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Les 5 autres « Classico » français
Il n'y a pas que PSG-OM dans la vie. Les autres sports français aussi ont leur « classico », cet affrontement plus ou moins construit entre deux clubs dominants, qui cristallise les tensions et les passions. Revue d'effectif.
Argonautes d’Aix-en-Provence – Flash de La Courneuve (Football américain)
Bruno Lacam-Caron, manager des Flash de la Courneuve : « Aix-en-Provence est actuellement en D2, donc c’est une vieille rivalité. Elle vient du Ballard-bowl, un trophée qu’on se partageait avec les Argonautes d’Aix-en-Provence. En fait, quand on jouait en équipe de France, on côtoyait des gars d’Aix et on était assez potes. Le jour où on a pris une déculottée contre l’Angleterre(42-0 en 1998, ndlr), on s’est bassement vengés avec des amis des Argonautes en volant le casque du meilleur joueur défensif de l’équipe d’Angleterre, Karl Ballard. On a décidé qu’à chaque fois qu’on s’affronterait avec les Argonautes, on remettrait le trophée en jeu. Mais c’était toujours une saine rivalité car c’était les deux plus gros clubs, ça jouait fort, ça tapait fort… Mais ça s’arrêtait là. Une fois que le match était fini, on se serrait la main et on allait boire un verre, on a d’ailleurs connu de bonnes petites soirées chez nos amis argonautes. »
Montpellier – Chambéry (Handball)
Philippe Bana, directeur technique national de la Fédération française de hand et ancien joueur de Chambéry : « Montpellier-Chambéry, c’est le peuple montagnard qui veut tuer l’ogre montpelliérain. Tous ces matchs-là sont empreints de rage. Une victoire contre Montpellier, ça remplaçait tout. D’un seul coup, tu changeais ton univers. Mais la rivalité, elle vient d’abord de cette espèce d’hégémonie que les deux clubs ont installée sur le handball français pendant 15 ans. Avec Montpellier dans le rôle du grand frère qui était intouchable et gagnait tout, et Chambéry dans le rôle du Poulidor du handball. C’est aussi un combat entre deux clubs de cœur avec de vraies racines historiques. Il y avait donc tous les instruments pour fabriquer une vraie rivalité de Cloche-merle entre les Sudistes complets et les montagnards qui venaient faire chier les Sudistes. Pour autant, il y avait beaucoup d’amitié(s) et de respect. À mon époque, on était un peu des fabricants, des artisans du handball. Aujourd’hui, une nouvelle génération arrive devant nous avec l’ogre parisien et son budget multiplié par 10 qui fait qu’il va sérieusement falloir revoir la notion de classico. Le prochain, ce sera sans doute Montpellier-Paris. Avec un PSG qatari qui voudra abattre un club du terroir qui tentera de résister par ses valeurs, son histoire, son courage. Le futur classico est celui-là. »
Stade Toulousain – Stade Français (Rugby)
David Auradou, ancien deuxième ligne international du Stade Français : « À la fin des années 90 et au début des années 2000, il y avait une vraie rivalité sportive entre les deux clubs. Nous, joueurs, on se croisait en équipe nationale et on se retrouvait tout le temps en club sur des matchs à fort enjeu. L’histoire débute en 1998 en demi-finale du championnat lorsqu’on gagne largement alors qu’on était le promu parisien qui sortait de nulle part. L’année d’après, ils nous mettent une branlée en quarts. En 2000, c’est nous. En 2003, on les bat d’un pouce en finale. En 2005, ils nous battent en finale de Coupe d’Europe après prolongation. Même si la dénomination de « classico » était un produit de vente pour faire venir les gens au stade, chauffer l’ambiance et créer un peu de récit autour de la rencontre, elle avait du sens. Ces trois ou quatre dernières années, elle était usurpée parce que le Stade Français ne jouait plus les premiers rôles. […] Aujourd’hui, il y a 10 équipes qui visent les phases finales. Entendu comme étant des matchs entre deux gros clubs qui dominent, des classicos, il y en a tous les week-ends. La notion de derby est différente. Elle était très forte jusqu’aux années 90, quand les joueurs avaient un ancrage local puisqu’ils faisaient leur carrière dans un club. Lorsque les joueurs se sont mis à bouger de club en club avec le même turnover qu’au foot, la notion de derby a perdu de son sens, sauf pour les supporters et les présidents, qui souhaitent avoir un leadership local avec des enjeux économiques derrière. Aujourd’hui, il n’y a plus d’animosité entre les joueurs. »
CSP Limoges – Pau Orthez (Basket)
En plus de leur maillot vert, Limoges et Pau Orthez, les deux ennemis du basket français, se partagent équitablement 18 championnats de France. Au fil des années s’est façonnée une rivalité légendaire entre les deux clubs du Sud-Ouest. Jacques Monclar, qui a joué à Limoges, mais a entraîné ensuite les deux clubs, nous raconte : « Au départ, c’est Pierre Seillant (président d’Orhez de 1967 à 2008, ndlr), et son village d’Astérix, contre le reste du monde. Limoges représentait le club fortuné, avec des joueurs de l’équipe de France. Orthez s’est positionné en trublion, et incarnait l’équipe qui arrivait à faire tomber le grand Limoges » . Mais si la haine naît toujours d’un acte fondateur, celle qui lie Limoges à Orthez voit le jour lors de la deuxième manche de la finale de 1987, où une bagarre générale éclate : « La bagarre de 1987 en direct à la télé marque le derby le plus tendu. C’était un match à enjeu, Orthez est sacré champion. À ce moment-là, ils deviennent ennemis intimes » . Qui dit défaite dit revanche et l’année d’après, Limoges se venge en éliminant Orthez en demi-finales des playoffs : « L’année d’après, on les élimine en demi-finales, chez eux, on ne ressentait même pas de la joie, mais une profonde émotion. On était revenus vaincre sur les lieux du crime. La saga de 87-88 fait partie de la légende du sport français. »
Dragons de Rouen – Brûleurs de Loups Grenoble (Hockey sur glace)
Luc Tardif Junior, attaquant des BDL depuis 2012, formé et passé par Rouen en 2001-2002 et 2009-2012 : « Quand on observe le palmarès de la compétition, Grenoble et Rouen sont les deux clubs majeurs en Ligue Magnus sur les dernières années. Pour tous les amateurs de hockey, c’est un match qui aura toujours une saveur particulière, des matchs accrochés et des patinoires pleines. C’est l’assurance d’un beau spectacle. Dernièrement, les Dragons sont plus en forme et dominent le championnat, que j’ai eu l’occasion de remporter deux fois avec eux. Au niveau plus sportif, le match perd un peu de son prestige puisque Grenoble souffre de problèmes financiers actuellement et la rivalité a tendance à s’estomper… Et pourtant, les mentalités ne changent pas ! L’année passée par exemple, on a eu une belle équipe à Grenoble et chaque match était vraiment une affiche. En 2010, j’étais encore à Rouen. Je me souviens que les deux clubs étaient à leur top : on avait terminé premiers de la saison régulière et Grenoble montait en puissance. On les joue en play-offs et on les bat trois fois de suite mais difficilement, avec l’aide une prolongation. À ce moment-là, il y avait beaucoup d’agressivité dans le bon sens du terme. Le hockey, ça reste un sport de contact, c’est normal qu’il y ait des duels et de l’intimidation. Mais une fois hors des patinoires, il y a beaucoup de respect. Ce n’est pas la même tension que dans le foot. »
Par MG, AM, AD, EH et PP