roi Michel.

Qu’est-ce que veut dire « ne faire aucune erreur » quand on joue à la Juventus ? D’abord, être bon. Très bon. Puisque le football italien aime l’efficacité, alors il faut marquer. Michel Platini finit trois fois de suite, en 1983, 1984 et 1985, meilleur buteur d’un championnat italien qui concentrait alors les plus grands attaquants de la planète, sans jouer au poste d’avant-centre. Il marqua du droit, du gauche, de la tête, de loin, de près, sur action de jeu, sur coup de pied arrêté. Des buts moches et des buts beaux, qu’il est désormais possible de voir à loisir sur Internet. Et peut-être même le plus beau d’entre tous, en finale de Coupe intercontinentale, le 8 décembre 1985. Mais celui-ci était sans doute tellement beau que l’arbitre préféra le refuser.

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Puisque le football italien l’avait acheté pour son raffinement et son talent d’organisateur, Michel Platini se fit une autre spécialité : nettoyer le jeu, et faire des passes de n’importe où, mais toujours vers le Polonais Boniek, qui, miraculeusement débarrassé de tout adversaire, se chargeait ensuite de gagner son face-à-face avec le gardien adverse. Le fait d’être le meilleur dans ces deux rôles fit de lui ce joueur souverain que toute l’équipe se déclara prête à servir sans arrière-pensée. Massimo Bonini, ancien milieu de terrain défensif de l’époque : « À la Juventus, à la fin de chaque match, je prenais deux douches. La mienne, et celle de Michel. » Ainsi mis à l’abri de l’effort, le Roi Michel put régner sur le monde : trois Ballons d’or consécutifs, en 1983, 1984, 1985.

Et puis, bien sûr, il y avait tout ce qui se passait hors du terrain. L’histoire, par exemple. C’est un autre Français, David Trezeguet, qui l’a le mieux théorisé : « Dans le football, le passé est très important. À la Juventus, il est le plus important.  » Ce qui ne veut pas dire qu’il faut se complaire dans une image figée, mais qu’il y a des règles à suivre. Si l’Avvocato Agnelli souhaitait vous appeler à 6h du matin pour une petite conversation de début de journée comme il aimait à le faire avec ses meilleurs joueurs, alors il fallait être debout à 6h. Michel Platini décrocha toujours son téléphone. Comme il comprit qu’on ne peut pas devenir un mythe de la Juventus si l’on ne se pose pas, à un moment donné, la question du style – enfin, du « stile  » , pas juste une histoire de look, même si l’allure est importante, et Michel Platini, maillot sorti, chaussettes baissées et buste droit, n’en manqua jamais – comme une question d’aborder le football, avec ce mélange d’humilité – il faut respecter les travailleurs de la FIAT – et de supériorité – c’est la Juventus. Platini fut ce joueur capable de parler aux ouvriers comme aux patrons. Pour le reste, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Platini à la Juventus ? «  J’ai joué à Nancy car c’est le club de ma ville, à Saint-Étienne car c’est le meilleur club de France, et à la Juventus car c’est le meilleur club du monde. »

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