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Les 10 questions qu’on se pose après les 8es de finale
Un gardien libéro, une Algérie plaisir, des plongeons, des plâtres, du tatouage et des politiques français qui régalent. Les huitièmes de finale de ce Mondial brésilien ont livré un beau verdict et soulèvent de belles questions. Que la fête continue.
Pinilla va-t-il un jour oublier sa frappe sur la barre ?
Évidemment que non. En tout cas, l’attaquant chilien ne fait rien pour effacer de sa mémoire son coup de canon de la 120e minute face au Brésil, en huitième de finale. À tel point qu’il se l’est fait tatouer, accompagné de la mention « À un centimètre de la gloire » . Dans le dos, à un endroit qu’il ne verra que dans le reflet d’un miroir, mais quand même. Le joueur de Cagliari démarrera toutes les journées qu’il lui reste à vivre en se remémorant le plus grand regret de son existence à chaque sortie de douche. Costaud.
L’Algérie est-il le vrai vainqueur des huitièmes ?
Quand le Nigeria, la Grèce, le Chili, le Mexique, l’Uruguay et la Suisse nourrissent des regrets et interrogent le destin au moment de rentrer au pays, l’équipe algérienne, elle, relève la tête et bombe le torse. Au Brésil, elle ne devait pas voir le jour, coincée à côté de la Corée du Sud, derrière la Belgique et la Russie, toutes deux favorites du groupe H. Elle est finalement tombée lors de la troisième semaine de compétition, en mondovision et avec les honneurs, au terme d’un match dantesque perdu en prolongation contre la Nationalmannschaft. Au milieu de cette épopée collective : une trajectoire, celle de coach Vahid, qui avait été privé de Coupe du monde en Afrique du Sud quatre ans plus tôt avec les Éléphants de Côte d’Ivoire qu’il avait qualifiés. Une histoire de revanche éternelle, qui se termine en pleurs. Avec la satisfaction du devoir accompli. Les Algériens ne sont pas seulement les plus beaux perdants de ces huitièmes de finale. Ils en sont aussi les seuls gagnants.
Les aveux de Robben étaient-ils sincères ?
Arjen Robben met définitivement dix mètres départ arrêté à Maradona et Suárez sur ce coup. « En première période, j’ai plongé alors qu’il n’y avait pas faute sur moi. C’est horrible, c’est stupide. On espère toujours un coup de pied arrêté en compensation, mais je ne devrais pas faire ça. » La grande classe d’escroc immobilier sur la Côte d’Azur. J’avoue que je triche, mais parfois seulement, comme ça il est clairement notifié à la face du monde que je vous l’ai bien mise, et le pire, je vais recommencer puisque vous n’y pouvez rien, y compris quand je vous le balance en face. La fausse contrition qui démultiplie l’insulte et l’arrogance du pêcheur. Connaissez-vous une meilleure façon de foutre la haine à ses adversaires et mettre la FIFA à l’amende ? Nicolas Sarkozy, besoin d’un conseil ?
Les Bleus forment-ils une équipe de bouchers ?
Plus à l’aise avec sa tête et sa mèche, Olivier Giroud a involontairement mis fin, avec son pied, à la Coupe du monde du Suisse Steve von Bergen. Verdict : fracture du plancher de l’orbite gauche et du sang sur la pelouse. Quelques jours plus tard, Mamad Sakho dégainait un coup de coude de revanchard sur un Équatorien pendant que Blaise Matuidi, au duel tête contre tête avec le condor Noboa, versait aussi le sang sur le terrain. Mieux, lors du huitième de finale contre le Nigeria, « Balaise » Matuidi remettait le couvert en laissant traîner sa semelle en haut de la cheville d’Onazi. Résultat : fracture tibia-péroné pour le Super Eagle. Le carton a même retenu l’attention de Diego Maradona, montrant sur son site internet un cliché accusateur de l’action avec cette phrase lapidaire : « Un geste criminel, pire que ce que Suárez a fait. » Et l’Argentine, en matière de boucherie, possède une certaine expertise – les asados – devant laquelle on ne peut que s’incliner. Blaise Matuidi peut au moins se rassurer d’une chose : il est désormais connu du Pibe de Oro.
Yannick Ferreira Carrasco est-il le meilleur joueur du monde ?
Chauffer le banc de touche de l’AS Monaco est une activité noble. Le siège baquet Recaro est confortable, la compagnie de Valère Germain comble les lacunes en orthophonie et les gourdes sont remplies de Mont Roucous, une eau de puriste, ou de bébé, c’est selon. Baby face parmi les gueules d’enfants, James Rodríguez a eu le droit de s’asseoir sur le banc de Louis-II. Arrivé du FC Porto pour la coquette somme de 45 millions d’euros, le Colombien a eu, le temps de quelques journées, le statut de doublure de Yannick Ferreira-Carrasco. YFC, la révélation du football belgo-franco-maroco-portugais. Un type qui avait donc quatre chances de s’offrir une place au Brésil, en somme, mais qui a préféré laisser briller James, son remplaçant, dont on dit aujourd’hui qu’il est le meilleur joueur du Mondial. De là à dire que Ferreira Carrasco est le meilleur joueur de la planète, il n’y a qu’un pas. En tout cas, à défaut de la Coupe du monde, il en a déjà la coupe de cheveux.
Peut-on gagner une Coupe du monde sans avant-centre ?
Il a existé une époque où Sonny Anderson et Giovanni Élber n’avaient pas le droit de cité en Seleção. La faute à une concurrence trop féroce en attaque. L’époque a bien changé et le Brésil compose avec ce qu’il a en stock. Des Fred, des Jo, des patronymes aussi courts que leur ligne de stats. Contre le Chili, l’entrée du second a presque fait regretter la sortie du premier. Alors le Brésil peut toujours regarder dans le rétro et citer France 98 et ses attaquants muets lors des cinq derniers matchs. Elle peut aussi évoquer une Italie 2006 qui, en dehors du doublé de Toni face à l’Ukraine, s’en est surtout remise à Grosso ou Materazzi pour débloquer les situations. Sauf que le Brésil a décroché ses 4e et 5e étoiles avec un neuf solaire (Romário en 94 et Ronaldo 2002). Moralité, le Brésil est dans la merde. À moins que Neymar ne soit aussi un avant-centre…
Estrosi va-t-il vraiment interdire les drapeaux allemands à Nice ?
Le maire de Nice a senti la patrie en danger lors des dernières rencontres de l’Algérie. Mais ce grand monsieur de la droite dure qui aime, comme Mao, montrer ses compétences sportives lors du bain de Noël, va sûrement donc aussi entendre le « bruit sourd du pays qu’on enchaîne » avant le quart de finale contre la Nationalmannschaft. Il aura sûrement à cœur de protéger la cité de Garibaldi et Bosetti d’une nouvelle invasion teutonne en prohibant les drapeaux allemands sur la promenade des Anglais et sauver ainsi l’honneur tricolore bafoué par Neuer et Merkel. À moins qu’il ne se soit agi que de ménager ses arrières et son extrême-droite locale ? Comment faire confiance à quelqu’un passionné par la moto d’endurance… C’est comme aimer les performances de vitesse d’un diesel.
Neuer joue-t-il libéro ?
« 57% du Brésil est recouvert par la forêt tropicale, et le reste par Manuel Neuer. » En l’espace de quelques heures, cette maxime s’est propagée sur les Internets. Il faut dire que le gardien allemand se l’est joué du temple en effectuant autant de tacles que d’arrêts, et en touchant 21 de ses 59 ballons en dehors de la surface. Il s’est aussi servi de sa tête au-devant de Slimani (en prenant un bon tampon au passage, sans problème) et s’est même permis de courir aussi vite que lui. Mais Manuel n’est pas qu’un vulgaire stoppeur : il sait aussi relancer. Une habilité dont il a fait preuve à la main (boulets de canon de l’autre côté de la ligne médiane) et au pied (passe parfaite dans la course de Schürrle). Comme l’a dit l’entraîneur des gardiens allemands, Andreas Köpke lui-même : « Je n’ai jamais vu de meilleur libéro, à part peut-être Beckenbauer. »
Où Sarkozy va-t-il regarder France/Allemagne ?
Placé en garde en vue hier matin dans le cadre d’une affaire de trafic d’influence, l’ex-futur ex-président de la République a quitté les locaux de la police judiciaire de Nanterre dans la soirée pour être présenté aux juges du pôle financier de Paris et être mis en examen. Selon toute vraisemblance, il sera pour autant libre, et évitera l’écran miteux d’une cellule de la Santé. Il devra donc se trouver un pied-à-terre tranquille pour préparer sa défense avec son avocat, Me Thierry Herzog, et deux magistrats de haut rang, Gilbert Azibert et Patrick Sassoust, eux aussi impliqués. Et pour éviter toute nouvelle écoute, ils feraient mieux de se planquer dans un endroit où ils sont sûrs de ne pas capter. Dans un bunker, par exemple.
Quand les États-Unis vont-ils gagner une Coupe du monde ?
On a dit un peu tout du XXIe siècle. Qu’il sera spirituel, matérialiste, féminin, voire le dernier… On a même dit qu’il pourrait être celui des États-Unis au football. Voir l’Amérique régner sur le soccer, c’est un peu comme imaginer la France briller au cricket. Et pourtant, la Team USA n’a plus rien de cet éternel étudiant Erasmus, sympa mais un peu limité. L’hypothèse de voir un jour les Américains remporter une Coupe du monde devient de l’ordre du crédible. Avec 4,3 millions de licenciés, un championnat qui se structure et un enthousiasme grandissant pour le ballon rond (leurs supporters ont largement gagné la bataille du nombre au Brésil), les USA attendent juste de connaître leur heure. Si 2018 risque d’arriver trop vite, 2022 pourrait bien être le D-Day du foot US. Surtout si le pays récupère l’organisation de la Coupe du monde au Qatar. Si on avait dit ça un jour à David Régis.
Par la rédaction So Foot, délocalisée au Brésil