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Les 10 bonnes questions de cette semaine européenne
118 buts inscrits, dont sept par le Bayern, cinq par Luiz Adriano, deux par les Gunners dans le money time, un par les cinq clubs français engagés et aucun par Mario Balotelli. Ces trois jours de coupes européennes posent beaucoup de questions. Au moins dix.
Luiz Adriano mérite-t-il vraiment sa place dans les livres de record ?
Face à Borisov, l’attaquant du Shakhtar Donetsk a grandement participé au festival offensif d’une soirée hors norme. Un quintuplé et le Brésilien a rejoint au palmarès des meilleurs buteurs sur un match de Ligue des champions un certain Lionel Messi, auteur de la même performance face à Leverkusen en mars 2012. Mais donner de l’importance à un tel escroc serait lui faire trop d’honneur. D’abord, car Luiz Adriano n’a rien fait d’autre que de pousser des ballons situés à 30cm de la ligne au fond et inscrire deux penaltys. Même Fred aurait pu le faire. Surtout, son coup d’éclat d’un soir ne saurait faire oublier cet acte, commis un soir de novembre 2012 face au FC Nordsjælland. Et ça, c’était Fjord de café.
Mario a-t-il pris la décision de sortir tout seul ?
Auteur d’une performance catastrophique face à QPR au cours du week-end, Super Mario n’a pas été plus brillant en Ligue des champions face au Real. À tel point que Brendan Rodgers a décidé de le sortir à la mi-temps. Mais l’Italien n’a-t-il pas pris la décision tout seul ? En échangeant son maillot avec Pepe juste avant le retour au vestiaire, Balo a dérogé à la règle silencieuse de vigueur outre-Manche. Critiqué par une grande partie des commentateurs anglais, mais soutenu par Don Carlo (qui en même temps s’en fout), Mario a une nouvelle fois déclenché la polémique. Et lorsqu’on sait que Mamadou Sakho s’est fait pincer la saison passée pour la même indécence et que Stevie G a montré la voie du vestiaire à Arbeloa pour être plus discret, difficile d’imaginer que Mario n’était pas au courant. Coupable intention ?
Le but de Cavani est-il si moche que ça ?
Les clubs français sont passés à trois minutes d’un quinté de 0-0, ce milieu de semaine. Mais c’était sans compter sur Edinson Cavani, buteur à la 87e sur la pelouse de l’APOEL Nicosie. Un pion qualifié de « but de renard » par les observateurs les plus polis, quand les moins magnanimes n’hésitaient pas à parler de « but dégueulasse » . Mais à y regarder de plus près, le 11e but en 19 rencontres de Ligue des champions d’El Matador n’a rien d’un but de raccroc. D’abord, il y a cette passe des pectoraux de Bahebeck, que l’Uruguayen contrôle en s’emmenant le ballon dans le sens du but. Ensuite, il y a ce râteau dos au but et entre deux défenseurs chypriotes, qui précède sa frappe fatale en pivot. Définitivement, on a vu plus moche. Surtout de la part d’un joueur en crise de confiance. Par contre, même avec toute la mauvaise foi du monde, sa célébration est peu défendable.
A-t-on vraiment assisté à la plus belle soirée de LDC de l’histoire ?
40 buts, des massacres et du spectacle sur (presque) tous les terrains : mardi, la C1 s’est plus pimpée qu’une actrice de téléréalité en représentation dans une boîte de Moissy-Cramayel. Mais faut-il s’enorgueillir d’un tel résultat ? Car si l’ampleur des scores a donné l’illusion d’une soirée particulière, joutes acharnées et surprises sont, elles, restées au placard. Le Bayern beaucoup plus fort que la Roma ? On le savait déjà. Chelsea qui massacre Maribor ? Tellement attendu. Le Shaktar qui écrase Borisov ? Une superbe affiche de tour préliminaire. Au fond, il fallait être sadique pour prendre son pied devant ce déferlement d’humiliations en chaîne. Et là n’est pas l’esprit de la Ligue des champions.
Le match d’Arsenal était-il un anniversaire surprise ?
Évidemment. Et le plan s’est déroulé sans accrocs, avec la complicité de Belges toujours partants pour une bonne blague, même à leurs dépens. Au stade Constant Vanden Stock d’Anderlecht, le canular était tellement bien ficelé que Tonton Arsène a longtemps cru que ses gamins allaient lui gâcher son 65e anniversaire, ce 22 octobre. Mais telles deux petites pépées bondissant en tenue légère hors d’un gâteau-surprise, Gibbs et Podolski sont sortis de leur boîte dans les dernières minutes pour offrir la victoire aux Gunners. Attention tout de même à ne pas renouveler l’expérience trop souvent, le cœur d’Arsène Wenger a ses limites.
Le Sporting a-t-il le droit d’être parano ?
Le supporter du Sporting n’est pas parano, il a juste raison contre le reste du monde. Amateur d’histoires de complot, le club portugais a encore eu l’impression de se faire enfler face à Schalke lors de cette folle soirée de Ligue des champions. Revenus à 3-3 après avoir été menés 3-1, les Lisboètes ont vu l’arbitre de la rencontre siffler un penalty pour une main imaginaire de Jonathan Silva dans les arrêts de jeu. Une injustice majeure, qui a poussé les dirigeants du club à porter réclamation, réclamer la vidéo et demander un « joga di novo » auprès des instances de l’UEFA. Si la requête a peu de chances d’aboutir, l’affaire a courroucé Eduardo Barroso, ancien dirigeant du Sporting : « Manifestement, l’argent a conditionné l’arbitre de la rencontre. On ne peut pas désigner un arbitre russe pour officier contre une équipe sponsorisée par l’une des plus riches entreprises russes (Gazprom, ndlr). C’est honteux, inacceptable. On a vu la mafia russe au meilleur de sa forme. Les arbitres ne peuvent pas commettre des erreurs aussi délibérément. » Fais gaffe Eduardo, le lobby du gaz est sans pitié.
Rudi Garcia est-il la chose du Bayern ?
Quand Rudi Garcia n’est pas sage, un seul mot suffit à le calmer : Bayern. Rousté 6-1 à Munich avec Lille en novembre 2012, Rudi Garcia a fait mieux ce mardi, en en prenant sept dans le buffet avec la Roma. Avec à chaque fois des buts de Robben contre lui, et un Ivoirien qui tente de sauver l’honneur (Kalou la première fois, Gervinho la seconde). Dans quinze jours, la Roma se rend à l’Allianz Arena. Pas sûr que Garcia trouve le sommeil d’ici-là.
Le « style Ligue 1 » est-il soluble dans les coupes européennes ?
Sur les cinq pelouses ayant accueilli une équipe française cette semaine, seul un but a été inscrit (sur 118 frappes au but), pour aucun encaissé. Pas de doute, les fameux blocs équipes chers aux techniciens de Ligue 1 fonctionnent sur la scène européenne. Avec en tête d’affiche Saint-Étienne et Monaco, qui n’ont toujours pas encaissé le moindre but en phase de poules, les Verts n’en ayant également planté aucun. Le PSG, Guingamp et Lille ont également leur mot à dire au challenge de l’anti-football champagne, en possédant les meilleures défenses de leurs groupes respectifs. Et pour l’instant, cela a tendance à payer. Le PSG est premier de son groupe devant le Barça, Monaco et Guingamp en position de qualifiable. De leur côté, Lille et Saint-Étienne, toujours invaincus, conservent toutes leurs chances. Dans cette histoire, seul le spectateur est lésé.
Lyon a-t-il été éliminé de la Ligue Europa par une bonne équipe ?
Pas vraiment. Ou alors, les joueurs de l’Astra Ploiesti cachent bien leur jeu. Tombeurs de Lyon au tour préliminaire (1-2, 1-0), les Roumains sont bons derniers de leur groupe, avec trois défaites face au Dinamo Zagreb, au Celtic Glasgow et au Red Bull Salzbourg. Pire, les Roumains ont encaissé la bagatelle de neuf buts. Seuls l’Apollon Limassol et le Slovan Bratislava ont fait pire.
Mais à quoi pensait Mauricio Pochettino ?
D’accord, l’Asteras Tripolis n’est pas un foudre de guerre. Le 5-1 infligé par Tottenham aux Grecs en témoigne d’ailleurs. Mais assis sur son banc, l’entraîneur des Spurs a clairement semblé dans un autre monde, n’exposant aucune réaction ni contentement face à la victoire des siens. Étrange, d’autant plus qu’au-delà du score, l’Argentin a assisté à l’un des buts de l’année, ce coup du foulard de Lamela, ainsi qu’à un triplé de son jeune attaquant de 21 ans, Harry Kane (6 buts en 5 matchs de Ligue Europa). Le désamour du foot de Benoît Assou-Ekkoto l’aurait-il atteint ? Maurcio souffre-t-il de narcolepsie ? Ou a-t-il simplement décidé d’adopter le flegme de son compatriote Bielsa ? Une énigme aussi vide de réponse que le regard de Pochettino.
Par Mathias Edwards et Raphael Gaftarnik