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Leroy, une couronne à prendre
Absent surprise de la Coupe du monde en Russie l'été dernier, Leroy Sané est de retour en sélection allemande. Avec l'objectif d'en devenir un leader. Ça tombe bien : la Mannschaft cherche un nouveau souffle.
L’annonce avait fait l’effet d’une bombe. Lorsque Joachim Löw a communiqué sa liste définitive des 23 pour la Coupe du monde en Russie le 4 juin 2018, beaucoup se sont posé la question suivante : Leroy Sané était-il blessé ? La réponse était négative, le tout frais champion d’Angleterre et meilleur jeune de Premier League étant juste boudé par son sélectionneur au dernier moment. Un choix incompréhensible pour certains.
« Les postes d’ailiers sont bien pourvus par Thomas Müller et Marco Reus, Julian Draxler a joué une bonne Coupe des confédérations et a fait de grands progrès. C’était une décision très proche entre Leroy Sané et Julian Brandt. Les deux ont de grandes qualités, ils sont très forts niveau dribble, justifiait alors le décideur face à la presse. Leroy Sané sera bientôt de nouveau avec nous. À partir de septembre, nous allons renforcer notre travail avec lui, mais il n’a peut-être pas complètement tout donné dans ses matchs avec l’équipe nationale. »
L’Allemagne de demain lui appartient
Low n’a pas menti. Dès le mois de septembre, Sané a signé son retour avec la Mannschaft, croquant sept minutes de Ligue des nations contre la France – il n’était en revanche pas du match amical face au Pérou pour « raisons personnelles » . En même temps, l’entraîneur n’avait pas vraiment le choix. Outre sa promesse et le talent insolent de son joueur, le Mondial complètement raté de l’Allemagne a donné des points aux absents (tout en en faisant perdre aux présents comme Mesut Özil). Et donc au Mancunien de 22 ans, qui doit désormais incarner l’avenir de son pays et le visage du renouveau.
Car sans Özil, Sami Khedira ou Mario Gómez, l’Allemagne se cherche de nouveaux leaders. Et si Manuel Neuer (blessé pour les troisième et quatrième journées de Ligue des nations contre les Pays-Bas et la France), Jérôme Boateng, Mats Hummels ou Thomas Müller sont toujours là, ce sont bien les plus jeunes (Antonio Rüdiger, Niklas Süle, Joshua Kimmich, Julian Draxler, Julian Brandt, Leon Goretzka lui aussi forfait…) qui doivent prendre en main la teampour se (et la) préparer au mieux à l’Euro 2020.
Être critiqué, écouter et changer
Pour remplir au mieux cette mission, Sané a passé ses vacances à penser à sa non-sélection en Russie. Alors que d’autres auraient accusé le coup et crié à l’injustice, lui a tenté de comprendre les raisons (tactiques et comportementales) qui ont poussé Low à faire sans son génie. « Je travaille pour mieux m’intégrer dans l’équipe, également d’un point de vue tactique, a souligné le Citizenen conférence de presse, assumant une détermination bienvenue. J’ai beaucoup réfléchi pendant la pause estivale, et j’essaye d’améliorer mon jeu de façon que Jogi n’ait plus la possibilité de se passer de moi la prochaine fois. » Plus d’engagement, plus d’investissement et plus de flexibilité, donc. Plus d’écoute, aussi, chez l’ancien de Schalke 04 dont le début de saison n’incitait pas à l’optimisme.
Éloigné de l’équipe type de Manchester City puis carrément écarté du groupe pour raisons disciplinaires début septembre, le gaucher voyait Kroos reprocher publiquement son manque d’entrain : « On a parfois l’impression que son langage corporel est toujours le même, peu importe qu’on gagne ou qu’on perde.(…)Il a été fantastique avec City la saison dernière, mais Pep a le même problème en ce moment. Il essaye de tirer le meilleur de lui. » Loin de se renfermer dans sa coquille, le bonhomme a donc travaillé sur lui-même et retrouvé une place de choix dans le système Guardiola (trois titularisations d’affilée en septembre). En faisant bonne figure devant les médias : « Je ne me concentre que sur moi-même. Je veux m’améliorer. Le but actuel est de franchir un palier avec la sélection et de m’y montrer à mon avantage.(…)J’aime les défis, surtout avec Pep. Jogi et Pep savent exactement comment me gérer.(…)La critique est normale dans le football. » Elle est surtout très souvent indispensable à la progression.
Par Florian Cadu