- Ligue 2 – 4e journée
- Créteil / Istres
Leroy, un dernier pour la route
Un peu plus de six mois après avoir annoncé sa retraite, Jérôme Leroy a décidé de rechausser les crampons pour un ultime challenge au FC Istres. Un choix surprenant, comme l’ancien joueur du PSG et de l’OM a su en faire dans sa carrière. Mais à bientôt 39 ans, l’esthète au caractère bien trempé ressent encore le besoin de prendre et de donner du plaisir sur un terrain. Et en plus, il est déjà décisif.
Un peu la mort dans l’âme, on s’était fait à l’idée qu’on ne le reverrait plus. Mais comme Jérôme Leroy ne fait jamais rien comme personne, il a surpris tout le monde. Une feinte de plus de celui qui avait annoncé sa fin de carrière en décembre dernier, après six mois à avoir cherché le bon challenge, en vain. Le retour de l’ancien Parisien sur les terrains, on le doit à Frédéric Arpinon, administrateur du FC Istres. Si, si, Frédéric Arpinon, l’ancien milieu du FC Metz époque Pirès-Pouget. « J’avais déjà été sollicité la saison dernière par Fred. Il m’a repassé un coup de fil, explique Leroy. Il m’a dit qu’Istres cherchait un joueur d’expérience pour encadrer les jeunes. Il m’a demandé si je voulais replonger. Je lui ai dit : « Je ne sais pas, je n’ai pas joué depuis un an. » Il m’a répondu : « Ce n’est pas grave, on a besoin de toi. » Et j’ai cédé. »
Ce n’était pourtant pas gagné. Leroy avait tourné la page, un peu dégoûté par sa fin de parcours à Évian Thonon Gaillard et par le monde du foot en général. Bernard Casoni, coach de l’ETG jusqu’en janvier 2012, en sait quelque chose, lui que Leroy s’était payé dans la presse après avoir ciré le banc sous les ordres de l’actuel coach de l’AJA. « Il y a un décalage. Jérôme, c’est un artiste. En termes de jeu, il est en avance par rapport à nous, se justifiait alors Casoni dans les colonnes de L’Équipe. Il va sentir un truc, donner le ballon dans le trou, mais on n’aura même pas fait l’appel… Ses qualités ne correspondent pas aujourd’hui à ce dont on a besoin, ou plus ponctuellement. »
Joue-la comme Gravelaine
En quelques mots, Casoni avait résumé le paradoxe Jérôme Leroy. Un joueur idéal, technique, endurant, combatif, capable de marquer et de donner des passes décisives, mais qui joue encore comme quand il était gamin à Béthune. Donc difficile à intégrer durablement dans une équipe. Mais c’est pour faire du Jérôme Leroy qu’Istres a recruté l’ancien Parisien. Pour apporter son vécu, son caractère et sa patte de velours. « C’est un immense honneur qu’il vienne à Istres, avouait José Pasqualetti, l’entraîneur provençal, juste après la signature de Leroy.Nous avons perdu des joueurs d’expérience, comme par exemple Akrour et Chelle. Il était important pour nous afin d’encadrer les jeunes, d’avoir un garçon d’expérience. J’avais aussi pensé à Cédric Barbosa que j’ai eu au téléphone. Leroy est un joueur très talentueux et c’est un garçon d’expérience qui va nous apporter énormément. Quand on voit son palmarès, on ne peut qu’apprendre à ses côtés. Jérôme est quelqu’un de très professionnel, il avait envie de retrouver un club. »
Istres ne regrette déjà pas son choix. En trois journées, l’homme à la chevelure désormais plus sel que poivre a marqué deux fois, dont un amour de volée du pied droit en pleine lucarne à Brest (3-1). Un geste qui prouve, s’il le fallait, que malgré ses 38 ans bien tassés, il reste au-dessus du lot. Le tableau semble donc presque idyllique, si ce n’est que le numéro sept istréen ne pourra pas tout faire tout seul, dans une équipe qui ne semble pas taillée pour jouer autre chose que le maintien et qui cherche toujours son premier succès de la saison. Venu pour encadrer un groupe très jeune, comme Xavier Gravelaine l’avait déjà fait à Istres en 2003-2004, Leroy a quand même sa recette pour que son club s’en sorte. Une recette d’esthète, forcément : « J’ai envie d’inculquer aux jeunes que quand on prend du plaisir, en général on est récompensé. »
L’expérience du MMA
Le plaisir, encore et toujours. Pendant que d’autres courent après un job de consultant ou dépriment une fois leur carrière terminée, l’ancien milieu de l’OM avait choisi une autre voie. Et forcément, encore là où on ne l’attendait pas : dans le MMA. Incognito, celui qui assure qu’il aurait refusé une sélection en équipe de France car il ne s’y serait pas senti légitime, a poussé la porte d’un club de Mixed Martial Arts du côté de Rennes. Cinq fois par semaine, il a enfilé les gants et enchaîné les coups de pied et de poing. Un entraînement qui pourrait lui servir en cas d’embrouille sur le terrain cette saison ? L’intéressé assure que non : « J’ai pu me rendre compte qu’il fallait savoir se canaliser. » Istres, le dixième club de sa carrière, profitera aussi de ça.
par Alexandre Alain