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Les 10 dates de Moratti à l’Inter
C'est désormais officiel : Massimo Moratti n'est plus le président de l'Inter. L'historique patron de l'équipe nerazzurra passe le relais à l'Indonésien Erick Thohir, qui a racheté 70% des parts du club. L'occasion de revenir sur les 10 dates marquantes de sa présidence.
25 février 1995 – Les débuts de l’idylle
En réalité, l’idylle entre Massimo Moratti et l’Inter a commencé bien plus tôt. Car son père, Angelo, avait déjà été le président de la grande Inter des années 60, celle de Helenio Herrera, de Luis Suárez, des deux Ligues des champions consécutives. Son fiston, Massimo, est destiné à prendre le relais, un jour ou l’autre. Après Angelo, deux présidents se succèdent à la tête de l’Inter (Ivanoe Fraizzoli de 1968 à 1984, puis Ernesto Pellegrini de 1984 à 1995). Puis vient l’heure de Massimo, qui prend les rennes du club à l’âge de 49 ans, en plein milieu de la saison 1994-95. Celle-ci se termine avec une sixième place qui donne accès à la Coupe UEFA. Et là, déjà, première désillusion : l’Inter est éliminée dès les 32es de finale par les Suisses de Lugano. Moratti comprend qu’il a du pain sur la planche.
25 juillet 1997 – Signature de Ronaldo
Lors des deux premiers étés qu’il passe à l’Inter (1995 et 1996), Moratti se distingue déjà avec des recrues qui, sans qu’il le sache, vont marquer l’histoire du club. En 1995, il recrute Roberto Carlos, Paul Ince, Maurizio Ganz, Mohamed Kallon et un certain Javier Zanetti. L’année suivante, il laisse filer Roberto Carlos au Real Madrid (le flair, sans doute), et fait signer Djorkaeff, Kanu, Zamorano et Angloma. Mais toujours pas le moindre trophée à la clef. Du coup, en 1997, Moratti passe la vitesse supérieure. Il pose les yeux sur Ronaldo, le Brésilien qui réalise des merveilles avec le FC Barcelone. L’affaire est compliquée, puisque le président de la Lazio, Cragnotti, qui achète tout à l’époque, est sur le coup. Mais au dernier moment, Moratti réussit à passer devant son homologue, et convainc le Brésilien de rallier la cause interista. Le flair, sans doute.
6 mai 1998 – Le premier trophée après la première désillusion
La saison 1997-98 sera celle des contrastes. Une immense joie contre une immense désillusion. Prenons-les dans l’ordre chronologique. En championnat, l’Inter, avec un Ronaldo monstrueux, talonne la Juve au classement. Le 22 avril, c’est le match décisif entre les deux équipes. Le fameux match qui restera dans l’histoire comme celui de Iuliano et Ronaldo. Alors que la Juve mène 1-0, Ronaldo est balancé dans la surface par le défenseur turinois Iuliano. L’arbitre ne bronche pas, et sur la contre-attaque, il siffle un pénalty pas franchement plus évident en faveur de la Juve (péno qui sera raté par Del Piero). Le match se termine sur le score de 1-0, et Moratti crie au scandale et à la conspiration. Il ne croyait pas si bien dire. Heureusement, quelques jours plus tard, il remporte le premier trophée de son ère, en battant 3-0 la Lazio en finale de Coupe UEFA, à Paris. Tout un symbole : ce sont Zamorano, Zanetti et Ronaldo, trois joueurs voulus et recrutés par Moratti, qui inscrivent les buts de la victoire.
5 mai 2002 – Le point le plus bas
La Coupe UEFA, c’est bien, mais Moratti veut le Scudetto. Problème, à l’époque, la concurrence est rude. Après le règne de la Juve, les équipes romaines trustent le haut du pavé (Lazio en 2000, Roma en 2001). Mais en 2001-02, avec notamment une doublette Ronaldo-Vieri en attaque, Moratti sent que l’Inter peut le faire. Effectivement, le 5 mai 2002, au coup d’envoi de la dernière journée de championnat, l’Inter est leader, devant la Juve et la Roma. Il suffit juste de s’imposer contre la Lazio au Stadio olimpico pour être sacré champion. L’Inter ouvre le score. Facile. Mais la Lazio revient, alors que les tifosi laziali préfèreraient largement voir l’Inter être sacrée championne plutôt que les ennemis turinois ou romains. L’Inter reprend l’avantage. On se dit que cette fois, c’est bon. Mais les Biancocelesti égalisent encore. Et là, c’est le drame. 3-2, puis 4-2 pour la Lazio. Impensable. L’Inter s’écroule, et se fait doubler par la Juve, qui rafle le Scudetto, et même par la Roma. Ronaldo termine en larmes sur le banc, pour son dernier match avec l’Inter. C’est la fin d’un cycle. La plus grande tristesse sportive de l’ère Moratti.
19 janvier 2004 – Démissions
En janvier 2004, Moratti craque. En 1999, il avait déjà démissionné une première fois après de lourdes critiques reçues. Mais il était vite revenu. Mais cette fois-ci, sa décision semble définitive. Il faut dire que l’Inter enchaîne les désillusions, les échecs, les joueurs qualifiés de « bidoni » par la presse, et, surtout, l’Inter ne gagne pas. Un coup troisième, un coup quatrième, un quart de finale par-ci, un huitième par-là. Le club nerazzurro devient même la risée de l’Italie, surtout en face d’une Juve et d’un Milan AC qui enchaîne les succès et les trophées. En janvier 2004, donc, Moratti dit basta. Il demeure propriétaire du club, mais il n’en est plus le président. Il refile le bébé à son ami de toujours, Giacinto Facchetti, la grande bandiera du club. Quelques mois plus tard, Facchetti recrute Roberto Mancini au poste d’entraîneur. La malédiction des titres est sur le point de prendre fin.
Été 2006 – Calciopoli et décès de Facchetti
Avec Mancini, l’Inter n’est plus l’équipe de la lose. Dès sa première saison au club, l’entraîneur de Jesi remporte la Coupe d’Italie. Ce n’est pas encore le Scudetto, mais c’est déjà ça. Lors de la seconde, rebelote : encore une Coupe, et une Supercoupe en prime. Mais le plus beau, pour l’Inter, est à venir. Lors de l’été 2006 explose le scandale de Calciopoli. L’Italie comprend que pendant des années, certains (beaucoup ?) matchs ont été truqués, car les présidents de club, Luciano Moggi en tête, étaient de mèche avec les arbitres. La Juve, le Milan AC, la Fiorentina et la Lazio sont concernés. Tous ces clubs prennent des points de pénalité et, du coup, l’Inter, qui avait terminé 3e derrière la Juve et Milan, est sacrée championne d’Italie. Pour Moratti, c’est une sorte de consécration, car il avait toujours été convaincu que « quelqu’un » ne voulait pas que l’Inter gagne. Mais comme toujours dans l’histoire de l’Inter, une joie arrive avec une douleur : début septembre 2006, Facchetti s’éteint. Moratti, à nouveau seul à bord, reprend les commandes du navire Inter. Mais avec un enthousiasme et une détermination retrouvés.
22 avril 2007 – Le premier Scudetto sur le terrain
La saison 2006-07 est la première saison de la nouvelle Inter. Celle qui n’a plus besoin d’être encombrée par la Juve (reléguée en Serie B). Surtout, l’Inter de Mancini s’est renforcée, avec, entre autres, les arrivées de Maicon, Maxwell, Crespo, Vieria et Ibrahimović. Cette Inter-là va tout détruire sur son passage. En championnat, elle survole les débats, et aligne même une folle série de 17 victoires consécutives, record de Serie A. Intouchable, l’Inter est sacrée championne d’Italie le 22 avril 2007, avec une victoire 2-1 sur la pelouse de Sienne, grâce à un doublé de… Marco Materazzi. Comme quoi, tout arrive. L’Inter termine la saison avec 97 points et une seule défaite au compteur, concédée à domicile face à la Roma de Spalletti. Mais l’Europe demeure encore un tabou : l’Inter est éliminée par le FC Valence, sans avoir perdu (2-2 à San Siro, 0-0 à Mestalla). Moratti réitère sa confiance à Mancini, mais commence déjà à penser à un plan d’attaque, au fond de son esprit.
29 mai 2008 – Licenciement de Mancini et arrivée de Mourinho
Le rêve de Moratti s’est enfin réalisé : l’Inter règne sur la Botte. Son club rafle tout, Scudetti, Coupes d’Italie, Supercoupes. Au cours de cette saison 2007-08, l’Inter est toutefois encore éliminée en Ligue des champions, dès les huitièmes de finale, cette fois-ci par Liverpool. Mancini présente sa démission, mais Moratti refuse. Le Mancio termine sa saison par un nouveau Scudetto, le troisième consécutif. On se dit que le coach va être confirmé, mais pas du tout. Moratti prend tout le monde à contre-pied, vire celui qui venait de ramener sept trophées dans la vitrine de l’Inter, et engage le Special One, José Mourinho. Le pacte est clair : il faut désormais ramener la C1. Le président débourse 51 millions d’euros pour faire venir Amantino Mancini, Quaresma et Muntari. C’est le point de départ d’une histoire d’amour intense qui va durer deux ans. Mais deux années avec l’intensité de dix…
22 mai 2010 – La Ligue des champions et le « Triplete »
La première année de Mourinho n’est pas franchement convaincante. L’Inter remporte son quatrième Scudetto, certes, mais se fait sortir à nouveau dès les huitièmes de finale de C1 par Manchester United. Moratti comprend qu’il va devoir raquer. C’est chose faite lors de l’été 2009, avec les signatures de Milito, Eto’o, Thiago Motta, Lúcio et Sneijder. Mourinho a à disposition une armada, et n’a qu’un objectif en tête : soulever cette foutue coupe aux grandes oreilles, comme l’indique le contrat moral qu’il a signé avec Moratti. En championnat, l’Inter fait la course en tête, puis se fait dépasser à quelques journées de la fin par la Roma de Ranieri. Mais grâce à une défaite romaine contre la Samp’, l’Inter repasse en tête, et s’en va glaner son cinquième Scudetto d’affilée. Le duel Inter-Roma se poursuit en finale de Coupe d’Italie. Là encore, les Nerazzurri s’imposent, grâce à un but décisif de Milito. Mais le vrai chef-d’œuvre, c’est en Ligue des champions que le Mou l’accomplit. En demi-finale, il élimine le grandissime favori, le Barça, grâce notamment à un match aller exceptionnel, et un succès 3-1 à la clef, défendu bec et ongle lors du retour au Camp Nou. Le 22 mai, le plus grand rêve de Moratti se réalise enfin : à Bernabéu, son Inter bien-aimée soulève la Ligue des champions, comme celle de son père 45 ans auparavant. Huit ans après avoir connu le jour le plus dramatique, Massimo connaît le jour le plus heureux de sa présidence.
Été 2013 – Le renouveau avec Mazzarri
Mais l’après-Mourinho est difficile à gérer. Moratti croit trouver le bon coach en la personne de Benítez. Mais l’Espagnol, qui débarque avec un cycle de victoires formidables, n’arrive pas à s’intégrer. Après avoir remporté le Mondial des clubs, il est viré. S’ensuivent des choix plutôt hasardeux : Leonardo (qui remporte la Coupe d’Italie), Gasperini, Ranieri, Stramaccioni. L’Inter perd de sa superbe, et perd à nouveau le trône d’Italie au profit des ennemis, le Milan AC, puis la Juve. Les comptes sont au plus mal, Moratti est obligé de vendre ses joyaux pour ne pas être dans le rouge. Il se rend surtout compte que l’Inter a besoin d’un nouveau souffle. Souffle sportif, et souffle économique. On commence à parler d’investisseurs chinois. Mais la transaction dure, puis capote. Puis sort le nom d’Erick Thohir, un riche entrepreneur indonésien. Cette fois-ci, cela a l’air sérieux. Après une saison complètement ratée, probablement la pire de sa présidence (9e place au classement !), Moratti réalise son dernier coup en convainquant Walter Mazzarri d’épouser la cause noire et bleue. Des jeunes joueurs signent au club (Icardi, Taider, Wallace). Bref, Moratti prépare l’avenir avant de passer le relais. Le 15 octobre 2013, après des mois de transactions, Erick Thohir devient le nouveau président de l’Inter. Moratti dit ciao, après 18 années de présidence, et 16 trophées remportés. Mais qu’on se le dise : il ne sera jamais bien loin de sa Pazza Inter.
Par Eric Maggiori