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Les 15 choses que vous devez savoir sur Dimitri Payet
Vol, latin, assurance et Jean-Pierre Coffe… À quelques minutes de la demi-finale de l’Euro 2016 entre la France et l’Allemagne, voici les 15 choses à savoir sur Dimitri Payet pour briller ce soir en société. Plaisir.
1. Il est né le même jour que Passe-partout…
… que Christophe Lambert et le même jour que la mort de Jean-Pierre Coffe. Soit un 29 mars. Ce jour-là, aussi, la locomotive française BB 9004 battait en 1955 le record de vitesse à 331 km/h sur la ligne entre Facture et Morcenx. Soixante ans plus tard, espérons que Payet relie Marseille à Saint-Denis en moins de 90 minutes…
2. Il était à la Maaf à 4 ans
Saint-Philippe, l’épicentre d’une région que l’on nomme là-bas le « Sud sauvage » . Bordée par une coulée de lave durcie, des virages en cascade et une mer agitée, c’est dans ce coin où les relevés pluviométriques sont parmi les plus élevés du territoire français, dans cette ville à la devise pragmatique – « bien faire et laisser dire » –, que Dimitri Payet a appris la vie. « Saint-Philippe est la ville la plus australe de France, il ne faut jamais oublier ça. Après, c’est le pôle Sud, martèle Hosman Gangate, son entraîneur à l’AS Excelsior. C’est le bout du monde. On est au pied du volcan. Qu’un joueur de Saint-Philippe marque au Stade de France, c’est un truc de fou. » La famille Payet, installée dans le quartier de la Marine, vit dans la même rue et à quelques mètres du stade municipal. Dimitri signe dont sa première licence à 4 ans. Sa mère, Michelle, est donc obligée de prendre une assurance spéciale pour qu’il puisse jouer aussi jeune, et ce, jusqu’à son entrée au CP. Élève précoce, encore une fois.
3. Il peut lire du Jules César en VO
On s’avance peut-être un peu, mais en tout cas, son éducateur au Havre, Yves Dupuis, l’affirme : « C’était un élève brillant. Je crois même qu’il avait un an d’avance. Il faisait du latin. » De là à en déduire qu’il lit la version originale de la Guerre des Gaules dès qu’il a un peu de temps libre à Clairefontaine, il n’y a qu’un pas.
4. Un vol a failli lui coûter sa carrière
Alors qu’il est au centre de formation du Havre, à 15 ans, l’homme qui l’a accueilli chez lui et qui répond au doux nom de Bébert découvre qu’il manque « une somme importante sur son compte en banque » , se souvient aujourd’hui Michael Lebaillif, entraîneur de Payet à l’époque. Le coupable est tout désigné et la maman du jeune Dimitri est convoquée. « On lui a expliqué qu’on ne voulait plus continuer avec Dimitri, qu’il n’était pas en train de prendre la bonne voie » , poursuit Lebaillif. Et de lui offrir un autre vol. Vers la Réunion, celui-là.
5. Son arrivée au FC Nantes est un complot
Été 2004. Laurent Guyot, directeur du centre de formation des Canaris, est de passage à La Réunion pour animer un stage d’une dizaine de jours. C’est samedi soir, jour de repos. Il aimerait bien en profiter. Finalement, il se laisse convaincre d’assister à un match de championnat de l’Excelsior, dans le vétuste stade Lambrakis où crèche le public le plus bruyant de l’île. Parfait pour se réveiller ? Quelques minutes suffisent pour qu’il demande l’identité du numéro 20. Goulam Gangate, manager général du club à l’époque, confesse son arrière-pensée. « Je ne lui ai pas dit avant que je voulais qu’il supervise Dimitri parce que je ne voulais pas l’orienter. Je souhaitais un jugement objectif. » Bonne idée ? Quelques semaines plus tard, Dimitri « sautera la mer » , comme on dit dans le 974, pour rejoindre les bords de l’Erdre. Hasard ou coïncidence ? Non, on ne pense pas…
6. Il a joué lors d’un match du Mondial 1998
C’était en lever de rideau du deuxième match de poule France-Arabie saoudite, sous le maillot d’une sélection des meilleurs jeunes Réunionnais du moment. Payet, surclassé, était le seul membre de la génération 1987 dans une équipe dont les membres avaient un, voire deux ans de plus que lui. Le précoce se paie même le luxe de marquer. « Il a toujours voulu jouer avec les Bleus, éclaire Goulam Gangate. En 1998, jouer au Stade de France, c’était un rêve. Être professionnel, il ne savait pas ce que c’était. » À cette époque, il ne sait pas non plus de quel pied tirer. « Il était tellement fort des deux pieds que l’on ne savait pas s’il était droitier ou gaucher, hésite René Degenne, l’un des recruteurs du FC Nantes, à l’origine plus tard de sa venue en bord de Loire. Maintenant, je sais qu’il est droitier parce que quand il mange, il tient sa fourchette de la main droite. » Facile.
7. Non, une fois pour toutes, il n’a jamais été vendeur dans un magasin de fringues
Le mini-mythe est tenace. Depuis le début de l’Euro, la vidéo de Dimitri Payet vendeur dans une boutique de prêt-à-porter nantaise fait le tour des Internet. Tourné en 2005, ce reportage diffusé sur une chaîne locale met en scène un jeune adulte de 18 ans, très peu à l’aise devant la caméra. « Il ne voulait pas se montrer, il fallait tendre l’oreille pour l’entendre » , retrace Vincent Manniez, proche du clan Payet et réalisateur de L’Académie du foot, un feuilleton documentaire sur Arte qui suivait à l’époque la formation des jeunes du FC Nantes. Dont Dimitri. Qui écrit malgré lui sa petite légende : la vente serait alors un choix financier pour ce jeune Réunionnais qui essayait de percer dans le football. Faux, répond Manniez. « Tout le monde pense qu’il était en galère à ce moment-là, mais il gagnait déjà 3 000 balles par mois et roulait en Mercedes, tranche-t-il. En vrai, c’était dans le cadre de son BEP Vente et il a dû faire trois jours de stage d’observation comme celui-ci dans l’année. »
8. Il s’est fait martyriser par un proche de Linda Evangelista
« C’est un garçon qui a du mal à cacher ses émotions et sa susceptibilité » , traduit Alain Perrin, son ancien coach chez les Verts. Pour preuve, la carrière de Payet s’est cuisinée à la casserole : coup de tête à Matuidi, embrouille avec Florian Thauvin, des arbitres traités « d’enculés » à haute voix dans le tunnel du Vélodrome… Au printemps 2007, un vieux sage avait pourtant tenté de refroidir les ardeurs du jeune Réunionnais. Fabien Barthez, champion du monde 98 et alors gardien du FC Nantes, lâche publiquement : « Payet s’est fait monter le bourrichon, il ne sait plus trop où il habite. » À l’entraînement, le gardien, qui joue dans le champ, tacle le jeune attaquant par derrière. Payet monte dans les tours. Après l’entraînement, la star rigole : « On s’est bien amusés. » Samuel Fenillat, son formateur à la maison jaune, s’en amuse lui aussi : « Dimitri l’avait chambré avec ses dribbles et ses grigris. Barthez voulait l’attraper pour lui montrer qu’on ne faisait pas ça à un ancien. » Fenillat, toujours : « Dimitri, c’est quelqu’un qui agace ses adversaires quand ça marche. Il agace ses coéquipiers et son entraîneur quand ça ne marche pas. Il a ce côté hautain, il se regarde un peu, le buste droit. Cette attitude fait aussi sa force. » Obscure ?
9. Ce qu’il préfère chez les Russes, c’est leur vodka
José Anigo : « Fêtard ? Ouais, mais c’est pas le seul. » Samuel Fénillat : « Il aimait bien la fête. À cet âge, ils sont beaucoup à être comme ça, mais lui particulièrement. » Michael Lebaillif : « Les filles, les sorties, la vie d’ado quoi… » Tous ceux qui ont côtoyé Dimitri Payet durant sa jeunesse sont unanimes, ou presque : l’homme avait un penchant pour les petits plaisirs de la vie. Michel Mondeguer, un camarade d’internat à Nantes, en sait quelque chose. « Un soir, je l’ai croisé en boîte avec une bouteille de Smirnoff à la main. Je lui ai demandé : « Bah tu bois quoi ? » C’est la première fois que je voyais un joueur boire de l’alcool. Alors que lui, ça le faisait marrer. » Le tout avec ce visage qui en attendrit plus d’un(e). « Il avait un petit côté diablotin, badine Fabrice Rodiguez, ancien formateur au Havre. Un sourire angélique auquel on aurait pu donner le bon Dieu sans confession, mais qui, derrière, pouvait faire des choses pas très cathos. » Amen.
10. Le Pastore Saint-Germain aurait pu être le Payet Saint-Germain
Autre épisode qui a valu longtemps à Payet une réputation de « tête de cochon » : en janvier 2011, alors à Saint-Étienne, il passe en scred’ un accord avec le PSG pour un transfert à huit millions d’euros, puis entame un bras de fer avec ses dirigeants en refusant de s’entraîner. « Il a pris la liberté d’aller discuter avec les dirigeants parisiens sans demander l’autorisation à personne, évoque Christophe Galtier, alors entraîneur des Verts. Mais le club a rapidement répondu qu’il ne partirait pas durant le mercato d’hiver. » Piégé, Dimitri reste un semestre de plus dans la Loire et finit par partir à Lille l’été suivant. Un été lors duquel le Paris Saint-Germain est racheté par le Qatar et crée la sensation en recrutant Javier Pastore pour 42 millions d’euros.
11. Il a un tatouage de cagole
La date de naissance sur le poignet. Du grand classique, en somme. Plus osé néanmoins, Dimitri Payet s’est également fait tatouer des chiffres romains sur les trapèzes et, surtout, un genre de soleil inca qui entoure son nombril. Parfait pour ses vacances à Palavas-les-Flots.
12. Son conseiller de l’ombre s’appelle Fabrice Abriel
Le lobby réunionnais n’aurait-il rien à envier à celui de France 98 ? Déçu par son transfert avorté au PSG, Payet songe, début 2011, à rejoindre l’Olympique de Marseille. Il consulte alors Fabrice Abriel, originaire de la même île que lui, qui lui déconseille de venir se griller sous le dur soleil phocéen. Il lui conseille plutôt de rejoindre la grisaille lilloise, où il pourra briller plus aisément.
13. Il est peut-être un peu trop Happy
Le 18 novembre 2013, Pharrell Williams sort Happy, énième single accrocheur du hitmaker qui se transformera en tube de l’été 2014 avant, comme tous les tubes de l’été un peu trop insistants, de devenir insupportable au milieu de l’automne. Neuf mois plus tard, en août 2015, cela n’empêche pas de donner à son troisième fils le nom de Pharell, apparemment avec un seul R. Espérons que celui qui a disparu était celui de Happy.
14. Il ne serait pas le premier Réunionnais à remporter une compétition internationale
Si l’île natale de Payet n’a pas – encore – donné naissance à des champions de la trempe de ceux de la Guadeloupe, de la Martinique, voire de la Nouvelle-Calédonie, Dimitri ne pourra jamais se targuer d’être le premier à remporter une compétition internationale avec les Bleus. Le grand Laurent Robert, enfant de Saint-Benoît, lui a en effet ouvert la voie en faisant partie de l’épopée de la Coupe des confédérations 2001, en Corée du Sud et au Japon. Lolo a même empêché Dimitri d’être le premier des cinq internationaux réunionnais (Hoarau, Trémoulinas et Sinama-Pongolle complètent le tableau) à inscrire un but en équipe de France, en marquant une fois contre la Turquie en novembre 2000.
15. L’Euro pourrait être le premier titre de sa carrière
Si la France va au bout de cet Euro et marche sur le Portugal, Dimitri Payet pourra dire toute sa vie que son palmarès s’est ouvert sur un titre de champion d’Europe. Dimi-la-lose s’est en effet pointé au FC Nantes juste quand celui-ci démarrait sa traversée du désert, puis a quitté Saint-Étienne juste avant la Coupe de la Ligue 2013. Avant de signer à Lille l’été suivant le dernier titre du club, et de rejoindre l’OM post-Deschamps. Chat noir ?
Par Victor Le Grand et Thomas Pitrel