- France
- Monaco
Les 10 dates de Jardim sur le banc de l’AS Monaco
L'entraîneur portugais a vécu sur le Rocher sa plus longue et plus belle aventure. Retour en dix dates sur le Jardim monégasque.
10 août 2014, Monaco-Lorient (1-2) : première condamnation
Loin des éloges commémorant son départ, Leonardo Jardim a fait ses premiers pas en France sous le feu des critiques. Son manque de renommée conjugué au fait qu’il succédait au très apprécié Claudio Ranieri a posé les bases d’un scepticisme quasi général. Après une préparation intéressante où son équipe exerçait notamment un pressing très haut, le jeune entraîneur portugais peine à appréhender les subtilités de la Ligue 1. Il subit un premier revers au stade Louis-II contre Lorient, qui crucifie en contre les Monégasques. Crime de lèse-majesté commis par l’étranger : s’être privé de Toulalan au profit du tout jeune Bakayoko.
16 septembre 2014, Monaco-Leverkusen (1-0) : premier miracle
Une victoire, un nul et trois défaites : Jardim a commencé son aventure monégasque comme il l’a terminée, dans la douleur. Pour son grand retour en Ligue des champions, l’AS Monaco se fait balader pendant une heure par le Bayer Leverkusen, aussi joueur qu’inefficace. Mais tous les grands destins ont besoin d’un coup de pouce, et quelque chose est né ce soir-là. Sur une remise parfaite de Berbatov, Moutinho donne un avantage inespéré à l’ASM. Cinq minutes plus tôt, Leo a fait entrer sur la pelouse un parfait inconnu nommé Bernardo, qui aidera grandement ses coéquipiers à contrôler la fin de match. La saison de Monaco est lancée.
9 décembre 2014, Monaco-Zénith (2-0) : première maîtrise
À l’approche de son premier hiver sur le Rocher, Jardim commence à trouver les clés pour faire de son ASM une équipe qui ne tremble pas. Quelques semaines plus tôt, le onze monégasque a déjà révélé son caractère en accrochant le PSG au Parc des Princes, mais la réception du Zénith, décisive pour la qualification en 8es de finale de Ligue des champions, fait office de véritable test. Monaco répond présent en dégageant une rigueur collective peu spectaculaire, mais impressionnante. L’équipe de Jardim confirmera son allure de forteresse imprenable les semaines suivantes, avant d’y ajouter un visage plus séduisant en fin de saison avec la naissance de la trop éphémère triplette Carrasco-Martial-Bernardo.
25 février 2015, Arsenal-Monaco (1-3) : premier exploit
Après une décennie d’abstinence, Monaco a rendez-vous avec le grand frisson européen. Mais face à une équipe d’Arsenal en pleine bourre, Jardim se présente avec une équipe particulièrement diminuée. Toulalan suspendu, Bakayoko forfait, le coach portugais innove en faisant monter Fabinho au milieu et en lançant Touré à droite, deux matchs en pro dans les pattes. Carrasco et Kurzawa, victimes de soucis musculaires, commencent sur le banc. Carvalho et Raggi étant eux aussi absents, l’ASM entame le match avec une défense inédite Echiejile-Abdennour-Wallace-Touré. L’enfer n’a jamais semblé aussi proche, et la principale préoccupation des spécialistes est de pronostiquer si Monaco va en prendre trois ou cinq. Mais cette passe dans la profondeur de Bernardo pour Carrasco au bout du temps additionnel a toujours un goût de paradis, trois ans et demi plus tard.
20 mars 2016, PSG-Monaco (0-2) : première victoire contre Paris
Dans une saison terne, Jardim accroche pour la première fois le scalp de l’ogre parisien, invaincu depuis deux ans au Parc et qui célébrait ce soir-là son titre de champion. Avec un système à trois centraux, qu’il répétera à plusieurs reprises ensuite contre le PSG avec plus ou moins de succès, Jardim prend rendez-vous avec l’avenir en faisant reposer son animation offensive sur Thomas Lemar et Kylian Mbappé, qui fête à cette occasion sa deuxième titularisation en Ligue 1.
7 mai 2016, Lyon-Monaco (6-1) : première sommation
Dans la finale pour la deuxième place, Lyon humilie un Monaco qui craque de partout. Au bout d’une saison où les remous ont été nombreux en coulisses, Jardim est proche de la sortie. Après une réunion avec sa direction, l’entraîneur portugais est finalement confirmé en prêtant le serment d’un football plus attractif. Bien aidé par un recrutement enfin cohérent, Jardim pourra préparer sereinement son chef-d’œuvre au cours de l’été.
3 août 2016, Monaco-Fenerbahçe (3-1) : première esquisse du 4-4-2
Avec les retours de Radamel Falcao et Valère Germain, Jardim se résout à tenter le 4-4-2, encouragé par Antonio Cordón. Il mettra un peu de temps à véritablement se mettre en place (notamment la présence simultanée dans le onze de Bernardo et Lemar), mais ce troisième tour préliminaire de Ligue des champions, qui a vu le duo d’attaque briller, a posé la première pierre d’un nouveau style.
29 janvier 2017, PSG-Monaco (1-1) : premier pas vers le titre
Si la victoire (3-1) courageuse contre le PSG au match aller a évidemment été fondatrice dans la saison fantastique de l’ASM, ce match nul plus que mérité et arraché dans les derniers instants au Parc des Princes est davantage révélateur de la passation de pouvoir. Depuis la remontée en Ligue 1 de l’ASM, les confrontations entre les deux équipes étaient jusque-là équilibrées sur le plan des résultats, mais c’est la seule fois où le PSG a semblé avoir peur de l’équipe princière, donnant le sentiment d’être le challenger et non plus le favori. À trois points de l’ASM avant la rencontre, les joueurs d’Unai Emery n’auront plus jamais l’occasion de recoller à leurs adversaires du soir, qui boucleront la phase retour avec 17 victoires et 2 nuls.
21 février 2017, Manchester City-Monaco (5-3) : première extase
Aussi chaotique que fut ce match d’un point de vue tactique, il a symbolisé quelque chose. Une espèce de plénitude footballistique où tout était possible : les coups de génie comme les erreurs grossières. Un football irrationnel qui échappait presque à ses maîtres. C’est l’une des rares fois où Jardim s’est autant soumis à la folie d’une rencontre, ne cherchant pas à fermer la boutique quand son équipe menait, pour le plus grand bonheur des spectateurs. C’est aussi le moment où il a décidé de confier un rôle majeur à Mbappé. Plus méthodique au retour sans étouffer la fougue de son équipe, Jardim gagnera la bataille brillamment contre Guardiola, avant d’écarter le Borussia Dortmund pour offrir à l’ASM la quatrième demi-finale de C1 de son histoire.
15 avril 2018, PSG-Monaco (7-1) : premier signal de détresse
Qu’y a-t-il de plus terrible psychologiquement et symboliquement que de céder son titre à son rival sur une humiliation en mondovision ? Ce soir-là, nul doute que Leonardo Jardim s’est posé des questions sur le sens que revêtait désormais sa mission. Elle touche six mois plus tard à sa fin, peut-être pour le bien de chacun.
Par Chris Diamantaire