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Les 5 couacs de Benítez au Real
D’abord encensé par la nébuleuse madridista, Rafa Benítez se retrouve, après sa première défaite de la saison, sur le banc des accusés. Une situation paradoxale à quelques jours du Clásico que racontent ses cinq couacs depuis son arrivée sous la guérite du Bernabéu.
La gestion du cas Cristiano Ronaldo
Le spleen de Cristiano Ronaldo sous la liquette merengue commence à inquiéter du côté de la Castellana. Plus que ses « seuls » huit pions en Liga ou son taux de réussite face aux cages en baisse, le Portugais émeut le Madridismo par des phrases distillées au compte-gouttes. Pêle-mêle, ses déclarations à Kicker ou BT Sport, ainsi que ses susurrements aux oreilles de Laurent Blanc et Nasser Al-Khelaïfi indiquent un potentiel départ du Santiago Bernabéu. D’autant plus que sa relation avec Rafa Benítez est tout sauf idyllique. Depuis son intronisation, l’entraîneur madridista ne cesse d’entretenir le flou quant à l’importance de CR7 dans son système. Pis, il ne se range jamais du côté du Ballon d’Or à l’heure d’évoquer le meilleur joueur du monde. Un avis respectable qui se répercute dans ses choix tactiques. Ainsi, depuis le début de saison, les seuls faits de gloire du Portugais – son quintuplé face à l’Espanyol – coïncident avec un positionnement sur le flan gauche. Mais, plus souvent aligné en pointe, il n’arrive à se mettre en condition idoine ni à régler la mire. De quoi lui faire envisager un départ estival…
Des joueurs muselés, une créativité abandonnée
Durant l’ère Ancelotti, le Real Madrid se caractérise par une certaine folie offensive. Avec un onze résolument tourné vers le jeu et le spectacle, l’Italien se met illico le Santiago Bernabéu dans la poche ainsi que son vestiaire. Son effectif, peuplé de stars aux ego prononcés, se divise alors en différentes catégories, à l’instar d’un parlement. Parmi celle des « ministres » , comme la surnomme la presse madrilène, se trouvent Cristiano Ronaldo, Sergio Ramos et Luka Modrić. Trois piliers du vestiaire, également porte-parole du groupe merengue, qui, depuis le limogeage d’Ancelotti, retrouvent un statut de simple écolier. Rafa Benítez, aux méthodes et relations bien plus universitaires qu’amicales, préfère pour sa part s’atteler à créer un bloc homogène où chaque individualité se met au service du collectif. Un vœu pieu : relégués au rang d’élèves, les poids lourds du vestiaire se murent, un temps, dans le silence avant de se rebiffer – en atteste l’apathie générale des Madridistas sur la pelouse du Sánchez-Pizjuán. Car à vouloir tout contrôler, Benítez en oublie les qualités créatives de ses ouailles. Des ouailles qui, muselées, pourraient même le lâcher.
L’ombre du soldat Kroos
D’abord cantonné à un rôle de second couteau, puis envoyé s’aguerrir à Porto, Casemiro, de retour au bercail de Chamartin depuis cet été, est le coup de cœur de Rafa Benítez. Dur au mal, adepte du sacrifice, et travailleur infatigable, le Brésilien se veut en Busquets merengue. Une prise de pouvoir qui, par ricochet, oblige Toni Kroos à avancer d’un cran dans le schéma tactique blanc. Recruté en tant que remplaçant de Xabi Alonso, le champion du monde allemand peine à retrouver son niveau. La rencontre du Parc des Princes mise à part, il semble même perdu sur le pré. Une demi-surprise illustrée par ses nombreux changements de poste depuis le début de saison. Un temps pendant intérieur de Modrić, un temps double pivot, un temps seul milieu axial, il est baladé au gré des changements tactiques de Benítez. Sans continuité, le Kroos de la Mannschaft ou des millésimes Ancelotti est aux abonnés absents. Dur, surtout lorsque le joueur madridista le plus mis à l’épreuve depuis le début de l’exercice est son remplaçant Casemiro, l’un des membres de l’effectif les moins doués avec le cuir entre les pieds.
James et son « je pouvais jouer depuis 15 jours »
Parmi la litanie de talents qui peuplent le vestiaire de la Ciudad Real Madrid, James Rodríguez en est sûrement l’étendard. De fait, son absence prolongée depuis le 8 septembre dernier, et une rencontre de la Colombie face au Pérou, a plongé le Santiago Bernabéu dans une certaine dépression. D’autant plus qu’après une rechute courant octobre, le Cafetero n’a refoulé les pelouses de Liga que ce dimanche au Sánchez-Pizjuán. Un retour décisif mais tardif qu’a tenu à souligner l’intéressé en zone mixte : « Je me sens bien depuis 15 jours et je suis prêt à tout donner. » Un pied de nez à Rafa Benítez qui, quelques minutes plus tôt, avait taclé le Colombien, pourtant buteur, en conférence de presse : « Vous avez vu comment était James ? Il est clair qu’il lui manque beaucoup de travail et de temps pour qu’il récupère son niveau de jeu. » À ces déclarations opposées s’ajoute aujourd’hui un nouveau problème : convoqué par Pékerman pour les matchs qualificatifs pour le Mondial 2018, il fait craindre à Benítez une nouvelle rechute. Qu’importe pour un James qui, à l’unisson de son comparse offensif Ronaldo, ne porte pas l’entraîneur madridista dans son cœur.
Un staff médical toujours plus contesté
Le temps d’un après-match, la zone mixte du Sánchez-Pizjuán a été le théâtre de règlements de compte madridistas. Ainsi, dans la foulée de James et son pic pour Benítez, Sergio Ramos y a également été de son tacle. « Ce n’est sans doute pas le meilleur moment pour parler des problèmes médicaux, entame doucement le capitaine blanc, avant de revenir à la charge. Nous devons nous entraider, aborder la fin de saison dans la meilleure forme possible et, quand il faudra exposer les problèmes, nous qui pouvons parler un peu plus, nous le ferons. » Outre-Pyrénées, cette déclaration relance un débat brûlant. Car depuis la saison passée, et les multiples pépins physiques de James ou Modrić, le staff médical merengue est en conflit ouvert avec un vestiaire qui l’accuse d’amateurisme. Pis, les Cristiano et Ramos insinuent même que les équipes du docteur Olmo sont de taupes au service de Florentino Pérez. Pour sa part, Rafa Benítez a brossé dans le sens du poil le staff médical – « C’est l’un des meilleurs que j’ai connu » – et s’est de nouveau attiré les foudres de son vestiaire. Avant un nouvel épisode qui ne saurait tarder…
Par Robin Delorme, à Madrid